Le grand passage de Cormac McCarthy

Le grand passage de Cormac McCarthy
(The Crossing)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 22 décembre 2000 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 455ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 11 816  (depuis Novembre 2007)

Une littérature aérée, intelligente, un monde différent

Le héros du livre est un jeune garçon de 16 ans, Billy, qui vit avec son frère Boyd et ses parents sur un ranch assez isolé, pas loin de la frontière américano-mexicaine.
L'action se passe avant la guerre 40. Un loup tue deux ou trois veaux de l’exploitation paternelle et Billy décide de le pister. Il l'attrape vivant et découvre qu'il s’agit d'une louve et qu'elle attend des petits. Il la garrotte, l'attache par une corde à la selle de son cheval et le voilà parti pour rentrer chez lui. Une journée plus tard, il change d'avis. Il fait demi-tour et décide de la ramener d'où elle vient : de l’autre côté de la frontière, au Mexique. Sa louve l'entraînera plus loin qu'il ne le pense et plus longtemps.
Plusieurs semaines plus tard, il rentrera chez lui où une pénible surprise l’attend. Il retourne alors au Mexique, mais avec son frère Boyd. Il y retrouvera le danger, l'absence de respect des lois, le règne de la force brutale, mais il y fera aussi des rencontres plus chaleureuses et y évoluera dans une nature belle à s’en couper le souffle.
Le style de Cormac McCarthy est parfois assez particulier, mais très beau et efficace. Il utilise très souvent le " et " au lieu de la virgule. Au début cela frappe, mais on s'y habitue vite. Les dialogues, nombreux, parfois secs et courts, ne sont pas marqués par des tirets, mais ils sont toujours à la ligne. Il ne dit pas qui parle, mais on s’en rend compte sans problème. Cette technique lui permet de donner encore plus de rythme à ses dialogues. Certains de ceux-ci (pas trop nombreux) sont en espagnol et non traduits. L’édition française respecte cette volonté, mais ils sont faciles à comprendre ou à deviner. Le vocabulaire utilisé est énorme. Il décrit souvent la nature environnante et nous fait très bien ressentir l’incroyable beauté de ces espaces et de ces décors. Le héros ne manque pas non plus de se poser beaucoup de questions : il en a le temps vu qu’il se déplace à cheval et pendant des semaines. En outre, il lui arrive beaucoup de choses. Ses questions concernent l'homme, Dieu, le monde, l’éternité, l’évolution de l'époque et ce qu'est le devoir de l’homme dans la création. Il se donne des devoirs et ira jusqu'au bout pour les remplir. Un exemple de réflexion : " Chaque jour est fait de ce qu'il y a eu avant. Le monde lui-même est sans doute surpris de la forme de ce qui survient. Même Dieu peut-être. "
Un très bon livre qui va vous aérer, vous faire découvrir un tout autre mode de vie, une autre forme de littérature. Vous serez triste en le fermant.

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Vamonos !

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 7 février 2024

Cormac McCarthy (1933-2023) est un écrivain américain. Auteur de dix romans, dont une trilogie,
Il connaît un large succès avec "De si jolis chevaux" (1992), pour lequel il reçoit le National Book Award. En 2007, son roman post-apocalyptique "La Route" est récompensé par le prix Pulitzer de la fiction.
"Le Grand Passage" est publié en 1994 aux états-unis, second tome de la "Trilogie des confins" .

Années 1940, Nouveau-Mexique. Le jeune Billy Parham apprend le rude métier de cow-boy avec son jeune frère Boyd dans le Ranch familial.
C'est lors d'une traque au loup que la vie de Billy va se dessiner .
Une louve enceinte qu'il ne se résout pas à achever mais qu'il va raccompagner sur ses terres d'origine; le Mexique.
Un retour au pays où il trouvera la ferme familiale incendiée, ses parents tués et les chevaux volés.
Seul son jeune frère a échappé au massacre et - ensemble - ils se lancent sur les routes du Mexique à la recherche des chevaux.
De rencontres loufoques et dangereuses, les chemins des 2 frères vont se séparer . Billy est de retour et tente de s'engager dans l'armée US pour contribuer à l'effort de guerre . Il ne sera pas enrôlé. Alors, il reprend la route, une vie d'errance, de rencontres, de souffrances et d'apprentissage .

Attention ! ce roman est une pépite, un gisement d'émotions. Vous cheminerez dans les vastes plaines du Mexique avec Billy, dormirez à la belle étoile, profiterez d'une Nature divine et cruelle .
Un roman d'initiation, des rencontres improbables, les grands espaces propices à la réflexion.
Les fulgurances du style de McCarthy font le reste .
Un BIJOU !

Passage obligé

10 étoiles

Critique de Tintamarre (, Inscrit le 15 juillet 2015, 39 ans) - 15 juillet 2015

Quel est le sens de la vie d'un homme ? Pour le héros de McCarthy c'est une interminable succession d'allers et de retours à travers la frontière mexicaine, sans jamais pouvoir se poser, et où à chaque passage il perd une partie de son existence pour finir dans une insupportable et absolue solitude à errer sans but. Chaque rencontre est l'occasion de livrer des dialogues finement ciselés, et autant de réflexions métaphysiques sur la place de l'homme, la vie, la mort, tout ça quoi. Dans cet univers désenchanté, la violence est omniprésente et écrase invariablement tout ce que les hommes tentent de construire.
Ce livre est un vrai coup de poing à l'estomac même si certains passages traînent en longueur et rendent la lecture pénible. Le final est assourdissant et laisse littéralement sans voix.

Très très bon

9 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 2 juin 2009

Second volet de la trilogie. Celui que j'aime le moins (tout est relatif), mais ça reste d'un très très haut standing. Bravo l'auteur !

Du même avis...

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 24 octobre 2002

"Sutter" et "Le gardien du verger" ont été totalement illisibles pour moi, mais ce sont les seuls. J'ai bien aimé "Cantique des plaines". Il est aussi plus simple dans la manière d'écrire, même si je suis un peu moins critique que les autres quant à l'écriture de McCarthy. Dans "Un enfant de Dieu" l'écriture me paraît aussi plus facile. Il en est de même dans "L'obscurité du dehors" bien qu'il y reproduise à merveille un monde de gens sans langage parce qu'ils n'en possèdent pas. Ils sont trop dépourvus de toute culture pour cela et c'est un monde dans lequel la parole ne joue pas un vrai rôle dans la vie de tous les jours. Et le rendu qu'en donne McCarthy est assez extraordinaire. Quant aux parties non traduites de l'espagnol dans certains livres se passant en partie au Mexique, cela ne m'a que peu dérangé vu que j'ai étudié cette langue et que je comprenais très bien. Je peux cependant comprendre que cela puisse déranger.

Le grand oeuvre

9 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 23 octobre 2002

J'ai lu De si jolis chevaux il y a 2 ans et l'histoire m'avait fortement imprégné durant plusieurs semaines après avoir achevé le livre, j'avais ressenti le souffle des grands espaces parcourus par les hommes à la recherche de leurs destins.….….… et là avec Le grand passage j'ai retrouvé cette sensation, mais je dois reconnaître que je suis malgré tout un peu perplexe face à l'œuvre de McCarthy.
En effet après de Si jolis chevaux j'ai tenté de lire Le gardien du verger et là je n'ai pas pu aller au-delà de quelques chapitres tant le récit m'avait paru incompréhensible, malgré tout j'ai persévéré et de nouveau j'ai plongé dans un autre roman, L'obscurité du dehors, cette fois j'ai été jusqu'au bout mais je n'ai pas aimé ce roman tant le sujet ne m'a pas semblé être bien traité.….….… Et puis ce fut au tour de Sutter de passer entre mes mains et là j'ai craqué au milieu du roman que je n'ai pas terminé car le récit, bien que l'écriture soit intéressante, paraissait traîner en longueur en n'ayant aucune finalité.
Et puis, parce que De si jolis chevaux m'avait subjugué, j'ai quand même voulu lire Le grand passage et même si je peux affirmer que c'est un très bon roman, il y a un aspect qui me gêne dans ce genre d'écriture.
D'une part on constate sans doute possible le talent de McCarthy pour construire son récit avec un canevas de phrases superbement tournées et totalement lucides, qui décrivent avec clairvoyance le monde dans lequel évoluent les personnages, même si malheureusement parfois il va trop loin au point que son propos perd un peu de son sens ; d'autre part il y a des passages complètement abstraits voire abscons comme celui avec l'histoire du prêtre où on se demande ce qu'il vient faire dans le récit et surtout son intérêt dans l'histoire même si on peut supposer qu'il y a une intention d'amener une réflexion d'ordre général, mais bon quand même c'est un peu long surtout qu'il réitère cette expérience avec le passage sur l'aveugle.
Et puis il y a toutes ces conversations en Espagnol et j'avoue mon ignorance de cette langue qui de ce fait m'ont rendu certaines situations entre les personnages pas toujours claires au premier abord car il fallait que je poursuive la lecture quelques mots plus loin pour comprendre ou plutôt interpréter les conversations en Espagnol précédentes, je n'ai rien contre le principe de la non-traduction mais là sur tout un roman ça rend la lecture et surtout la compréhension un peu pénible.
Ce roman possède une puissance extraordinaire que l'on ressent nettement autant dans les scènes de descriptions minutieuses lorsque le héros accomplit certaines actions que ce soit avec le loup, les chevaux ou bien les réactions face aux personnages qu'il rencontre, je pense aussi aux scènes de combats de chiens ainsi que celle avec le médecin soignant son frère. Tout le récit est une alternance de moments calmes, en apparence, et de moments intenses où la violence s'exprime sans retenue mais on prend conscience que la violence ne réside pas uniquement dans les scènes d'affrontements directs mais qu'elle est aussi présente en filigrane dans tous les autres moments du récit et qu'il suffit de pas grand chose pour qu'elle explose ; il ne tient qu'aux protagonistes de décider de l'attitude à adopter pour créer le chaos ou au contraire passer paisiblement son chemin.
McCarthy nécessite une lecture attentive car tout son propos et contenu dans ses phrases courtes ou longues mais surtout dans les non-dits et les silences dont il égrène son récit pour mieux capter le lecteur et l'amener à réfléchir sur les faits qui jalonnent l'existence de ses héros.
Je crois que McCarthy est un grand écrivain qui maîtrise bien son art, mais qu'il faut pouvoir affronter ses romans avec force pour saisir toute la dimension de son œuvre.
Il y a dans ses œuvres une attraction qui vous emmène vers des contrées lointaines et mystérieuses ou l'on retrouve toutes les grandes questions que se pose quiconque s'est un jour demandé ce qui nous pousse à aller toujours plus loin vers un avenir incertain.
D'ailleurs je replonge puisque je vais commencer la lecture du troisième volet de la trilogie des confins Des villes dans les plaines...............................................

déçu

5 étoiles

Critique de Tophiv (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 49 ans) - 4 juillet 2002

L'histoire en elle-même est assez prenante, le problème (pour moi !), c'est que souvent McCarthy s'évade dans des récits périphériques où un personnage juste croisé par le héros nous raconte sa vie, part dans des monologues sur Dieu pendant 10 ou 15 pages. Souvent ces interrogations, ces réflexions m'ont semblé un peu vides de sens (hormis celui que l'on veut bien leur donner).
L'action est également pas mal répétitive. Billy va au Mexique, en revient, y retourne, en rerevient, y reretourne ... Et à chaque fois, j'ai eu l'impression de relire les mêmes péripéties, les mêmes réveils, nuits, descriptions.
C'est vrai que les descriptions sont très belles mais au bout d'un moment, elles m'ont un peu lassé.
Ceci dit les passages où l'histoire avance réellement sont très intéressants et soulignent vraiment les travers et les bons côté de la nature humaine.
Le style est effectivement original et riche.
Bref, je n'ai pas détesté mais je n'ai pas non plus pris un énorme plaisir à cette lecture.

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  Fulgurances ! 1 Frunny 13 janvier 2024 @ 20:19

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