Penchants Retors de Éric Allard
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie
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Un format court, un fond intense... et retors, oui!
Après avoir sévi au printemps dernier avec la publication des "Corbeaux brulés", recueil de textes courts et hallucinés, Éric Allard persiste dans ce format qui l’habille comme un gant : celui du concis et de l’aiguisé.
Cent textes et un peu plus, comme des pensées galopantes et impérieuses, d’aujourd’hui, d’hier, avec leur côté implacable et, toujours, absurde, fantasmagorique, cérébralisé, poétique. Un brin dérangeant, quand même, mais, ne le nions pas, sacrément audacieux.
On lève le sourcil (le droit, en ce qui me concerne, allez savoir pourquoi) avec plaisir sur le style, les thématiques, la plume. On se dit que c’est redoutable, cet univers. Besoin parfois de les laisser de côté, ces Penchants Retors, c’est quand même pas du light. Tout ça pour mieux y revenir.
Un auteur non balisé. Et c’est tant mieux !
Extrait :
« Paroles d’auteur
Backstage, ma femme est une vipère, une virago, un virus. Elle m’empoisonne la vie. Backstage, elle me donne des coups, des fessées, des gnons, ça vole ! Backstage ma femme me traite de sans grade, de nullard, de roadie de l’asphalte mou. Je n’en mène pas large. Sur scène, elle chante qu’elle m’aime follement et que je suis son souffle, son cœur, les yeux de sa tête. Sur des paroles que j’ai exclusivement composées pour elle. »
Son blog : http://lesbellesphrases.skynetblogs.be
Les éditions
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Penchants retors [Texte imprimé] Éric Allard
de Allard, Éric
Gros textes
ISBN : 9782350821023 ; 8 EUR ; 01/10/2009 ; 109 p.
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Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 17 septembre 2012
Des petits coups de pied aux fesses du monde trop lisse dans lequel nous vivons.
On se sent un peu bousculé, et ça fait un bien fou.
Dans une langue imagée, très métaphorique, Eric Allard se défoule, se moque, dénonce, s'amuse.....et fustige la télévision:
"Presse-méninges
J'ai acheté un presse-méninges. J'en avais assez de cogiter à propos de tout et de rien. Mais l'appareil n'était pas des plus performants car, ayant terminé de presser, mon cerveau remuait encore, produisant des semblants d'idées, comme des borborygmes de fin de règne mental. Alors j'ai utilisé mes mains et j'ai écumé le restant, je ne vous dis pas leur état ensuite. Mon chien a tout léché.
L'important, c'est que, depuis, je n'émets plus la moindre pensée. Je n'ai plus, grand bien me fasse, la moindre velléité de comprendre le monde ou quoi que ce soit d'apparenté. Je vis la vie rêvée du légume vert, du protozoaire, de l'électeur lambda du Front National. Affalé sur mon canapé, j'avale tout ce qui fleurit sur mon bouquet satellite. Pendant ce temps, mon chien dévore des encyclopédies."
Gourmandises
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 3 mai 2012
Mais cette exhibition sensuelle, charnelle, érotique, à la limite de la perversité, cache mal une certaine façon de dénoncer, de stigmatiser, toutes les stupidités de notre société pervertie, la puérilité des pouvoirs, de toute nature, qui polluent notre quotidien, l’incongruité qui encombre sans cesse notre existence. Une manière de nous rappeler que nous avons certainement perdu notre innocence originelle et que nous avons sombré dans le vice et la perversion, victimes de la soif d’avoir, de posséder et de dominer.
Un joli moment de lecture, une gourmandise littéraire - « Depuis que j’ai une maîtresse en chocolat, je mange des caresses chaque fois que je la vois. » - où la crudité sexuelle du langage masque bien mal la sensibilité à fleur de peau de l’auteur et un certain fantasme libertaire inavoué. Ce qui est sûr c’est que nous ne pourrons pas reprocher à Eric de s’être livré avec retenue : « Je me suis déshabillé et j’ai tout vidé : foie, pancréas, glaires et graisses ; cœur, sang, bile, colonne sans fin de l’intestin grêle. »
Et une centaine de textes courts.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 21 avril 2010
Car retors ils le sont ces penchants, indéniablement. Plus proches de l’absurde, du non-sens, de la folie, que de la « retorsité » (nom déposé). Pas absurdes ou non-sens au sens … Boris Vian par exemple. Il y manquerait de la poésie que ce très court format ne permettrait pas d’installer. Non, plutôt une froide absurdité :
« Un soir, j’ai trouvé Dieu en bas de chez moi, sans le sou, sans endroit où dormir, dans un triste état, pour tout dire. Je Lui ai proposé le gîte. Vous vous rendez compte : Dieu dans mon clic-clac, Dieu dans un de mes pyjamas. Dieu en train de me confier ses peines, ses doutes, ses peurs. Il était bien à plaindre, le Tout-Puissant. Depuis, Il vit chez moi. N échange de menus travaux domestiques : Il s’occupe du repassage, Il passe l’aspirateur, Il sort le chien … Quand je rentre, je Le trouve devant la télé ou l’écran de mon pc avec des canettes de soda et des saucisses sèches. »
Le plus souvent ces textes sont axés sur un penchant sur lequel Eric Allard nous a déjà habitué à se pencher : la chose du sexe. L’acte sexuel, la relation homme – femme principalement envisagée sous l’angle charnel sont omniprésents (on pouvait déjà noter ceci dans « Les corbeaux brûlés »). Et donc vous imaginez : penchants … et retors de surcroît. On sait déjà qu’on naviguera en eaux troublées, à défaut d’être troubles, où l’inconscient doit furieusement faire entendre sa voix (ou imposer sa voie ?).
Au niveau style, il est difficile de s’en faire une idée précise compte tenu de la brièveté du format. Il est neutre. L’essentiel n’est pas là. Il est dans le fond. Sous la surface de la forme.
La vie en farce...
Critique de MOPP (, Inscrit le 20 mars 2005, 88 ans) - 2 janvier 2010
C'est bien la devise de cet auteur, le nommé Eric Allard... Car il n'hésite pas : dès le début, "Je me suis déshabillé et j'ai tout vidé : foie, pancréas," etc. Et de nous conduire dans une folle (j'insiste sur le mot) aventure.
Dans "A charge de revanche", le texte commence par "J'aime les pieds de ma dentiste" (c'est presque le titre d'un poème !)
Au volant de ses rêves, Eric A. atteint la vitesse supersonique.
Autant dire que cet auteur mérite "la compagnie des grands".
A lire... plus d'une fois.
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