Carnets noirs : 2007-2008 de Gabriel Matzneff

Carnets noirs : 2007-2008 de Gabriel Matzneff

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Gilles Monplaisir, le 8 août 2009 (Inscrit le 7 août 2009, 54 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (54 883ème position).
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EN FILS DE ROI

Gabriel Matzneff vient de publier les années 2007 et 2008 de ses carnets noirs (1). D'ordinaire, le journal intime d'un écrivain s’interrompt faute de combattant. Gabriel Matzneff, lui, en a décidé autrement : « Le 31 décembre 2008 j'ai refermé ces carnets noirs que j'avais ouvert à l'âge de seize ans et ne les rouvrirai pas. Il faut savoir écrire le mot « fin », il faut savoir mettre fin à son œuvre, à sa vie. » (2) Ne pas laisser à la mort le dernier mot, tel était déjà le thème du texte avec lequel il fit son entrée dans la vie littéraire en 1965. Il citait alors Sénèque : « Le sage vit autant qu'il doit et non autant qu'il peut […]. » (3)
Qu’il s’agisse de notre vie ou bien de notre mort, personne n’est en droit de décider à notre place. Cette souveraineté individuelle, Gabriel Matzneff l’a toujours chantée. Dans ces Carnets noirs 2007-2008, son « chant du cygne », il tient la note : « J'aimerais que mes livres aident de futurs jeunes lecteurs à se pénétrer de la conviction que même dans notre monde fliqué, uniformisé, où la singularité est de moins en moins admise, il existe une réelle possibilité d'être un esprit libre, d'avoir une existence hors norme, au nez et à la barbe des professeurs de morale et des sycophantes. »
Etre un esprit libre demande une vigilance de tous les instants. Si vous n’y prenez garde, la société vous dépossède promptement de votre vie. Or, les jours sont comptés : « Le temps que nous avons à passer sur cette terre, comparé à l'éternité, c'est une allumette qu'on craque dans la nuit : à peine allumée, déjà éteinte. Cet instant si bref, si fugace, Nil Kolytcheff n'avait jamais envisagé de le vivre autrement qu'en fils de roi. » (4) Il est donc urgent d’affirmer chaque jour sa souveraineté en disposant pleinement de son temps. Plus ce dernier sera échangé contre les monnaies de singe que sont l'argent, le pouvoir et les honneurs, moins on sera libre : « Tous les hommes, c'est vrai de nos jours comme ce le fut de tous les temps, se divisent en esclaves et êtres libres : car celui qui, de sa journée, n'a pas les deux tiers à soi est un esclave, qu'il soit au demeurant ce qu'il voudra : homme d'État, marchand, fonctionnaire, savant. » (5) Reste un tiers pour les obligations. Être libre, vivre en fils de roi n’est pas une utopie en ce début de XXIème siècle : Gabriel Matzneff nous le prouve au quotidien.
Cette souveraineté n’est pas celle d’un égoïste qui fermerait les yeux sur les tragédies qui secouent le monde. Les observations sur la politique internationale abondent notamment dans ces nouveaux carnets noirs : Irak, Afghanistan, Serbie, Géorgie, Palestine. Sur chacun de ces sujets, Gabriel Matzneff déploie une souveraineté d’esprit en accord avec sa propre vie. Rien d’étonnant : que serait l’une sans l’autre ?


Gilles Monplaisir

Cet article, paru dans le numéro 947 du bi-mensuel "Royaliste" est consultable au format pdf sur mon blog à l"adresse suivante : http://gillesmonplaisir.hautetfort.com/list/…


1 - Gabriel Matzneff, Carnets noirs 2007-2008, Éditions Léo Scheer, 2009.
2 - Gabriel Matzneff, Le livre ultime, www.matzneff.com, 14 mars 2009.
3 - Gabriel Matzneff, Le suicide chez les Romains dans Le défi, Éditions La Table Ronde, 1965.
4 - Gabriel Matzneff, Voici venir le fiancé, Éditions La Table Ronde, 2006.
5 - Friedrich Nietzsche, Humain trop humain, Éditions Gallimard,1968.

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Quand Pervers Pépère se prend pour un écrivain

1 étoiles

Critique de Le rat des champs (, Inscrit le 12 juillet 2005, 73 ans) - 30 août 2009

Autant l'avouer tout de suite, j'ai lu plusieurs textes de Matzneff, mais pas les "carnets noirs". J'en sais cependant assez sur sa pensée pour pouvoir faire un résumé de ce qu'il répète ad nauseam depuis des lustres. Comme le cite la critique principale, cet "auteur" revendique le droit d'être "un esprit libre, d'avoir une existence hors norme, au nez et à la barbe des professeurs de morale et des sycophantes".

Belle déclaration assurément que tout esprit libre ne pourrait qu'applaudir s'il ignorait ce qui se cache derrière elle. Or, c'est un truisme de le dire, la liberté dans une société évoluée ne peut être que relative, puisqu'il y a des actes qui sont interdits pour des raisons de protection d'autrui et d'éthique. Parmi ceux-ci figure tout naturellement la pédophilie. Ce mot affreux et mal construit semble suggérer que celui qui est atteint de cette tare "aime" les enfants, alors que cet "amour" se résume à les baiser. Le pédophile n'aime personne, il ne recherche que la satisfaction hédoniste que lui procure un corps juvénile, parce que sa sexualité est infantile et qu'il n'a pas pu faire le deuil du paradis perdu de l'enfance.

Dans son livre "les moins de seize ans", Matzneff raconte complaisamment ses exploits sexuels, consistant la plupart du temps à sodomiser des enfants, garçons et filles entre onze et quinze ans. Il s'est fait allumer il y a des années sur le plateau d'Apostrophes par l'écrivaine québécoise Denise Bombardier, la seule apparemment offusquée à cette époque par cet étalage glauque. On peut certes rétorquer que Gide et Montherlant avaient les mêmes orientations sexuelles, mais eux du moins restaient pudiques et discrets et ne se livraient pas comme Matzneff à un plaidoyer permanent pour leurs tares, ni à une description détaillée et vomitive de leurs actes.

Matzneff se défend vigoureusement de toute violence, il affirme haut et fort qu'il veut "éduquer" les enfants, et que si sa sexualité est marginale, elle est parfaitement honorable. C'est oublier que seuls sont licites les actes sexuels entre adultes consentants et qu'une relation sexuelle avec un enfant ne peut être qu'un viol, puisqu'il est incapable d'un consentement éclairé. Il fait des parallèles dangereux et pervers avec d'autres formes de sexualité, naguère réprimées mais parfaitement admises de nos jours du moins par la société civile, comme l'homosexualité. Il se considère donc comme un précurseur, un chantre de nouvelles normes plus évoluées, du "nouvel amour". Comme tous les pervers, il se pense la mesure de toute chose.

Le législateur a choisi de réprimer sévèrement les viols d'enfants, conscient de leur effet destructeur sur leur vie future. La peine encourue en France par une personne reconnue coupable d’un acte de pédophilie est de 7 ans de prison ferme (article 227-22 du Code pénal). Une personne reconnue coupable d’actes pédophiles commis dans un pays où ces actes ne sont pas punis pourra néanmoins être poursuivie en France (art.222-22 du Code Pénal).

Voici deux citations de cet auteur extrêmement révélatrices:

"Coucher avec un ou une enfant c'est une expérience hiérophantique, une épreuve baptismale, une aventure sacrée. Le champ de la conscience s'élargit, les "remparts flamboyants du monde" (Lucrèce) reculent."

"L'amant des très jeunes est voué à une existence de rebelle, d'outsider, d'hérétique, une existence qui est un continuel pied de nez aux grandes personnes, à leurs soucis, à leurs ambitions, à leur mode de vie."


Comme le relève Bernard Cordier, psychiatre spécialiste du traitement des délinquants sexuels et membre du groupe de travail santé-justice, il cautionne la pédophilie
et facilite le passage du fantasme à l'acte chez des pédophiles latents. Ces écrits rassurent et encouragent ceux qui souffrent de leur préférence sexuelle, en leur suggérant qu'ils ne sont pas les seuls de leur espèce. D'ailleurs, les pédophiles sont très attentifs aux réactions de la société française à l'égard du cas Matzneff. Les intellectuels complaisants leur fournissent un alibi et des arguments: si des gens éclairés défendent cet écrivain, n'est-ce pas la preuve que les adversaires des pédophiles sont des coincés, menant des combats d'arrière-garde?


Se pose alors une question, Matzneff est-il un grand écrivain? Je ne peux donner qu'une réponse de Normand: il écrit brillamment et il a un style littéraire éblouissant, mais il n'y a absolument rien dans son œuvre gerbante qui puisse élever et transcender l'homme. Le tout est de savoir ce qu'on cherche dans les livres...

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  La souveraineté personnelle selon Matzneff 59 Le rat des champs 3 novembre 2009 @ 19:43

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