Marie Calumet de Rodolphe Girard
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques
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Roman du terroir québécois anti-terroir
Roman satirique lu au collège dans un cours sur la littérature québécoise et dont je garde un peu de rancoeur potacho-estudiantine. L’Église aurait condamné ce livre au moment de sa publication (parce que : blasphématoire envers l’Église, contient quelques scènes semi-torrides). C’est un livre amusant, avec des personnages attachants, une écriture imagée et un langage à saveur de l’époque. Je me rappelle de l’avoir aimé pour un livre imposé, mais les romans du terroir, même à contre-courant, ne sont pas vraiment mon genre.
On est dans les années 1860 dans le petit village de Saint-Ildefonse (village fictif dans la région de Nicolet). Marie Calumet, une femme dans la quarantaine, décide de s’y installer et devient la servante du curé de la paroisse. S’ensuit une série de faits cocasses et burlesques.
« Ce soir-là, monsieur le curé de Saint-Ildefonse avait gardé à souper son voisin, monsieur l'abbé Lefranc, pasteur omnipotent de l'opulente paroisse de Saint-Apollinaire.
Il n'était pas riche, le curé Flavel, mais, dame! quand on offre à un ami de prendre une bouchée en commun, on a beau être de la maison du bon Dieu et ne pas ripailler comme dans une noce de Sardanapale, il ne faut pas pour cela se contenter de croûtes entre le bénédicité et les grâces.
Aussi, le brave monsieur Flavel, en homme bien élevé et accueillant, le coeur sur la main, avait fait des frais. Pas autant, toutefois, qu'il en eût fait pour le député du comté, et surtout pour l'évêque du diocèse. »
Les éditions
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Marie Calumet de Rodolphe Girard
de Girard, Rodolphe
Bibliothèque québécoise
ISBN : 9782894060582 ; 11,00 € ; 22/03/1995 ; 218 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Autres temps, autres mœurs
Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 30 mai 2021
Cette lecture est un vrai régal. Le style est alerte, rappelant par certains aspects celui de Dickens dans Les aventures de M. Pickwick.
Disponible gratuitement en version numérique :
https://bibliothequenumerique.tv5monde.com/livre/…
Commedia dell'arte version québécoise
Critique de Montréalaise (, Inscrite le 7 août 2010, 31 ans) - 24 janvier 2012
L'arrivée de cette nouvelle recrue dans le village va transformer le quotidien de ses habitants et plongera Marie Calumet dans des aventures aussi rocambolesques et folles les unes que les autres.
Je ne suis pas du genre à aimer les romans du terroir, souvent ennuyeux à mourir et transmettant une propagande moralisatrice sur la tradition du bon Canadien-français, attaché à la campagne et à la religion catholique. Mais « Marie Calumet » de Rodolphe Girard tient une place particulière dans ce courant littéraire car il est un des rares à oser se moquer de la tradition et à plonger ses personnages dans des situations dignes des plus délicieuses farces du Moyen-âge ou bien même des comédies de Molière. Cette audace vaudra à son auteur une condamnation de l'évêque Buchési ainsi qu'un emploi perdu dans le journal La Presse.
L'écriture est simple et savoureuse, les dialogues rustiques et savoureux, les personnages attachants...bref, on ne s'ennuiera pas cette fois de ce roman qui peint avec affection et sarcasme les moeurs des campagnards québécois de la fin du XIXe siècle.
Une Bécassine québécoise
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 17 novembre 2011
Récit fort amusant truffé de situations anecdotiques et d’humour bon enfant. L’écriture de Rodolphe Girard fait ressortir toute la naïveté et l’ignorance des villageois de l’époque. La religion domine la population et exerce une influence indéniable sur leur mentalité et leur vie. Il n’y a qu’à songer de quelle façon la visite de l’évêque est perçue comme un événement de la plus haute importance. Marie Calumet s’y prépare comme si sa vie en dépendait. Un mot de l’évêque sur sa bonne cuisine et la voilà presque rendue au paradis tellement elle est fière et contente.
Je déplore le fait que l’auteur ait laissé au second plan le contexte politique et social pour se concentrer sur les situations cocasses et amusantes. Cependant, un chapitre s’avère plus intéressant que les autres à ce point de vue. L’auteur y narre la façon dont le bois en provenance de la baie Georgienne était acheminé jusqu’à Montréal pour être chargé ensuite à bord de navires en consignation pour l’Angleterre. Ce chapitre est beaucoup plus intelligent et étoffé que les autres.
Marie ressemble de façon étonnante à une Bécassine québécoise, tant au niveau du physique que de la mentalité simple et assez frustre. Elle est très violente avec les animaux domestiques allant jusqu’à tuer d’un coup de bâton un pauvre porcelet qui s’était enfui de la porcherie. Elle assène de méchants coups de pied à la chatte du curé qui a eu le malheur de se vautrer dans le seau de lait.
Le roman reflète cependant à merveille la mentalité de l’époque mais il introduit un zeste d’humour coquin et assez leste parfois. Lecture amusante, un peu légère et pourtant remplie de charme.
« Marie Calumet devait fort bien se les rappeler sur son lit de mort, les trois plus beaux jours de sa vie : son entrée au presbytère, sa première entrevue avec l’évêque du diocèse… mais n’anticipons pas. Marie Calumet allait donc enfin, après tant et tant d’années, toucher au bonheur si longtemps rêvé, bonheur qui couronnerait les désirs de son âme, qui étancherait la soif de son cœur. Enfin, elle verrait Monseigneur de près, elle frôlerait sa soutane, elle lui parlerait peut-être ? Vinssent ensuite la mort et ses terreurs, que lui importerait à Marie Calumet ? Elle mourrait avec calme et sérénité, puisqu’elle aurait entendu tomber des lèvres de son évêque des paroles à elle seule adressées. »
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