Le Japon n'existe pas de Alberto Torres Blandina
( Cosas que nunca ocurrirían en Tokio)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Un balayeur... "mythologiste"
On n’imagine pas d’endroit plus déshumanisé, plus froid et impersonnel qu’un aéroport. Les gens nagent dans la solitude de la multitude, vont et viennent, ne s’observent bien souvent même pas.
C’est dans ce décor qu’est planté Salvador Fuensanta, balayeur de fonction mais conteur admirable. Voyageurs esseulés, partant en quête d’élévation spirituelle, d’évasion, d’amour ou pour le travail : cet homme est pour vous.
Ses journées sont ponctuées de ses visites à la cafétéria, au coin presse, passant la serpillière entre les bancs des différents terminaux. Et pour chaque rencontre, une histoire, une anecdote, où l’on sent que le réel et l’imaginaire s’entrecroisent, grandissant toujours un peu plus et main dans la main.
Chaleureux, espiègle et bavard, Salvador charme quiconque prend le temps de l’écouter, devient une mascotte pour le voyageur et… pour le lecteur.
Qu’il nous parle d’un étrange club de services rendus, des mésaventures d’un poète mort sur un banc de l’aéroport, de la recherche de pureté d’un ami de jadis ou de sa théorie selon laquelle le Japon n’existe pas (une vraie mystification liée au marketing, mon bon monsieur !), il nous séduit inévitablement.
Dans un ton ironique et malicieux, Alberto Torres Blandina est un jeune auteur qui a précocement compris comment mener sa barque. Racontant ses histoires dans l’histoire, il parvient à nous faire oublier qu’il y a une narrateur et nous emporte dans chaque épisode sans qu’on ne tique sur la structure du récit. Et c’est très habile. Le personnage du balayeur est cultivé, facétieux, et, à la fois, ne dépassant jamais la limite du crédible, ce qui le rend particulièrement attachant.
La fin, plus audacieuse, ne gâche rien et évite judicieusement une chute qui aurait pu faire retomber la qualité de l’ensemble. Beaucoup d’originalité, d’inventivité donc et quelques références socio-culturelles de-ci, de-là. Ce qui fait aussi de bien.
NB : Ce livre a reçu le Prix Las Dos Orillas qui consiste en la publication simultanée en Italie, Grèce, Espagne, Portugal et France.
Les éditions
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Le Japon n'existe pas [Texte imprimé] Alberto Torres-Blandina traduit de l'espagnol par François Gaudry
de Torres Blandina, Alberto Gaudry, François (Traducteur)
Métailié / Bibliothèque hispanique (Paris)
ISBN : 9782864246862 ; 16,29 € ; 07/05/2009 ; 158 p. ; Broché -
Le Japon n'existe pas
de Torres Blandina, Alberto
Métailié / Suites1281-5667
ISBN : 9782864248743 ; 9,00 € ; 07/06/2012 ; 160 p. 169 cm p. ; Poche
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Les critiques éclairs (10)
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Avant de partir
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 5 août 2012
Avec les pages, le récit se resserre et donne lieu à de jolis moments de poésie et d’humour. Par exemple, le passage qui donne son titre au bouquin. Le texte est bien aéré par des dialogues et se lit facilement. Un petit livre sympathique.
Typiquement le genre de roman qu’on aime aimer …
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 9 juillet 2012
Je n’irais pas jusqu’à comparer stricto sensu le roman d’Alberto Torres-Blandina à la fraise « Tagada » de la littérature …, mais il y a bien un peu de justesse dans la comparaison.
Le sujet est original. Le traitement est original. Mais on ressent physiquement cette impression de rester à un niveau intermédiaire sans pouvoir s’élever.
Salvador Fuensanta est balayeur dans un terminal d’aéroport international. Depuis longtemps. Il a donc beaucoup d’expérience et il est surtout très observateur. Comme il n’a pas la langue dans sa poche et qu’il a le contact facile, c’est l’occasion pour Alberto Torres-Blandina de croquer quelques figures typiques. En tant que récent voyageur vers l’Inde, j’ai bien apprécié le chapitre où il aborde justement un voyageur qu’il a identifié comme partant en Inde. Et il met dans le mille, bien entendu.
« … Vous, par exemple, vous partez en Inde pour vous trouver vous-même. Je me trompe ? Non, je n’ai pas l’impression que vous soyez perdu. Mais vous êtes typique de ceux qui partent en Inde. Ne le prenez pas mal, vous avez dit que les informaticiens portaient des lunettes et moi je vous dis maintenant que sur votre front est écrit : Destination New Delhi. En Inde, on y va seul – et vous êtes seul – et au moins pour un mois, si j’en crois ce gros sac à dos. Mais je vous préviens, même ainsi il y en a qui sont restés trois mois et qui vous diront que pour trente jours à peine on ne va pas en Inde. Et d’autres qui y sont restés six mois et qui en plus ont attrapé des amibes ou une maladie bizarre … alors là … c’est trop …
Vous êtes rasé de frais. Et vous l’avez fait pour pouvoir vous laisser pousser la barbe à partir d’aujourd’hui, n’est-ce pas ? Vous partez avec une peau de bébé et vous reviendrez barbu. Au retour, vous attendrez quelques jours avant de vous raser, après que tout le monde vous aura vu. »
Trop fort le Torres-Blandina !
Et l’ouvrage est parsemé ainsi de petits chapitres, en fonction des voyageurs accostés, des destinations commentées … Pour le Japon, vous l’avez compris ; le Japon, hé bien il n’existe pas. Thèse hasardeuse mais il y en a d’autres dans ce roman …
Il se lit très vite, un léger sourire aux lèvres. Et au final l’impression bizarre que ça aurait pu monter d’un ou plusieurs crans ?
Banal et légèrement ennuyeux
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 1 juin 2012
Finalement, pourquoi lire ce livre je me le demande... Ah oui, pour le concours CL je me souviens...
Une savoureuse « incontinence verbale »
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 20 mai 2012
A la manière d'un conteur africain sous son baobab ou d'un vieux sage énonçant des vérités sur le monde, Salvador Fuensanta, balayeur à quelques jours de la retraite, raconte des histoires aux voyageurs en attente de départ, humanisant cet espace impersonnel qu'est un aéroport; des histoires entrecroisées, avec quelques personnages récurrents entre « gentils garçons et véritables imbéciles », ou sur l'excellent « Club des désirs impossibles » ou sur l'inquiétant Dak Genovador …
Et puis, si l'humour est omniprésent, il y a aussi des lignes touchantes, de la poésie , de l'amour (si, si, tout ça dans un aéroport!) « Elle est morte et je crois pas que dans l'autre vie on leur donne l'autorisation de sortir »
Un livre surprenant, qui ne m'avait pas séduit d'emblée, mais qui par son humour, sa sensibilité, sa poésie et son originalité m'a captivé au fur et à mesure des histoires dont j'attendais moi aussi la suite.
Et vous ne lirez plus vos magazines de la même manière...
Histoires en transit
Critique de Valadon (Paris, Inscrite le 6 août 2010, 43 ans) - 10 avril 2012
On ne sait pas toujours, parfois oui...parfois non...mais on ne perd jamais le fil, on reste toujours solidement arrimé a cet univers chaleureux et très drôle, espiègle et astucieux, très léger en apparence...Mais en apparence seulement, car chaque histoire racontée par Salvador aux voyageurs en transit m'a touchée, interpellée...Et surtout, ce personnage d'un balayeur offrant aux gens qu'il côtoie le cadeau d'une histoire, de quelques mots, d'un récit, dans l'univers froid et impersonnel de l’aéroport...ça laisse sacrement rêveur...
Qu'est-ce que j'aurais aimé discuter avec Salvador !
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 8 avril 2012
Ce balayeur affable explique que le Japon n'existe pas et n'est qu'une opération marketing, raconte le fonctionnement d'un site étrange où l'on échange des services, évoque les codes sensuels des aéroports ... Les récits s'enchaînent pour notre plus grand bonheur et l'on se plaît à découvrir ces histoires qui deviennent exceptionnelles lorsque Salvador les raconte.
Ces récits sont ponctués de remarques sur la fiction, le mensonge et la vérité. Cette jeune femme qui a oublié qui elle est et ce qu'elle fait dans cet aéroport n'a-t-elle pas le droit qu'on lui invente un passé même si ce n'est pas réellement le sien ? Cette identité fictive ne serait-elle pas aussi cohérente que la découverte de son véritable nom, elle qui n'a plus aucun souvenir ? Les histoires racontées deviennent plus vraies que la réalité, les personnes deviennent des personnages de roman, la frontière entre le réel et le vrai devient presque invisible. Cet aéroport est le lieu de tous les possibles, un lieu qui stimule l'imagination car à lui seul il crée des liens avec tous les pays du monde, toutes les classes sociales, toutes les situations potentiellement descriptibles.
Ce roman m'a emballé car avec humour et originalité il souligne le pouvoir du récit et la toute-puissance des mots sur l'esprit.
Comment améliorer la convivialité ?
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 8 mars 2012
La seule heureuse surprise réside à la fin, dans l’épilogue, quand il s’agit de choisir la personne qui le remplacera car il part à la retraite. Et c’est seulement cela qui vaut la 3e étoile, ... outre quelques réflexions que j’ai trouvé intéressantes.
« Il était convaincu qu’il vaut mieux regretter ce qu’on a fait que ce qu’on n’a pas fait. » (p. 34)
IF-0212-3847
La réalité n'est qu'une possibilité !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 3 mars 2012
Salvador Fuensanta est balayeur dans un grand aéroport international. Toute la journée , il observe les voyageurs en salle d'embarquement. Et malicieusement , il s'amuse à leur inventer une vie.
Don Salvador est un conteur philosophe , il ne manque pas une occasion pour échanger quelques bonnes histoires avec l'un d'entre-eux .
Mais , attention ! Toutes ces histoires ont une portée philosophique incroyable. Impossible de démêler le vrai du faux mais - à chaque fois - on manque d'oublier l'embarquement !
Une peinture acérée de " l'Homme " ; un être surprenant , mi-ange , mi-démon , qui agit souvent en fonction des autres .
Un mathématicien qui codifie la ligne logique d'une vie ( ... )
Le Club des Désirs impossibles , où tout se loue (y compris les hommes...)
Dans un 1er temps , j'ai été déboussolé par ce court roman ; puis je me suis laissé happer par les histoires loufoques de Don Salvador.
Un Homme incroyable qu'on aimerait avoir rencontré .
Excellent moment de lecture !
Pour ne plus voir les aéroports comme avant ...
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 14 janvier 2012
Moi, qui passe du temps dans les aéroports, je vais faire attention !! Et oui maintenant que je connais le "Code" en vigueur ... Comment ça, vous ne le connaissez pas ??? Ouh ... Faites attention !!! Moi à votre place ....
Je ne peux plus voir les aéroports comme avant ! Ils me semblent désormais plus humains, plus drôles (si, si ...). Enfin, voilà, c'est un livre sans prétention qu'il faut lire en laissant toutes ses histoires venir à vous, certaines réalistes d'autres moins (et alors !). Mais peu importe, c'est un vrai plaisir de lecture en ce qui me concerne, et je serai bien restée un peu pour en savoir un peu plus. Ce livre n'est pas de la grande littérature mais il vous donne une bouffée d'oxygène !!
C'est une belle performance pour un jeune écrivain ! Je l'ai lu dans le cadre de la sélection CL 2012, et là encore Merci à la sélection pour cette découverte car au vu de la couverture, je ne sais pas si de moi-même j'aurais pris ce livre...
Un autre monde
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 15 décembre 2011
La réalité qu’il créé ainsi est peut-être tout aussi vérace que celle des passagers, visiteurs, touristes et autres voyageurs. Il invente un autre monde, une autre réalité, comme on imagine ces pays qu’on n’a jamais visités et qu’on est convaincu, à juste titre souvent, de mieux connaître à travers les lectures et les idées que l’on s’en fait que ceux qui n’en ont vu que les façades qu’on a bien voulu leur montrer. Un monde dépouillé de ses apparences, de ses apprêts, de ses atours, un monde peut-être pas plus vrai mais peut-être plus vraisemblable, plus crédible. « La réalité ne change-t-elle pas en fonction de la langue qui la structure dans notre tête ? »
Et, par ces récits, il donne vie à cet espace entre deux mondes qui existe, dans les aéroports notamment, entre celui d’où l’on vient et celui où l’on va, cet espace de temps qui est aussi un lieu où les hommes sont, pour un instant, différents. Un monde entre l’ici et l’ailleurs où les passagers vivent sans pudeur inutile, loin du regard de ceux qui les connaissent et les jugent habituellement.
Un texte original, drôle, inventif qui fait sourire et qui interpelle sur le regard uniforme, généré par les lieux-communs et idées reçues largement véhiculés par les grands médias et les supports commerciaux, que nous portons sur notre monde, mais un texte qui mériterait une plus grande exigence d’écriture et de style pour en faire une très bonne lecture.
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