À la recherche du temps perdu, tome 6 : Albertine disparue de Marcel Proust
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Albertine disparue
Les quelques centaines de lignes de Marcel Proust que j’avais lues m’avaient conféré une certaine énigme, mystère, voire joie que je ne trouverais jamais.
Quand on lit Proust, une nouvelle expérience vient s’installer dans notre mémoire en l’étonnant, lui montrant qu’il y a des êtres qui réfléchissent extraordinairement et douloureusement. Cet écrivain qui nous apprend à penser différemment, à voir tout d’une manière renversée, même de pleurer de ce qui ne mérite pas et rester impassible devant les choses qui méritent qu’on s’enivre pour elles.
Proust m’avait appris personnellement la tristesse, l’amour, tout simplement la vie avec tous ses ingrédients nécessaires. Il m’avait appris que la vie pourrait être revécue par les souvenirs, que le temps que nous passions inutilement peut nous servir à remâcher tout ce que nous avons enduré, à voir les choses d’un œil perspicace et les analyse minutieusement, il m’avait aussi appris que la femme pourrait être aimée de plusieurs manières, que ce que nous aimons chez une femme ne devrait pas forcément être son entité, mais aussi des petits fragments qui la constituent, que parfois le sourire et le chagrin d’une femme nous inciteraient à un amour obsessionnel.
Marcel Proust m’avait appris aussi que les souvenirs sont un trésor que nous héritions du temps écoulé, il m’avait appris que la souffrance devient délicieuse quand on sait ce qu’une souffrance et quand on prend la décision que le mal doit faire partie de notre vie.
Ce que je dois rajouter dans ce prologue, c’est que ce que j’ai trouvé chez cet écrivain c’est la folie que j’avais cherchée depuis longtemps et que j’ai trouvée hanter ses idées caractérisées par le va et le vient des tourments qui avaient donné tant à la littérature française et à l’humanité.
« Mademoiselle Albertine avait pris ses malles » ou « Mademoiselle Albertine est partie », une phrase qui avait tant agacé Proust qu’il était devenu peureux de l’avoir entendre se répéter continuellement, ce départ qui a fait souffrir l’écrivain juste parce qu’il était à son insu, un départ mystérieux que Françoise avait annoncé avec une certaine animosité à l’égard d’Albertine qu’elle n’avait pas tant aimée, cette distance qui existait entre Albertine et Françoise n’était selon Proust qu’une simple haine qui naît entre les femmes naturellement, cette haine qui avait habité depuis longtemps la bonne et qui avait inciter l’envie d’attiser les évènements de ce départ en mettant toujours Proust face à un dilemme critique qui lui fait croire que ce départ se cache derrière un grand mystère qu’Albertine avait tant taché de le faire disparaître qu’elle est devenue elle-même un mystère.
La souffrance chronique commence à venir chez nous, quand nous arrivons plus à donner des explications à des petits ou grands évènements quotidiens où s’enlise notre vie, toute cette souffrance venait aussi de la contradiction vécue par l’auteur, par sa manière de penser et cela se voyait quand l’absence d’Albertine avait suscité une réflexion bizarre qui disait que l’auteur ne savait même pas qu’il aimait cette femme ou qu’il l’aimait mais n’avait pas trouvé l’audace de l’avouer, et ce qui explique et renforce cette idée c’est le fait de trouver une vague joie à l’idée de son départ subit qui avait rendu Proust heureux parce qu’il s’était rendu compte qu’il s’est dépêtré de cette femme qui l’oppressait tant qu’il souhaitait qu’elle n’était pas entrée dans sa vie, mais ce qui est étonnant c’est qu’aussitôt il contredit ce qu’il venait de ressentir pour cette femme en voyant que son absence à celle d’une vie qu’il avait tant désirée et d’ailleurs il ne la désire que parce qu’elle ne lui appartenait pas. Proust affirmait tout de même au début de cette fugue qu’Albertine avait pris une importance par son absence qu’elle n’avait pas eu quand elle était auprès de lui et cela s’affirmait par ses propres dires quand il disait qu’on n’aime que ce qu’on possède pas et par la prise de conscience qui nous vient qu’après une chute dure ou une perte fatale, son aveu qu’Albertine est toute sa vie et la surprise que ce qui était toute notre existence, on ne l’estimait que très peu.
L’intermittence des sentiments de l’auteur pourrait mettre le lecteur dans une admiration inextricable, ces sentiments qui ont parcouru le remords en arrivant aux moyens par lesquels le retour d’Albertine serait possible, pourtant Proust savait très bien qu’elle sera de retour, cette femme qu’il avait tant aimée de tout son cœur et que lui, il doutait un peu de son amour, est ce qu’elle l’aimait ? Biens sur, mais pour quelle raison l’avait-elle quitté ? Et pourquoi exactement à ce moment là et pas avant ? Mais si, elle l’aimait parce qu’elle l’avait affirmait, mais est qu’elle était franche ou elle ne le disait que pour profiter de la richesse de son ami ???
« Mademoiselle Albertine avait quitté la maison » avait bouleversé tellement l’existence de l’écrivain qu’il osait dire qu’elle n’était partie que pour peu de temps, et qu’elle rentrerait le soir, que quand elle rentrerait elle lui dirait qu’elle était allée pour lui acheter un cadeau et qu’elle reviendrait de nouveau dans ses bras. Mais Albertine n’était pas du genre qui sortait sans le prévenir, elle aurait pu me dire ou me laisser quelques mots pour dissiper toutes ces angoisses qui s’attachent à moi perpétuellement.
Mais cette certitude qu’elle ne tardera pas à venir était faite sur des suppositions de l’esprit, des évènements que l’auteur avait vécus auprès de cette Albertine. Il commençait à espérer son retour pourtant il savait très bien qu’elle ne manquera pas de revenir tôt ou tard, et là le lecteur aussi se rend compte à son tour de la contradiction d’être sur et d’espérer en même temps, et la lettre envoyée de la part de Proust à Albertine son contenu était à l’encontre de ce qu’il désirait, la lettre qui approuvait le départ d’Albertine, qui disait que son départ a anticipé la décision de Proust, une décision qui voulait demander d’Albertine de sortir de sa vie pour de bon, ce qui rend triste l’auteur c’est que ses mains écrivaient était nul compatible avec l’aspiration de son cœur, mais la seule explication possible c’est que Proust trouvait la demande de retourner ou de solliciter Albertine de rentrer le plus vite possible humiliant et déshonorable.
Albertine avait laissé une petite lettre lors de son départ, dans laquelle elle disait que la vie était devenue impossible entre Proust et elle, et que même cette lettre n’est qu’un signe de lâcheté de son égard, qu’elle ne pouvait le lui dire face à face, qu’elle avait fait tout ça à son insu en ayant peur de sa réaction, mais Proust croyant toujours à son retour et son mal, il le traitait toujours comme un enfant qui gémit tout le temps et que la seule solution pour le faire taire c’est de lui dire qu’il va bientôt guérir, c’est comme cela qu’était la situation et l’état d’âme de Proust qui était sur qu’Albertine ne disait pas la vérité et que la lettre qu’elle avait laissée n’était qu’une provocation pour qu’il exauce ce qu’elle demandait pas longtemps avant son départ, c’était le mariage.
Le chagrin aussi nous envahit, s’invite et commence à devenir une de nos habitudes quotidiennes qui sont si attachées à nous, ce chagrin qui provenait de la disparition d’un être cher qu’on avait perdu, on n’arrive pas à croire que bous l’avons perdu et notre chagrin devient au fur et à mesure une consolation qui nous aide à vivre douloureusement, cette consolation qui consiste à apprécier tous les souvenirs et les instants qu’on avait vécus auprès de cette personne si chère que nous nous retrouvons incapable de l’oublier aussi facilement, ce qui succède après c’est la souffrance qui est plus intense, qui devient une partie de notre vie actuelle, et bous prenons un nouveau chemin qui est vivre rétrospectivement.
La souffrance avait pris une nouvelle forme quand Proust apprenait que la femme qui était aimée de sa part, celle qui partageait sa vie, avait des relations intimes avec des femmes et le pire c’est de douter que sa disparition était motivée par ce goût trouvé chez le sexe assimilé, ce goût qu’elle n’avait pas trouvé chez son ami, chez Proust.
Quelle que soit la grandeur de l’amour qu’on a pour une femme, on ne peut pas rester après son départ seul, sans une femme qui nous soulage et nous fait oublier peut être la précédente, c’est exactement ce que Proust voulait faire en envoyant une lettre à Andrée, l’amie d’Albertine en lui demandant de venir passer chez lui quelque temps, et une autre lettre envoyée à Albertine pour lui faire part que son amie devrait venir chez lui non pour qu’il l’oublie, mais au contraire pour qu’elle reste toujours devant ses yeux. Malgré toutes les démarches exécutées par Proust pour réveiller la jalousie d’Albertine et la faire revenir en toute hâte, rien ne s’était passé comme il le voulait et sa décision (Albertine) de ne plus revenir s’avérait irrévocable, ce qui était certainement manifeste quand Proust envoyant un ami guetter Albertine et voir ce qu’elle faisait, son ami qui était revenu portant les nouvelles qui avaient augmenté le chagrin de Proust, en lui disant que sa petite amie ne semble vivre aucun regret.
Après le temps qui passe, la vie semblait prendre la décision de cette séparation absolue, cette vie qui tache toujours de donner plus d’aridité et de vigueur au malheur du destin, ce qui était arrivé vraiment, malheureusement Albertine était morte par un accident si naïf que Proust n’avait pas le courage d’y croire, et ce qui avait augmenté sa souffrance apparemment c’est que le petit espoir faible qu’il avait, qu’elle soit revenue un jour a disparu et a été arraché par sa mort, cette mort qui le suivra pendant toute sa vie.
Il avait parlé de l’amour, la possession, le désir et la vie généralement. Marcel Proust avait incarné toute la vie dans un processus de temps, voulant démontrer que les êtres avec qui nous vivons ne sont que des successions de moments comme l’était Albertine après l’avoir quitté, Proust qui l’avait tant aimée, cet amour qui lui avait fait si mal qu’Albertine est devenue l’amour lui-même. L’écrivain croyait à la réciprocité de l’amour, mais il avait oublié que la vie pourrait être injuste, qu’elle n’accepte pas qu’elle soit régie par les règles familières et que nous la vivons que pour goûter ses affres.
Proust avait évoqué toute une philosophie dans son roman, quand il avait sur s’insinuer dans la profondeur des réalités, prenant les suppositions pour des évènements qui vont avoir lieu certainement, le chagrin et le désespoir pour réactions passagères qui pourraient se produire à la suite de chacun d’eux, et la vie pour une prétendue réalité qui se dément à travers le temps. L’amour avait pris aussi une autre définition au point de vue de Proust, et là, je ne prends pas le jugement qu’il avait exagéré comme pourrait le dire un autre lecteur, mais je dis que l’auteur avait sa manière d’aimer, qu’Albertine pour lui n’était pas seulement une femme avec qui on partage des sentiments chaleureux, mais elle était une femme qui avait pris le caractère de l’amour lui-même, cet amour qui n’était pas mort à la mort d’Albertine. Ce qui me chagrine et m’exaspère depuis que je commençais de lire ce roman, c’est le regret de n’avoir jamais su qu’on pourrait même être différent en aimant.
« Mademoiselle Albertine est partie », « Elle avait pris ses malles », annonçant un jour Françoise à Proust, cette nouvelle qui a bouleversé l’intérieur de l’écrivain, lui montrant que sa petite amie l’avait quitté, ce qui ne pouvait se l’avouer qu’incidemment, c’est là que commence tout un voyage de tristesse et de regret, je ne sais pas si on est dans le bon sens si on oserait appeler l’amour de Proust d’elle un amour ou un regret et même si on oserait l’appeler un amour, et qu’on pourrait dire qu’il n’était né qu’après le départ de cette femme mystérieuse qui avait réussi à chambouler la vie d’un homme comme Proust en dépit de tous les avantages qu’il possédait.
On n’aime que ce qu’on possède pas, cette idée prouve que l’auteur était très conscient même des motivations de l’amour, apportant une nouvelle idée qui dit que l’homme n’aime pas seulement la femme pour sa beauté ou son charme, mais qu’on aime quelqu’un qu’on a perdu ou qu’on sent que le pouvoir qu’on avait sur lui commence à s’affaiblir, donc le départ de Mademoiselle Albertine avait permis à Proust de voir plus clair les réalités qui l’entouraient, ce départ qui l’avait aidé à se rendre compte que la présence d’Albertine quand elle vivait auprès de lui n’était pas moins importante comme il l’avait cru, « Ainsi ce que j’avais cru n’être rien pour moi, c’était tout simplement toute ma vie ». L’autre coté de l’idée précédente c’est que l’auteur avait l’intention de nous démontrer que c’est la chose qui est à notre disposition qu’on possède et pas celle qu’on imagine ou qu’on aspire, mais que la concrète possession est celle qu’on a dans les mains.
Il est drôle cet écrivain quand il ne croit pas ou ne donne pas trop d’espace à l’imagination pourtant que celle-ci fait partie de toutes ses idées.
Il nous arrive un moment de dire tout en lisant le roman qu’Albertine n’est qu’un prétexte et que ce n’est que la temps qui joue le grand rôle dans ce processus, et cela vient de l’indécision qu’on sent dans ses paroles, ses affirmations, surtout quand il prétend par moment qu’il n’aime pus cette femme et qu’il ne désire son retour que parce qu’elle n’est pas là et que si elle revient en effet, il ne tardera pas de la renvoyer. Au même temps la vie de Proust après la mort de sa bien-aimée nous faisait tellement pitié qu’on oserait dire que son amour était idéal, et qu’Albertine n’avait pas quitté la maison vraiment, mais elle habitait tous ses coins et ses recoins, les vantaux des portes, les chambres, elle l’habitait lui-même tout simplement. Cette indécision des sentiments escortée par la souffrance que lui avait causé ce départ au point que tout ce qu’il avait vécu avec Albertine était devenu un tourment et un délice au même temps, et cette mystérieuse Françoise qui ne manquant pas de lui donner tant de souffrance par ses amères allusions qui disait qu’Albertine ne méritait pas tant de chagrin parce qu’elle était louche, et l’écrivain vivant avec cette bonne depuis qu’il était si petit, ne pouvant rien lui dire.
On ne délire pas seulement à cause de la vieillesse, mais aussi d’une souffrance chronique, ce qui était le cas pour l’écrivain qui lui est arrivé au point de souffrir amplement même de ses idées et ses soupçons, surtout de cette révélation qui était survenue, qui dit qu’Albertine avait des goûts homosexuels, qu’elle n’est partie que pour trouver et savourer des autres bonheurs qu’elle n’avait pas trouvé chez lui.
Albertine est morte, et toutes les portes ont été fermées, comme si la vie est devenue sans aucun importance, comme si le temps ne passe que pour faire souffrir, cette mort qui a emmené avec elle le secret d’une femme qu’ont avait tant chérie et le moment où on avait découvert que cet être qui vivait avec nous, nous avait caché un secret, une confession qu’il aurait du révéler, ce secret que la mort avait emporté était les goûts d’Albertine quand elle était vivante, ces goûts qu’Albertine avait trouvé dehors, et l’écrivain tourmenté par un tas d’idées, l’idée qu’elle l’avait trahi, qu’elle mentait sans cesse, qu’Albertine qui était là, auprès de lui, était une femme honnête, fidèle, au point que l’écrivain osait dire qu’Albertine vivante et morte sont deux êtres non semblables et qu’il préfère celle qui était auprès de lui.
Je crois que l’amour de Proust pour Albertine était trop vague au point qu’on ne pouvait plus affirmer son existence, surtout quand elle était morte en laissant derrière elle une attitude cachottière, une vie, cette vie de la personne, sa présence qui reste quelque temps après sa mort, cette vie qui avait tant fatigué l’écrivain que son amour pour elle ne cessait plus de diminuer mais qui ne s’était jamais arrêté et arrivé à la haine, comme si même cette diminution d’amour n’était qu’un petit repos des sentiments qui nous faisaient comprendre que nous aimons telle personne si fort et son existence pour nous est si cruciale que le repos parait aussi d’une importance évidente pour attiser notre amour, car l’amour n’est qu’une succession de sentiments qui se renouvellent.
Proust était drôle en tout, sa manière d’écrire, son raisonnement, sa façon d’aimer, de voir les choses, mais je n’avais jamais cru que le cas même où il avait découvert la seconde vie d’Albertine, qu’elle vivait autrement, que cette prétendue trahison n’avait fait qu’augmenter l’amour de Proust pour cette femme, car comme il disait : si elle m’avait caché ses goûts, c’était que pour ne pas lui faire du chagrin.
Je crois aussi que le temps qui constitue tout le chemin de Proust n’avait jamais cessé de jouer son rôle , car le raisonnement que je viens de citer prouve que le temps passé qui avait bâti tout le schéma de Proust, car on croit à l’existence du passé plus qu’à celle du présent juste pour la raison qui affirme qu’il n’y a que le passé qui est à notre disposition, que nous possédons, mais que le présent et le futur n’est qu’une scène que nous regardons attentivement afin de comprendre ce que nous allons jamais comprendre, c’est énigmatique et drôle au même temps, cet évènement que nous ne possédons qu’après l’avoir vécu.
Albertine fréquentait des femmes, que ce qu’elle avait trouvé chez elles ? Quel genre de saveur trouvait-elle chez toutes ces femmes inconnues ? La jalousie de Proust était telle qu’il commençait à chercher l’identité de ces femmes,sauf qu’après les avoir rencontrées et connues, elles avaient quelque chose d’Albertine, ce qui montrait le peu qu’elles avaient d’elle, cette Albertine qui l’avait tant fatigué autant dans sa vie que dans sa mort. Cette recherche des êtres qu’Albertine avait fréquentés était si pénible, si dangereuse et mystérieuse que Proust avait trouvé Andrée d’une beauté nouvelle et étonnante, ce qui ne le trouvait pas lors de la vie d’Albertine, et il ne le trouve que parce qu’il s’était mis au courant que cette Andrée était aimée par Albertine. On aime une personne subitement aussi parce qu’on commence à savoir que cette personne avait réussi à faire tomber celui dont nous étions amoureux. Toutes les femmes que l’écrivain avait rencontrées, il les voyait des Albertines juste parce que cette Albertine commençait à habiter toutes les femmes qu’il voyait après sa mort, ce qui a attiré mon attention aussi c’est cette fidélité canine qu’on ne trouve que chez quelqu’un qui a pu estimer la valeur de l’être qui vivait auprès de lui.
Le mystère que contient aussi ce roman et que le lecteur s’en rend compte tout en lisant c’est que l’écrivain n’était pas un simple homme d’esprit, un littérateur, mais aussi quelqu’un qui est apte à analyser les comportements des gens au point qu’il peut même lire ce que les regards pourraient exprimer, ce qui a été vraiment le cas quand il avait rencontré Andrée, cette dernière qui était venue chez lui après la mort d’Albertine, cette Andrée qui avait tant regretté son amie, mais ce qui est énigmatique c’est que l’écrivain disait qu’il sentait qu’elle lui manquait pas, et comme je n’ai pas trouvé une explication convaincante de cette douleur que Proust éprouvait à la découverte de cette froideur de la par d’Andrée, je crois qu’il avait senti que c’es désolant le fait que les gens ne s’aiment que pour le prouver et le montrer et pas parce qu’ils l’avaient réellement éprouvé.
La signification de l’amour chez Proust, on la découvre qu’avec une réflexion profonde , celle qui exige qu’on devrait prendre le choses pas comme nous les voyons, mais comme elles le sont pas, ce qui était ingénieux de la part de Proust, et le cas s’applique aussi sur l’amour de Proust pour Albertine, je crois qu’il ne disait qu’il l’aime que parce qu’elle l’avait quitté sans le prévenir au point qu’on n’est même pas sur de dire s’il s’agit qu’une séparation absolue ou d’une fugue, je crois aussi que Proust aimait Albertine mais il ne le savait pas, en effet il ne le savait qu’après son départ, et c’est drôlement aussi je trouve, cette nouvelle théorie d’amour que Proust avait fait venir à nos esprits, celle qui dit que nous ne savons que nous sommes amoureux qu’après la perte de l’être qu’on aime ou même que nous ne devenons amoureux qu’après cette perte, ce qui rend l’amour plus douloureux, car en effet c’est sa nature. L’autre sens de l’amour chez l’écrivain c’est qu’on éprouve ou s’amourache d’une personne pas parce qu’elle est belle (car Albertine n’était pas d’une telle beauté qui incite à être aimé) mais pare que son existence pour nous est mystérieuse, comme l’était tout à fait Albertine.
Après un long voyage de souffrance et de malheur, Proust souffrait aussi de nouveau d’une autre réalité, une réalité qui consiste que le remplacement est exigé, que la femme qu’on avait aimée un jour et qui nous a quittés, pas seulement nous a quittés, mais se laissait emporter par la mort, laissant derrière elle la place à une souffrance très abondante, Proust affirmait que l’amour qu’on pourrait avoir pour une femme n’est qu’un amour éphémère et qu’on est prêt toujours à donner tous les présents qui nous ont été offerts par notre première bien-aimée à celle qui succède volontiers, sans aucune souffrance.
Je crois que le mystère de la femme ne vient que du tas des secrets qu’elle a accumulés depuis le début de son existence, même avec la femme vivant auprès de nous, chaque jour de notre vie, on découvre un secret qui annonce une nouvelle naissance de cette femme, étonné qu’on l’avait jamais connue de la sorte, et on passe toute notre vie à découvrir des secrets enterrés depuis si longtemps, au point qu’il nous semble que la vie est devenue impossible avec cette femme. Albertine morte, laissant derrière elle ses secrets exhumés qui commençaient à faire souffrir Proust. Il avait montré intelligemment, avait fait allusion que la vie avec la femme est impossible, que sa présence auprès de nous est toujours menacée, que la femme est plus intelligente parfois, autant que la vie.
Le sentiment d’être dépaysé par ce départ de la dulcinée, la joie éprouvée quand Proust relisait lettre, une ancienne lettre qu’Albertine lui avait envoyée, dans laquelle, elle lui annonçait sa visite pour le soir, partant de là, on comprend aussi que l’homme chercher toujours à oublier ou seulement à revivre les moments qu’il avait déjà vécus même par les souvenirs.
La mort d’Albertine, Proust, il la voyait aussi différemment, on vit avec des êtres, on partage tout avec eux, et on prend la conviction et l’ostentation qu’ils font partie de notre vie, mais ce qui vient souvent fortuitement, c’est que la mort inhibe toute cette vie de se développer et nous laisse perplexe devant cette scène abominable, de voir les êtres qu’on avait tant chéris, qui faisaient si étroitement part de notre vie, disparaître en clin d’œil, nous n’aurions jamais le courage de l’assumer et on les oublie guère, on meurt avec eux, un genre d’oubli que Proust inventait pour pouvoir prouver que notre affection pour ceux qui sont morts ne s’était jamais affaiblie, mais que nous sommes nous-mêmes morts.
On ne souffrait pas de la mort de l’être sur le champ, mais on n’éprouve du chagrin que le moment où le défunt revient ou devient vivant par les souvenirs, ce qui était arrivé à Proust lors de la mort de sa grand-mère, il n’était plus triste, il ne montrait rien, mais la souffrance commençait à s’emparer de lui le temps où tout était passé, ils avaient raison je crois, ceux qui avaient dit que Proust était un homme qui présentait un attentat contre la vie, le fait d’être tout à fait d’accord de vivre la vie pas dans le présent mais dans la passé, mais je ne suis pas totalement convaincu et persuadé par cette critique, je crois que ce que Proust voulait dire, c’est que le passé avait une importance, disant que c’est le point de départ.
Albertine était morte, mais comme si cette mort n’avait pas persuadé Proust de son absence, croyant toujours qu’elle existe virtuellement, que l’existence des autres dépend de nous. Son amour était toujours présent, l’idée de Proust ressemble à l’énigme qu’on trouve chez les écrivains français qui disent que l’amour est bon tant qu’il est impossible et répugnant quand il ne le serait pas.
Si on aborde le sujet de la femme, de sa nature, ou même de sa manière de d’exister, on ne trouve que la méthode ingénieuse que Proust avait adoptée pour l’analyser et essayant de sonder ses ténèbres profondes. Elle n’est prête à aimer l’homme que quand elle l’humilie préalablement, pour se sentir gagnante, pourtant on ne se défend pas face aux gens orgueilleux par un tel orgueil, mais la femme n’avait jamais compris qu’il faut aimer les orgueilleux et vaincre leur orgueil par un amour plus puissant. Aussi l’une des réalités de la femme cachottière, celle qui méprise les gens qui ne l’avaient pas prise en considération, elle ne les méprisait que parce qu’elle les aimait, alors le mensonge fait parie aussi de sa vie, on ment comme dit Proust toujours à ceux que nous aimons, pour préserver leur estime à nos égards, on ment pour préserver notre honneur, notre plaisir.
Avec toutes les années qui sont passées, avec aussi la tristesse qui les avaient escortées, Proust avait presque un léger dédain à l’égard de la vie, et s’attristant de plus en plus en se rappelant que la vie n’était pas à la hauteur de nos intuitions, que nos désirs sont toujours enterrés, que nous avons désiré seulement comme c’est la nature de l’être humain ce qui est loin, nous avons aimé ce qui nous fait souffrir !!! Il se rajoute à toues les amours de Proust, celui de sa mère, un amour épineux, dont on parle qu’en le regardant du dehors, tellement son obscurité et son ardeur font partie de sa composition, cet amour maternel et réciproque que les années n’avaient pas réussi à le diminuer et ce qui me plaisait trop entre Proust et sa mère, c’est cette intellectualité non engagée, et c’est rare où la mère puisse comprendre ce que subit son fils de malheur et de douleur.
Après tant d’années de la mort d’Albertine, Albertine qui n’est devenue qu’un fantôme dans notre vie, celle qui nous vient à l’esprit quand nous entendons le mot amour ou souffrance et ne voyons l’amour qu’à travers elle. A la fin de la vie, je parle de la fin qui n’est plus la mort, mais la perte de tout, de notre source d’inspiration, de notre bien-aimée, que ne nous l’aimons que parce qu’elle est morte. La mère de Proust savait que sa tendresse à un moment donné était devenue inutile, mais elle la lui donnait sans cesse, Proust avait perdu tout le sens de la vie quand il devenait un peu plus âgé, à un certain age on se sent triste non parce qu’on avait perdu tant de choses, mais parce que la perte s’était fondée au fil des années, une perte qu’on préserve comme si elle n’a pas de remplaçant, comme si on se contente plus à cet age d’un autre sentiment que la tristesse. La mère de Proust lui prodiguait sa tendresse et savait très profondément que ces sentiments abondants ne servaient à rien.
L’auteur savait très bien qu’il ne serait jamais guéri de cette maladie de tristesse, une preuve évidente qui s’avérait avec une nouvelle qui annonçait qu’Albertine n’était pas morte, Proust ne réagissait plus à cette résurrection de sa bien-aimée, il refusait le retour d’un être qu’on avait perdu, ce retour qui serait insupportable, car dans la vie on se contente parfois d’une séparation, d’un malheur, d’une tristesse, ne voulant pas perdre et gâcher cette paix qu’on a trouvée dans ces sentiments macabres, peut être aussi que c’est ces sentiments qui nous montrent à quel point les valeurs de la vie sont d’une grande importance que nous n’osons plus même les souhaiter, c’était l’une des folies de l’écrivain qui n’a pas essayé de voir différemment les choses, mais en réalité il les voit de la sorte, c’était leur nature.
Le retour de Gilberte dans la vie de Proust n’était qu’une astuce pour montrer à quel point Albertine était chère et qu’aucune femme pouvait la remplacer, cette Gilberte que Proust rencontrait autrefois quand il était tout jeune, et qu’il lui semblait qu’il l’aimait ou qu’il l’aimait vraiment mais la séparation avait rendu ou donné l’aspect de la mort à cet éloignement, c’est tout à fait ce que dit l’écrivain dans son livre.
Ce qui attire l’attention aussi dans ce roman que Proust se délectait à cet ensemble de présence de femmes dans sa vie, sans accorder une grande importance à leur beauté, disant que les jolies et belles femmes appartiennent aux hommes sans imagination et que ce que les hommes d’esprit et les poètes exigent de la femme, c’est les sentiments et l’inspiration.
C’est de la bêtise de dire que Proust était contre la vie, c’est de la bêtise aussi de lire ce que Proust écrivait et sortir de ses livres sans avoir l’intention de penser et voir tout autrement. Proust à la fin de son roman »Albertine disparue » évoquait de nouveau sa tristesse, cette tristesse qu’il n’a pas réellement délaissée mais qu’on peut l’entrevoir souvent derrière ses lignes même s’il essayait de la dissimuler. A la fin il a parlé d’une idée lointaine qui s’appelle le bonheur, ce bonheur que Proust aurait pu l’avoir et qui le regrette, une bizarrerie que l’écrivain nous faisait goûter et nous l’offrait sur un plat délicieux qui s’appelle la vie.
Enfin le bonheur de Proust est trouvé, un bonheur mystérieux, un bonheur qui s’agit dans l’accord de ce que Proust désirait et sa possibilité, l’idée que ce que nous avons souhaité aurait pu exister est un bonheur que nous prenons pour vrai, un bonheur qui ne se définit qu’en état de perte.
Albertine disparue
Le 03/05/2009
Par : Tekik Mohamed
Les éditions
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Albertine disparue [Texte imprimé] Marcel Proust éd. présentée, établie et annotée par Anne Chevalier
de Proust, Marcel Chevalier, Anne (Editeur scientifique)
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070382330 ; 8,60 € ; 13/03/1990 ; 374 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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Albertine ou la tentation
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 5 septembre 2019
Le deuil peut donc prendre des formes effroyables, en tout cas bien rudes. Une leçon de vie est donnée ici avec un intérêt toujours aussi grand.
Le désir de ce que l'on ne possède plus.
Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 6 juillet 2010
Alors elle s'en va et lui regrette, il comprend que l'on ne désire que ce que l'on ne possède pas (ou plus). Il se persuade qu'elle rentrera tôt. Mais ce n'est pas le cas.
Mais la vraie disparition d'Albertine est sa mort. Il en reçoit la nouvelle par une lettre de Mme Bontemps.
Commence alors une enquête post mortem sur les préférences sexuelles de la disparue, sur ce qu'elle faisait réellement en son absence, sur son comportement, voir sur son jugement envers son détenteur. Et les révélations réveillent jalousie et déception, mais souffre aussi d'une crédibilité hélas faillible.
Il faudra donc du temps pour oublier Albertine, si cela est jamais possible. Ce Temps, source de l'œuvre de Marcel Proust. Lui seul permet de panser les blessures, que des souvenirs peuvent toutefois réveiller un instant.
Quelques bonnes nouvelles viendront éclaircir l'horizon comme la publication de l'article écrit fort longtemps auparavant par le narrateur dans le journal du Figaro.
Certaines filles ressemblant plus ou moins à l'être (finalement) tant aimé permettent au narrateur de trouver consolation.
Mais cela ne suffit pas, au point que lorsqu'il reçoit une lettre de Gilberte annonçant son mariage (avec St Loup, son ami) il comprend de travers (trompé par l'écriture) et croit recevoir une missive d'Albertine lui apprenant qu'elle est en vie et qu'elle souhaite l'épouser s'il le désire.
Cette lettre il la reçoit à Venise. Car il a enfin accompli, avec sa mère, son souhait de se rendre dans la cité italienne parcourue de canaux. L'auteur, comme le lecteur, de constater que le narrateur accomplit son désir, le réalise par le décès d'un être proche et cher. C'est l'objet d'une réflexion sur le sujet dans ce sixième tome, aux côtés des thèmes habituels de la jalousie, du désir, des secrets mais aussi de diverses remarques sur l'Art, l'homosexualité...
Et le narrateur d'apprendre d'autres informations importantes sur son ami St Loup et même sur sa première "rencontre" avec Gilberte lors d'une promenade à Combray en famille.
Proust nous délecte encore de sa plume, de sa pertinence dans les sujets abordés et colle au plus près du thème central d' "A la recherche du Temps perdu", c'est à dire le rapport au Temps.
La construction d'un homme se fait avec ses souvenirs, mais ces derniers s'altèrent inévitablement, et sont déformés par nous, interprétés faussement (comme le montre l'exemple du souvenir de Gilberte) jusqu'à ce que l'on remarque notre erreur.
Finalement ce tome semble bien préparer le final de l'œuvre, "Le Temps retrouvé", que l'on a hâte de dévorer à la suite de ce volume excellent en tous points.
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Proust le mystère | 89 | Baudelaire87 | 1 septembre 2009 @ 09:11 |
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