Inassouvies, nos vies de Fatou Diome

Inassouvies, nos vies de Fatou Diome

Catégorie(s) : Littérature => Africaine , Littérature => Francophone

Critiqué par CC.RIDER, le 8 avril 2009 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 950ème position).
Visites : 4 681 

Triste et mélancolique avec quelques fulgurances

Félicité, une vieille dame très digne, finit tristement ses jours dans la maison de retraite où l’ont placée des enfants ingrats. Sa voisine, Betty, vient lui rendre visite chaque semaine. La vie de Betty est d’une grande simplicité. Elle vit seule et aime observer la vie des autres occupants de l’immeuble : l’intello-écolo, le divorcé dragueur… Elle s’ennuie et ne sait pas quoi faire de sa vie. Le jour où Félicité meurt, son monde s’écroule. Elle essaie bien de se raccrocher à l’amitié d’un homme de rencontre, mais celui-ci meurt à son tour. Alors Betty décide de larguer les amarres et de partir sans laisser d’adresse et sans espoir de retour.
Livre triste et mélancolique qui se veut poétique et de haut niveau littéraire, mais qui n’est souvent que verbiage vaguement intello avec quelques fulgurances philosophiques parfois intéressantes. Diome aborde le problème des anciens abandonnés à leur triste sort pour cause de jeunisme, la solitude, le féminisme, mais sans en faire grand-chose d’original. Livre très inférieur au « Ventre de l’Atlantique » qui abordait lui le problème de l’immigration des noirs attirés par l’Europe comme par un miroir aux alouettes.
Citations : « Mets tes parents en prison et tu finiras en cage. »
« Il faut un tremblement de terre dans la tête d’un auteur pour faire sentir un frisson au lecteur. »
« On n’écrit pas parce que l’on veut écrire. On écrit parce qu’on ne peut pas vivre sans. »
« Même en se rendant au bout du monde, on ne fait que marcher vers soi. »

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Les éditions

  • Inassouvies, nos vies [Texte imprimé], roman Fatou Diome
    de Diome, Fatou
    Flammarion
    ISBN : 9782081213531 ; 19,30 € ; 15/08/2008 ; 270 p. ; Broché
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Les livres liés

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une tranche de vie

9 étoiles

Critique de Yotoga (, Inscrite le 14 mai 2012, - ans) - 16 mai 2013

Seule, Betty vit sa vie par procuration en observant les voisins... Et puis Felicité lui apprend par sa mort à vivre, à lâcher prise. Et la vie commence, le papillon s'envole.
A travers les mots de Fatou Diome, Betty philosophie, tous les thèmes y passent, la société, l'amour, la famille. Fatou Diome a une plume exceptionnelle. Inassouvie, l'envie d'en lire plus.

Nos vies et après ?

8 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 9 avril 2009

Betty a la trentaine inaccomplie, la curiosité facile et l'ennui grandissant. De sa fenêtre solitaire, elle observe l'immeuble d'en face, y décèle des bribes de vie chez ses voisins et pense qu'elle peut en tirer quelques leçons qui l'aideront à mettre de l'ordre dans sa propre existence.
Evidemment, il n'en est rien dans la mesure où la vie des autres finit tôt ou tard par imprégner la vôtre de ses souffrances et de ses errances. Lorsque Betty, attachée au personnage de Félicité, une vieille dame seule qui survit comme elle peut, assiste au départ de cette dernière pour une maison de retraite, tout son être se révolte et elle décide d'accompagner sa voisine dans ses instants de détresse. Une complicité attendrissante et franche s'installe entre les deux femmes. Félicité raconte et Betty écoute, éponge à émotions dont les propres manques trouvent écho dans ceux de sa compagne.
Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille et le dépérissement s'empare progressivement de Félicité, jusqu'à l'étape ultime qui bouleverse tous les repères de Betty. Celle-ci ne trouve alors d'autre issue que la fuite.

"Inassouvie, la vie, puisqu'elle a toujours besoin d'un horizon."

Roman sensible et empreint d'humanité, ce livre expose en pleine lumière notre rapport à la vieillesse et notre considération pour les personnes âgées. Une conception sociale qui varie énormément de l'Afrique à l'Europe. Alors que la position matriarcale est hautement estimée dans le pays d'origine de Fatou Diomé, il n'en va pas de même sur le Vieux Continent et ce manque de respect transparaît dans les anecdotes délivrées au gré des pages.
A travers le personnage de Betty s'esquisse un soubresaut, une réaction timide mais réelle face à cette situation. Comment se comporter? Que nous restera-t-il lorsque tous les fondements de notre culture auront disparu? Sommes-nous à même de mener notre propre barque sans nous référer à ce qui avait lieu avant nous?

Les souvenirs de Félicité sont les garde-fous de Betty, ils lui permettent de prendre conscience d'un passé douloureux et d'un futur à construire. Thème essentiel que cette transmission de flambeau d'une génération à une autre, en abolissant les frontières liées aux convenances sociales et à ce regard encore honteux porté sur la vieillesse.
Par cette histoire profondément humaine, Fatou Diomé nous interpelle sur notre sens des responsabilités et le poids d'un héritage que nous estimons souvent trop lourd à porter, indispensable cependant à notre progression dans la vie et notre recherche du bonheur.
Le langage poétique et élégant, dansant de page en page, apporte beaucoup de fraîcheur à cet océan de gravité et illumine le récit. Indéniablement un beau roman sur notre condition humaine, forte et fragile à la fois.

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