La fille du fossoyeur de Joyce Carol Oates

La fille du fossoyeur de Joyce Carol Oates
( The gravedigger's daughter)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Dudule, le 21 mars 2009 (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 894ème position).
Visites : 6 829 

Un être en fuite

Une jeune fille malmenée par la vie, Rebecca Schwart, fille d’émigrants juifs qui ont quitté l’Allemagne nazie pour l’Amérique, Rebecca est née sur le bateau les emmenant à New York. Nous découvrons la vie de Rebecca par bribes de l’enfance jusqu’à l’aube de sa vie, nous comprenons ses angoisses, ses craintes, sa fuite pour échapper à ceux qu’ils aiment, à la mort, à son passé, mais surtout à elle même, avec ses changements d’identité, la misère, le bonheur, l’amour, le tout sur fond historique, pas facile de trouver sa place dans l’Amérique de l’après-guerre, d’être une femme, la fille du fossoyeur, être confrontée au racisme, d’être humiliée.

L’auteur trouve les mots pour transmettre toutes ses sensations, ses émotions, le style est un peu brut mais c’est un roman très humain, un beau roman à découvrir, un livre attachant, pour moi une belle découverte car je n’avais jamais lu cet auteur.

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Joyce Carol Oates

8 étoiles

Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 76 ans) - 16 janvier 2024

JC Oates est une auteure que j’ai lue à de nombreuses reprises et que j’ai à chaque fois appréciée. Mon roman préféré est sans conteste « Les Chutes ». Celui-ci m’a également enchanté mais j’émets quelques réserves.

L’autre soir, j’ai vu à la télévision un documentaire qui lui était consacré et qui la mettait en scène. En plus des questions auxquelles elle répondait, on la voyait se lever le matin, se préparer rapidement puis se diriger vers son ordinateur et commencer une journée d’écriture, invariablement, jour après jour comme une employée dans son bureau. Nous aimons lire JC Oates et JC Oates aime écrire : c’est sa vie. Et je trouve que c’est là -notamment dans ce livre- qu’il y a des choses à dire.

L’histoire de Rebecca-Hazel est admirablement bien écrite. L’auteure sait agencer ses mots et ses phrases avec art ; avec savoir-faire, ses paragraphes se succèdent. Mais au niveau des chapitres qui se suivent et donc de l’avancement de la vie de son héroïne principale, s’il y a des moments vraiment passionnants et cohérents avec l’histoire d’une immigrée née sur le bateau dans le port de New-York au sortir de la guerre 40-45 puis tombant sous la coupe de toutes sortes de personnes, des hommes (à commencer par son père, le fossoyeur), en passant par les horreurs auxquelles elle assiste, les petits bonheurs, les luttes, les rencontres, les fuites, les misères etc. je trouve qu’à certains moments -donc certains jours d’écriture d’après ma théorie- Oates est inspirée et d’autres pas. Je crois qu’un matin Carol a une super idée et qu’elle l’exploite merveilleusement avec sa magie de l’écriture et d’autres jours, Joyce est peu inspirée et elle fait du remplissage, elle perd un peu le fil de son histoire et globalement, elle perd de la crédibilité dans son roman.

Donc, dit autrement, il y a des hauts et des bas dans les chapitres et les phases de ce roman de 700 pages et cela peut lasser, parfois cela m’a lassé ! Mais comme les « hauts » sont nombreux, je lui donne tout de même 4 étoiles.

Propos dense, écriture intense...

10 étoiles

Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 1 octobre 2011

La densité du propos, l’intensité tout au long de l’écriture, viennent rapidement à bout de la résistance émotionnelle du lecteur, ce roman n’est pas une lecture facile, ni rapide...
De façon tout à fait inattendue, l’histoire se transforme en un épilogue épistolaire de vingt-cinq pages que j’ai lues en pleurant, une coda des plus bouleversante et des plus émouvante que j’aie jamais lue; on retrouve à la fin de l’édition américaine originale, la transcription d’une entrevue accordée par Joyce Carol Oates dans laquelle elle extrapole sur certains faits saillants de cette œuvre, par exemple sur l’épilogue : « Les lettres à la fin du roman, en dépit du fait de les avoir écrites moi-même, me tirent des larmes à chaque fois, même suite à plusieurs lectures…»
Je suis une grande admiratrice de cette auteure, j’avais déjà lu deux de ses oeuvres et pour moi le plaisir de lecture ne fait que s’intensifier à chaque expérience; Joyce Carol Oates maîtrise son art à la perfection, elle entraîne le lecteur à sa suite sans aucune défaillance dès les premières lignes, pour notre plus grand bonheur! J’ai adoré cette lecture!

ah Oates !

8 étoiles

Critique de Phineus (Bordeaux, Inscrit le 16 février 2009, 87 ans) - 6 décembre 2010

Eh bien c'est ainsi ; l'écriture de Oates est une écriture hystérique et donc elle a le charme , la séduction, la trouvaille qui sait vous capter, vous émouvoir, l'intelligence aussi, et l'intuition percutante. Le revers de l'hystérie c'est la mise en scène, c'est "l'hitrionisme", c'est ce terrible travers d'en faire (d'en dire) toujours trop, et de se perdre dans l'enflure et le vertige narcissique (la marque stylistique de cette petite folie c'est le style indirect libre torrentiel)." La fille du fossoyeur" n'échappe pas à tout ça mais c'est un des meilleurs, tout de suite après "les chutes" et les trois cents premières pages de "blonde"

Une envie de s'en sortir qui donne des frissons

9 étoiles

Critique de Paia (, Inscrite le 26 février 2009, 76 ans) - 10 juin 2009

J'ai adoré. Comment cette femme choisit de ne penser qu'à survivre, et donner toute la préférence à son fils. Joyce Carol Oates arrive même à nous faire sentir la souffrance du père, dont la tyrannie n'est que le reflet de son désir de punition.

C'est violent, mais il y a un tel désir de vie ... et la fin est poignante...

Les démons enterrés

7 étoiles

Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 31 mars 2009

1936. Une famille de juifs allemands fuit l’Allemagne nazie, les persécutions et échappe, tant qu’il est encore temps, à cette opération génocidaire que nous connaissons.

A 4, un couple et deux garçons embarquent et après une traversée où la promiscuité se mêle à la peur, ils débarquent à 5, l’héroïne Rebecca Schwart nait dans le port de New York et grandira, américaine sans l’être vraiment, au milieu des hostilités qui donnent à l’Amérique des années 30 un visage bien différent de l’Eldorado imaginé.

Grandir dans une petite ville du Nord-Est américain dans une famille déracinée, déboussolée, ayant trouvé refuge dans une petite maison de pierre sans confort, réservée au fossoyeur… ne sera pas simple.

Sans amour, proche de la haine, ce déracinement et cet isolement vis à vis des Américains qui forcément « nous veulent du mal » confine la famille à la paranoïa, à la violence qui fatalement finira mal mais permettra aussi à Rebecca de suivre un chemin, semé d’embûches mais aussi de joies, de vrais bonheurs, mais perpétuellement matiné d’angoisses qui l’entraîneront sur les routes de la négation de soi et de ses origines.

Cette fille du fossoyeur est un roman de Joyce Carol Oates où l’on sent une forte part de soi. Il inquiète, il rassure, il nous ressemble. Il encourage et désespère. Il est une leçon de vie qui nous condamne à la fois à l’imperfection et à l’espérance.

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