Perdu dans un supermarché de Svetislav Basara

Perdu dans un supermarché de Svetislav Basara
( Peking by night)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Dirlandaise, le 26 janvier 2009 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 665ème position).
Visites : 4 708 

L'univers absurde de Basara

Svetlislav Basara nous propose ici un recueil de vingt-deux nouvelles de longueur variable, certaines très courtes tenant sur une page seulement alors que d’autres s’étendent sur une vingtaine de pages. Basara est un auteur serbe, éditorialiste et diplomate. Ses nouvelles sont caractérisées par un goût nettement prononcé de l’absurde dont l’auteur use et abuse au plus grand bonheur de son lecteur. Les personnages de Basara se promènent d’une nouvelle à l’autre en toute liberté car avec cet auteur d’une extrême originalité, les normes éclatent pour faire place à un univers libéré des contraintes et empreint d’une folie débridée et fort joyeuse. L’univers de Basara est centré sur les thèmes de la solitude, du temps qui passe, de l’absurdité de la vie, du non-sens de l’existence et de la présence constante de la mort. Certaines nouvelles sont d’une drôlerie irrésistible telle « Histoire d’une chute » dans laquelle on peut lire les réflexions d’un homme en train de tomber du haut de la tour Eiffel. D’autres sont fort belles et émouvantes comme « Peine de verveine ». La nouvelle « Perdu dans un supermarché » se rapproche étonnement de Kafka de même que « Le réformateur ».

Avec Basara, foin des contraintes et des barrières, il laisse éclater sa folie dans son écriture et il entraîne son lecteur avec lui dans une sarabande endiablée. On y retrouve des thèmes de la psychanalyse ainsi que de la philosophie. Avec cet auteur, on perd pied, on ne sait plus où l’on va, si on est dans un rêve ou bien dans la réalité. On accompagne des personnages perdus dans des mondes étranges, on ne sait pas bien ce qu’ils font là, d’où ils viennent ni où ils vont. On pénètre dans leur moi, dans leur solitude, dans leur âme tourmentée et on ne sait pas trop si on va pouvoir en ressortir indemne. On assiste même à des dialogues insolites entre l’écrivain et ses personnages. Des dessins ajoutent une note très amusante et ludique à l’ensemble.

J’ai vraiment beaucoup aimé. C’est un plaisir de lecture qui m’a enchantée mais il faut aimer l’absurde et se laisser aller à cette douce folie sans trop se poser de questions ni se demander où cela va nous mener. Laissez-vous tenter…

« Elle avait des cheveux d’un blond sale, un front, un nez, une bouche, des mains, des seins, des jambes. Rien ne lui manquait. Si j’ai omis de mentionner quelque chose, c’est simplement par oubli. Elle avait tout ce qu’il lui fallait. Je me suis tout à coup mis à l’aimer. »

« Le rêve me semble plus proche et plus réel que la réalité qui l’a précédé, peut-être du fait qu’il s’y est écoulé beaucoup de temps. J’ai vieilli en rêve. Mes amis défunts mouraient encore une fois, les vivants marchaient avec leurs sourires aux lèvres. Je les ai rejoints en silence. (En rêve, seuls les morts parlent.) Nous avons continué à marcher, je ne sais où, je croyais qu’ils connaissaient la destination, eux devaient penser que je la connaissais puisque c’était mon rêve, si tant est qu’un rêve appartienne à qui que ce soit. »

« Je suis mort peu avant l’aube, mais je n’ai pas cessé d’écrire. La folle manie a été plus forte que la mort, et maintenant, au lieu de me soucier de mon sort, je m’obstine à écrire, alors que des puissances terrifiantes, inconcevables, me déchirent et m’entraînent je ne sais où… »

« L’horloge a joint les mains pour mimer un instant minuit. »

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Les éditions

  • Perdu dans un supermarché [Texte imprimé], nouvelles Svetislav Basara traduit du serbe par Gojko Lukić
    de Basara, Svetislav Lukić, Gojko (Traducteur)
    les Allusifs / Les Allusifs
    ISBN : 9782922868722 ; 7,97 € ; 24/04/2008 ; 177 p. ; Broché
  • Perdu dans un supermarché [Texte imprimé], nouvelles Svetislav Basara traduit du serbe par Gojko Lukić
    de Basara, Svetislav Lukić, Gojko (Traducteur)
    10-18 / 10-18
    ISBN : 9782264049094 ; EUR 7,10 ; 17/11/2011 ; 192 p. ; Poche
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Absurde, oui !

7 étoiles

Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 5 mai 2010

22 nouvelles plus ou moins longues, mais toutes plus absurdes les uns que les autres. Ces nouvelles s’entrecoupent, on retrouve des personnages, endroits, réflexions dans plusieurs nouvelles. Dans la plupart, l’auteur interroge les personnages sur des questions philosophiques ou métaphysiques comme leur existence, le sens de leur vie, le temps ou la mort. Il en profite pour analyser quelques épisodes de sa vie à travers celles-ci et faire une autocritique de son œuvre, son rôle d’écrivain.

La narration n’est pas chronologique, on revient sans cesse en arrière. Dur de rester concentrée sur une écriture bordélique (j’avais parfois l’impression de lire des pensées) et qui part dans tous les sens !

Mes préférées : Histoire d’une chute, peine de verveine, commentaire critico-paranoïaque, l’apprentissage. J’ai moins aimé les dernières même s’il y avait quelques passages qui méritent d’être relevés pour leur bon côté absurde ! (Je n’ai pas tout noté, il y en a pas mal comme ça…)

« Je croyais n’avoir jamais eu jusqu’alors une très bonne opinion de moi-même. Et en effet, je n’avais rien de tel. Je m’étais forgé une mauvaise opinion de moi, une image qui pouvait être encore sympathique. L’autre, le vrai moi, je l’avais enfoui quelque part dans les profondeurs, d’où surgissent les intolérances et ces haines. » p136

« … j’ai décidé, pour des raisons dont je parlerai plus tard, de dormir debout adossé au mur tout en m’efforçant d’imaginer la verticale comme une horizontale, mais le sommeil n’a décidément pas pu se plier à cette position. Je fermais en vain les paupières ; ne pas voir n’est pas dormir. » p159

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