Je suis noir et je n'aime pas le manioc de Gaston Kelman

Je suis noir et je n'aime pas le manioc de Gaston Kelman

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Hexagone, le 5 décembre 2008 (Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 713ème position).
Visites : 5 482 

Noir c'est noir.

Bon sang, pourquoi hors le tapage médiatique des livres du bonhomme, ne voit-on jamais celui-ci dans les débats de société. Cet homme a des choses à dire et des plus pertinentes. A l'heure où les talibans de la bonne conscience vont effacer les mots gênants comme d'autres les Bouddha, il est impératif de lire ce livre. Bientôt nous ne dirons plus un noir ou un blanc, mais riche ou pauvre en mélanine. A l'heure où les races vont disparaître pour laisser place aux espèces, les mots de Kelman, ce bourguignon riche en mélanine, feront mouche et recentreront le débat là où il aurait dû rester. Au centre du bon sens.
Diantre pourquoi cet homme n'a-t-il pas été consulté sur l'intégration ?
Du racisme ordinaire à la complaisance des ethnies dans leur rôle de victimes, sûr que Kelman marque le point. Peut être est-ce pour cette raison qu'il n'est invité nulle part. N'est il pas assez politiquement correct.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • Je suis noir et je n'aime pas le manioc [Texte imprimé] Gaston Kelman
    de Kelman, Gaston
    10-18 / Fait et cause
    ISBN : 9782264041081 ; 3,40 € ; 19/05/2005 ; 204 p. ; Broché
  • Je suis noir et je n'aime pas le manioc [Texte imprimé] Gaston Kelman
    de Kelman, Gaston
    Max Milo / Mad Max Milo
    ISBN : 9782914388542 ; 19,90 € ; 17/01/2004 ; 192 p. ; Broché
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Pour effacer les lieux communs

9 étoiles

Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 11 mai 2013

Gaston Kelman nous propose ici un ouvrage plus qu'intéressant, pour qui veut se pencher sur le problème du racisme, notamment en France, le racisme de "faciès", vis-à-vis des noirs ou des maghrébins, car comme il le souligne à plusieurs reprises, un étranger de type caucasien ne connaîtra pas cette forme de racisme.

Il traite le problème sous tous les angles. D'une part il reproche aux "blancs" de penser que les "noirs" sont inférieurs à eux, mais d'autre il fait remarquer à ceux qui veulent tenter leur chance en France qu'ils doivent s'intégrer, c'est-à-dire se plier aux lois, à la citoyenneté, au savoir-vivre applicables en France, et estime que c'est la moindre des choses que de respecter le règlement du pays qui les accueille.

Il déplore le racisme récurrent envers les noirs nés sur le sol français, tout autant français que n'importe lequel d'entre eux, mais qui souffrent de leur différence de couleur et sont rattachés bien malgré eux à des origines dont ils ignorent presque tout.

L'auteur propose plusieurs solutions, notamment un suivi de chaque famille arrivant en France, une obligation d'apprendre le français, de respecter les règles, de s'occuper comme il se doit de sa progéniture, de s'adapter aux logements qui leur sont proposés, en évitant d'importuner les voisins... De s'intégrer, en somme, et il demande aux pouvoirs publics de leur en donner les moyens.

Vision très lucide que celle de ce Bourguignon qui s'inquiète pour l'avenir de ses propres enfants et peine déjà à les rassurer quand ils sont victimes de remarques racistes.

J'ai été dérangée également par la série de blagues, bien heureusement je n'ai jamais eu d'interlocuteur assez bête pour m'en raconter une de ce genre.

A lire, pour voir les choses sous un autre angle et découvrir, parfois, des faits abjects qu'on ignore.

A mille lieues d’un angélisme intello bien pensant

8 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 29 février 2012

En tant que « caucasien » j’ai bien apprécié cet ouvrage rafraîchissant qui oblige à une remise en cause salutaire de certains préjugés dont on se croit bien souvent à l’abri envers les personnes à la peau plus foncée. Ce qui est bien avec Kelman, "Noir et Bourguignon", c’est qu’il n’est nullement culpabilisant et ne va pas essayer de faire porter une responsabilité globale à tous les Français « de souche » et descendants des peuples colonisateurs. Il propose ainsi une démarche constructive basée sur une réflexion de la part de tous, Blancs, roses, basanés, Métisses, Marrons, Noirs clairs ou Noirs foncés. S’adressant aux politiques, il prône une action concertée fondée sur une analyse rigoureuse de la situation, en recourant éventuellement à des statistiques. L’auteur n’oublie pas de développer ce point car il est bien conscient des objections que cela ne manquerait pas de susciter. Il déteste par-dessus tout les propos de certains intellectuels blancs se voulant bienveillants alors qu’ils ne sont que condescendants et improductifs. Il ne fait pas de cadeaux non plus aux Noirs, pas plus aux Africains qu’aux « Blacks » (appellation qu’il déteste), leur demandant de s’assumer enfin tels qu’ils sont, sans les diminuer ni les grandir, leur rappelant simplement que les Egyptiens bâtisseurs de pyramides étaient très vraisemblablement des « Nègres », les invitant à s’affranchir de la malédiction de Cham.

Une lecture indispensable pour modifier son axe de vision des choses, que l’on soit Blanc ou Noir. L’humour n’est pas absent, ce qui ne gâche rien et permet d’aborder un débat épineux de manière plus légère. Seul bémol : il n’était pas nécessaire à mon avis de consacrer six pages de blagues plus ou moins racistes des Blancs sur les Noirs. Mais sur 200 pages, cela représente peu et dans l’ensemble, je conseille largement ce livre.

Être né quelque part

10 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans) - 27 janvier 2009

Gaston Kelman nous livre un excellent plaidoyer en faveur de la reconnaissance du droit de chacun à choisir ce qui le défini en tant qu'être humain, quelles que soient ses origines, sa culture et ses valeurs. Il fustige toutes les erreurs commises par les états et les individus des deux cotés de la frontière fictive établie par la géographie et l’idéologie. Il reprend un à un les thèmes trop longtemps mis en avant pour expliquer les échecs rencontrés par les migrants et leurs enfants. Des explications et des analyses fournis par des experts en mal de reconnaissance, qui fourbissent leurs arguments en instituant des amalgames pernicieux et déconnecté de la réalité. L'auteur démontre qu'il règne une confusion absurde et préjudiciable entre culture et valeurs, pour ce Bourguignon de pure souche, il n'est pas acceptable de se voir définir par les autres comme un étranger du fait de son faciès négroïde.

Ces origines lointaines ne peuvent pas prévaloir sur son enracinement de cœur et d'esprit dans cette merveilleuse région de bourgogne, dont il cultive les us et coutumes. En plus du racisme ordinaire, les noirs doivent faire face à l'auto-infériorisation, sentiment destructeur gravé dans leur subconscient par les attitudes et les propos largement diffusés par le colonisateur d'hier et le néocolonianisme d'aujourd'hui qui perdure dans les discours de notre président élu par une majorité qui lui confère toute la légitimité dans cette démocratie devenue sourde et aveugle. Ainsi ils ne reconnaissent, que trop souvent, la grandeur et l'exemple à suivre qu'à travers le prisme de l'homme blanc. L'exemple à suivre, en oubliant parfois l'immense richesse de leur identité, inaliénable à un quelconque modèle aussi improbable que fallacieux.

Mais parallèlement à cela il dit son désaccord vis à vis des familles de migrants qui pensent pouvoir éduqués leurs enfants en reproduisant ici les modes de vies de leur pays d'origine. La méconnaissance des codes locaux amène les parents à se méprendre sur la réalité à laquelle leurs enfants sont livrés sans surveillance.

Ajoutons à cela les vexations et autres humiliations ordinaires que les noirs doivent subir. Comme le raconte l'auteur lui même, lors de son inscription à l'ANPE, l'agent incapable d'envisager qu'un noir puisse être urbaniste, préféra inscrire dans la case qualification : ouvrier qualifié. Cela etait plus confortable au regard de ses propres préjugés et surtout cela correspondait d'autant mieux au profil de cet homme noir que l'on imagine plus avec un balai entre les mains qu'assis derrière un bureau.

Le pire pour un migrant, ce n'est pas de l'être, mais de le rester aux yeux des autres, et ce, quels que soient les efforts qu'il déploie pour s'intégrer dans un pays d'accueil et des droits de l'homme devenu virtuel aux yeux d'une poignée de dirigeants peu soucieux des fondamentaux de notre république.

Un constat lucide sur le racisme en France

8 étoiles

Critique de Cyrus (Courbevoie, Inscrit le 3 novembre 2008, 47 ans) - 1 janvier 2009

Si cet essai sur les causes et le racisme ordinaire aujourd'hui en France contient parfois quelques redondances, surtout dans ses premières pages, il présente l'énorme mérite de traiter de façon lucide , pragmatique et non manichéenne de toutes les dimensions d'une question trop souvent abordée avec hypocrisie, langue de bois, idéologie et/ou dogmatisme.
Au-delà des thèses développées, ce que j'ai trouvé particulièrement intéressant et savoureux ce sont les anecdotes, réelles ou arrangées? -peu importe-, rapportées par l'auteur pour illustrer son propos. Ces anecdotes sont toujours percutantes mais aussi très drôles, même si on rit souvent jaune.
Malheureusement, ceux qui ont lu ou liront cet essait ne sont certainement pas ceux qui en auraient le plus besoin, c'est à dire ceux à l'esprit étriqué et bourrés de préjugés. Ne boudons pas pour autant notre plaisir à constater qu'on peut défendre un point de vue équilibré sur les questions de racisme, d'intégration et d'assimilation et espérons que ce point de vue sera de mieux en mieux partagé.

Forums: Je suis noir et je n'aime pas le manioc

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Je suis noir et je n'aime pas le manioc".