Journal, tome 3 - Lueur après labour (1968-1981) de Charles Juliet

Journal, tome 3 - Lueur après labour (1968-1981) de Charles Juliet

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Henri Cachia, le 4 décembre 2008 (LILLE, Inscrit le 22 octobre 2008, 62 ans)
La note : 10 étoiles
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Premières publications et reconnaissance d'un grand écrivain

3 octobre 1973.Lausanne.
« Dîner au buffet de la gare avec Georges Haldas, Jean Pache et trois autres personnes.
En début d’après-midi, nous nous rendons aux éditions Rencontre. Une porte est poussée, et sur une table, une centaine d’exemplaires de FRAGMENTS, mon premier livre.
Ce n’est pas la joie qui me saisit, mais la peur, l’angoisse. Depuis quinze ans, je vis terré, ignoré de tous, et soudain, cette idée que des inconnus vont me lire « si restreint en soit le nombre », que des regards vont se glisser en moi, m’est insupportable. Sensation que l’on va violer mon intimité, s’emparer de ce que j’ai de plus précieux. »

D’autres publications suivent, mais toujours pas le JOURNAL : grosse déception. Tout le temps où il n’écrit pas, il sort se balader dans les rues de Lyon, sa résidence d’hiver, s’ouvre à davantage de rencontres. Beaucoup de temps passé avec Bram Van Velde, ce peintre qu’il aime tant, et qui dit à quel point il a souffert de ne pas posséder les mots, que tout ce qu’il avait à dire ne pouvait passer que par la peinture.
Il pense aux êtres qui sont malades, qui meurent. Et à leurs proches qui restent.
Il s’intéresse de plus en plus autres. Tant à ceux ou celles qui sont en pleine souffrance, détresse, qu’à ceux qui semblent s’être affranchi de la peur. Un début d’équilibre.

Décembre 1977 (Charles JULIET a 43 ans)
« Mon JOURNAL va paraître. Du moins les deux premiers tomes, le second s’arrêtant en mars 1968. » (Son travail le plus important est enfin reconnu). Ces notes initialement écrites par besoin et pour moi seul, quel aspect vont-elles revêtir une fois publiées ? Les critères auxquels on se plie quand on travaille en sachant que le texte qu’on engendre ne sera pas divulgué, ne sont nullement ceux qu’on est en droit de faire valoir face à un livre. La sincérité qui a présidé à la naissance de ces notes suffira-t-elle parfois à compenser leur platitude ? Maintes d’entre elles me paraissent contestables. Trop d’affirmations outrancières. Une préhension des choses déformée, et fragmentaire, parce que je n’ai pas su m’affranchir de ma détresse.
Cependant, je ne vais opérer aucun choix. Les erreurs, platitudes, confusions, outrances…font partie intégrante de ma quête, et ce serait ne pas donner une image exacte que de retirer de ce journal, les notes qui n’ont plus maintenant mon approbation. »

Les questions que se posent Charles JULIET, sont connues par les auteurs qui n’hésitent pas à parler de leur vie privée, leurs sentiments et émotions profondes. Jusqu’où doit-on ou peut-on s’exposer, en sachant qu’une fois publié, il faudra passer chaque jour devant ses voisins, ses concierges, sa boulangère, etc… etc….

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