Shitz

Je viens de voir Shitz au théâtre de la Pépinière.
C'est l'histoire d'une famille composée d'un couple et d'une fille boulimique (elle adore les cacahuètes et les frites). Tout de suite, on voit qu'un climat hostile règne. Les parents aimeraient se débarrasser de leur progéniture alors que celle-ci est désespérée, elle aimerait bien se trouver un mari. Ce désespoir est même traduit en chanson.
Lors d'une soirée chez une amie, elle rencontre Shitz. Ce dernier sait que son père possède deux camions ainsi que la moitié des parts d'une entreprise. Il la séduit donc (on le comprend tout de suite) par ambition sociale. Le mariage est rapidement fixé.
Shutz arrive d'ailleurs à négocier avec son futur beau-père le trousseau composé d'un logement, d'une coquette somme ainsi que d'autres privilèges.
Parallèlement, le jeune homme arrive facilement à convaincre sa femme de tuer son père pour récupérer son argent et ses biens. Ils décident de diviser le vieux couple pour mieux les diriger. Vont-ils y arriver ?
La pièce se construit au rythme des guerres.

Mon avis:
La pièce est vraiment noire, l'auteur nous montre tous les mauvais côtés de la nature humaine sur un ton cynique et cruel.
Tous les sentiments négatifs sont exacerbés : l'ambition sociale de Shitz et même celui de la mère, le plaisir que prend la jeune fille à se venger des anciennes humiliations quotidiennes de sa mère en lui montrant qu'elle n'est plus qu'une épave. La mère est heureuse d'avoir un petit fils pour la bonne raison qu'elle va pouvoir le "manipuler" pendant les premières années de sa vie. Le père vend la main de sa fille pour s'en débarrasser une bonne fois pour toute. Avec une laideron pareil, comment savoir si une autre occasion comme celle-ci se représentera ?
La jeune génération veut prendre la place de l'ancienne et va tout faire pour y arriver.
Je n'ai eu aucune sympathie pour les personnages sauf au début, le désespoir de la fille qui sait que si elle ne trouve pas rapidement quelqu'un, elle ne pourra pas s'échapper de l'univers parental. C'est peut-être pour ça que je n'ai pas mis beaucoup d'étoiles. Il n'y a pas de pendant positif, pas de personnage sympathique. Même si la caricature peut sembler juste, elle est trop pessimiste pour moi.
C'est une pièce qui fait beaucoup réfléchir sur l'être humain en général, son caractère, ce qu'il lui faut pour être vraiment heureux.

Je crois que j'ai loupé la dimension historique de la pièce car d'après la quatrième de couverture:
"L'œuvre dramatique de Hanokh Levin est indissociable d'une critique acerbe de la réalité politique, sociale et culturelle de l'Etat d'Israël. Avec une perspicacité peu commune, Levin n'a cessé de mettre en garde ses concitoyens contre les conséquences délétères d'une occupation prolongée des territoires conquis. Son engagement politique, exprimé à travers le théâtre au lendemain de la guerre de 1967, ne cessera d'évoluer, de pair avec son écriture dramatique. C'est avec le cabaret satirique qu'il fait ses premières armes sur la scène. Puisant dans les références culturelles du peuple juif et dans la mémoire collective d'Israël, Levin brocarde la notion de " guerre juste " et s'en prend aux valeurs que le pays, plongé dans un conflit apparemment sans fin, est venu à tenir pour sacrées : la force, l'héroïsme, le sacrifice. Les extraits de satires présentes ici témoignent d'un humour mordant et d'une critique sans concession des vainqueurs. Shitz, montée en 1975 en réaction à la guerre de 1973, est une farce grotesque qui retrace la résistible ascension de Peltz, un arriviste qui pense pouvoir s'enrichir grâce à la guerre.[...]"

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  Théâtre choisi [Texte imprimé] Hanokh Levin trad. de l'hébreu par Laurence Sendrowicz et Jacqueline Carnaud textes d'accompagnement de Nurit Yaari

  de Levin, Hanoch Yaari, Nurit (Préfacier) Sendrowicz, Laurence (Traducteur) Carnaud, Jacqueline (Traducteur)
  Éd. Théâtrales
  ISBN : 9782842601324 ; 19,50 € ; 22/04/2004 ; 226 p. ; Broché

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