Lacrimosa de Régis Jauffret

Lacrimosa de Régis Jauffret

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Alouette, le 24 novembre 2008 (Seine Saint Denis, Inscrite le 8 mai 2008, 38 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 964ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Déshydratation

A première vue, Lacrimosa est un roman épistolaire entre un homme sans nom, mais on suppose que c'est Jauffret lui-même (il est écrivain) et une femme, Charlotte. Cette dernière vient de mettre fin à ses jours.
La première lettre est très étrange et j'avoue que j'ai eu du mal à entrer dans le livre. L'auteur s'adresse directement à la jeune femme et raconte comment s'est produit son suicide. Je crois que c'est l'accumulation des "vous" qui m'a gênée. Je me suis habituée par la suite.
Il n'y a aucune explication réelle ou plausible sur la signification du geste, la scène est vraiment surréaliste et les personnages étonnants : la soeur qui ne ressent aucune compassion pour le suicide de Charlotte et qui s'inquiète pour son repas, le docteur qui va voir un ami pour remonter le temps afin de la sauver.
La lettre suivante, écrite par "Charlotte" casse le récit précédent. Rien n'est vrai. D'ailleurs, on peut voir qu'elle même parle par l'intermédiaire de Jauffret (les morts ne parlent pas, c'est bien connu). Nous pouvons donc voir trois voix différentes dans ce livre: celle de l'auteur, celle de "Charlotte" et celle de "Charlotte bis" qui s'insurge contre "Charlotte" qui ne la représente pas; qui n'est qu'une extension de l'auteur (vous suivez toujours ?).
Ce livre est encore une fois un bon exemple du pouvoir qu'exerce l'auteur sur son lectorat. Il peut se servir d'un drame personnel réel ou fictif pour écrire une histoire. Jauffret raconte plusieurs fois le suicide de Charlotte de manière différente à la "demande" de cette dernière. Il doit raconter ce qui s'est vraiment passé et non broder autour de la réalité (comme c'est le cas dans la toute première version). Va-t-il y arriver ? Pourra-t-il faire son deuil ?
Peu à peu le caractère de Charlotte nous est révélé, nous donnant ainsi la vraie raison de son suicide.
Le texte n'est pas long et très agréable à lire. Il est ponctué de phrases assassines. Je vais en citer une p68 lorsque Charlotte devait interroger des sans abris pour une radio en mal de sensations fortes:
"Vous étiez chargée de recueillir les témoignages de ceux dont le sort était particulièrement propice à la masturbation compassionnelle."

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Ô Nullité, toujours !

2 étoiles

Critique de Dominiq (, Inscrit le 18 mars 2005, 60 ans) - 4 mars 2011

Si Lacrimosa n'avait pas été écrit, la littérature française serait en manque à gagner !..
Si j'avais envie de faire dans l'ironie, voilà ce qu'il me reviendrait de dire.
Hors de toute ironie, je donnerai donc dans ma crudité habituelle (qu'on pourrait presque prendre pour de la binarité): nullissime.

Selon moi, on est là devant un petit récit minable (je n'ose parler de roman épistolaire, on en est vraiment très loin), bâclé, torché à la va-vite, bourré de banalités, de métaphores faciles, niaiseuses et souvent triviales, de détails servant à remplir une construction trop légère, devant une imagination débile (voyez le séjour au Club Med, voyez l'enterrement de Charlotte !).

Ressassement ennuyeux vain et creux dans cette partie de tennis entre un vivant et une fantasmée neurasthénique suicidée qui ne sert que de faire-valoir à l'écrivain ("mais non, tu n'es pas un mauvais bougre et, finalement, pour m'avoir presque ressucitée, vois-tu, t'es pas non plus un si mauvais écrivain que ça, mon Régis !"). Seul point positif: le doute - justifié - de l'auteur sur lui-même (et la pirouette finale est trop faible pour le lever)

Bref, comme d'hab: du superbe, du profond, du novateur, du jamais lu !

Jauffret, je m'en tiendrai là ! Un de plus.

Un dialogue bien vivant

7 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 9 janvier 2010

J'avais laissé Régis Jauffret à son « Asiles de fous », après avoir lu « Microfiction ». J'ai toujours aimé l'imagination dont peut faire preuve cet auteur dans ces romans. Il invente des vies, des existences potentielles, comme d'autres enfilent des perles, Mais, dans ce livre au titre délicat, « Lacrimosa », Jauffret s'aventure un peu plus loin. Il invente le dialogue qu'il aurait pu avoir avec Charlotte, son ancienne compagne, qui s'est suicidée. Un dialogue bien vivant entre l'ici et l'au-delà. Tandis que lui, l'interroge à coup de « Chère Charlotte », elle, lui répond à coup de « Mon pauvre amour ». Ce requiem, hommage à la disparue, est aussi l'occasion pour l'auteur de faire son autoportrait sans concession. Les réponses de la disparue sont souvent des uppercuts en plaine face, envoyés non sans humour. « Tu m'amuses, pauvre amour, avec tes oeuvres complètes que tu étires chaque nuit sur ton clavier.... ». Ce ping-pong épistolaire est en tout cas des plus étonnants.

Lassitude

4 étoiles

Critique de Donatien (vilvorde, Inscrit le 14 août 2004, 81 ans) - 9 décembre 2008

J'ai découvert Régis Jauffret il y a quelques années en parcourant "Fragment de la vie des gens".
Le ton et le style m'avaient surpris. La précision et l'efficacité des descriptions de comportements humains au service de la férocité étaient remarquables.

L'utilisation du conditionnel dans les oeuvres suivantes renforçaient ces mécanismes jusqu'au délire.
J'étais impressionné par la richesse de son imagination véritablement "jaillissante et continue", mise au service de la noirceur et du sordide.
Certains disent que lorsque l'imagination envahit totalement le mental, la folie guette! J'étais précisément admiratif du contrôle que Régis Jauffret semblait exercer sur la "folle du logis".

Mais depuis "Microfictions", le procédé et le climat de ses histoires semblent, en ce qui me concerne, avoir atteint la limite.
La répétition ad nauseam de situations morbides, tristes et délirantes finissaient par provoquer le rejet.

Avec "Lacrimosa" il a tenté de modifier ces techniques en utilisant l'épistolaire, mais malgré quelques trouvailles, cela finit par sonner faux .
Dommage. Attendons le prochain livre.

Antipathique, monotone, dissuasif.

4 étoiles

Critique de Ciceron (Toulouse, Inscrit le 21 août 2007, 75 ans) - 24 novembre 2008

Malaise dès le début. Les mots “morte“, “suicide“ et “pendue“ dans les trois premières lignes. Une façon de harponner le lecteur au saut de la couverture très déplaisante.

Roman épistolaire, lettres croisées de la défunte Charlotte et de l’auteur qui regarde leur histoire dans le rétroviseur. Musique monotone, on ne sait pas trop où il veut en venir, lecture laborieuse.

J’avais déjà lu péniblement un bouquin de Jauffret où il changeait de femme toutes les vingt pages.

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  Etes-vous comme moi? 108 Elfebretonne 4 mars 2011 @ 13:43

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