Les chevaliers du chaudron de Henri Vincenot

Les chevaliers du chaudron de Henri Vincenot

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Hexagone, le 8 octobre 2008 (Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 269ème position).
Visites : 4 822 

La fauvette noire ...

Excellent roman de Henri Vincenot qui relate les premiers pas des chemins de fer.
La folle histoire de cette épopée technologique qui va au gré de ses avancements révolutionner la vie des gens. Toujours au travers de la Bourgogne si chère à l'auteur, il en profite pour nous tracer le portrait de ses habitants, toujours aussi fiers, généreux et prompts à la gaudriole.
Lazare Denizot, jeune roulant plein de sang sillonne la Bourgogne à bord de sa machine quand son trajet est interrompu par deux cavaliers. Irrésistible portrait du passé, incarné par le demi solde Jobert et son cosaque qui se veulent être les défenseurs du cheval et de la France face à l'invasion technique qui va inféoder les hommes et la société.
Des premiers combats d'ouvriers réunis en amicale, contre l'iniquité de l'entreprise, de la rencontre du protagoniste avec Gustave Eiffel, jusqu'aux scènes de fraternité et de romance, tout l'art de Vincenot est présent dans cet ouvrage qui peut passer pour rétrograde et passéiste, mais qui au final nous ramène au bon sens . Exemple : " il faut jouir beaucoup de peu et non pas jouir peu de beaucoup " et puis cet extrait : " Un jour, l'homme méchant dit à ses frères : Vous travaillez pendant six heures et l'on vous donne une pièce de monnaie pour votre travail. Travaillez pendant douze heures et vous gagnerez deux pièces de monnaie. Et ils le crurent. Il leur dit ensuite : vous ne travaillez que la moitié des jours de l'année; travaillez tous les jours de l'année, et votre gain sera double. Et ils le crurent encore... Continuant à les tromper de la même manière l'homme méchant augmenta toujours plus leur travail et diminua toujours plus leur salaire. Et ils moururent, faute du nécessaire, mais d'autres s'empressaient toujours de les remplacer, car l'indigence était devenue si profonde, que les familles entières se vendaient pour un morceau de pain, et l'homme méchant amassa des richesses et devint tout puissant ... Amen.

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Les éditions

  • Les Chevaliers du chaudron [Texte imprimé] Henri Vincenot
    de Vincenot, Henri
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070372706 ; 3,00 € ; 13/03/1981 ; 217 p. ; Poche
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Le cheval contre la vapeur

8 étoiles

Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 8 mars 2013

La ligne de chemin de fer qui relie Paris à Lyon est appelée la ligne Impériale, car elle fut empruntée par l’Empereur en 1852 (à ne pas confondre avec la route Napoléon qu’emprunta l’autre Empereur en remontant de l’île d’Elbe et par laquelle ne passent pas de trains). Ce fut la première ligne d’importance ; avant elle les lignes de chemins de fer ne comptaient que quelques dizaines de kilomètres. Elle traverse la Bourgogne et passe par Dijon. Ainsi, elle marie les deux passions de Vincenot.

Ce chemin de fer, le colonel Joubert, ancien officier des armées impériales (le premier), n’en veut pas. Elle symbolise la mort de sa civilisation, celle de l’homme à cheval ; elle incarne un progrès qui ne libère pas, mais qui asservit. Tout le contraire pour Lazare Denizot, gueule noire sur une Crampton. Entre les deux, le combat s’engage.

Et dans ce roman qui se passe autour des années 1850, tout est encore possible : bien sûr le chemin de fer a besoin d’ouvriers, peu à peu le savoir-faire de l’artisan est remplacé par le savoir-calculer de l’ingénieur, ceux qui ne sont qu’exécutants sont tenus pour quantité négligeable. Mais certains pensent qu’au progrès technique doit répondre le progrès social : Lamennais, les Saint-simoniens, Prosper Enfantin.

Il y a chez Vincenot cette ambivalence irrésolue : à un siècle de distance, il partage avec Joubert cette conviction que le progrès asservit, mais il est véritablement amoureux des locomotives. D’où cette impuissance rageuse qui est celle de Lazare Denizot : il manœuvre un outil magnifique, quintessence de la technologie d’alors, un outil qui rapproche les hommes et devrait contribuer à les libérer. Mais il sent bien, au fond, que Joubert a raison.

Il s’en tirera, comme Candide, par des activités potagères.

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