Gens de Pékin de Lao She
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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Petites et grandes misères de la population pékinoise
J'ai lu ce recueil de nouvelles avec avidité. Un grand écrivain que ce Lao She qui sait très bien décrire les petites et grandes misères de la population pékinoise. Les neuf nouvelles qui composent ce recueil ont toutes les mêmes thèmes : la misère, la lutte pour la survie, le destin de la naissance, l'espoir d'une vie meilleure, la déchéance et la mort pour délivrance.
Pas très rose ce Lao She. Ses personnages sont tous de petites gens nés de milieu modeste qui subissent le destin de leur naissance sans grand espoir d'amélioration de leur sort. Et c'est ce qui rend la lecture un tantinet déprimante, cette absence de tout espoir, ces vies consacrés à lutter jour après jour afin d'assurer sa subsistance sans savoir de quoi le lendemain sera fait. Parmi les nouvelles, certaines m'ont touchée davantage entre autres "L'Amateur d'opéra" qui relate l'ascension et la chute d'un jeune chanteur d'opéra qui reçoit de l'aide d'un personnage nommé "Le Noiraud" qui se pose en bienfaiteur mais qui l'exploite honteusement en s'enrichissant à ses dépens. La nouvelle "Le croissant de lune" est l'histoire touchante d'une jeune fille dont le père vient de mourir, laissant sa mère dans le plus complet dénuement. Après avoir fait des lessives pour nourrir son enfant, la mère se voit réduite à la prostitution et plus tard, sa fille, sans avenir, se voit contrainte d'exercer le même métier. "Dans la cour de la famille Liu" est une nouvelle très dure, qui expose la façon honteuse dont une jeune bru est maltraitée par sa famille et qui trouvera elle-même le chemin de sa délivrance. Certaines sont plus légères dont celle intitulée "Les voisins" qui met en scène deux familles voisines qui se font la guerre à coup de méfaits et d'actes mesquins.
Lao She n'a pas une très haute opinion de l'être humain et le décrit comme une bête fauve, exploitant les plus faibles et s'enrichissant de la misère d'autrui. C'est dur, c'est noir, c'est désespérant mais remarquablement bien écrit. C'est une description exceptionnel des conditions de vie de la Chine suìte à la chute de l'Empire Qing. J'ai beaucoup appris sur les moeurs et les coutumes des chinois de l'époque que ce soit au niveau de l'alimentation, du mariage, des rites funéraires et des arts. Le livre renferme à la fin un petit glossaire de termes chinois extrêmement intéressant et instructif. La bibliographie elle-même ne manque pas d'intérêt en particulier la partie intitulée "Ouvrages et articles relatifs à Pékin" que j'ai lu et relu tellement j'ai aimé.
Bref, un auteur majeur dont l'écriture simple et poétique m'a entièrement conquise.
"Oui, je revois enfin le croissant de lune, froide faucile d'or pâle. Combien de fois, oh ! combien de fois ne l'ai-je pas déjà vu, fidèle et immuable ? Il est lié pour moi à tant d'émotions, tant de scènes différentes : assise à le contempler, je le retrouve, accroché de biais aux nuages, au fil de mes souvenirs, qu'il réveille comme le vent du soir effeuille une fleur qui voudrait dormir. (Le croissant de lune - chapitre premier)
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La douceur de Lao She
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 4 décembre 2008
Le nouvel inspecteur:
You Lao'er est le nouvel inspecteur. Fonction hiérarchiquement honorable mais qui n'est pas sans présenter quelques inconvénients, tels celui de réussir à se faire respecter de ses hommes ou des bandits de la montagne. Des brigands qui ne tardent pas à racketter l'inspecteur fraîchement promu: de l'argent et on s'en va sinon on met la ville à feu et à sang. Novice et naïf, You Lao'er paie et c'est l'escalade, tant du côté des bandits que de ses subalternes.
Un récit drôle et grinçant, certes très léger et éphémère, mais pas désagréable à lire. Certains aspects de l'histoire, comme la maladresse de l'inspecteur, sont touchants.
Le croissant de lune:
Souvenirs d'une jeunesse disparue au profit d'une vie misérable, mélancolie et regrets ponctuent ce récit composé de fragments poétiques. A lire en savourant pas à pas la progression de ce cheminement de pensée, très intériorisé, très doux, malgré la dureté du sujet abordé. C'est une histoire belle et triste à la fois.
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