Niet camarade de Olen Steinhauer

Niet camarade de Olen Steinhauer
( The confession)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Sahkti, le 11 mai 2008 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 297ème position).
Visites : 4 000 

Droit de censure et de mort

Nous sommes en 1956 dans un pays de l'Est, non nommé, mélange de Hongrie et de Tchécoslovaquie. Un pays sous le joug d'un régime dictatorial socialiste, où on donne à volonté du "Camarade", où on peut disparaître du jour au lendemain sans savoir pourquoi, où chaque parole est épiée et chaque geste étudié.
Ferenc Kolyeszar est inspecteur à la Milice, il doit enquêter sur une série de meurtres apparentés dont il met du temps à trouver et comprendre le mobile. Avec en toile de fond les exactions d'un pouvoir politique pour lequel les droits individuels ne veulent pas dire grand chose et où tout rime avec censure.

C'est ce contexte qui prend rapidement le dessus dans le livre, peinant à démarrer, mettant laborieusement en place les éléments d'un système politique qui a toute son importance dans le récit.
Ferenc se sait surveillé par ses supérieurs, en particulier un Russe, Kaminsky, membre de services très secrets et complètement ivre de pouvoir et de discipline. Ferenc ne tarde pas à comprendre qu'il a mis le doigt dans un engrenage sordide qui va lui valoir un tas d'ennuis.

Olen Steinhauser vit à Budapest. Un pays qu'il connaît donc bien et qu'on retrouve à chaque page de son roman. Même si l'action n'est pas située dans cette contrée, il n'en demeure pas moins que ce sont bien les années de plomb qu'il aborde sous couvert de son enquête. et c'est ce qui est le plus intéressant dans l'histoire; l'intrigue est certes bien ficelée et les révélations se succèdent jusque la fin, maintenant un bon rythme à l'ensemble, mais c'est surtout la description de l'intérieur de cette chape de plomb qui fait la force du texte. Rapidement, le lecteur se sent pris à la gorge et éprouve de l'empathie pour tous ces soldats et autres policiers qui refusaient de combattre des innocents réclamant simplement un peu de liberté et se retrouvaient dans des camps de punition pour avoir osé dire non aux ordres donnés.
Des années difficiles proches de nous dans le temps et sur une carte géographique; des années auxquelles il faut réfléchir parce que ça se passe encore de la sorte dans de trop nombreux pays pas trop éloignés du nôtre. Démocratie? Encore un vain mot dans bien des cas!

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Policier dans un univers non déterminé

8 étoiles

Critique de Goupilpm (La Baronnie, Inscrit le 23 juin 2017, 67 ans) - 15 août 2018

Une capitale non déterminée d'un petit pays de l'ex Pacte de Varsovie où les plaies béantes de la deuxième guerre mondiale sont encore présentes et où prédomine la présence de l'Armée Soviétique.

Emil Brod, tout jeune inspecteur de la Milice du Peuple sorti récemment de l'école de formation, se voit affecté à la Brigade Criminelle d'un quartier de la Capitale.

Dés le début le lecteur est plongé dans un climat oppressant tout comme le ressent le jeune inspecteur qui doit faire face à l'hostilité de ses nouveaux collègues. Les humiliations sont incessantes et en plus du harcèlement moral permanent il devra même faire face à une agression physique.

Si l’atmosphère qui règne dans le commissariat est lourde, elle s'avère encore plus pesante du fait de la présence d'un agent de la Sécurité d’État. Il est en est de même pour tout citoyen et l'atmosphère de la rue se veut elle aussi pesante du fait de la présence des incessantes patrouilles militaires de l'Armée Soviétique à l’affût du moindre écart.

Pour le jeune inspecteur l'enquête va s'avérer des plus difficiles car une figure politique, ancien héros de guerre va jouer de son influence pour faire classer l'enquête. Mais le jeune inspecteur malgré le veto de sa hiérarchie va poursuivre l'enquête et bientôt devra faire face à un second meurtre qui ne fait que renforcer ses soupçons.

Malgré l'enquête qui se déroule, menée de main de maître et les multiples rebondissements, le récit est très descriptif, l'auteur ayant privilégié de mettre en avant le climat sombre et suspicieux qui règne par une multitude de petits détails qui mettent en avant l'instant présent mais de manière fugitive. Ils ne s'attardent pas sur ces détails qui dans un sens ne sont pas importants au delà de créer l'ambiance délétère.

L'écriture de l'auteur est simple voire à certains moments austère ce qui cadre parfaitement avec la résignation que ressentent les personnages secondaires rencontrés. Du fait de ce parti pris l'intégralité du roman se déroule sur un ton monocorde mais pas linéaire.

Et si le fil conducteur se veut la résolution de l'intrigue ce sont les sentiments humains dans un contexte très difficile que fait ressentir l'auteur.

Au final, une intrigue solide, un suspense maintenu tout au long du roman, un rythme et un style qui mettent en avant les peurs latentes et les traumatismes du passé. Un roman policier qui se veut plus proche du roman noir que du policier classique malgré une enquête solide.

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