L'Opéra sidéral de Monique Thomassettie

L'Opéra sidéral de Monique Thomassettie

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Sahkti, le 9 mai 2008 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 7 étoiles
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Exploration onirique de l'autre

Monique Thomassettie nous présente trois contes qui, nous indique-t-elle en introduction, retombent sur leurs pattes avec humour. De l'humour, c'est vrai qu'il y en a dans ces récits mais je parlerai aussi et surtout de questionnement intérieur, ce cheminement d'un récit qui évolue au fur et à mesure de l'avancement des intentions de l'auteur, pas forcément précises dans sa tête au départ, mais voguant sur une structure de construction qui est également celle de l'esprit de Monique de Thomassettie, apprenant et questionnant au fur et à mesure de la création, ouvrant ainsi progressivement de nouvelles portes vers des univers jusque là peu ou pas explorés.

J'ai ressenti un beau coup de coeur pour le premier texte, L'opéra sidéral, qui nous conte le voyage de Ode, jeune femme au moral assez bas, habitant sur terre, cette dernière n'ayant plus comme seul moyen de subsistance qu'une énergie nouvelle qu'elle pompe sur une planète récemment découverte, Scintilla/Cynthia.
Ode a peur du terrorisme, peur de la peur aussi, elle survit plutôt qu'elle ne vit, car elle n'arrive pas réellement à se créer un parcours qui ne soit semé des embûches que ses craintes font naître. Cet univers étrange, surréaliste, est entouré des couleurs des "Histoires extraordinaires" de Poe, qui parsèment le récit, servant de garde-fou à cette femme qui fait la connaissance d'un sourcier, fou ou utopiste (mais les deux sont-ils indissociables? Vaste débat), dont le but est de faire jaillir l'eau en ville, les sources ayant trouvé refuge à la campagne. Il ignore qu'en tentant à tout prix de planter sa tige de sourcier dans le sol urbain, il risque de fissurer les conduites qui véhiculent la précieuse nouvelle énergie dont a besoin la Terre.

Monique Thomassettie rebondit ensuite, de bien jolie manière, via Luigi Pirandello, et imagine une suite à son premier conte, ou plutôt une histoire dans laquelle les trois personnages du précédent récit n'auraient pas attendu sa plume pour avancer. Leur avoir donné un nom signifie, pour eux, avoir coupé les ponts et se débarrasser de la main qui les guide; alors ils se mettent en scène eux-mêmes, sous le regard attaché/attachant et plein d'indulgence de leur créatrice, qui les contemple d'un oeil curieux et lucide.
Les voir évoluer de la sorte est amusant.

De quoi nous amener tout en douceur et en poésie vers une série de dessins réalisés par Monique Thomassettie, croisement de portraits, d'affinités et de solitudes. "les Mots veillent" ou des dessins se suffisant à eux-mêmes, créant des scènes que le lecteur peut librement interpréter, se laissant guider par le choix de disposition de Monique Thomassettie ou créant lui-même son propre recueil d'histoires.

Une nouvelle exploration poético-onirique, à savourer par morceaux tant l'univers de Monique Thomassettie est riche et mérite qu'on s'y attarde.

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