Le maître de Ballantrae de Robert Louis Stevenson
(The Master of Ballantrae)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Voyages et aventures
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Perle noire
Parmi les grands livres de Stevenson, « Le Maître de Ballantrae » est assurément un des plus mystérieux.
En 1889, Robert-Louis Stevenson est déjà célèbre pour « Dr Jeckyll et Mr Hyde » et « L’Ile au trésor ». Il vit à Honolulu, cherchant un climat clément pour ses poumons. « Le Maître de Ballantrae » semble être le produit de ses deux romans précédents : l’aventure, et dans les règles de l’art, mais aussi le drame ténébreux autour du thème du double maléfique.
Côté drame : la lutte à mort de deux frères pour le titre de Maître de Ballantrae, le domaine familial perdu au fin fond de l’Ecosse. L’aîné, dandy arrogant et séducteur, perfide, machiavélique mais aussi cultivé et lucide. Le cadet, vertueux, généreux, timoré et si mal-aimé. On assiste à un véritable affrontement du bien contre le mal mais, bien sûr, ce n’est pas si simple : si le méchant est un vrai méchant comme Stevenson les adore, il révèle des faiblesses inattendues, tandis que le gentil sera finalement contaminé par le mal. Les deux personnages ressemblent furieusement à Jeckyll et Hyde.
Côté aventure : le tout grand spectacle ! Les paysages rudes de l’Ecosse, les forêts du Nouveau Monde, des incursions en Inde, à Paris et en Alaska, les mers, les déserts, la neige et les tropiques. Pour corser le tout, des pirates, des contrebandiers, des trappeurs tous également sanguinaires, des îles et des trésors bien sûr, des batailles homériques, des duels au soleil et des mutineries en haute mer. Tout y est ! Même des fakirs et des peaux-rouges !
Un roman vraiment emballant ! Après l’avoir lu, Henry James écrivait à Stevenson : « L’émoi le plus intense de ma vie littéraire et de celle de beaucoup d’autres a été Le Maître de Ballantrae – un pur joyau, mon garçon ». Rien à ajouter ! Sauf peut-être que les deux frères s’appellent Henry et James. Un clin d’œil.
Les éditions
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Le maître de Ballantrae [Texte imprimé] Robert Louis Stevenson texte présenté, trad. et annoté par Alain Jumeau,... postf. de Jean Echenoz
de Stevenson, Robert Louis Echenoz, Jean (Postface) Jumeau, Alain (Editeur scientifique)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070403547 ; 7,50 € ; 23/06/2000 ; 368 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Un récit tout en nuances.
Critique de Goupilpm (La Baronnie, Inscrit le 23 juin 2017, 67 ans) - 29 août 2017
Dr Jekyll et Mr Hyde, c'est le fantastique avec le thème du bien et du mal !
Le maître de Ballantrae est une synthèse où l'aventure s'orne d'une aura mystérieuse et d'une ambiance très sombre, toutes deux issues des abîmes de l'âme humaine. On retrouve dans ce récit, moins connu, de l'auteur toutes les différentes inspirations qui ont marqué les autres œuvres de l'auteur.
L'aventure en premier lieu car l'intrigue nous emmène sur les champs de bataille de cette guerre de pouvoir et de religion qui opposait les protestants du roi Georges aux catholiques du prince Charles. De l'univers de la piraterie au Nouveau Monde encore peu colonisé dans certaines régions où s'opposent les Anglais et les Français. D'un territoire encore sauvage aux mains des Indiens où l'aîné de deux frères a caché son trésor issu de son passage parmi les pirates. A plusieurs reprises des Highlands si chers à Walter Scott à l'Inde coloniale, l'auteur nous emporte dans des voyages merveilleux à travers des paysages merveilleux aux descriptions forts imagées qui permettent sans peine au lecteur de s'immerger pleinement en des lieux et des époques qui sont autant de découvertes.
En second lieu, le fantastique, avec cette lutte acharnée du bien contre le mal qui, sur plus de vingt ans , par l'intermédiaire du régisseur du domaine de la famille qui nous conte l'histoire, oppose les deux frères aux caractères diamétralement opposés. Une rivalité qui va sans cesse grandissante entre ces deux êtres que l'auteur, à un moment du récit, va même jusqu'à comparer la situation avec le récit biblique d'Esaü et Jacob, fils d'Isaac.
Deux frères aux caractères bien différents, l'aîné vif, courageux, flamboyant, préféré bien entendu du père, au cadet, effacé, terne, ennuyeux et qui n'arrive pas à tenir tête à son aîné. La guerre de religion, sur un tirage au sort puisqu'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord, va amener Le Maître de Ballantrae à rejoindre les troupes catholiques qui subiront alors une lourde défaite où il sera déclaré mort. Pendant ce temps, le cadet gère le domaine et épouse la fiancée du premier, mais le sort va s'acharner sur lui, car l’aîné n'est pas mort et vit en France et va exiger de fortes sommes d'argent, puis lorsque son cadet va refuser de lui en envoyer, il réapparaîtra au domaine où il se conduira envers son frère en véritable tyran à l'insu de tous, hormis du régisseur qui en pâtira aussi. Dans ce récit, où le drame familial prend le dessus sur le côté historique, le lecteur va suivre les tourments et scrupules du plus jeune des deux frères face au machiavélisme de l'aîné, de la fidélité de son père à l'aîné, du mépris de sa femme, mais aussi du voisinage qui le considère comme un traître.
Le combat entre les deux frères monte en intensité dans la majeure partie du récit. Une intrigue puissamment construite qui porte l'ensemble de l'histoire. Une histoire où le personnage le plus intéressant est bien entendu le méchant dont on ne percevra pas tout le mystère car le régisseur est au service du frère et a pris cause pour ce dernier. En effet, de ce personnage, dénué de scrupules, intelligent et calculateur, on ne sait pourquoi il veut à tout prix détruire son frère et sa famille. Si le plus jeune, dans la première partie du récit, est étouffé par l'aîné, il va, après une attaque, sombrer dans une sorte de folie vengeresse qui va le miner jusqu'à vouloir à tout prix en finir avec l’aîné qui disparaît et réapparaît à plusieurs reprises faisant monter l'intensité du récit au fil des changements de situation jusqu'à un final des plus intéressant qui mettra fin une fois pour toute à cet affrontement qui s'étale sur plus de vingt ans et qui se termine dramatiquement sur les rives de l'Hudson.
La plume de l’auteur est tout simplement magique, si le récit est complexe, tout en nuances et qu'il va au fond des choses, la lecture n'en ait pas moins aisée car le narrateur va a l'essentiel. Ce roman d'aventures, mais aussi psychologique fait susciter au lecteur nombre d'émotions de l'admiration au dégoût en passant par l'effroi et la pitié.
Bien qu'elle soit l'une des œuvres les moins connues de l'auteur elle est la plus aboutie. Le maître de Ballantrae est une perfection littéraire qui démontre tout l'art du conteur de Stevenson : un classique qu'il faut impérativement lire.
Le maître de Ballantrae
Critique de Fabert (, Inscrit le 10 octobre 2015, 71 ans) - 17 avril 2016
Ce roman nous entraîne dans des portraits psychologiques de deux frères ennemis membres de l'aristocratie Ecossaise. MacKellar, serviteur zélé d'Henry, sera le narrateur principal de ce conflit qui dure sur plusieurs années entre Henry et James Duries de Durindeer.
L'un est le contraire de l'autre. James, maître de Ballantrae, car l'aîné, hardi, batailleur et aventurier. Henry, le Lord, pondéré, calme et plus timoré. Vers qui va la préférence de Mylord, père de ces deux garçons de la lignée?
L'Ecosse, les Indes, l'Amérique, l'Alaska l'intrigue suit les protagonistes dans leur duel fratricide. L'écriture ciselée et précise de Stevenson nous emporte dans ses descriptions de mers démontées et paysages enneigés.
La fin est étrange et bizarre.
J'ai aimé ce roman qui m'a tenu en haleine.
Style splendide mais intrigue bricolée
Critique de CptNemo (Paris, Inscrit le 18 juin 2001, 50 ans) - 14 septembre 2010
Très bon roman mais pas le meilleur de Stevenson, le principal reproche étant une fin bricolée et pas très satisfaisante. Pour le reste on retrouve le goût incroyable de Stevenson pour l'aventure et surtout son admirable style toujours aussi limpide et évocateur. En quelques mots Robert sait créer une ambiance formidable, planter un paysage ou créer un personnage crédible et qui sonne juste. Rien à dire c'est simple et beau.
Malgré le bémol sur la chute vous pouvez donc le lire sans crainte, Stevenson est un conteur qui sait transporter son public.
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