Voyez comme on danse de Jean d' Ormesson
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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On ne peut être sans avoir été
Il faut parfois peu de choses pour que le hasard donne une coloration différente aux histoires qu'on nous raconte.
A moins qu'il ne s'agisse que d'heureuses coïncidences. Le dernier livre de Jean d'Ormesson est sorti en France le 11 septembre. Feu, cendres, mort.
La lecture de "Voyez comme on danse" pourrait être une échappatoire bienvenue à ce cauchemar s'il ne révélait pas, ce roman, les failles qui ont marqué le siècle écoulé avec un regard pointu. Les amis de Romain se retrouvent au cimetière pour pleurer l'ami perdu. Le défunt était charmeur, cultivé, séduisant, bref il avait tout pour plaire, comme en témoigne la foule présente ce jour-là. Ni pierre tombale ni fleurs ni inscriptions. Romain était un homme simple, qui a vécu pour profiter rapidement des choses qui s'offraient à lui. Tout au long du roman, ses amis évoquent l'homme qu'il était. Parmi eux, une femme troublante, ex-maîtresse d'un roi du crime aux Etats-Unis ; Béchir, dernier garde du corps d'Hitler dans son bunker berlinois ; et Jean, le narrateur, raviveur de souvenirs dans l'attente d'un convoi funéraire qui se fait attendre. Jean qui n'hésite pas à dire du défunt : "Longtemps, je l'avais détesté : nous avions aimé la même femme. Et il était mon ami". On dit souvent qu'en littérature, les premières lignes sont les plus importantes. Le récit, déroutant au départ, nous entraîne ensuite dans les méandres d'une histoire proche -celle du siècle passé- qui, par un heureux (?) hasard, retrouve mêlés les scandales de la Shoah et de la mafia, avec la mélancolie du bonheur simple. Hitler côtoie Lucky Luciano. Les eaux de Venise frôlent les Bouddahs monumentaux de l'Afghanistan. A travers ce récit autobiographique, Jean d'Ormesson force le hasard. Il aborde l'histoire par l'anecdote. Au lecteur de faire sa part de vérité. Et si l'attente au cimetière dure trois heures, le roman parcourt presque cent ans de l'Histoire de notre époque. Du passé au présent, sans transition. L'Académicien n'est d'ailleurs jamais aussi près de la vérité, lorsqu'il fait se demander à Romain ce que seraient les gratte-ciel de New York, si grands, si verticaux, si une bombe ou un avion venaient à s'écraser dessus. Dans le roman, ça se trouve page 228. Dans la réalité, c'était un 11 septembre 2001.
Les éditions
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Voyez comme on danse [Texte imprimé], roman Jean d'Ormesson,...
de Ormesson, Jean d'
R. Laffont
ISBN : 9782221095355 ; 20,00 € ; 17/09/2001 ; 388 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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La vie d'un homme au coeur de l'histoire de son siècle
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 21 avril 2019
S'il s'agit certes d'un stratagème, le protagoniste ne manque pas d'instinct, de force de caractère, et la narration vive et entrainante aidant, le roman donne envie d'y croire un peu, de se laisser voguer dans cette épopée un tantinet fantasme du XXème, avec le charme de la séduction en plus, ayant opéré au profit de ce cher Romain. Ce livre est agréable, ouvre des questions, l'air de rien, qui invitent à réfléchir. Il n'est donc pas dénué d'intérêt.
Des perles
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 30 octobre 2014
Ce roman date de 2001. Le narrateur se trouve dans un cimetière où, avec de nombreux amis, il rend un dernier hommage à son ami Romain. C’est l’occasion de nous raconter le parcours de plusieurs personnages dont Margault Van Tulip et de sa fille Marina dont Jean tomba jadis amoureux. Nous naviguons alors en Grèce, à Paris, en Italie, à Londres, à New York dans les années d’avant-guerre, durant la guerre, et jusqu’à la fin du 20 ème. A souligner que tous ces personnages, souvent hauts en couleurs, ne sont pas des prolos … L’histoire n’est – peut-être ? - pas d’un très grand intérêt mais elle est truffée de quelques perles, dont ce qui suit.
Extraits :
- Tout le monde aimait Romain. Et moi aussi, j’aimais Romain. C’était la fête à Romain. Il était mort : tout le monde l’aimait. C’est la règle : on aime les morts. Ils ne vous font plus de mal. Ils ne vous font plus d’ombre. Et pour compliquer encore un peu les choses, même quand il était vivant, j’avais aimé Romain que j’ai tant détesté…
- Je lui glissais le mot de Cioran : « Dieu doit beaucoup à Bach «. ( ou Bach a fait beaucoup pour Dieu)
- Quels que soient les sentiments d’un père pour son fils, et encore plus pour sa fille – et j’en connais qui les poussent jusqu’à une espèce de folie -, l’amour d’une mère pour l’enfant qu’elle a porté en elle est quelque chose que les hommes ne peuvent pas imaginer.
- Aucun pays dans le monde entier ne vénère ses écrivains à l’égal de la France. Aux Etats-Unis, en Chine, dans le monde arabe, en Allemagne ou en Suisse, écrire est une profession, le plus souvent ignorée du grand nombre et parfois méprisée. En France, c’est un sacerdoce qui relève encore de la légende et de la mythologie. (…) Ce qui s’est écrit chez nous depuis un demi-siècle est souvent honorable et ne casse pas trois pattes à un canard. Le prestige du livre français s’est effondré.
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- Une interview de Jean d’O à propos de ce livre :
http://www.ina.fr/video/I08212894
- Olivier Barrot présente le livre :
http://www.ina.fr/video/1814659001
La culture sûrement, mais la profondeur ?
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 23 octobre 2001
Merci pour une réponse éventuelle.
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