La Duchesse de Langeais de Honoré de Balzac

La Duchesse de Langeais de Honoré de Balzac

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques

Critiqué par Ferragus, le 14 octobre 2001 (Strasbourg, Inscrit le 8 mai 2001, 61 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (842ème position).
Visites : 13 343  (depuis Novembre 2007)

Autopsie d'une passion

Nous sommes en Espagne. Un corps expéditionnaire français stationne près de Cadix. Son chef se rend dans un couvent à proximité. Il y retrouve une carmélite à laquelle, nous le comprenons vite, des liens très forts l’attachent.
La duchesse de Langeais, retirée du monde depuis cinq ans, est à nouveau face à son amant, le général de Montriveau.
Ce roman est l'histoire d’une passion, passion à contretemps qui finira mal mais qui aura donné l’occasion aux deux amants d'éprouver la violence de leurs sentiments. Balzac y développe des thèmes qui lui sont chers et douloureux, notamment celui de l’inconséquence amoureuse dont il eut lui-même à souffrir. Mais ce qui n'est que de la cruelle légèreté dans d'autres ouvrages, devient ici un rendez-vous raté. Antoinette de Langeais découvrira trop tard que l'amour impétueux, torrentiel a pris son cœur sans crier gare ; le désir déterminé, monolithique de Montriveau s’est épuisé face aux atermoiements coquets de la duchesse. Y a succédé une rage froide, une volonté d'humilier qui n’est que la forme haineuse d’un amour dévorant. Balzac déploie ici d’autres facettes de son talent. Les passionnés, les romantiques y trouveront le narcotique propre à satisfaire leur besoin d’ivresse.
On ne finira pas sans évoquer les Treize, société secrète réunissant quelques unes des grandes figures de la Comédie humaine : Ferragus (votre serviteur), Ronquerolles, Marsay, Montriveau. L'irruption d'un monde obscur et inquiétant, donne ainsi une dimension supplémentaire renforçant l’allure tragique d’une histoire d'amour qui n'en manquait pas. Le coeur des jeunes filles n’en battra que plus fort.

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  Histoire des Treize.

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7 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 28 décembre 2020

Le manuscrit commencé par Balzac en 1833 avait nommé cette séquence "Ne touchez pas la hache" puis lors d'une seconde mouture "La Femme aux yeux rouges" avant de trouver son titre définitif. Balzac pendant la rédaction se brouillera avec son éditeur. Il interrompra son écriture pour s'adonner à "Eugénie Grandet" avant de la reprendre.

La duchesse de LANGEAIS, délaissée par son mari, s'adonne aux joies des "salons". Très courtisée pour sa beauté et son esprit, les prétendants au titre d'amant se bousculent. A noter chez Balzac toujours cette même signification au mot AMANT qui diffère de celle de notre époque.
Armand de MONTRIVEAU éprouvera un amour sincère pour cette délicieuse femme, il sera l'attitré de la duchesse mais désirera que leur relation cesse d'être platonique, ce qui pour madame de LANGEAIS signifie d'être mise au ban de la société.
Son père lui dira : « Ma fille, puisque vous parlez de sentiments, laissez moi vous faire observer qu'une femme qui porte votre nom se doit à des sentiments autres que ceux des gens du commun. Vous voulez donc donner gain de cause aux Libéraux, à ces jésuites de Robespierre qui s'efforcent de honnir la noblesse. Il est certaines choses qu'une fille de Navarre ne saurait faire sans manquer à toute sa maison. Vous ne seriez pas seule déshonorée. »

Armand de MONTRIVEAU se rend compte que cet amour est impossible et rompt ses relations avec la duchesse. C'est à ce moment que la duchesse découvre que son amour est sincère pour Armand. Mais ses lettres demeurent sans réponse.

Balzac une fois est parfait dans le schéma technique d'un texte du plus pur romantisme. Tout y est : l'amour inabouti, le couvent et la mort, comme si l'apogée des sentiments trouve son apothéose dans l'absolu. Le dix-neuvième siècle est friand de ces aventures. On s'arrache les journaux qui publient les épisodes, on lit à haute voix sur la place publique où les pauvres et les analphabètes peuvent participer au rêve.
L'auteur est à son apogée commerciale et pourtant ses finances sont au plus pas. Il doit écrire, et écrire encore. Il fouille dans ses innombrables notes et colle à la va vite des fragments pré-écrits aux textes en court.

PERSONNAGES

– Duc de LANGEAIS : mari absent (figure dans Le Contrat de mariage, La Muse département).

– Antoinette de LANGEAIS (1795-1823) : fille du duc de Navarreins, femme du précédent. Carmélite sous le non de sœur Thérèse. Souvent évoquée dans La Comédie humaine soit pour son parcours mondain antérieur à l'épisode, soit pour le souvenir qu'elle a laissé (figure dans Le Père Goriot, Ferragus, Le Lys dans la vallée, Le Cabinet des Antiques, Béatrix).

– Armand de MONTRIVEAU : un des Treize, général, amant d'Antoinette de Langeais (figure dans Le Père Goriot, Le Contrat de mariage, Le Lys dans la vallée, Le Cabinet des Antiques, Mémoires de deux jeunes mariées, La Muse département).

– Duc de NAVARREINS : né en 1764, père d'Antoinette de Langeais. Fort actif au long de La Comédie humaine (15 apparitions).

– Vidame de PAMIERS : né en 1752, ancien commandeur de l'ordre de Malte, cousin d'Antoinette de Langeais (figure dans Le Contrat de mariage, Ferragus, Le Cabinet des Antiques

– Marquis de RONQUEROLLES : il était déjà dans Ferragus, et reparaît dans une quinzaine de romans, avec des notamment Ursule Mirouët.

Amours, passions et vengeances

8 étoiles

Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 52 ans) - 25 mars 2020

Encore une fois, Balzac est un véritable écrivain capable de disserter sur l’amour comme aucun autre (ou presque !). Jamais peut-être il n’aura aussi bien, ni si profondément analysé l’amour d’un homme pris dans le piège de la passion et une femme prise dans le désir de se jouer de cette passion, mais qui malgré elle se mettra à éprouver à son tour cette même passion. Passion malheureuse pour l’un comme pour l’autre. Balzac était un fin connaisseur de l’amour et du cœur humain. Ce court roman de « La Duchesse de Langeais » le prouve encore, s’il en était besoin et de quelle manière !

Il ouvre avec un premier chapitre sublime. Le plus beau chapitre d’ouverture jamais écrit, peut-être, chargé de grandeur, de solennité et de tragique, comme une pièce antique grecque. Le second chapitre est un long pensum d’installation contextuelle de l’histoire, tout en circonvolutions et finesses sur les sentiments d’amour du marquis de Montriveau envers la duchesse de Langeais et le jeu que s’adonne cette dernière pour s’amuser de cet amour. Le 3ème chapitre n’en devient que plus passionnant à suivre, la lutte sans pitié du cœur d’acier de Montriveau, s’estimant trahi dans son amour, contre le cœur d’acier de la duchesse, froide et impertinente. Une scène d’anthologie y est retracée au domicile de Montriveau, une scène véritablement infernale, une reproduction en miniature de l’Enfer ! Le 4ème chapitre décrit le dénouement court et funeste de leurs amours, un véritable chapitre de roman d’aventure, style Monte-Cristo, où entre en scène cette organisation des Treize et où on découvre qui en fait partie.

Un roman assez court (194 pages), avec des dialogues et une narration tout en ellipses, qu’il n’est pas toujours aisé à bien suivre et qui conte une histoire improbable aux longs développements tortueux mais avec un début et un fin mémorables. D’un livre à l’autre, le style diffère à chaque fois, malgré la récurrence de certains personnages. Balzac disposait d’un génie unique, lui permettant de toujours faire différent et de se renouveler d’un livre à l’autre, avec une aisance confondante.

La scarification

8 étoiles

Critique de Lazercat (Haine-Saint-Pierre, Inscrit le 28 décembre 2008, 45 ans) - 14 juillet 2013

Ce qui me restera de ce livre c'est la scarification de la duchesse sur le front.

Rendez-vous au ciel !

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 28 janvier 2013

On ne présente plus Honoré de Balzac, écrivain français majeur du XIX ième siècle (1799-1850), auteur de nombreux romans historiques devenus des " Classiques ".
La Duchesse de Langeais en est l'illustration.

PARIS,Faubourg Saint Germain, années 1820.
Comme de nombreuses parisiennes de la "Société", la Duchesse de Langeais aime l'éclat et les fêtes. Elle ne réfléchit pas, est insolente à ravir, parle de religion mais ne l'aime pas, et cependant, est prête à l'accepter comme un dénouement.
Une vie creuse, remplie par le bal, les visites et les passions éphémères.
Alors, quand son regard croise celui du Marquis de Montriveau, elle abuse de ses charmes pour attester de sa puissance.
Mais l'homme est singulier.
"Chez lui, tout se passait en l'homme; il n'y avait rien d'extérieur. Sa parole avait la concision du langage des gens solitaires ou des sauvages".
Armand de Montriveau n'est pas assez instruit pour apercevoir le piège habilement préparé par la Duchesse. Elle veut le posséder sans être possédée.
Elle devient dès lors, pour lui, le Monde et la vie.
La douleur ressentie par la trahison sera à la hauteur de la vengeance destructrice qui liera les amants jusqu'à la dernière page du roman.

Une oeuvre magistrale sur la Passion.
Une peinture au vitriol de l'aristocratie parisienne du XIX ième.
Tout est sublime dans ce court roman; le fond, la forme, les personnages ....
Balzac ou le génie littéraire à la française !

La Duchesse de Langeais

8 étoiles

Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 16 novembre 2012

Encore une fois, Balzac nous offre une belle histoire d'amour impossible. Les deux sont amoureux fou l'un de l'autre mais malheureusement, la Duchesse est mariée. S'ensuit donc un bataille d'égo qui les atteindra émotivement les deux et les poussera à commettre stupidité par dessus stupidité.

Les deux parties que j'ai le plus aimées sont le kidnapping de la duchesse et la fin. Dans ce livre, tout passe par les émotion que Balzac décrit à merveille. Il a très bien saisi la psychologie humaine même si parfois il a tendance à trop en mettre.

"Histoire des treize" 2/3

8 étoiles

Critique de Killeur.extreme (Genève, Inscrit le 17 février 2003, 42 ans) - 10 avril 2009

Après Ferragus, voici le second épisode des treize, je rassure le lecteur il peut être lu indépendamment des autres, il y a juste des personnages communs qui reviennent, Dans le premier roman c'est Ferragus qui fait appel aux treize (enfin aux douze, puisque lui est le treizième) ce deuxième roman des treize raconte lui aussi une histoire d'amour mutuel qui finit mal, on voit au début du récit que la femme aimée de Montriveau est dans un couvent, ensuite on assiste à toute l'histoire, puis c'est l'intervention des treize à la demande de Montriveau, affilié à la société secrète.

La scène la plus marquante du roman est celle où Montriveau veut marquer au fer rouge sa maîtresse, la Duchesse de Langeais, afin qu'elle lui appartienne définitivement et au lieu de se débattre, elle est prête à subir son sort par amour, mais Montriveau par pitié ou ne croyant plus à l'amour de sa maîtresse renoncera à son projet et la laissera partir.

A noter qu'un film a été tiré du roman "Ne touchez pas à la Hache" (premier titre choisi par Balzac) Avec Jeanne Balibar et Guillaume Depardieu.

Balzac le roi de la passion !!!!!

10 étoiles

Critique de JEANLEBLEU (Orange, Inscrit le 6 mars 2005, 56 ans) - 1 juin 2008

Le mot qui me semble le mieux caractériser le style et les thèmes de Balzac est : PASSION.
On trouve ainsi la passion de l'argent ("Eugénie Grandet"), de la paternité ("Le Père Goriot"), de l'art et la collection ("Le Cousin Pons"), de la science ("La Recherche de l'Absolu"),...
Ici c'est la passion amoureuse et elle est sublime.
Un moment de lecture très fort...

L'un des plus beaux romans de Balzac

9 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 26 juin 2005

Il s'agit de l'un de mes préférés. La religion interfère comme un élément d'époque, mais crucial : ce refuge du carmel pour l'ancienne Dame du Monde, qui ne pourrait plus être actuel, donne un aspect de tragédie à la situation.
La description des salons et soirées de l'aristocratie parisienne est exquis.
Cette femme est une incarnation inouïe du romantisme, de l'amour unique et interdit, en raison des circonstances de sa naissance.
J'ai adoré également la version lue par Fanny Ardant, que j'ai écoutée juste après avoir lu le roman

Romantisme flamboyant

10 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 1 avril 2002

1834 : Balzac dédie "La Duchesse de Langeais" à Franz Liszt. Un symbole. Liszt est alors le plus grand virtuose européen du piano romantique. Balzac est en train de devenir le virtuose du roman romantique. Roman romantique : un pléonasme, apparemment. "Le monde doit être romantisé", disait Novalis. Toute une génération en proie au "Mal du Siècle", toute une Europe à peine remise de la débâcle napoléonienne, en proie aux fièvres révolutionnaires des années 1830 (Belgique, France, Pologne...) cherche ses marques, son souffle, son âme.
Ce roman joliment critiqué par Ferragus, un spécialiste de Balzac comme l'indique son pseudo ("Ferragus" est l'un des volumes de "L'histoire des Treize", avec "La Duchesse de Langeais" et "La Fille aux yeux d'or"), ce roman donc doit être lu en tenant compte de ce contexte. C'est une réflexion passionnante sur l'amour et les relations homme/femme - dans un milieu particulièrement élevé, il est vrai : dans cet extrait des "Scènes de la Vie parisienne", c'est toute la société aristocratique du faubourg Saint-Germain que campe Honoré de Balzac. Une société de vieille aristocratie où Montriveau, malgré la gloire militaire qu'il véhicule, n'est pas véritablement admis comme un pair, ce qui explique en grande partie l'attitude de la Duchesse de Langeais. Balzac connaît bien cette situation, lui qui a tiré cet épisode passionnément romantique de la "Comédie humaine" de sa propre histoire d'amour avec la duchesse d'Abrantès. Les réflexions morales abondent dans ce roman d'amour qui est aussi un passionnant roman d'aventure dans l'esprit du "Comte de Monte-Cristo". Ne retenons que celle-ci, qui clôture merveilleusement l'oeuvre : "Désormais, aie des passions; mais de l'amour, il faut savoir le bien placer, et il n'y a que le dernier amour d'une femme qui satisfasse le premier amour d'un homme."

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