Le zéro et l'infini de Arthur Koestler
( Darkness at noon)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Un livre qui fait réfléchir
C'est un livre dur à lire, tant chaque page porte à une réflexion profonde. Voici quelques phrases qui m'ont plus particulièrement interpellée. "Le parti ne connaissait qu'un seul crime: s'écarter du chemin tracé; qu'un seul châtiment: la mort. La mort (…) c'était la solution logique des divergences politiques."
"L'individu n'était rien, le Parti tout; la branche qui se détachait de l'arbre devait se dessécher…" "Dans ce temps-là, nous avons fait l'Histoire; à présent, vous faites de la politique. Voilà toute la différence."
L'histoire est celle de Roubatchov, un membre éminent du parti communiste en URSS, un ancien "épurateur" qui a condamné à mort des centaines, voire des milliers de gens. Arthur Koestler, qui, à un moment de sa vie, a adhéré au parti communiste et vécu en URSS, s'est inspiré des "grands procès" de Moscou pour écrire son "Zéro et l'infini". Roubatchov est un membre éminent du parti, proche du "numéro un". Mais les anciens amis se retrouvent bien souvent nouveaux ennemis et, après avoir signé des arrêts par milliers, il se voit à son tour arrêté et jeté en prison. Là, en attendant sa probable exécution, il a le temps de réfléchir à sa condition, à l'avenir du parti, à son fondement profond, à ses idéologies… Il hésite: un moment il est prêt à se renier, un autre il se sent disposé à subir la torture pour rester fidèle à lui-même et à ses idées. Seulement, ses idées sont-elles toujours d'actualité? Le monde change et peut-être ne s'est-il pas adapté? Il doute, hésite et se pose mille questions. L'homme est-il une entité au milieu des autres, un infini à lui seul? Ou bien un zéro perdu parmi la collectivité ayant seule de l'importance? Un livre qui certes, fait réfléchir, mais ne donne pas de réponses. Ou si peu.
Les éditions
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Le zéro et l'infini [Texte imprimé] Arthur Koestler trad. de l'anglais par Jérôme Jenatton
de Koestler, Arthur Jenatton, Jérôme (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche.
ISBN : 9782253003410 ; 6,90 € ; 01/02/1974 ; 318 p. ; Poche -
Les livres liés
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Les critiques éclairs (16)
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Rafles, emprisonnements, interrogatoires, tortures, faux aveux forcés, puis... UNE BALLE DANS LA NUQUE !
Critique de Anonyme11 (, Inscrit(e) le 18 août 2020, - ans) - 20 août 2020
En effet, Arthur Koestler décrit à travers le personnage de Roubachof, le déroulement des tristement « célèbres » Procès de Moscou de 1936 et qui ont conduit Staline à la barbarie qu’a été la « Grande Purge » ou « Grande Terreur » de 1937 – 1938 : environ 700 000 personnes innocentes exterminées en moins de 2 ans, soit une moyenne de 1 500 personnes exécutées chaque jour !
Cette oeuvre bouleversante dont les personnages sont imaginaires, relate en revanche des circonstances historiques REELLES. L’ouvrage décortique l’innommable processus INHUMAIN de : rafles, arrestations arbitraires, emprisonnements, interrogatoires par les perfides procédés du mensonge et de l’intimidation, très souvent complétés par les tortures ; le tout, afin d’extorquer de force aux prisonniers : la signature de FAUX aveux complets. Intervient alors l’ultime étape… l’exécution : D’UNE BALLE DANS LA NUQUE !
Confer également, d’autres ouvrages tous aussi passionnants sur le même thème, de George Orwell 1984 et La Ferme des animaux.
Un livre très intéressant, intelligent, qui fait réfléchir
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 52 ans) - 14 février 2018
Au-delà de la dénonciation de l’horreur du totalitarisme stalinien, ce qui est intéressant est de suivre ainsi la façon de penser d’un homme qui a cru en la Révolution et dans l’instauration du communisme comme système politique idéal pour la société, et qui a persisté dans sa conviction pendant la dictature stalinienne, et comment il se justifiait à ses propres yeux d’avoir pu faire coller ses valeurs personnelles à celles du système révolutionnaire puis totalitaire, qu’il a contribué à créer, et qu’il servit consciemment, en toute bonne foi, même après que le système se soit retourné contre lui, en lui trouvant des justifications.
En même temps, sa conviction, au fil du temps où il servait ce régime qui devenait toujours plus inhumain, s’affaiblissait, sa conscience le travaillant à son corps défendant, et le fit douter du choix qu’il fit de sa vie. Il repassera ainsi par les moments de doute en se remémorant plusieurs scène du cours de sa vie, doutes qui alors lui firent commettre des impairs, des imprudences durant sa carrière de diplomate et d’envoyé du comité central à l’étranger, et qui seront ressortis contre lui ensuite, au cours des interrogatoires en prison, comme preuves de sa déviation idéologique et donc de sa traitrise. Ces doutes lui sont nés de la constatation que la Révolution à laquelle il a participé s’est muée en une dictature totalitaire aliénante et meurtrière, niant l’individualité humaine qui était tenue pour rien (le Zéro du titre) et qu’on pouvait sacrifier à loisir, selon l’utilité du moment. Une part de lui-même s’est ainsi senti de plus en plus en décalage face à cette évolution qu’il n’a pas souhaité, et sa pensée a glissé vers une opposition diffuse, jamais tout à fait déclarée ni tout à fait nette, mais bien réelle, et qui a eu des répercussions dans sa vie réelle, par certains actes, paroles, rencontres.
Ainsi, il en arrivera à penser à soi, en tant que « Je », lui qui a toujours été habitué à se penser « nous », puisque dans cette société totalitaire, l’individu ( « Je ») n’existe pas, que seul importe le collectif, l’Etat, le Parti (le Nous, l’Infini du titre). Se penser « Je » est quasiment une découverte pour lui, qu’il baptisera « fiction grammaticale ». Et qui restera in fine qu’une fiction en effet, car la pensée logique, la Raison, érigées en seuls modes de pensée valable, seule façon dont son cerveau s’était habitué à fonctionner lui firent revenir dans les lignes déjà tracées dans son esprit du « Nous » collectif. Ainsi, l’endoctrinement communiste restera le plus fort, et mourra fidèle au Parti, malgré toute son horreur et sa perversité qu’avec lucidité, il aura perçu et compris.
Un roman introspectif sur le moi d’un homme qui sa vie durant a assujetti les autres et s’est assujetti jusqu’à en être détruit à la doctrine communiste, soviétique, totalitaire, et stalinienne. Un livre très intéressant, intelligent, qui fait réfléchir, d’une lecture pas si facile d’accès et qui demande à être soutenue, et qui ne néglige pas pour autant l’émotion que peut causer au lecteur certaines grandes scènes du roman (les prisonniers qui se parlent d’un mur à l’autre, l’exécution de Bogrof, Vassili, d’autres encore), qui révèlent tout le tragique de cette époque.
un roman, dense et complexe, sur l'écrasement des individus et sur l'échec des processus révolutionnaires
Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans) - 1 novembre 2015
L'épaisseur humaine de Roubatchov, qui ne sait plus s'il doit rester fidèle à lui-même ou au Parti qu'il a servi avec dévouement voire dévotion, est poignante et soulève des questions majeures que Koestler pose sans forcément chercher à les résoudre, ce qui ébranle d'autant plus le lecteur. Malgré quelques longueurs, les réflexions et les angoisses de Roubatchov, confronté à la machine monstrueuse qu'il a contribué à créer, sont magistralement décrites et mettent en lumière toutes les ambiguïtés de son parcours. Koestler est parmi les intellectuels engagés les plus indépendants et les plus lucides du siècle, ce qui l'a souvent conduit à des prises de position d'avant-garde qui ont pu le marginaliser (outre son engagement politique, je pense à son intérêt pour le mysticisme oriental et la parapsychologie). Il soulève ici des problématiques essentielles, qui dépassent le cadre de la révolution soviétique et interrogent tous les processus révolutionnaires, notamment la Révolution française qui broya tous ses acteurs... C'est un roman qui marque durablement ses lecteurs, ce qui est le sceau des grands romans. Ma prof d'histoire au lycée m'avait dit que ce livre lui avait donné l'envie de faire des études d'histoire.
Nota 1 : il est dommage que les critiques éclairs ci-dessous aient viré au débat d'idées (à l'époque, le forum n'existait pas ?) et n'aient pas assez souligné les mérites du roman. A ce sujet, la critique éclair de Pétoman (?) a failli me faire tomber de ma chaise devant mon ordinateur : comment peut-on mettre deux étoiles au roman parce que critiquer les procès de Staline revient à discréditer les idées de Marx ?!!! Pas le genre de commentaires qui me donnent envie de confier le pouvoir à des communistes...
Nota 2 : pour répondre à quelques-uns des commentaires ci-dessous; Koestler ne s'est pas suicidé par culpabilité d'avoir été communiste. Simplement, il s'est senti devenir vieux et quand les symptômes (Parkinson, mémoire, etc.) sont devenus trop apparents, il a préféré mettre fin à ses jours.
Lorsque l'idéologie est institutionnalisée
Critique de CH (, Inscrit le 2 janvier 2007, 71 ans) - 22 mars 2012
Il en devient d'ailleurs une des pièce maîtresse.
Son comportement et sa réflexion se confondent au dictat du parti aux dépens de sa pensée propre.
Le bien de la majorité prévalant sur celui de l'individu.
Mais voilà, dans un régime totalitaire, ce qui est appelé le bien de la majorité est invariablement le bien de la tête du parti....... au détriment de l'ensemble de la population; soit de la majorité!
Mis aux arrêts par le N°1, Roubatchov fait une rétrospection sur ses actes, sur ceux du parti, sur l'incarcération ou les exécutions des dissidents ou de ceux qui ont seulement émis une idée différente à celle du Suprême et de ses affidés.
Derrière la critique du régime de l'est dénoncé par Koestler, on peut faire un parallèle avec tous les systèmes totalitaires; non seulement politiques ou religieux, mais également ceux issus d'une idéologie institutionnalisée en organismes défenseur d'une cause quelconque.
En soi toute cause, même bonne, se radicalise par effet de groupe et d'institutionnalisation. L'intégrisme n'est jamais loin, et tout contradicteur, même pragmatique, sera à bannir.
Ceci dit, seul Arthur Koestler aurait pu dire s'il avait retenu sa propre leçon.
Intéressant
Critique de PA57 (, Inscrite le 25 octobre 2006, 41 ans) - 17 mars 2012
En URSS, Roubachov, un cadre du parti (d'ailleurs le parti dont il s'agit n'est jamais réellement cité, bien qu'il est facile de la deviner), est emprisonné. C'est l'occasion pour lui de revenir sur l'histoire du parti, sur ses buts et sur ses "persécutions", persécutions dont il a lui-même été responsable avant son emprisonnement. C'est aussi l'occasion de faire un réflexion sur lui-même, en tant que membre du parti. Il passe également par une phase d'hésitation : se renier pour sauver sa peau, ou bien garder sa ligne de conduite pour laquelle l'individu ne vaut rien, seul l'intérêt du parti compte.
Bien que je ne sois pas très intéressée par les débats politiques, ce roman m'a beaucoup plu, car il va au-delà de cela. C'est une analyse très intéressante de la place de l'individu dans le parti.
Profond
Critique de Malataverne (, Inscrit le 31 août 2004, 45 ans) - 18 janvier 2006
A l'inverse, le principe utilitariste conçoit l'individu comme un membre d'un Etat organique, il n'est qu'un rouage, il a une tâche spécifique à assumer. Il peut être sacrifié au nom de l'intérêt général: la fin justifie les moyens.
La force du Zero et l'Infini est d'incarner cette opposition au sein d'un seul personnage, un dignitaire communiste aujourd'hui révoqué. Roubachof est tiraillé entre son idéal collectiviste et la "fiction grammaticale", sa prise de conscience que ces gens qu'il a contribué à sacrifier sont fait de chair et de sang, de peau et d'os, que leur conscience est inviolable, sacré.
Le héros ne trouve pas de réponses bien qu'en capitulant, il admet explicitement que la vanité de l'homme doit s'effacer devant le cours inéluctable de l'histoire. Pour autant, ce geste est-il le résultat d'une victoire idéologique de l'utilitarisme ou plutôt d'un attachement affectif à cette Révolution qu'il a passionnément aimé ? Pouvait-il, en refusant de capituler, admettre que l'oeuvre de sa vie avait été non seulement vaine, mais orientée dans la mauvaise direction ?
Réponse à Sorcius
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 3 novembre 2001
OUPS!
Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 2 novembre 2001
Je la réécris: Arthur Koestler a quitté le parti communiste en 1938, soit quelque 45 ans avant de se suicider. Il avait donc certainement d'autres raisons que celle d'avoir adhéré, pendant sept ans à ce parti. Mais bon, je ne connais pas beaucoup sa vie, alors je ne m'avance pas trop, mais c'est quand même étrange. A-t-il laissé un testament ou quelque chose exprimant ses raisons? Je serais intéressée d'en apprendre plus...
Quant au Zéro et à l'Infini, bien sûr, l'homme se situe entre les deux et la polémique pourrait durer des jours et des jours, comme celle sur la peine de mort, contre laquelle Koestler a écrit, en compagnie de Camus, "Réflexions sur la peine capitale".
J'ai une question pour Pétoman. Moi aussi, je trouve cela dommage de confondre la pensée de Marx avec les crimes soviétiques; d'ailleurs, la comparaison avec le Christ et la St-Barthélémy est judicieuse! Mais je ne vois pas dans quelle partie du livre on fait un amalgame. Pourrais-tu me préciser où Koestler fait cela?
Bon, je ne sais plus tout ce que je voulais écrire, alors je m'arrêterai là, sans quoi on recommencera à polémiquer encore et encore... :-)
Pour clore le débat...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 30 octobre 2001
Ma poutre sur le nez...
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 30 octobre 2001
J'ai dû avoir rêvé, ou je me suis trompé de site...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 30 octobre 2001
je crois, sauf erreur, que ce site est aussi fait pour aborder des problèmes, à travers le livre, et il me semble d'ailleurs impossible que le livre ne provoque pas des débats. Ne pas les accepter me semblerait contraire à un des objectifs de la littérature: faire réfléchir les gens au delà de ce qu'ils ont parfois l'habitude de faire.
Si la politique (autre que celle de savoir pour qui il conviendrait de voter) devait devenir proscrite sur ce site, la religion ne pourrait plus être abordée non plus, ainsi que bien d'autres sujets touchants à la sociologie, l'histoire etc. Ils supposent tous une certaine subjectivité et donc un débat. Mais alors, nous ne pourrions plus critiquer que la comtesse de Ségur ?...
Plus de politique ?... J'ai posé la question ce matin à un professeur de philo, aujourd'hui retraité, du lycée français. Il me disait que si nous devions sortir la politique du débat littéraire, nous devrions ignorer alors une bonne partie des grands écrivains... Il m'a cité en tout premier lieu Zola (je jure ne pas le lui avoir soufflé), Stendhal, Hugo, Malraux, Camus, Sartre, Rousseau, Diderot, Yourcenar, Montherlant, Steinbeck, Dostoïevski et une multitude d'autres.
Bolcho dit se retenir pour ne pas émettre ses opinions politiques mais ne s'est pas retenu bien longtemps sur le sujet religieux... Madame Morelli ne parlait-elle pas de la subjectivité de la propagande ?...
Je reviens
Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 29 octobre 2001
Quant au Zéro et à l'Infini, bien sûr, l'homme se situe entre les deux et la polémique pourrait durer des jours et des jours
Si peu ?
Critique de Persée (La Louvière, Inscrit le 29 juin 2001, 73 ans) - 29 octobre 2001
dommage
Critique de Pétoman (Tournai, Inscrit le 12 mars 2001, 48 ans) - 29 octobre 2001
Ne pas se transformer en forum d'invectives politiques !
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 29 octobre 2001
A lire les réactions de Jules, on comprend fort bien qu'il n'est pas marxiste (c'est un euphémisme....). Mais c'est exprimé avec tant de foi et tant de candide certitude que tout marxisant voudra réagir. De réactions en réactions, le contenu du présent site s'en trouverait perverti et nous sombrerions dans l'atmosphère "café du commerce". C'est amusant aussi, mais c'est autre chose. Quant à moi, on notera que je me retiens et ne réponds rien sur le fond (et pourtant, j'ai une page de notes au brouillon à côté de moi; c'est dur...) D'ailleurs, peut-être que, déçu et me sentant coupable de défendre des idées égalitaristes d'un autre âge, vais-je bientôt me suicider...
L'individu et les idéologies
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 29 octobre 2001
Koestler, déçu par ces régimes et se sentant coupable d'avoir adhéré au parti communiste et d'avoir soutenu un temps ses dirigeants, s'est suicidé en 1983.
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