Mort et vie d'Edith Stein de Yann Moix
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Francophone
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Biographie ou roman ?
La trame du livre, la vie d’Edith Stein, née à Breslau en 1891, dans une famille juive. Elle a étudié la phénoménologie avec Husserl. Elle est attirée par la religion catholique. Elle se convertit suite à une messe où des frissons la parcourent, elle va trouver au presbytère le Père et elle lui demande de la baptiser tout de suite, le prête est estomaqué, il lui répond : « il faut une préparation, on ne rentre pas dans la Sainte Eglise comme dans un moulin… Sur une impulsion… Un coup de tête… » elle lui répond : « C’est un coup de cœur ».
En 1933, elle entre au Carmel de Cologne, 5 ans après elle est ordonnée carmélite et devient sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix.
Dès 1933, elle prend conscience des actes antisémites qui sont perpétrés en Allemagne. Elle n’a de cesse de lutter contre l’antisémitisme, elle initie ses sœurs aux racines du judaïsme.
En 1942, elle quitte le Carmel de Cologne pour celui d’Echt en Hollande. Les nazis frappent et capturent sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, elle est déportée à Auschwitz, elle porte le matricule 44 074 et elle sera gazée quelques mois plus tard.
C’est en 1987 que Jean Paul II la béatifie, faisant d’elle Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix du Ciel.
L’auteur fait visiter l’âme d’Edith Stein, appréhende la religion, la fin du roman est un plaidoyer pour Israël très abscons pour ma part.
Yann Moix en fait trop, il exagère. Les phrases vont vites, les paragraphes de vraies mitraillettes, le lecteur ne peut pas s'endormir.
Pendant la lecture je n’ai pas pu m’empêcher de me poser la question si Yann Moix ne pense pas à lui et à son œuvre, n'aimerait-il pas que les portes de la prospérité lui soient ouvertes ?, que restera-t-il de lui après lui ? C’est très certainement une question que se pose chaque auteur et nous aussi en tant que lecteur - Quels livres contemporains deviendront des classiques ?
Les éditions
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Mort et vie d'Edith Stein [Texte imprimé] Yann Moix
de Moix, Yann
B. Grasset
ISBN : 9782246732617 ; 16,50 € ; 09/01/2008 ; 193 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (3)
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Très fort, en fait !
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 19 avril 2014
C’est ce qui vient de m’arriver. Bien sûr, j’avais bien entendu parler de Yann Moix depuis longtemps, j’avais même lu quelques textes, entendu quelques chroniques radio, mais j’étais resté sur ma faim. Pire, j’avais fui sauvagement au moment de Podium car je ne suis pas du tout fan de Claude François. Ni le roman, ni le film ! Et voilà que je trouve par hasard, chez Emmaüs, Mort et vie d’Edith Stein…
Surpris – Comment un tel auteur a pu s’intéresser à une telle femme ? – je prends l’ouvrage en main, lis les premières lignes et décide immédiatement de l’acheter. Oui, il faut lire cela, voir cela de plus près et comprendre qui est ce Yann Moix que décidément je ne connais pas du tout.
Internet me donne rapidement quelques clefs avec l’existence d’un Yann Moix intellectuel, entre philosophe et passionné des lettres – n’anime-t-il pas un séminaire sur Kafka ? – et une personnalité plus sulfureuse qui n’hésite pas à se retrouver victime de ses idées quand il faut les défendre – et je pense alors à sa défense du Judaïsme ou son attaque de la Suisse qui lui a attiré les foudres – sans oublier l’homme plus consensuel de Podium…
Pourquoi d’ailleurs donner comme titre Mort et vie d’Edith Stein et pas Vie et mort… Probablement parce que d’une part il ne s’agit absolument pas d’une biographie de cette femme, mais aussi parce que c’est sa mort en camp de concentration qui l’a attiré, peut-être même de façon inconsciente…
Ce petit livre est un cri du cœur, un chant, une ode, un hommage, où se mêlent les mots d’Edith Stein, très présente, mais aussi les interprétations ressenties – et non rationnelles – par Yann Moix. Il réagit, page après page, à cette vie, à cette pensée, à cette foi, à cette philosophie…
Certes, on est plus dans la fulgurance que dans l’analyse, mais que de belles phrases, pensées, réactions dans cet opus… Je pense qu’il faut le lire si on est passionné par Edith Stein ou Simone Weil, ces deux penseuses venant du Judaïsme et qui vont se retrouver au cœur du Christianisme tout en souhaitant rester fidèle à leur famille d’origine. Edith va mourir en camp de concentration tandis que Simone décèdera de fatigue en Grande-Bretagne où elle travaillait pour la France en Libre en s’imposant les mêmes privations que les Français occupés…
Les deux femmes sont très différentes dans leur fonctionnement, et j’adore la façon libre mais claire qu’utilise Yann Moix pour en parler. C’est aussi cela la grande liberté que se donne l’auteur quand il retrace cette trajectoire humaine. Il donne la parole et la reprend à son gré et j’apprécie beaucoup le résultat qui peut, je le reconnais, déstabiliser un lecteur qui ne connaîtrait pas Edith Stein. Non, c’est vrai, ce livre n’est pas une introduction à la vie et la pensée d’Edith Stein ! C’est un mémorial ! C’est une collection ! C’est un cœur qui se livre…
Et j’adore !
Biographie philosophique d’une conversion
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 10 décembre 2013
On est dans l’atypique tant sur le fond que sur le style.
Le niveau littéraire est à la fois élevé et osé sans être complexe. De nombreux intermèdes correspondant à des citations de l’héroïne complètent une poésie du texte sans s’envoler dans des élucubrations.
L’option choisie est clairement de rédiger la biographie d’une conversion, plus que d’une personne. Le contexte historique est trop peu évoqué, mais la révélation de l’héroïne est décrite sur un ton assez particulier et très convaincant.
Probablement dans un dilemme qui lui est personnel, Yann Moix se laisse aussi aller en évoquant la grande compatibilité de l’identité juive et des convictions chrétiennes. Il se perd cependant à la fin du récit dans une dissertation répétitive sur l’identité d’Israël ; cela déforce l’idée de départ.
En deux mots, un livre important mais heureusement d’une taille adaptée au style choisi. Mon intention n’est donc pas d’aborder le dernier Renaudot tout de suite mais peut-être découvrir d’autres ouvrages de cet auteur difficile, mais interpellant.
Les soleils trompeurs
Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 17 mai 2013
La passion ?
La blessure originelle, un peu plus ouverte, comme chez tous les créateurs qui sont par là plus sensibles au monde et à ses compromissions ?
La générosité aussi de partager avec le monde entier ce que l'on vit, ressent, espère ? Yann Moix et Edith ont cela en commun. Ceux qui vivent la nuit un peu trop souvent, qui boivent de trop ou se laissent aller à des débordements ne sont pas toujours des viveurs cyniques et sans conséquence, c'est aussi une manière d'aimer et d'accepter ce monde, une quête d'absolu, même si celle-ci est désordonnée. c'est la recherche de l'enfance perdue, d'essayer de se donner et donner aux autres sans se poser de questions. C'est également que la seule valeur objective partagée par la majorité des personnes de notre temps, ce n'est pas ce vague humanitarisme très léger qui domine dans les conversations mondaines ou à la télévision, c'est l'argent, le fric, le pèze, rien d'autres. Il arrive que certains maquillent ça sous de belles intentions de façade d'un bord ou d'un autre, il arrive enfin mais beaucoup plus rarement que quelques uns se laissent emporter vers plus d'esprit par l'entremise d'une personnalité comme Edith Stein ou Bernadette Soubirous pour Alina Réyès.
Comme le rappelait souvent un exégète extraordinaire, le père Le Guillou, "l'Esprit de Dieu souffle où il veut", en l'occurrence jamais là où on l'attend le plus et jamais là où le soleil paraît le plus brillant.
On le sait, les "soleils trompeurs" sont des leurres communs, c'est à leur lumière que l'on peut y croiser celui que Bernanos appelle "l'autre" qui ressemble à un maquignon dans "Sous le Soleil de Satan"dont l'adaptation par Pialat, encore un de ces "scandaleux", est extraordinaire. Personnellement, je trouve que dans la plupart des cas, les livres sur des saints écrits par des écrivains réputés catholiques sont trop souvent tièdes, comme de l'eau tiède, et sans aucune profondeur, de la guimauve qui rappelle les vitraux sulpiciens de la fin XIXème, souvent on y omet de dire que parfois les plus grands mystiques ont traversé la nuit du "silence de Dieu" qui n'est pas le doute mais une traversée du désert spirituel qui nous environne, excepté Daniel Pézeril dont j'aime énormément la biographie du curé d'Ars et bien entendu Bernanos, dont la vie de saint la plus belle est sans conteste "le journal du Curé de campagne".
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