Berlin Alexanderplatz de Alfred Döblin

Berlin Alexanderplatz de Alfred Döblin
( Berlin Alexanderplatz)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par PA57, le 24 octobre 2007 (Inscrite le 25 octobre 2006, 41 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 263ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 9 056  (depuis Novembre 2007)

Berlin à la fin des années 20

L'histoire se déroule à Berlin, à la fin des années 20. Franz Biberkopf quitte la prison, où il a purgé une peine pour homicide. Pour lui, il est difficile de revenir à une vie normale. Mais malgré tout, il va tout faire pour essayer de vivre honnêtement. Cependant, la fatalité va le pousser à nouveau vers le crime...
Ce roman dont je n'avais jamais entendu parler est un classique de la littérature allemande. Il montre bien la vie des gens modestes à cette époque. Cependant, l'histoire met du temps à se mettre en route, et parfois j'ai eu beaucoup de mal à comprendre le comportement de Biberkopf.
Pas mal, mais sans plus.

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Perdu dans Berlin !

4 étoiles

Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 25 août 2014

Après quatre années passées en prison, Franz Biberkopf recouvre la liberté. Dans un Berlin triste des années 20, Franz se promet de rester honnête.
Berlin Alex, souvent comparé à « Voyage au bout de la nuit », est parfois cité dans la liste des chefs-d’œuvre. Question : un grand livre doit-il être forcément ennuyeux ? L’histoire décousue du roman ne décolle pas. Certes la description de la vie des petites gens de Berlin est vraie. Mais l’épaisseur et la noirceur du style – loin d’égaler celui de Céline - rend la lecture pénible.
L’auteur s’est perdu dans les ruelles de Berlin, et avec lui son lecteur.

Peut-on échapper à son destin?

7 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 8 juillet 2014

Malgré ses efforts pour revenir dans le droit chemin, Franz ne parvient pas à se ranger, à vivre de manière honnête. Tel pourrait être le résumé de la vie du héros de ce long et singulier roman qui fait penser à maints égards à Céline: la manière d'écrire, la noirceur du récit.
Ancien taulard, remis en liberté presqu'à son corps défendant, confronté aux autres et à la société, Franz appartient à ce lumpenprolétariat berlinois qui hante l'Alexanderplatz... En quête de petits boulots pour survivre, avec ses propres règles, son propre système de valeurs, sa culture spécifique, le petit peuple forme une société à part dont Franz Biberkopf semble être représentatif: miné par l'alcool, à la limite du décrochement complet et de la marginalité totale, il lutte pour demeurer un membre de cette société qui le rejette suite au traumatisme initial qui est le meurtre de sa compagne. Au final, et malgré ses efforts, il ne parviendra qu'à la fin à se ranger après avoir frôlé la mort, perdu un bras et surtout, avoir abandonné ses illusions sur la nature humaine.
La forme du roman, si particulière, est très bien retranscrite par la nouvelle traduction donnée dans la dernière édition Folio-Gallimard. On goûte ainsi les images tirées de l'imaginaire populaire, en plongée directe dans la psychologie des personnages retranscrite dans le langage.
Berlin Alexanderplatz est assurément un roman marquant, le petit texte de Fassbinder à la fin de l'édition de 2010 permet de se rendre compte de son influence sur son lectorat. Et même si, à de nombreuses reprises, on a l'envie d’abandonner la lecture, suivre les développements dans cette langue parfois obscure est assez éprouvant, il reste assurément quelque chose de cette incursion dans les années 20 berlinoises.

Bas fonds et rechute fatale au sein d'une belle époque

6 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 13 juin 2011

Ce détenu, à sa libération, veut donc se racheter une conduite, et vivre normalement, moralement. Il s'intègre mal à la société berlinoise, où il incorpore les classes troubles, dont il assimile assez vite les mauvaises habitudes. Le cercle infernal s'instaure. Une interrogation tacite sur ses restes de vie carcérale hante le roman. N'échappant pas à sa condition, il choit, tombe du peu de hauteur qu'il a pu réussir à acquérir, avant de périr, voire de pourrir, psychiquement et physiquement.

Il y a de l'anti-Gatsby dans cet anti-héros, une forme d'anti-Chute de Camus, dans le sens où il part de bas pour tomber encore.
Le glauque est présent partout dans une époque marquée par un tourbillon intellectuel, comme par une crise dans ce pays. Les bas fonds de la ville, de la société et de l'âme humaines sont ici disséqués, et c'est en cela que réside l'apport du livre.
Il n'est en rien plaisant, et avoue avoir perçu une impression de rejet. Il mérite d'être maturé pour en saisir l'essence, mais l'épreuve est rude. Le langage oral, la médiocrité ambiante rapporté par les échanges, n'aident en rien à l'immersion, que j'aurais préféré éviter. J'avoue mon incurie. Mais il mérite d'être lu : il n'est pas dénué d'intérêt.

Les bas-fonds de Berlin.

7 étoiles

Critique de Smokey (Zone 51, Lille, Inscrite le 12 août 2008, 38 ans) - 27 mars 2010

Je rejoins l'idée précédemment citée d'un roman très décousu. Mais c'est également ce qui lui donne une bonne part de son intérêt. Au-delà du fait qu'on se demande ce que certains passages viennent faire au sein même du livre, l'intrigue (ultra-circulaire) est quant à elle plutôt bien menée.

La diversité des techniques utilisées par l'auteur (je pense notamment aux chansons et aux discours) permettent de donner une véritable vivacité au livre. De là à l'assimiler à un "Voyage au bout de la nuit"... point trop n'en faut.

De plus, la description des abattoirs déteint (pour moi) véritablement avec le reste du livre. On sait pourquoi Döblin l'utilise à ce moment là, pourquoi il en fait la description, mais il n'en reste pas moins que c'est vraiment mal mené.

Bref, un lire intéressant, durant une période intéressante, avec des techniques intéressantes mais qui, malheureusement, manque de style.

Doucement,doucement la mort chante sa chanson

8 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 21 août 2009

J’ai longtemps rodé autour de Berlin Alexanderplatz – on dit aussi l’Alex- ouvrant ce gros livre, l’abandonnant avant d’y revenir. Je sentais bien qu’il fallait du temps, de la disponibilité pour y flâner et y rester. Non que l’histoire soit compliquée mais l’art du récit d’Alfred Döblin est parfois si déroutant qu’on peut s’y perdre. C’est la lecture de la préface de Pierre Mac Orlan qui m’a fait faire le voyage dont « l’impression [que j’en garde] est beaucoup plus physique que cérébrale » pour citer le préfacier.
Ce roman qui a été écrit il y a 80 ans est étonnant de modernité. Modernité de style, de l’interpellation du lecteur, d’un langage inventif et imagé, de la construction où interviennent l’auteur, les personnages, le lecteur, les circonstances. Certains rapprochent Döblin de Céline ou de Joyce. J’ai plus pensé à Dos Passos et ses collages, au Hans Fallada de « Seul dans Berlin » pour son réalisme et sa description de berlinois sans importance ou au roman lui aussi prémonitoire de Joseph Roth écrit en 1923 « La toile d’araignée ».
Döblin a su faire de ce quartier de Berlin LE « personnage » de son livre. Moins par la description somme toute sommaire que par le vécu humain qu’il abrite et qui charrie les gens, les choses, les sentiments, en un mot « cette espèce de sang qui coule dans les corps des villes ». Certains passages, comme la description des abattoirs de Berlin où « le destin de l’homme est pareil à celui de la bête : la mort les guette tous les deux », sont de purs morceaux d’anthologie. (Pages 201-212 dans l’édition de poche)
L’histoire est ici presque anecdotique et la dernière partie du roman où elle se développe de façon plus classique est la moins réussie tant on frôle le mélodrame. Ce qui est essentiel ce sont les thèmes communs à toute humanité : la fatalité, le fatalisme, le destin, l’influence du milieu, le pardon, le langage. Ici point de « ces personnages exceptionnels qui portent en eux-mêmes les mirages de l’aventure » (Mac Orlan) mais des gens qui essaient de s’en sortir et qui inexorablement retombent dans le vice (Berlin est la nouvelle Babylone) la douleur et le malheur car dans le brouhaha, le vacarme et la polyphonie « doucement, doucement la mort chante sa chanson ».
J’ai lu ce roman dans la traduction des années trente. Une nouvelle établie par Olivier Le Lay vient d’être publiée et elle restituerait beaucoup mieux l’inventivité du langage de Döblin. Il me faudra bien un de ces jours aller rôder à nouveau autour de l’Alex.

un roman universel

8 étoiles

Critique de Baader bonnot (Montpellier, Inscrit le 11 janvier 2008, 41 ans) - 30 avril 2009

Dense, obscur, mystique, simple, compliqué, rythmé, « Berlin Alexanderplatz » revêt un caractère universel. En un peu plus de 600 pages, Döblin dresse le portrait d’un homme qui ne peut échappé à la décadence et au crime. Franz Biberkopf, personnage central du récit, sort de prison et décide d’embrasser un mode de vie honnête et droit. Mais la misère, la crise économique de la fin des années 20 et de mauvaises rencontres vont progressivement mener le repenti vers le chemin qu’il s’était promis d’éviter.

L’universalité de ce roman réside tout d’abord dans son esthétique. Döblin use d’une prose très simple, souvent symbolique, permettant d’ôter toute personnalité concrète à ses personnages. Franz Biberkopf n’est pas un homme mais plutôt l’Homme, celui qui réside en chacun de nous. Beaucoup de références bibliques sont évoquées telles que le pardon, la pénitence ou la destinée. L’auteur impose également un rythme et sépare l’éternel de l’éphémère, ce qui donne lieu à des passages lanscinants où l’on a l’impression que le personnage flotte dans les airs, n’appartient plus à ce bas-monde plein rongé par le crime et la corruption.
Comme l’affirme Mac Orlan dans la préface, l’univers crée par Döblin ne se situe pas dans un lieu géographique précis. L’Alexanderplatz n’est qu’un nom, elle ne possède pas une identité précise, si bien qu’on pourrait l’assimiler au Clichy des années 20. Le côté empirique de « Berlin Alexanderplatz » est donc un des points forts de ce roman. Même s’il marque une époque, il plonge tellement profond dans l’âme humaine qu’il en ressort une modernité étonnante.

Ensuite Döblin installe une proximité avec le lecteur, s’adressant à lui, lui contant de manière intime le calvaire de Franz Biberkopf. Il nous propose une sorte de voyage initiatique à travers la misère humaine, nous décrit avec précision mais aussi avec cruauté les bas-fonds de ce monde. Au côté mystique et symbolique, l’auteur rajoute une dimension sociale très terre-à-terre. Bien que l’âme du héros déchu semble libre, apte à divaguer et à se développer, le corps semble scellé, incapable d’échapper à sa triste condition. Si on naît dans la merde, on restera dans la merde, l’ordre du monde semble immuable. C’est là un des grands contrastes mis en avant par Döblin, à la légèreté de l’âme il oppose le boulet que représente le corps, celui qui est apparu au mauvais endroit.

« Berlin Alexanderplatz » est facile à lire mais très difficile à comprendre. La simplicité trompeuse voulue par Döblin offre une richesse spirituelle considérable et il convient de ne pas se renseigner sur la vie de l’auteur afin d’aborder ce roman dans des conditions les plus personnelles possibles, sans apparenter une idée en fonction des pensées hors roman de Döblin. Un roman qui peut sembler fade à la lecture mais qui laisse un agréable souvenir plein de réflexions sans réponses.

Les années folles côté perdants

6 étoiles

Critique de Stavroguine (Paris, Inscrit le 4 avril 2008, 40 ans) - 5 avril 2008

Berlin Alexanderplatz, c'est un peu l'anti-Gatsby.
On retrouve les années 20 (un peu plus tard dans la décennie, il me semble), mais le Berlin de Biberkopf nous semble beaucoup plus gris que les contrées explorées par son cousin d'outre-Atlantique. Faut dire, 14-18 ça s'est moins bien passé en Europe Centrale et l'Allemagne est minée par ce qui deviendra le Diktat et est déjà confrontée à la montée du nazisme tandis qu'elle se prépare à la crise économique.
La crise, il sait ce que c'est Franz Biberkopf, criminel à la petite semaine repenti. Récemment relâché de taule après avoir battu sa copine à mort, il s'engouffre dans un tramway berlinois en regrettant sa cellule où la vie était si bien agencée et se décide à mener une vie rangée. Il vivote de petits boulots en petits boulots, de gonzesses en gonzesses, vend des journaux communistes, arbore un brassard nazi, s'engueule dans les bars... Bref, Biberkopf est creux, pas très intelligent, moyennement débrouillard et très influençable. Contre son gré, il retombera dans le crime une première fois, y laissera un bras et se dira que finalement y a pas de petites carrières...

Berlin Alexanderplatz est assez curieux. Pas mal décousu aussi. On ne comprend pas ce que certaines scènes viennent faire - notamment la première qui, pour réussie qu'elle soit, n'apporte finalement pas grand chose à l'oeuvre alors qu'elle ouvre des pistes qui auraient pu être explorées avantageusement. Biberkopf (le "héro") est trop creux pour être attachant, pas assez méchant pour être un salaud, pas assez nihiliste pour être un anti-héro. Il nous fait, en somme, plus pitié qu'autre chose. Quant à la psychologie des personnages et les relations entre eux, elles sont parfois surprenantes, notamment la fascination que Biberkopf entretient pour Reinhold. Le roman est donc loin d'être parfait.
Et pourtant, on y trouve un certain intérêt. L'époque et l'emploi de l'argot dans la narration et les dialogues contribuent à nous immiscer dans ce Berlin sombre à souhait. Car Berlin Alexanderplatz est avant tout un roman social dont le véritable héro est ce Berlin d'entre-guerre où la vie est aussi dure que les habitants. Ceux, comme moi, chez qui les ambiances glauques et blafardes provoquent une sorte de fascination perverse, ceux qui préfèrent traîner au fil des pages avec les rebuts de la société qu'avec de nobles chevaliers devraient bien aimer ce roman. Bien l'aimer, oui, mais pas au point d'en faire un livre culte (en tout cas pour moi), car il y manque quelque chose. On ne va pas assez loin: on nous évoque les brassards nazis et les bandes communistes mais on ne s'attache pas plus que ça au contexte historico-politique. On vivote de menus larcins mais on n'est pas dans la misère. La psychologie des personnages est troublante (voire irréaliste), mais pas traitée à la façon d'un Dostoïevski (en même, là, c'est beaucoup demandé). A l'image de son personnage principal, il y a donc un vide dans ce roman qui ne va pas jusqu'au bout. Il lui manque de la folie. Ah, ce que j'aurais aimé une transposition du génial Haut-le-coeur de Jun Takami dans l'Allemagne de Weimart !!!

Un livre intéressant donc, à recommander pour un certain type de lectorat, mais je crois en effet que la réputation de classique qui lui est attribuée est surfaite et pas forcément méritée (pour ma part, je n'en avais pas entendu parler avant la re-sortie DVD de la série de Fassbinder inspirée par le livre).

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