Les belles choses que porte le ciel de Dinaw Mengestu
( The beautiful things that heaven bears)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Africaine
Moyenne des notes : (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : (27 065ème position).
Visites : 8 204 (depuis Novembre 2007)
Un beau roman
Dinaw Mengestu est né en 1978 en Ethiopie et à l'âge de 2 ans il est parti vivre aux Etats-Unis avec ses parents. Il a fait des études universitaires et enseigne actuellement à Washington.
Son personnage principal et narrateur est Sepha Stephanos, un Ethiopien qui a fui son pays à la mort de son père. Il immigre aux Etats-Unis, c'est le rêve américain. Il fait des petits boulots pour payer ses études et espère réussir là où il a échoué dans son pays.
Il abandonne ses études, il ne sait pas trop ce qu'il veut faire, et sur les conseils d'un ami, africain comme lui, il ouvre une épicerie dans un quartier délabré en voie de "boboïsation". Seulement il n'est pas très motivé. Il ouvre son magasin quand il en a envie, ne tient pas à jour son stock...
Il a deux amis, qu'il voit souvent, deux africains. Ensemble ils regrettent leur pays tout en sachant que la vie là-bas aurait été pire.
La vie de Stephanos va changer le jour où une femme blanche et sa petite fille métisse s'installent en face de chez lui. Il va se lier d'amitié avec la petite Naomi, ils vont passer des heures à lire dans sa boutique. Et il va espérer une histoire d'amour avec la mère. Impossible puisqu'ils ne sont pas du même milieu. Mais l'espace d'un instant il aura la sensation d'avoir une famille.
Il est beaucoup question de solitude dans ce roman sur l'exil et l'immigration. Il aborde aussi les conflits en Ethiopie, le problème Nord/Sud, la fin du rêve américain.
Dinaw Mengestu a écrit un superbe premier roman, au ton calme, toujours sur le même rythme. Le narrateur dit qu'il devrait commencer l'histoire par le début mais c'est son défaut, alors il revient par "flash-back" et on reconstitue peu à peu les étapes de sa vie, comment il en est arrivé là.
Le titre du roman fait référence à un livre de Dante. L'auteur parle aussi de littérature dans son livre, de Dostoïevski, de Naipaul.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, indéniablement mon préféré dans cette rentrée littéraire 2007. J'aurai voulu le lire plus lentement pour en savourer chaque phrase.
Un auteur à suivre...
Les éditions
-
Les belles choses que porte le ciel [Texte imprimé], roman Dinaw Mengestu traduit de l'américain par Anne Wicke
de Mengestu, Dinaw Wicke, Anne (Traducteur)
Albin Michel / Terres d'Amérique.
ISBN : 9782226179760 ; 21,80 € ; 22/08/2007 ; 303 p. ; Broché -
Les belles choses que porte le ciel [Texte imprimé], roman Dinaw Mengestu traduit de l'anglais (États-Unis) par Anne Wicke
de Mengestu, Dinaw Wicke, Anne (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253125815 ; 7,60 € ; 01/10/2009 ; 281 p. ; Poche
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (5)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
La sauce n'a pas pris
Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 63 ans) - 10 novembre 2020
Ed. Le Livre de Poche
Bonjour les fous de lectures ....
Livre lu dans le cadre du défi " je noircis mon planisphère".
Découverte d'un auteur éthiopien.
Sépha est un éthiopien qui tient une petite épicerie dans un quartier défavorisé de Washington.
Comme ses deux amis, avec lesquels il boit et refait le monde, il a fui l'Afrique, ses guerres et ses dictateurs.
Dans cette vie monotone, l'arrivée d'une nouvelle voisine et de sa fille métisse vont lui apporter un peu de rêve.
Voilà ... c'est tout ou à peu près.
Il ne se passe pas grand chose dans ce livre aux accents de fatalité et de mélancolie.
On s'y ennuie doucement balloté entre le temps présent et les souvenirs de Sépha (chronologie pas toujours évidente à suivre), entre les marginaux du quartier et les souvenirs d'Afrique, entre deux lectures de Sépha.
Certes, l'auteur évoque la difficulté d'intégration de ces migrants qui sont à la recherche de l'Eldorado, leurs déceptions, la lourdeur du déracinement.
Certes, certains passages nous font espérer que la sauce va enfin prendre ...
Et puis non, ce fatalisme à chaque page m'a agacée et j'ai eu bien du mal a trouver de l'empathie pour les personnages évoqués et pour ce livre sans aucune lueur d'espoir.
J'ai eu envie de secouer Sépha, sa voisine et les autres.
Comme Sépha subit sa vie ... j'ai subi le livre
A noter qu'il s'agissait du premier roman de cet auteur, qu'il a reçu des critiques dithyrambiques ainsi que le prix du roman étranger 2007.
« Coincé entre deux mondes »
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 21 juin 2012
Il vivote, encore hanté par les souvenirs de l’Ethiopie de son enfance et par les images sanglantes de la révolution, dans sa petite épicerie délabrée au sein d’un quartier en proie à la spéculation immobilière, destiné à la réhabilitation et où se multiplient les expulsions . Il va vivre pendant quelques semaines une parenthèse enchantée grâce à la rencontre avec les deux femmes de « la maison rutilante » : Judith et sa petite fille Noami . Sa vie précaire, sans ambition et un peu paresseuse va se trouver rompue temporairement par l’espoir de s’intégrer dans une nouvelle famille.
Un personnage touchant, résigné, habitué au silence, qui trouve dans la lecture un remède à la solitude , et dans les petites soirées avec ses deux amis l’occasion de parler d’une Afrique perdue à jamais pour eux, où ils n’auraient pu être heureux, en proie aux dictatures et aux coups d’état.
Un roman plein de sensibilité, de pudeur, et de tendresse. Au delà de la narration du quotidien d’un personnage attachant , il traduit le quotidien de l’exilé « coincé entre deux mondes », « en suspension » et qui, à défaut de voir dans son pays d’accueil un nouveau royaume , s’y fait une place modeste et discrète et dont le bonheur paisible est fait de petits riens .
Les dessous du rêve américain
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 4 janvier 2010
Les seuls amis de Sepha sont deux jeunes immigrés Africains comme lui, et avec qui il partage la frustration de n’avoir pas pu réaliser leurs projets… Pour passer le temps, ils mémorisent les noms de tous les dictateurs que l’Afrique a connu ou connaît encore…
L’arrivée dans le quartier d’une riche femme blanche, professeur d’université et de sa petite fille métisse, vont bouleverser la tranquille vie de Sepha. Pour meubler son ennui, et essayer de se rapprocher de sa mère, il se lance avec la petite fille dans une lecture à deux voix du livre "Les Frères Karamazov" de Dostoïevski.
Pendant quelques temps il a le bonheur de savoir ce qu’est une famille, mais des promoteurs avides décident de réhabiliter le quartier, en expulsant de force les familles pauvres…
Écrit avec une grande élégance, dans une écriture simple et facile à lire et brillamment construit, le premier livre de Dinaw Mengestu (New-yorkais d’adoption mais né en Éthiopie) aborde, malgré sa brièveté, d'une façon très directe, certains thèmes essentiels de notre époque : immigration, intégration, dialogue entre les cultures, relations entre les êtres, avenir de l’Afrique, solitude, rapport au travail…
C’est aussi le portrait tout en finesse et en nuances d’un homme seul face à lui-même, à sa solitude, à la médiocrité de sa vie, à ses désillusions…
Un peu lent à démarrer, et manquant un peu de souffle et d’événements à se mettre sous la dent ce livre a, bien sûr, les défauts de son auteur, à savoir la «jeunesse», et l’inexpérience d’un premier livre…
J’attends toutefois avec impatience les nouveaux écrits de ce jeune auteur, à qui je prévois déjà après ce premier livre une brillante carrière de romancier…
En attendant je recommande à tous la lecture de ce roman, qui, j’en suis sûr, touchera le plus grand nombre…
« Où est le grand récit de ma vie ? »
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 4 décembre 2009
Stephanos a fui l’Ethiopie quand les insurgés ont assassiné son père sous yeux, Kenneth a quitté le Kenya pour trouver un peu plus de liberté et se construire un avenir digne de ses capacités et Joseph a choisi l’exil quand Mobutu a fait régner la terreur au Congo, ou au Zaïre, selon les interlocuteurs. Ils ont, tous les trois, reconstruit dans ce coin perdu de la ville un espace d’intimité où ils peuvent se sentir américains, mais aussi africains, car l’exil n’est pas forcément une idée définitive pour tous, la latérite colle encore à leurs semelles. Cet équilibre précaire entre la fuite en avant et la nostalgie du pays est un jour rompu quand le quartier prend une certaine valeur et que des classes plus aisées viennent s’installer au détriment des plus défavorisés qui sont expulsés sans ménagement. Le quartier « blanchit » et Stephanos perd peu à peu ses petits clients qui le faisaient vivoter.
Parmi ces nouveaux arrivants, Judith, une blanche, et sa fille Naomi, une métisse, se lient d’amitié avec Stephanos, notamment la jeune fille, avec laquelle il lit « Les frères Karamazov » pour meubler le temps que ces clients lui laissent désormais dans son épicerie désertée. Mais, la situation va progressivement se détériorer sous la pression des plus démunis qui ne veulent pas se faire éjecter de ce quartier où ils vivent bien ensemble depuis longtemps déjà.
Si ce roman évoque le sort des plus démunis dans les villes du monde dit développé, il est avant tout un long exposé sur l’exil dont il envisage tous les aspects. Ces gens qui quittent leur pays, et surtout l’Afrique, parce qu’ils ont tous quelque chose ou quelqu’un à fuir. « … je n’étais venu en Amérique que pour trouver une vie meilleure. J’étais arrivé en courant et en hurlant, avec les fantômes d’une ancienne vie fermement attachée à mon dos. » Après la fuite, vient le temps de l’intégration qui n’est pas plus facile, « personne, ici, ne te donnera rien pour rien. Cela se passe comme ça, en Amérique. » Mais une nouvelle vie dans un nouveau pays n’efface pas le passé surtout quand il est peuplé de fantômes terrifiants. Et malgré cette nostalgie et ces angoisses rémanentes, le temps de la sédentarisation vient progressivement, insidieusement, « combien de temps m’a-t-il fallu pour comprendre que je ne retournerais plus jamais en Ethiopie ? » Et puis un jour arrive le moment de l’acceptation, « … l’idée, peut-être, que ce que vous regagnez ne peut plus être ce que vous avez quitté. »
Mengestu dresse aussi, au passage, un portrait inquiétant de cette Afrique partie à la dérive, paradis des petits dictateurs ambitieux, des colonels même pas des généraux, qui sèment la violence, affament les peuples sans vergogne aucune. Mais, il ne s’apitoie pas devant cette situation, il éprouve une espèce d’acceptation en forme de résignation : « … et il semblait trop dur de dire que des choses terribles peuvent arriver aux gens sans aucune raison si ce n’est qu’il faut bien que ces choses arrivent à quelqu’un. » Un sage comme l’Afrique en produisait, et en produit peut-être encore quelques uns, qui sait raconter et conter comme le griot du village qui perpétue la mémoire collective et qui rappelle les hommes à la sagesse ancestrale même ceux que l’exil a coincé entre deux monde où ils resteront à jamais solitaires.
Chaos pour chaos
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 12 novembre 2007
Malgré une galerie de personnages attachants, c’est la solitude du petit commerçant qui est à l’avant-plan au fil de ces chroniques. Son inhabilité à s’épanouir et sa peur de s’engager. Vivre en Amérique n’est pas synonyme de bonheur. Comme son personnage principal, le récit est hésitant, peut-être parce que trop lucide? Le remaniement du quartier pauvre de Washington, où est situé le commerce de Sepha, provoque des étincelles. C’est à ce moment que le jeune écrivain choisit malhabilement de terminer son histoire, alors que cela commençait finalement à décoller…
(Prix du premier roman étranger)
Forums: Les belles choses que porte le ciel
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Les belles choses que porte le ciel".