Pleine lune de Antonio Muñoz Molina

Pleine lune de Antonio Muñoz Molina
( Plenilunio)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Pleine Lune, le 4 septembre 2001 (bruxelles, Inscrit le 28 mars 2001, 75 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 479ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 9 401  (depuis Novembre 2007)

Incontournable

Si je devais partir dans une lointaine île déserte et qu'il me fallait choisir UN SEUL roman... c'est bien "Pleine Lune" de Munoz Molina que je prendrais avec moi...
A partir d'un "fait divers" abject (cela nous rapproche d'autant plus de la narration parce que c'est justement du "quotidien") l'auteur nous livre un récit époustouflant qui nous atteint au ventre et nous échappe de la raison. C'est là, à mon avis, l'Art du Roman. Le Lecteur devient alors "prisonnier" du récit et ne sait plus s'évader de la trame. Attention, coeurs sensibles s'abstenir : l'histoire est terrifiante par son réalisme. Munoz Molina fait partie de cette élite d'écrivains qui savent séduire. Comme Italo Calvino, Saramago ou Faulkner. Incontournable donc. Munoz Molina est né en 1956. En 1996, il devient membre de la " Real Academia de Lettras " et a obtenu plusieurs grands Prix littéraires dans son pays, ainsi que le Prix Femina en France pour son roman " Pleine Lune ".

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Une écriture sobre et intense

7 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 7 septembre 2013

Loin du Pays Basque, où il a failli y laisser sa peau à maintes reprise en traquant les terroristes, l'inspecteur parcourt les rues d'une petite ville du sud de l'Espagne. Le moindre mouvement ou individu suspect aiguillonne son instinct de survie, avant de monter dans sa voiture il vérifie systématiquement qu'il n'y a pas de fils reliés à un boîtier. Sa femme n'a pas résisté à toutes ces années de tension, à tous ces appels téléphoniques de menaces, ses nerfs ont lâché, elle réside dans une maison de repos.

L'institutrice, Susana Grey, a échoué dans cette ville avec son mari quelques années auparavant. Plein d'ambition et galvanisé par des idéaux grandioses, il lui avait promis leur réussite dans sa ville natale. Malgré la naissance de leur fils, tout se désagrégea au fil du temps. Jusqu'au jour où il la laissa seul avec son fils. A l'age de 15 ans, celui-ci décida de partir à son tour rejoindre son père.

Le père Orduña vit reclus dans sa petit maison dépourvue de tout confort matériel, il conserve précieusement le souvenir de toutes ces années consacrées à militer aux côtés des assoiffés de justice. Ce prêtre communiste accueillait les visiteurs en quête de réconfort et de foi en l'activisme syndical, cela lui valut d'être mis à l'écart par les instances supérieures de sa congrégation. Désormais, il erre parmi ses souvenirs et le dédale du foyer abandonné qui accueillait autrefois les enfants les plus démunis.

Dans cette petite ville du sud de l'Espagne un crime est commis. Fatima, une petite fille de 9 ans, est retrouvée morte, un ange dénudé gisant au fond d'un ravin situé aux abords d'un parc public. Toute l'horreur de ce crime est mis en lumière par Ferreras, le médecin légiste, qui parvient à lire sur le corps de Fatima toutes les atrocités commises par le meurtrier.

Pendant ce temps, l'assassin, au cerveau abîmé et aux mains écorchées, navigue dans un univers désincarné. Il voue une haine terrible à ses parents et abhorre un monde qu'il ne comprend pas.

Un roman très sombre et flamboyant à la fois. Sombre parce qu'il aborde un thème très dur à travers le meurtre d'une enfant, en mettant en exergue toute l'atrocité d'un tel acte, et flamboyant parce qu'il examine précisément et sans détours les sentiments des personnages soumis aux vastes soubresauts de l'existence qui n'épargne aucun d'entre eux. Les décors de la ville, la peur collective et le silence pesant qui y règne sont parfaitement dépeints. Chaque début de chapitre est une introspection minutieuse de la conscience de chaque personnage exposé à la lumière crue des tourments intérieurs et extérieurs. La lenteur du récit est parfaitement maîtrisée, elle permet de mettre en place la psychologie des personnages (y compris celle du meurtrier), dévoilant, sans concessions, toutes les facettes mouvantes de l'âme humaine et inhumaine.

La révolution des corps célestes

8 étoiles

Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 13 janvier 2011

Dans une ville du sud de l’Andalousie battue par le vent, une fillette est retrouvée sans vie sur un talus. Un inspecteur de police, la cinquantaine, fraichement débarqué du nord, « cherchait le regard de quelqu’un qui avait vu une chose trop monstrueuse pour être amortie ou estompée par l’oubli []. » « Jour et nuit, il marchait dans la ville à la recherche d’un regard. Il ne vivait que pour cette obligation []. »
Durant cette enquête, l’inspecteur va croiser une partie de son passé, de vieux souvenirs ; croiser l’amour : « Il ne faisait pas que découvrir presque à tâtons le corps d’une femme étendue à côté de lui : ce qu’il lui semblait vraiment découvrir était son propre sens du toucher, non pas le retrouver parce qu’il ne l’avait jamais exercé jusqu’à ce degré de subtilité []. »

L’écriture du Muñoz Molina est précise et entêtante, parfois à la limite de la rupture. Les phrases sont étirées, le temps comme dilaté. La description des mains du meurtrier fait trois pages d’une traite et une seule phrase : « Les mains propres, les mains molles de tant d’humidité, les mains rougies par le travail et le froid, les mains aux doigts grands, aux ongles cassés, avec leurs tranchants rugueux et cornés, des ongles toujours cernés de noir, malgré le savon […]. »
Roman noir, Pleine lune est un roman sur la quête identitaire d’un homme sur le retour, toujours en quête d’amour et d’espoir ; sur la révolution des corps célestes, le temps qui passe, le noir et le blanc de la lune à la clarté froide.
Plein lune est un beau roman. Un bémol : il y a quelques longueurs. Le livre, 440 pages, aurait gagné à être plus ramassé car les évènements romanesques sont peu nombreux.

Un grand écrivain !

8 étoiles

Critique de Lynch (Perpignan, Inscrit le 15 avril 2007, 48 ans) - 20 août 2009

Dans une petite ville du sud de l'Espagne, une petite fille est retrouvée morte dans un parc. Alors que la peur se répand dans la ville , un policier venu de Bilbao, récemment muté dans la région, se lance à la recherche du tueur.
Un très bon roman,écrit dans un style superbe, marque d'un très grand écrivain. Les portraits psychologiques des personnages sont précis, justes, très réalistes. On est vite pris dans l'ambiance lourde de ce roman dont les personnages plus que l'intrigue à proprement parler,sont la principale source d''intérêt. Je le recommande fortement.

Bluffant de réalisme

9 étoiles

Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 11 mars 2009

Ce livre, c'est d'abord une atmosphère. Etouffante et glauque, elle est criante de réalisme, et dérangeante quand on se rend compte que la vie de l'inspecteur et celle du maniaque sexuel ne sont pas si éloignées que ça.
Dans la première moitié, peu d'évènements, mais pourtant j'ai été vraiment captif du récit, où tout se joue dans l'atmosphère, l'ambiance pesante et le récit entrecoupé et les phrases hachées par les virgules.
La seconde moitié présente plus d'action, et garde cette atmosphère, mais avec une échappatoire??? (je n'en dirai pas plus)

L'auteur est époustouflant de justesse. Certaines pages sont criantes de vérité et les mots y sont dosés au millimètre.
A lire!

Très bon mais très noir

8 étoiles

Critique de CptNemo (Paris, Inscrit le 18 juin 2001, 50 ans) - 2 avril 2004

Dans une petite ville du sud de l'Espagne, une fillette est assassinée. On suit alors l'enquête qui est prétexte à présenter et à confronter plusieurs personnages en quête d'eux-mêmes : L'inspecteur, l'institutrice, le médecin légiste sans oublier l'assassin.

Dans un style très réaliste complètement maitrisé Molina, nous prend au piège de son magnifique roman. Les personnages sont très forts et sont véritablement le coeur du livre, l'intrigue ne servant qu'à les mettre en valeur (si l'on peut dire)

Le réalisme de certaine scène m'a surpris et pourrait perturber certains lecteurs mais le réalisme est la substance même du livre.

Une déception toutefois, la fin un peu trop ouverte à mon goût.

Passionnant, mais...!

8 étoiles

Critique de Richard (, Inscrit le 30 janvier 2004, 78 ans) - 30 janvier 2004

Captivant pendant les trois quarts du roman - deux bémols malgré tout : la fin qui semble avoir été écrite pour "faire une chute" - les personnages si intéressants, comme le père Orduna, qui n'ont peut-être pas été assez exploités.

Quel écrivain !

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 9 septembre 2001

Je n'ai aucun mal à croire qu'il faut lire "Pleine Lune" et que cela doit être un bon livre... Quel auteur que Munoz Molina ! Une merveille !... Un conseil: que les amateurs se ruent sur "Beatus Ille" !... Une écriture à couper le souffle, la description d'une époque, quelle expression des lumières, d'une ville, des gens, des sentiments... Tout est superbe !

Pas de mal à le croire...

9 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 7 septembre 2001

Muñoz Molina est vraiment un auteur fascinant et j'ai hâte de partager l'enthousiasme de Pleine Lune pour ce roman qui, je n'en doute pas, doit être très bon.
Que ce soit par sa finesse, sa richesse ou par la dureté de son réalisme, Muñoz Molina a vraiment une plume incomparable, inégalable pour nous retourner. C'est beau, c'est fort et terriblement vrai.

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  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  Tout comme "Le Royaume Des Voix" 1 Jules 23 février 2005 @ 15:55

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