Gormenghast de Mervyn Peake, Gilberte Lambrichs (Traduction), Patrick Reumaux (Préface)
(Gormenghast : Eyre and Spottiswoode)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Aliénor, le 15 novembre 2006 (Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 208ème position).
Visites : 4 902  (depuis Novembre 2007)

Le dilemme de Titus

Deuxième volet de la « trilogie de Gormenghast », ce roman est la suite de « Titus d’Enfer ».
Titus a maintenant sept ans. C’est un petit garçon mélancolique qui parle peu ; les obligations qui incombent à son rang lui semblant déjà très pesantes. Il n’y a qu’à l’école qu’il soit traité comme les autres enfants par ses professeurs, car pour tout le monde il est loin d’être un petit garçon ordinaire.
Il n’éprouve de sentiments que pour Nanny Glu, qui l’a élevé, et pour sa sœur aînée Fuschia. C’est d’ailleurs l’un des éléments clé du roman, cet amour qui va se révéler et grandir dans le cœur du frère et de la sœur.
Fuschia est le seul véritable attachement de Titus pour Gormenghast. Rien d’autre ne le retient vraiment, et certainement pas le sens du devoir. Et c’est pourtant lui, Titus, devenu adulte, qui délivrera le château de Gormenghast du mal qui s’y tapissait depuis sa naissance !

Ce sont ces années, de l’enfance à l’âge adulte, que nous suivons, à travers les péripéties du docteur Salprune et de sa sœur Irma, du fidèle serviteur Craclosse banni depuis des années et qui connaîtra un retour en grâce. A travers aussi la présence de « la créature », qui rôde et effraie la population. Sauf Titus bien sûr, littéralement fasciné par elle. Il la suivra dans la forêt lors d’un terrible orage, et le face à face qui en résultera renforce le caractère fantastique de ce livre.
Toutes ces personnes et ces aventures ont un rôle à jouer dans l’évolution du personnage du jeune comte, dans son cheminement vers l’homme qu’il veut devenir.

Ce deuxième roman est beaucoup plus sombre et tragique que le précédent, ce qui le rend encore plus fort et plus beau. Beaucoup de drames vont survenir, donnant lieu à des scènes magnifiques remarquablement écrites. Les personnages vont évidemment s’en ressentir et évoluer vers plus de noirceur, plus de profondeur. Le Docteur Salprune notamment, qui va perdre le sourire qui jusqu’ici ne le quittait jamais. Plus fort encore, la Comtesse d’Enfer, apparemment incapable d’aimer, va pour la première fois sentir vibrer son cœur pour son fils et non plus uniquement pour ses chats et ses oiseaux.
Le roman s’achève sur la décision de Titus quant au chemin qu’il va suivre, et une seule envie saisit alors le lecteur: se plonger immédiatement dans le troisième et dernier volet !

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Les éditions

  • Gormenghast [Texte imprimé], roman Mervyn Peake traduit de l'anglais par Gilberte Lambrichis et Patrick Reumaux préface de Patrick Reumaux
    de Peake, Mervyn Reumaux, Patrick (Traducteur) Lambrichs, Gilberte (Traducteur)
    Phébus / Libretto (Paris. 1998)
    ISBN : 9782752901644 ; 13,10 € ; 16/03/2006 ; 552 p. ; Poche
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Gormenghast, un château construit dans le même matériau que les rêves

10 étoiles

Critique de CptNemo (Paris, Inscrit le 18 juin 2001, 50 ans) - 4 juin 2009

Les années ont passé depuis la fin de Titus d'enfer et Gormenghast nous conte les années de jeunesse et le passage de l'enfance à l'âge adulte du jeune comte d'Enfer, partagé entre sa fierté d'être le 77ème comte d'enfer et son désir de liberté absolue loin des rituels immémoriaux qui gouvernent sa vie.

Quand le roman commence, Titus a 7 ans et quelque chose de malsain s'est infiltré dans le château de Gormenghast, encore plus décrépi et croulant qu'à l'accoutumée.

"La créature" rôde terrorisant la population mais fascinant Titus et Finelame continue à poursuivre ses ambitions de pouvoir quel que soit le prix à payer pour lui et pour les autres.

C'est avec grand plaisir que l'on retrouve certain des personnages du premier volume mais leurs aventures à tous prennent une dimension plus tragique et plus sombre dans ce roman.

Après le premier volume qui nous avait fait découvrir le château de Gormenghast, l'auteur exploite au maximum le décor et les étranges habitants. Le château et les personnages sont malmenés et connaissent des destins tragiques. Vers le milieu du roman commence une immense inondation qui fournira à l'auteur quelques scènes magnifiques. Cette inondation qui occupe une bonne partie du livre est un vrai régal.

Toujours porté par le style très visuel et poétique de l'auteur, Gormenghast constitue le sommet de la trilogie du même nom. Le rythme s'accélère et l'intensité dramatique atteint son apogée lors de quelques scènes mémorables. Il y aura des mariages, des naissances, des morts tragiques, des combats à mort jusqu'à l'apothéose finale quand Titus devient adulte.

Le tout magnifiquement raconté et écrit. De toute façon si vous lisez Gormenghast, c’est que vous avez eu la bonne idée de lire le premier volume de la trilogie, que vous l’avez apprécié et donc vous ne pouvez que crier au génie devant ce volume, encore meilleur que le premier.

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