Titus d'Enfer de Mervyn Peake

Titus d'Enfer de Mervyn Peake
( Titus Groan)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Aliénor, le 18 septembre 2006 (Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 981ème position).
Visites : 6 628  (depuis Novembre 2007)

Un étrange univers

Le roman commence avec la naissance de Titus, héritier de la célèbre lignée des Comtes d’Enfer et du vaste domaine de Gormenghast. Il s’achève avec son accession au trône, alors que le pauvre enfant n’a pas encore atteint l’âge de deux ans !
Entre ces deux évènements fondateurs, l’auteur nous présente, par le biais de courtes scènes, toute une galerie de personnages qui entourent le futur comte.
Et le sentiment qu’éprouve le lecteur, c’est que Titus n’est peut-être pas si bien né que cela. Etre issu d’une famille noble, quelle importance lorsque l’on n’est pas aimé ! Entre un père écrasé par la mélancolie, une mère qui n’éprouve de sentiments que pour les chats et les oiseaux, et une sœur qui le jalouse, comment pourrait-il éprouver l’envie de sourire à la vie ?
Seule Nannie Glue, qui l’élève tout comme elle a élevé sa sœur Fuschia, éprouve de l’amour pour lui.
Dans cette vie, seuls comptent les rituels qui rythment les journées et les évènements importants qui ponctuent l’existence. Ces rituels auxquels se plie depuis toujours le père de Titus, 76ème comte d’Enfer, et qui ont vidé sa vie au lieu de la remplir ! Quand le livre s’achève, Titus, deux ans à peine, se retrouve confronté à l’écrasante responsabilité de poursuivre les traditions. Son père a disparu, il est le 77ème compte d’Enfer.

C’est un drôle de roman que celui-ci. Drôle car inclassable. Drôle car féroce. Drôle par les illustrations de Mervyn PEAKE lui-même.
Difficile d’établir des comparaisons avec d’autres œuvres, même si l’on pense à Tolkien et son Seigneur des Anneaux puisque c’est également une trilogie. Point de fantastique ici, mais un univers imaginaire insolite et terriblement attachant, même lorsque les personnages ne sont pas sympathiques.
Une fois la lecture achevée, on a hâte de découvrir la suite, et de voir si Titus échappera ou non à ce sombre destin tout tracé. On a hâte également de voir comment va évoluer le personnage de Finelame, autre héros de l’histoire, dont le rôle trouble va, on le pressent, prendre de plus en plus d'ampleur.

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  La trilogie de Gormenghast

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Le début de quelque chose de prometteur

6 étoiles

Critique de Calepin (Québec, Inscrit le 11 décembre 2006, 43 ans) - 14 septembre 2011

4e de couverture : Au château de Gormenghast règne une famille farfelue: les d'Enfer. Lord Tombal lit toute la journée. Son épouse Gertrude ne vit que pour ses chats et ses oiseaux. Leur fille Fuchsia est d'une nature sauvage et rêveuse. Autour d'eux s'agite une société hétéroclite dont le quotidien est figé dans l'exécution de rites ancestraux. La naissance d'un fils, Titus, va rompre la monotonie du château.

Mon avis : Un des pionniers de la fantasy anglo-saxonne, ce premier tome de la trilogie de Gormenghast est à des lieux du monde créé par J.R.R. Tolkien. Le monde de Peake, tant dans sa description que dans sa forme, est plus proche de l'univers du conte. Ses personnages sont loufoques et étranges. D'ailleurs, Mervyn Peake semble prendre un plaisir tout particulier à faire vivre cette faune bigarrée, à donner une couleur propre à chacun. D'emblée, je ne m'attendais pas à ce style à la fois drolatique pour ses personnages et un peu lugubre en ce qui concerne l'environnement. C'est d'ailleurs ce dernier point qui m'a à la fois plus et agacé. L'auteur passe un temps fou à décrire son château, les diverses textures, les sons, l'ambiance générale. Plusieurs passages auraient pu être écourtés sans rien enlever à l'oeuvre et on aurait obtenu un roman plus épuré. Pour ceux qui recherchent un roman au caractère merveilleux franc, oubliez la sorcellerie ou autre truc du genre. C'est beaucoup plus dans la façon de raconter qu'on y gagne.

Dès le départ, il m'a fallu un certain temps avant d'accrocher. Il faut bien une centaine de pages à l'auteur pour présenter ses divers personnages, la manière dont ils vivent, qui ils sont. Néanmoins, même si certains passages m'ont ennuyé, d'autres intéressé, je reste dans l'idée que le meilleur est à venir. Ce tome, même si ce n'est peut-être pas le cas, donne l'impression d'être un tome d'introduction à la suite. Titus, le personnage central qu'on suit très très peu dans ce tome, est l'un des personnages perturbateur des rites ancestraux, avec l'aide de Finelame qui bouleverse l'échelle sociale. La table est donc mise pour la suite et il me semble que je passerais à côté de quelque chose si je ne la lisais pas.

Onirique et magnifique série

10 étoiles

Critique de Haxa (, Inscrit le 20 juin 2005, 35 ans) - 14 mars 2011

Lorsque j'ai acheté ce livre, et au vu des critiques précédemment lues, je m'attendais à découvrir l'œuvre d'un auteur original mais je n'aurais pas cru un seul instant être immergé dans un univers aussi entêtant, décrit dans un style autant maitrisé.

L'histoire est extrêmement difficile à résumer, car s'il existe bien une ligne directrice qui se dévoile lentement au fil de la lecture, l'ensemble est foisonnant et difficilement réductible à une progression linéaire de l'intrigue. Mervyn Peake aime s'attarder à décrire les moindres recoins du château et les êtres qui le peuplent.
Ces personnages sont souvent excessifs dans leur caractéristiques mais ô combien fins aussi et attachants pour certains (Fuschia et sa Nannie Glue), fascinants pour d'autres (le trouble Finelame, la glaciale Comtesse et ses lubies qui cachent un tempérament d'acier), ou tout simplement drôles comme le Docteur Salprune et sa sœur qui forment un duo hilarant pour peu que l'on soit sensible à cet humour un peu grotesque que l'auteur manie parfaitement et qu'il introduit par petites touches au fil des pages.

Mervyn Peake avant d'écrire fut peintre et illustrateur, et cela se ressent quand sa plume, dans un style unique (et soulignons l'excellente traduction) nous décrit avec un luxe de détails ahurissant le château et ses alentours, et les personnages qui les hantent. Quant à l'action, il est évident que le rythme de ce premier volet est plutôt lent, Mervyn Peake s'attachant à faire s'animer sous nos yeux son univers si particulier et à nous présenter les rituels millénaires qui structurent la vie du château. Mais il serait faux de prétendre qu'il ne se passe rien, car le lecteur fait la connaissance de ce monde si bien réglé à l'instant même où commence sa déliquescence dont l'élément déclencheur est la naissance de Titus.

Si vous aimez les belles plumes, les univers étranges et les œuvres denses et uniques, alors n'hésitez pas à venir découvrir la folle imagination de Mervyn Peake. Si vous recherchez quelque chose de rapide et facile à lire, passez votre chemin.

Une pure merveille !

Chef d'oeuvre méconnu

10 étoiles

Critique de CptNemo (Paris, Inscrit le 18 juin 2001, 50 ans) - 4 juin 2009

Titus d'Enfer, premier volume de la Trilogie de Gormenghast fait partie de ces livres qui continuent de vous hanter longtemps après les avoir refermés. La puissance des images, la force de l'univers, les personnages extraordinaires se gravent dans votre esprit pour ne plus en sortir.

La trilogie de Gormenghast fait aussi partie des ces œuvres que l'on brûle de faire connaitre, tant semble injuste que soient méconnus ces romans géniaux alors que les tables de librairies pullulent de livres muets.

Je vous invite donc à franchir les portes de Gormenghast, immense château-univers. Entrez et découvrez ces sombres galeries, ces greniers remplis de lumière et de poussière et tous les habitants qui peuplent cet étrange royaume. La noble famille d'Enfer bien sur mais aussi le docteur Salprune et sa sœur l'irascible Irma, la mélancolique Fushia, le fourbe Finelame sont quelques-uns des incroyables personnages qui peuplent ces pages. Tout ces personnages sont soumis aux étranges et souvent absurdes rituels ancestraux qui guident la vie du château et forment la trame des existences.

Le roman commence sur un double événement : la naissance de Titus, héritier de la famille, appelé à devenir le 77ème comte d'Enfer et l'évasion des cuisines d'un petit commis qui jouera un très grand rôle dans l'histoire, Finelame.

Il est difficile de rendre justice dans une critique à un livre aussi original et génial et notamment à la grande puissance d'évocation du récit. L'auteur est au départ dessinateur et cela se ressent pendant toute la lecture tant la puissance des images évoquées est forte. Les descriptions sont incroyablement vivantes et puissantes. Le château est véritablement là sous nos yeux, vivant et mystérieux.

Les personnages qui peuplent le livre sont à l'avenant. Ils sont trop nombreux pour être tous évoqués ici mais ils sont tous inoubliables. Que ce soit le 76ème comte bibliophile mélancolique, Finelame l'un des meilleurs "méchants" produit par la littérature, le fidèle serviteur Craclosse, le cuisinier Lenflure et tous les autres, ils ont tous quelque chose d'unique. Ils sont tous tour à tour comiques, révoltés, tragiques... Souvent excessifs et pourtant toujours humains et crédibles même dans leurs pires excès.

Romans à l'ambiance indéfinissable , la trilogie de Gormenghast est véritablement une œuvre unique tant il semble vain de vouloir chercher des comparaisons avec des œuvres existantes. Le nom de Tolkien est parfois cité mais j'avoue ne pas vraiment voir le point commun. Ici nulle heroic fantasy, aucune magie, pas d'elfe. Seulement l'étrange château et ses habitants aux prises avec leur destin. C'est le mot baroque qui me vient à l'esprit si je cherche à qualifier ce livre monde.

Mervyn Peake a créé une œuvre dans la matière dont les rêves sont fait, elle en tire la même force d'évocation, d'évasion, d'angoisse et de mystère.

Vous l'avez compris, vous devez lire Mervyn Peake. Et bonne nouvelle la trilogie vient d'être éditée en poche pour la première fois. Vous n'avez donc aucune excuse pour passer à côté de cette œuvre majeure.

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