Ouest de François Vallejo
Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques , Littérature => Francophone
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Un huis-clos fabuleux
Quelque part dans l’Ouest de la France au 19e siècle, le jeune Baron de l’Aubépine succède à son père. Rapidement, l’homme excentrique – pour ne pas dire à moitié cinglé – fait le ménage dans son entourage et ne tolère sur sa propriété que son garde-chasse Lambert, et sa famille, pour laquelle il exprime une certaine affection.
Lambert, le garde-chasse rustre mais fier, s’engage alors dans une relation maître-valet singulière où l’espace restreint entre la servitude et un minimum d’affirmation de soi devient un plancher délicat, prêt à craquer à la moindre inconvenance. La situation est d’autant plus périlleuse que ce dernier s’explique mal la folie politique ainsi que les extravagances du Baron, surtout lorsque celui-ci se fait raser de la tête aux orteils par des femmes de peu de vertu et qu’il les fait courir nues dans les corridors du château des Perrières.
Doucement, l’auteur fait monter la tension, révélant de plus en plus le côté sinistre du Baron. Le pauvre Lambert se verra coincé entre la morale et la survie des siens.
Il faut quelques pages pour s’habituer au style littéraire singulier. Par la suite, le pouvoir immersif de cette histoire sombre est fulgurant. L’atmosphère moite et suffocante complimente l’affrontement de deux personnages que tout oppose et qui doivent cohabiter ensemble.
Un roman délicieusement tordu et définitivement original, « Ouest » est une grande joute psychologique mais aussi d’une rare violence.
Les éditions
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Ouest [Texte imprimé] François Vallejo
de Vallejo, François
V. Hamy
ISBN : 9782878582352 ; 7,99 € ; 25/08/2006 ; 266 p. ; broché
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Les critiques éclairs (15)
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Face à face inégal
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 17 février 2017
Monsieur de l’Aubépine l'Ancien, était un "blanc", un chouan fidèle aux traditions de l'Ouest.
À son décès, son fils prend la succession. Mais ce noble est républicain.
Ce qui perturbe Lambert.
Et il y a de quoi. L'homme est non seulement adepte d'une cause opposée à son rang, mais c'est aussi un homme malade, un manipulateur, un odieux personnage à la limite de la folie
" ...il a peur (Lambert), ce type épais comme deux, dépassant de la tête tous ceux du pays, solide dans ses bottes, une moustache fournie bien noire qu'il doit soulever pour aspirer sa soupe, une barbe un peu longue aussi, taillée en carré, avec ses premiers poils blancs, un crâne à déchirer sa casquette de cuir, comprend que le vrai peureux, ce n’est pas son nouveau maître, comme il l'a cru, c'est lui. Et il a peur d'un homme plutôt pâlichon, maladif toute sa jeunesse, et peut-être bien encore malade."
Il m'aura fallu arriver à plus de la moitié du livre pour avoir une impression curieuse de déjà lu ; quand le baron est obsédé par sa rencontre avec Victor Hugo.
Ce n'est qu'en notant le livre, que je me suis aperçue que je l'avais lu , il y exactement 10 ans ! Il ne m'avait donc pas laissé un souvenir impérissable.
Si je trouve ce face à face intéressant, entre deux mondes, deux caractères, deux personnages, un Lambert têtu mais conscient, protecteur de sa place, et surtout de sa famille ; aimant ses chiens ; "il a l'air bien convaincu de ce qu'il dit. Pourtant cela ressemble encore à un de ces mensonges qu'il nous sert jour après jour. Il veut nous impressionner ; nous ne sommes pas des naïfs." et Monsieur de l'Aubépine, odieux, pervers, manipulant, utilisant un chantage abject, j'ai trouvé ce rythme très lent ; le ton monotone, les dialogues intégrés au texte.
Un avis final mitigé à la fin de cette re-lecture entre l'originalité du sujet, l'intelligente construction des personnages et cette impression de longueur.
Western à la française
Critique de Mallollo (, Inscrite le 16 janvier 2006, 42 ans) - 18 janvier 2015
C'est et ce n'est pas ça, "Ouest". Nous sommes bien au 19e siècle, mais au beau milieu de la France. Enfin, dans l'Ouest de la France, où les changements politiques successifs depuis la Révolution n'ont pas eu grande incidence sur la vie d'un peuple encore au service des seigneurs locaux, par habitude. Les autres critiques résument clairement l'intrigue, pas besoin de la répéter.
Le style particulier, entremêlé de dialogues, impressions et monologues intérieurs de plusieurs personnages (sans indication qu'on est dans l'un ou l'autre cas, l'écriture au kilomètre, mais la ponctuation respectée) semble être assez controversé. Effet de style gratuit ou à propos? Qui nuit à la lecture ou met en relief le récit? Je me suis posé la question tout au long de ma lecture. J'étais prise au piège par le récit, embarquée par Vallejo dans le face-à-face entre Lambert et le baron d'Aubépine, spectatrice de la lente et implacable détérioration de l'homme et ses relations.
Et de relations il est bien question, parce qu'au centre du roman se trouve la relation sociale ambiguë entre ces deux personnages qui ne sont décidément pas sur la même longueur d'onde. L'un se raccroche à l'habitude d'être le serviteur de son maître, l'autre cherche à effacer la distance sociale entre lui et son garde-chasse, en lui imposant une relation affective malsaine. Pour moi, il était inévitable que leurs voix se mélangent, quitte à embrouiller le lecteur de temps en temps. Le style impose un rythme de lecture plus lent, ce qui aide d'autant plus à faire monter la tension au fil du récit.
"Ouest", ce n'est pas un western à l'ancienne mais c'est un magnifique affrontement tendu dans un silence pesant, dans l'Ouest sauvage de la France.
Il est bon Vallejo !
Critique de Gg de coat canton (, Inscrit le 30 septembre 2009, 84 ans) - 30 septembre 2009
"J'aime quand vous me désobéissez Lambert, cela fait de vous un homme libre." Une révolution à l'envers, qui part du haut !Très bon livre, très belle écriture.
Quel bonheur que ma découverte de François Vallejo !
Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 88 ans) - 16 février 2009
Je me réjouis déjà de poursuivre mes découvertes du filon Vallejo !
Très bien écrit
Critique de Kroquett (, Inscrite le 15 février 2009, 49 ans) - 15 février 2009
Du style, indiscutablement !
Critique de Lutzie (Paris, Inscrite le 20 octobre 2008, 60 ans) - 14 janvier 2009
Improbable merveille
Critique de Ena (Le Gosier, Inscrit le 25 octobre 2004, 62 ans) - 16 juillet 2008
Mine de rien, la tension créée par les rapports entre les personnages que tout oppose et même temps rapproche s’installe et augmente au fil du récit pour atteindre un paroxysme.
C’est déroutant, étonnant et brillant, bravo encore à l’auteur.
une ambiance hitchkockienne
Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 50 ans) - 9 juin 2008
bref ! un livre géant qui aurait mérité le Goncourt (à la place d' Alabama song) à lire d'une traite !
La toute puissance de l'Animal
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 18 mai 2008
Dans ce roman qui frôle sans cesse avec le fantastique, l’auteur restitue les rapports ambigus du couple maître /serviteur dont les destins sont liés, chacun dominant l’autre à son tour ; et tout en rendant compte du quotidien d’un hobereau , plonge le lecteur dans le contexte politique du milieu du 19e siècle, où s’affrontent République et Empire, Napoléon III et Victor Hugo .
La réussite du roman tient aussi à son écriture dont le rythme syntaxique perturbé mais constamment maîtrisé traduit le monologue intérieur de Lambert :le taiseux et des personnages féminins : Eugénie et Magdeleine dont l’auteur a joliment traduit la gêne et l’insouciance, l’éveil à la conscience et à la sensualité .
« Ouest », c’est tout à la fois la région où se déroule l’intrigue, une allusion à la folie du Baron « à l’ouest », mais aussi la direction du couchant, celle du crépuscule d’une noblesse qui voit ses terres et son prestige disparaître .
c'est aussi à l'ouest que se trouve la terre à délits
Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 26 mars 2007
Surpris, dérangé par la force de cette écriture caractérielle, caricaturale, je me suis plongé dans cette ambiance peu habituelle, avec un mauvais a priori. Resté à l’affût d’une quelconque proie littéraire sans grand intérêt, je fus étrangement happé par le récit, vivant cette aventure peu commune comme défileraient sous mes yeux les lignes d’un carnet de campagne poussiéreux.
Loin d’être attachants les personnages sont scabreux, rugueux, bruts de décoffrage.
Où est-il le temps de la clémence, perdu entre deux mondes dans lesquels s’affrontent des personnes (le baron et le garde chasse) aussi têtus l’un que l’autre ?
Il leur faut à tour de rôle lâcher du lest pour parvenir un instant seulement à comprendre l’homme qu’ils considèrent si différemment comme ennemi, maître ou esclave.
Sans interruption du récit, l’écriture parlée devient langage, transcrit au présent des passés simples des composés, sur lie d’indifférence rapprochée. Lambert garde-chasse donne cette réplique équivoque :
« les temps que nous vivons, ne sont pas des temps ».
Cet homme cru tonne des réflexions, pleines du bon sens des gens de la terre,
Extrait tiré d’une partie de chasse, à la période où le baron souhaite renverser le régime en place « Taisez-vous, monsieur à la fin, c’est vous qui faites fuir le gibier à parler haut dans les fougères. On vous entend venir à deux lieues. Comment voulez-vous vaincre un tyran, si la plus petite perdrix rouge vous échappe sans effort ? Sauf votre respect, on n’attrape pas un Bonaparte comme une fille de l’Ouest. ».
Loin de concurrencer l’excellent « coup de fouet » de Bernard du Boucheron, François Vallejo donne aux scènes de chasse une autre vision, une autre approche.
Pour son originalité, je vous invite à découvrir ce roman.
Pour son écriture tendue, haletante, n’ayez pas peur de vous embarquer dans cette aventure.(bertrand-môgendre).
Baron bourreau
Critique de Jean Meurtrier (Tilff, Inscrit le 19 janvier 2005, 49 ans) - 23 janvier 2007
Ce grand écart entre moralité et lâcheté opéré jusqu’à la déchirure par la conscience de Lambert nous est narré dans un style provincial désuet mais très tonique. L’absence totale de guillemet et de tiret pour signaler les dialogues ne gène quasiment pas la lecture. L’auteur dynamise ainsi l’enchainement des répliques.
Une des critiques précédentes (qui en dévoile un peu trop à mon goût) qualifie de défauts certains aspects du roman que je considère pour ma part adéquats. Quand Lambert ressasse les mêmes expressions, c’est une manière pour lui de se rassurer, de raison garder. Il représente la sagesse populaire tentant de s’accommoder des excentricités du maître. Par ailleurs, l’auteur rend effectivement certains faits hautement prévisibles. Est-ce un mal ? De cette manière le lecteur appréhende d’autant plus la suite. Et progressivement la tension augmente.
Je reconnais que je m’attendais tout de même à la surprise du chef, qui ne survient pas vraiment. Peut-être est-ce mieux ainsi tout compte fait.
On est toujours le dominateur de quelqu'un
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 11 décembre 2006
Par la force de son huis-clos ensuite. Un face-à-face violent entre divers personnages, plus particulièrement le garde-chasse Lambert et le baron de l'Aubépine, mais aussi entre l'Empire et la République, entre l'utopie et la raison, entre la peur et la colère, entre le rêve et la folie. La défense, aussi, d'un certain idéal, qui pourrait paraître désuet aux yeux de beaucoup. Pas de super héros dans ce roman au style classique et élégant, pas de scènes de rebondissements ou d'actions sans modération, rien de tout cela, juste une histoire qui s'écoule lentement au coeur du domaine des Perrières, avec quelques attendus et autres scènes prévisibles, ce qui ne diminue pourtant en rien la qualité du récit. Parce que même lorsque l'on devine ce qui va se produire, même lorsque l'arrivée d'un événement semble cousu de fil blanc, là n'est pas l'essentiel et le talent de Vallejo est d'insuffler de la force là où on ne s'y attend pas toujours. On devine, on suppute, on imagine, on croit et la croyance en quelque chose, même un mensonge, même une supposition, devient tout à coup un instrument puissant qui fait de nous un maître et permet d'inverser les rôles. Lambert domine Monsieur le Baron qui aura pourtant le dernier mot, à sa manière. Ce rapport de force existe dans tout le récit, du début à la fin, conduisant le lecteur à s'attacher à tous les personnages, à pleinement s'impliquer dans chacun et s'immerger complètement dans l'histoire.
Pas besoin de procédés stylistiques avec effets de mode, loin de là et c'est tant mieux. Une écriture simple, belle et classique pour un roman qui fut une très bonne lecture. Belle et cruelle.
Noir
Critique de Café noir (, Inscrit le 30 novembre 2006, 62 ans) - 30 novembre 2006
Style original
Critique de Anouk (, Inscrite le 22 juin 2006, 59 ans) - 22 novembre 2006
J'ai bien aimé l'intrigue : le personnage de Lambert est imposant et tout de même touchant dans ses hésitations entre ses accès de courage et de lâcheté. Le personnage du baron m'a paru moins crédible.
Glauque et embrouillé: à la mode!
Critique de Philduch (Aix en Provence, Inscrit le 17 février 2006, 57 ans) - 17 novembre 2006
Le plus dommage là-dedans, ce n'est pas le roman lui même (on ne peut en effet nier l'atmosphère oppressante qu'il dégage, ni, je pense, la sincérité de son auteur) mais l'extase bêlante d'admiration des commentaires de presse, preuve qu'en matière de littérature française, point n'est besoin d'une belle histoire et d'un texte limpide pour faire un carton. Sûr que Arthur, Ardisson et les Inrock' vont adorer!
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