Éloge de l'enfance

Recueil de nouvelles d’une auteure italienne décédée en 1944 et que je découvre avec ce livre. Le recueil est composé de deux parties. La première intitulée « Petites personnes » comprend dix courtes histoires dont les personnages principaux sont des enfants. « Déceptions » raconte la fin d’un jeu innocent inventé par un employé de banque afin d’éclairer ses mornes journées. « Le premier voyage de Dodo » met en scène une jeune fille vaniteuse qui fait son premier voyage dans une ville étrangère et croit naïvement que tout le monde s’intéresse à sa petite personne. « Camarades de classe » évoque l’amitié compromise de deux écolières alors que l’une d’elle doit abandonner l’école pour gagner sa vie et devient bonne dans la maison de l’autre. Dans « De nuit », un enfant est accusé de vol injustement. Je ne les résumerai pas toutes mais chaque petit récit contient un thème qui porte à réfléchir comme les classes sociales, la charité, le mensonge, l’honnêteté et la fin de l’innocence.

La deuxième partie intitulée « Après l’hiver » est sur le même ton mais met en scène des adultes plutôt que des enfants. Dans « Après L’hiver », un vieillard attend le retour de son fils, parti à la guerre. Dans « Le violon de Sandro », un jeune homme convalescent et alité, joue la sérénade chaque soir afin de charmer une nouvelle voisine. « Lorentino » est un enfant adopté qui retrouve son père riche et admiré et abandonne sans regrets sa famille adoptive. « En villégiature » est l’histoire d’un enfant négligé par sa mère et qui mourra, laissant ses parents rongés par le remords. « Vaincre » raconte un mariage déterminé d’avance et qui tourne mal.

Ce sont de savoureux petits récits aux thèmes un peu vieillots et démodés mais qui se lisent admirablement bien. L’écriture de Maria Messina est d’une clarté et d’une simplicité charmante. Plusieurs passages comportent des parties de poèmes ou de chansonnettes en italien, ajoutant de l’intérêt et de la richesse à la lecture. Ce sont presque des contes pour enfants tellement c’est naïf et gentillet mais certains laissent une certaine amertume par leur côté tragique. Le monde vu par les yeux de l’enfant est rendu d’une façon remarquable et vaut la peine qu’on s’attarde à lire cette auteure de talent.

« Abandonner l’école, les livres, la vie insouciante qu’elle avait connue jusque-là… devenir une servante… Tout était douloureux. Mais ce qui était insupportable, c’était l’idée de devoir aller servir justement chez Don Natale Lopizzo, le père de Masina, sa voisine de banc, qui ne la traiterait plus en camarade, en amie, mais en petite servante, et qui lui donnerait des ordres… qui la mépriserait peut-être… » (Camarades de classe)

« La main frêle du musicien tremblait ; son visage pâle et imberbe, presque posé sur le manche de l’instrument, semblait se tendre anxieusement en quête d’un baiser ; de temps à autre, ses yeux se levaient pour chercher celle qui se tenait devant la fenêtre ouverte, et qui écoutait, et qui devait sentir trembler ses poignets en suivant la voix passionnée s’élevant pour elle, pour elle seule, dans la douce soirée d’avril. » (Le violon de Sandro)

« Desséché par la fatigue, tout voûté et tordu, ssu’ Vanni avait l’air d’un rat. Une main repliée derrière le dos, les jambes arquées, le cou tendu en avant, il paraissait toujours chercher quelque chose par terre ; et lorsqu’il voulait regarder en face ceux qui lui parlaient, il se redressait presque, avec un gémissement. » (Après l’hiver)

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  Petites personnes [Texte imprimé], nouvelles Maria Messina trad. de l'italien par Marguerite Pozzoli

  de Messina, Maria Pozzoli, Marguerite (Traducteur)
  Actes Sud / Lettres italiennes (Arles).
  ISBN : 9782742726448 ; 15,50 € ; 04/04/2000 ; 225 p. ; broché

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