Mémoires de porc-épic de Alain Mabanckou
Catégorie(s) : Littérature => Africaine , Littérature => Francophone
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L'art de brouiller les pistes
Dans la même veine stylistique que Verre Cassé, paru en janvier 2005, les Mémoires de porc-épic n'en sont pas pour autant une suite et pour cause : ce livre a été commencé en 2001, au cours des vacances d'Alain Mabanckou à Victoria Falls au Zimbabwe. Alors pourquoi y lit-on que le texte aurait été écrit par ledit Verre Cassé, poivrot patenté et biographe du Crédit a voyagé, fameux bar du quartier des Trois-Cents, à « Brazza la verte ». Parce que Mabanckou aime à nous raconter des histoires… à tout mélanger au point que nous ne savons plus comment démêler le vrai du faux, comme si un « double nuisible » avait été spécialement chargé de nous faire perdre le nord.
Quelques explications s’imposent. Le porc-épic auquel nous avons à faire dans ce livre est un être étrange, mi-animal, mi-démon, doté du pouvoir de « manger » les humains, autrement dit de les tuer mystérieusement. Il devient le « double mystique » du jeune Kibandi le jour de son initiation, alors même que le breuvage magique absorbé par celui-ci dédouble sa personnalité, créant en supplément un « autre lui-même » que l’on verra apparaître, de temps à autres, dans le récit.
Ceci posé, Mabanckou nous entraîne dans des aventures rocambolesques, ponctuées de meurtres, qui vont conduire Kibandi à sa perte et notre ami porc-épic, sympathique malgré son rôle d’assassin, à confesser sa vie au Baobab au pied duquel il se tient roulé en boule. Réalité des contes africains ? Pur délire d’un pilier de bistrot ? Veine inspiratrice puisée dans la lecture de Quigoga ou de Sabato ? Peu importe. Dans un style imagé et truculent, sans majuscule au début et aucun point, final ou pas, l’auteur nous conduit d’une traite et à une vitesse folle dans les méandres de son imagination et de ses souvenirs, sans que nous ne puissions esquisser un geste, risquer une question, nous demander si tout ceci est vrai, bref, jouer notre rôle de lecteur averti.
Les éditions
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Mémoires de porc-épic [Texte imprimé], roman Alain Mabanckou
de Mabanckou, Alain
Seuil
ISBN : 9782020847469 ; 16,70 € ; 24/08/2006 ; 228 p. ; Broché -
Mémoires de porc-épic [Texte imprimé], roman Alain Mabanckou
de Mabanckou, Alain
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782757865057 ; 7,00 € ; 17/08/2017 ; 228 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (10)
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kibandi et son double
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 30 octobre 2020
conte africain.
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 6 avril 2013
Je ne regrette pas ce bon moment.
Original
Critique de MEloVi (, Inscrite le 6 juillet 2011, 40 ans) - 24 février 2013
Le fait qu'il n'y ait pas de point est un peu déroutant au début mais finalement on s'y fait et on prend même plaisir à cette écriture fluide qui devient plus tranchante par moment.
J’étais un peu sceptique en voyant qu'il s'agissait d'un roman Telerama mais pour une fois, j'approuve leur choix!
Un simple conte africain ?
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 27 novembre 2010
J'avoue avoir été agréablement surpris par ce roman non conventionnel , ce conte africain original.
Comme certains d'entre-vous le soulignent ; je ne sais pas s'il convient de rechercher une portée philosophique....
Le porc-épic pourrait-il être l'âme de Kibandi ? Un double qui exécute les pensées noires de son maître .
Les conventions ( la morale , le fait que nous soyons des animaux pensants ) nous freinent dans l'accomplissement d'actes malveillants .
Le porc-épic ( double nuisible ) permet de lever ces freins , de faire sauter les verrous humains.
Un conte qui met en lumière la faiblesse de l'Homme.
L'auteur se demande qui , de l'humain ou l'animal , est la bête !
Il laisse la vie à l'animal et condamne l'homme .
En résumé , je suis tombé sous le charme de ce conte des plus originaux avec son lot d'interrogations .
En langage porc-épic.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 26 décembre 2009
Qu’est-ce que ces mémoires ? Un conte, en quelque sorte. Un conte moderne. Africain. Mais qui conserve une part de rationalité suffisante pour ne pas basculer totalement dans le surréel et l’onirisme. Surprenant néanmoins que ces absences de majuscule en débuts de paragraphes, et ces seules virgules …
Ce brave porc-épic a déjà bien vécu, et on n’est pas loin de penser qu’il arrive en fin de vie, lorsqu’il entreprend la relation de sa vie, et de ses méfaits, au baobab sous lequel il s’est réfugié. De porc-épic à baobab … ! C’est que ce porc-épic n’est pas n’importe qui : il est le double - animal de Kibandi, un africain aux pouvoirs un peu surnaturels, tels qu’avoir un double - humain, et un double - animal auquel il fait exécuter les basses besognes … En l’occurrence « manger des humains » (comprendre : leur prendre la vie). Ce double - animal, c’est donc notre porc-épic.
Voilà en quoi nous sommes dans le domaine du conte. Un conte violent et constellé de morts, morts à coup de piques projetées par notre brave porc-épic, obéissant en cela aux ordres donnés par Kibandi.
« j’appartiens plutôt au groupe des doubles nuisibles, nous sommes les plus agités des doubles , les plus redoutables, les moins répandus aussi, et comme tu peux le deviner la transmission d’un tel double est plus compliquée, plus restreinte, elle s’opère au cours de la dixième année du gamin, encore faut-il parvenir à lui faire avaler le breuvage initiatique appelé mayamvumbi, l’initié le boira régulièrement afin de ressentir l’état d’ivresse qui permet de se dédoubler, de libérer son autre lui-même, un clone boulimique sans cesse en train de courir, de cavaler, d’enjamber les rivières, de se terrer dans le feuillage quand il ne ronfle pas dans la case de l’initié, et moi, je me retrouvais au milieu de ces deux êtres, non pas en spectateur puisque, sans moi, l’autre lui-même de mon maître aurait succombé faute d’assouvir sa gloutonnerie, … »
Petite étrangeté que ce roman, à la fois très africain mais tout à fait accessible à notre sensibilité d’occidentaux. Qu’a voulu dire Eric Mabanckou … ?
La vie des hommes vue par un porc-épic
Critique de Morganitou (, Inscrite le 10 juillet 2006, 35 ans) - 10 octobre 2009
Il relate son épopée sanglante, la première fois qu'il dut tuer une jeune fille innocente pour assouvir la vengeance de Kibandi et les autres fois où il tua, de plus en plus nombreuses et répétées. Il est intéressant de faire la comparaison entre l'homme et l'animal, celui qui ordonne de tuer de plus en plus facilement et pour des raisons de plus en plus insignifiantes et celui qui y a rarement pris plaisir. L'un assouvit une quête meurtrière sans fin et l'autre devient las et même un peu honteux.
De même, ce roman ou conte met en perspective plusieurs sociétés, celle des hommes mais aussi celles des animaux, ainsi la communauté des porc-épics ressemble étrangement aux communautés humaines régies par des lois et un chef. L'animal se targue aussi d'un certain recul sur les humains, il ne comprend pas forcément ce qui les pousse à agir, ni leurs moeurs, mais il dépeint une société avec détails et beaucoup de critiques, c'est ce qui est drôle, des sorciers aux fabricants de vin de palme en passant par les blancs qui s'étonnent des coutumes locales. L'auteur, comme dans Verre Cassé, fait défiler une galerie de personnages étonnants et variés et pourtant si ordinaires du paysage africain.
A lire et à recommander !
Les aventures meurtrières d’un porc-épic !
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 30 avril 2009
Etonnante histoire...
Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 6 mars 2008
Après un début assez lent qui rappelle les contes africains traditionnels avec leur côté magique (le mort doit désigner son assassin en remuant dans son cercueil quand on le promène dans le village, Kibandi arrive à échapper à toutes les poursuites en se plaçant une noix dans l’anus…), l’action accélère et les forces de l’ombre dont le porc-épic n’est que l’instrument, se déchaînent…
L’auteur s’évertue à n’utiliser aucun signe de ponctuation autre que la virgule, ce qui rend le texte compact, assez peu lisible et plutôt lassant pour le lecteur qui se demande où on veut l’amener dans cette histoire un peu ésotérique voire vaguement philosophique. Pour ne rien arranger, le style est assez lourd, émaillé d’approximations grammaticales (erreurs d’utilisation de prépositions) un peu gênantes. Il est étonnant que le jury du Renaudot 2007 n’ait rien trouvé de mieux à couronner ?
Le conte Africain traditionnel revisité
Critique de Oxymore (Nantes, Inscrit le 25 mars 2005, 52 ans) - 14 avril 2007
Notre petit porc-épic va alors commencer à entretenir l'habitude de la lignée de Kibandi: tuer tous ceux qui oseront se mettre en travers des choix et voeux du jeune garçon. Le village de Séképembé va donc devenir le port d'attache de cet étrange duo guidé par un irrésistible atavisme.
Véritable conte africain, Mabanckou se sert des aveux d'un porc-épic à un grand Baobab pour dépeindre avec attachement toute la richesse et la verve des orateurs africains: sorciers, marabouts....
On y trouve des trésors de bon sens tels, "Quand on coupe les oreilles, le cou devrait s'inquiéter" ou encore ..."et si vous voyez un sourd courir, mes petits, ne vous posez pas de questions, suivez-le car il n'a pas entendu le danger, il l'a vu" (discours du vieux porc-épic aux siens).
Mabanckou s'amuse ouvertement et sans méchanceté de la grandiloquence des sorciers de village et quand l'un d'eux, poussé à bout s'emporte par ces mots ..."merde alors, silence, j'ai dit, vous voulez que je vous chasse d'ici, hein, vous voulez que je vous lance une armée d'abeilles au cul.".. on ne peut que sourire et s'étonner.
Mais l'auteur règle ses comptes avec l'Homme quand il fait dire au porc-épic "j'ai appris des hommes le sens de la digression, ils ne vont jamais droit au but, ils ouvrent des parenthèses qu'ils oublient de refermer". Quoi qu'il en soit, ce roman est un petit bonheur permanent qui se lit avec une grande facilité, qui procure de vraies joies toutes simples et un brin nostalgiques.
A noter pour la Forme que le roman est étrangement découpé et une absence totale ou presque de ponctuation puisqu'on n'y trouve que la virgule.
Nom d'un porc-épic, en voila une histoire!
Critique de Nana31 (toulouse, Inscrite le 29 janvier 2006, 55 ans) - 27 janvier 2007
Humour, tendresse, ironie, sont au rendez-vous dans ce roman.
Je me suis laissée entrainer dans cette histoire et j'ai beaucoup aimé.
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