Pereira prétend de Antonio Tabucchi
( Sostiene Pereira)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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La liberté d'être et de dire dans un magnifique roman existentialiste
Ce roman existentialiste est un livre attachant, profond, et semble si vrai qu’on aimerait croiser Pereira au coin de la rue.
C'est au travers d’un héros qui a tout de " monsieur tout le monde " que Tabucchi parvient à faire passer de grandes idées humanistes et démocratiques, idées qu’il fait vivre dans le Potugal salazariste de 1938 mais qui sont intemporelles : la liberté, celle d’être et de dire.
Pereira est journaliste à la page culturelle du LISBOA, il est gros, veuf, triste, et vit passivement entre son bureau, le portrait de sa femme défunte et ses citronnades . Il engage un jeune stagiaire qui va bousculer sa vie tranquille et son existence va prendre un autre sens.
Le style du livre exprime un grand respect de l'homme et énormément de chaleur humaine. C’est un livre extrêmement émouvant, proche, et simplement beau. Si j’étais prof de français, je le ferais lire à tous mes élèves... Et vous verrez, après la dernière page, vous aurez envie d'une omelette aux herbes...
Les éditions
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Pereira prétend [Texte imprimé], un témoignage Antonio Tabucchi trad. de l'italien par Bernard Comment
de Tabucchi, Antonio Comment, Bernard (Traducteur)
Christian Bourgois
ISBN : 9782267012903 ; 15,24 € ; 07/04/1995 ; 218 p. ; Broché -
Pereira prétend: Un témoignage
de Tabucchi, Antonio Comment, Bernard (Traducteur)
Gallimard
ISBN : 9782070338429 ; 7,50 € ; 24/06/2010 ; 224 p. ; Broché -
Pereira prétend
de Tabucchi, Antonio
10-18
ISBN : 9782264024589 ; EUR 6,60 ; 12/09/1999 ; 219 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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Original, mais un peu vain
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 8 février 2017
Choisir son camp
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 31 août 2014
Pereira prétend donc avoir rencontré, dans le cadre de ses fonctions bien pompeuses, considérant qu’il était seul pour tenir la page culturelle de son journal, un jeune étudiant désargenté auquel il aurait proposé de rédiger des nécrologies anticipées et des éphémérides pour gagner un peu d’argent. Le jeune homme s’exécute mais ne produit que des textes absolument impubliables dans un journal rigoureusement aligné sur les positions politiques du gouvernement de Salazar. Il ne propose que des textes concernant des écrivains révolutionnaires alors que Pereira lui demande de préparer des documents sur les écrivains catholiques français : Bernanos, Claudel, Mauriac, etc… Rapidement le directeur culturel comprend que son pigiste est avant tout un militant engagé dans la lutte contre le pouvoir totalitaire et qu’il utilise les quelques fonds qu’il lui verse et sa bonté naturelle pour financer ses actions militantes sous la férule de la belle Marta, la jeune femme qu’il courtise et qui semble lui dicter sa conduite.
Le vieux journaliste cardiaque, Pereira, ne veut plus entendre parler de politique, il veut se tenir dans une stricte neutralité confortable en ne s’intéressant qu’à des auteurs du XIX° siècle, français de préférence. Mais progressivement, sous l’influence et le charme de la jeune femme, ses idées évoluent, il éprouve une certaine sympathie pour ces deux jeunes qui luttent contre le salazarisme dans leur pays mais aussi contre le franquisme qui essaie de conquérir le pouvoir par les armes en Espagne. Et, plus la situation son pigiste devenant dangereuse, plus il s’implique auprès des deux jeunes militants jusqu’au jour fatal où tout semble s’écrouler mais où le vieux journaliste choisira définitivement son camp en montant une combine diabolique.
C’est du Tabucchi pur jus, du Tabucchi comme je l’aime, une intrigue savamment construite, diabolique, imparable, une écriture claire, juste, précise ; un style qui coule comme le Tage en période pas trop pluvieuse, qui rend la lecture facile et agréable ; une histoire où les méchants sont très méchants, à la tête du pays, mais où les âmes vaillantes parviennent à les faire vaciller. Dans ce roman comme dans plusieurs autres, il étale sa double culture italienne et portugaise, son héros, Monteiro Rossi, étant lui-même italo-portugais, il porte d’ailleurs pour prénom le nom d’un autre de ses héros, celui de « La tête perdue de Damasceno Monteiro » qui se déroule aussi au Portugal.
« Pereira prétend » est devenu un symbole de la lutte contre le pouvoir totalitaire et, en Italie, les opposants à Berlusconi l’ont choisi comme icône.
Un roman humaniste
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 30 juin 2012
Ce livre est donc éminemment porteur d'espérance, sur la faculté de l'humanité à lutter contre ses pires démons. C'est l'un des meilleurs que j'ai lus de l'auteur.
Quand il faut dire stop
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 19 décembre 2010
Pereira n'est pas indifférent à ce qui se passe dans son pays, il veut simplement ne pas s'impliquer dans la politique de celui-ci.
Sa position va néanmoins évoluer quand il rencontrera un jeune homme du nom de Rossi engagé maladroitement dans la résistance. En s'informant il affirmera son jugement jusqu'à ce qu'un drame le conduise à faire son choix et à abandonner sa petite vie tranquille.
Un livre très humain sur le réveil des consciences. Comment contester quand l'opposition est supprimée et qu'aucune information critique ne passe. Comment évaluer ce qui est acceptable de ce qui ne l'est plus.
C'est parce qu'il va rencontrer des dissidents, apprendre que le clergé n'est pas unanimement derrière le fascisme et obtenir des informations sur le conflit civil voisin, qu'il va mûrir son opinion.
Il faut signaler que le livre répète en permanence "Pereira prétend". Il n'y a pas de réponse à cet usage mais il sonne comme un doute sur les actes de Pereira. Comme si le courage de résister au péril de sa vie était toujours suspect.
Bonne lecture
Chouette, un lisboète
Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 9 novembre 2010
Procès verbal d'un homme sans qualité
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 20 décembre 2006
Ce livre est une merveille d’intelligence, de chaleur humaine, de solidarité inexprimée avant d’être courageusement affirmée. La construction du récit, qui se dit être un témoignage, est d’une grande subtilité et plus encore c’est un livre de grâce comme auraient pu l’écrire ces écrivains catholiques français, Mauriac, Bernanos ou Maritain que Pereira prétend tant aimer.
C’est un livre de résistant qui donne le courage de se battre quand tout est perdu, qui révèle le bien en chacun de nous, nous ces hommes sans qualité - pour reprendre le titre du livre de Robert Musil- qui demain pourront être confrontés à une situation semblable. Comment réagirions nous ? Il y a des héros qui s’ignorent comme ce Pereira qui devient au fil du talent de Tabucchi un « refuznik » avant l’heure.
C’est aussi le livre d’un très grand écrivain : la solitude, la détresse de Pereira, sa tendresse aussi, magnifiée par le portrait de cette femme morte et pourtant si présente, tout cela est admirablement décrit ou suggéré car Tabucchi n’a pas besoin de beaucoup de pages pour se faire bien comprendre et nous emmener là où il veut, au plus près de l’humain.
C’est le livre d’un humaniste qui décrit par touches minuscules cette dictature soi disant molle, si on la compare à celle de quelques autres et pourtant si cruelle et odieuse. Salazar n’était pas ce bourgeois bien mis qui allait à la messe tous les matins, comme il fut souvent décrit par une presse complaisante. C’était d’abord un dictateur qui s’appuyait sur une redoutable police politique, la PIDE. Mais cet impitoyable ramassis de brutes et de nervis ne peut arrêter la vie, l’amour, détruire la beauté de ce pays, de cette ville, Lisbonne, sous le soleil éclatant de l’été, même si, page après page, on est pris par cet étouffement de la ville qui n’est que la traduction climatique de l’étouffement démocratique. « Cette ville pue la mort, toute l’Europe pue la mort », pense un moment Pereira mais c’est de cette puanteur et de cette mort que surgira la vie.
« Je préfère la littérature qui pose des questions à celle qui fournit des réponses » a dit un jour Antonio Tabucchi. « Pereira prétend » n’apporte aucune réponse si ce n’est, une fois encore, sur le pouvoir de la littérature. Tabucchi a le génie de nous laisser imaginer la suite de son histoire, rendant ainsi au lecteur sa responsabilité première : devenir l’acteur de son destin au lieu d’en demeurer le témoin ou, pire encore, le passif spectateur.
Je n’ai pu m’empêcher de penser en relisant ce que l’auteur appelle un témoignage à ce tableau de Picasso « Le marin ». Il a été lui aussi peint à la fin de l’été 38, époque où précisément se situe l’action du livre. Cet autoportrait est grave avec un regard presque accusateur. Un gros trait noir cerne les couleurs. L’homme est figé, comme attendant une catastrophe et pourtant il porte un maillot rayé pour la plage. Cet homme, c’est Pereira qui, sous un aspect ordinaire, va accomplir l’inattendu, l’extraordinaire : retrouver sa dignité.
A lire et à relire.
Magnifique
Critique de BackwardsMan (, Inscrit le 23 avril 2006, 64 ans) - 22 août 2006
Je ne suis pas loin de penser qu'il s'agit de la plus grande réussite de son auteur.
Un très beau livre !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 26 juillet 2001
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