Le roman de la Cité Interdite de Jirō Asada
(Sokyu no subaru)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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La Chine est impériale
L'empire du Milieu. Le milieu de notre planète. Sa splendeur, sa décadence ; parfois conquis, jamais totalement soumis. Plusieurs fois millénaire, c'est les années de l'empire à la fin du 19ème siècle que nous raconte ce livre. Tout y est. La fin d'une dynastie ; des puissances étrangères qui complotent, l'investissent ; une modernité qui peu à peu s'installe à côté d'une tradition impériale solidement affirmée. Voilà pour le cadre historique et ses faits avérés. Le roman peut commencer ; il a son cadre.
La réalité côtoie la fiction. Les allers retours entre les deux se multiplient dans un joyeux mélange qu'il m'est impossible de démêler.
Qu'importe, le charme de ce roman historique fonctionne à plein. Les prédictions surnaturelles de Paï-Taï, la volonté de ce jeune eunuque Tchouen-yun, la sagesse de Wen Siou nous accompagnent.
Ils vont flirter avec le pouvoir, les intrigues se nouent ; l'empire pourra vaciller.
Ce roman recèle également quelques scènes mémorables. Fiction ou réalité, je ne sais pas mais à elles seules méritent le livre. Le passage des examens selon le rite ancestral ou encore la scène de la castration sont prodigieuses. Les descriptions de la Cité Interdite sont également magnifiques.
L'écriture est foisonnante, débordante, jaillissante. La fin se termine par une queue de poisson mais pouvait il en être autrement ? Probablement pas, c'est une fresque historique. Le livre n'a pas de fin car tout simplement la Chine n'a pas de fin.
Les éditions
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Le roman de la Cité interdite [Texte imprimé] Asada Jirô trad. du japonais par Corinne Atlan
de Asada, Jirō Atlan, Corinne (Traducteur)
Editions Philippe Picquier / Omnibus
ISBN : 9782877305808 ; 1,97 € ; 26/01/2002 ; 958 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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Magnifique épopée
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 30 août 2009
Dès les premières pages, ce livre vous transporte au cœur de la cité interdite, à la fin du 19ème siècle, et au centre d’une épopée flamboyante qui emporte et ravit à chaque page. Ce roman historique a le souffle des grands récits épiques d’un autre temps, et quel bonheur de lecture ! Même s’il est écrit en prose, il est totalement empreint de poésie.
L’histoire est celle d’un jeune garçon né sous le signe de la misère et voué à une mort certaine, à qui une vieille diseuse de bonne aventure prédit un brillant avenir. A partir de cet instant, cet enfant n’aura de cesse de faire se réaliser cette prédiction et forgera lui-même son destin, ne reculant devant rien pour y parvenir. Rien, y compris l’automutilation ; ce qui donnera d’ailleurs l’un des passages les plus forts de ce livre.
Le compagnon de route et de récit de cette histoire est Wen-Siou, jeune homme sensible et brillant qui, suite à sa réussite aux plus hauts concours de l’administration, sera amené à occuper un poste important qui le conduira à côtoyer les plus hauts personnages de la cour, parmi lesquels l’impératrice Tseu-Hi, qui régente la cité interdite et le pays. Une impératrice autoritaire voire tyrannique, crainte et respectée, mais aussi haïe, que d’aucuns veulent renverser. Le coup d’état fomenté contre elle occupe d’ailleurs une part importante de ce roman, l’auteur décortiquant à cette occasion tous les mécanismes du pouvoir.
Nos deux héros, au cours de leur long périple, connaîtront donc joies et déboires, périls et honneurs, jusqu’à une conclusion certes attendue mais néanmoins belle. Ils croiseront bien sûr des personnages nombreux et connus (la référence à Mao m’a surprise et soufflée), le tout au fil de mille pages haletantes et lyriques dont le rythme ne s’essouffle jamais.
Du grand art. Un très grand roman
On s’y croirait
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 10 mai 2009
La dynastie Ts’ing est sur sa fin et l’Empire céleste lui-même sait qu’il va bientôt mourir dépecé par les puissances occidentales et vicié qu’il est, de l’intérieur, par les rivalités, les coteries… Asada nous fait vivre tout cela de l’intérieur et les rites, le cérémonial, les traditions, le vocabulaire sont autant d’éléments qui conduisent vers cette « Chine carte postale historique » sans doute bien éloignée de la Chine populairement capitaliste d’aujourd’hui que je ne connais ni l’une, ni l’autre.
Je ne suis pas sinologue, loin de là, mais Asada (japonais) m’a donné envie… d’en savoir plus, aidé aussi par les films de Zhang Yimou qui mit des images (et quelles images) sur les mots que je lisais…
J’oublie d’en dire tant il y en a, mais l’histoire du petit Li, de l’Impératrice douairière Ts’eu-Hi et du mandarin Wen-Sieou constituent tout de même l’essentiel de ce roman qui vous emporte dans la divination mais aussi dans la force d’extraction et la motivation dont l’Homme, même mutilé, peut faire preuve.
Cette cité interdite, c’est aussi l’évocation des décadences politiques, des fins de régime, des sociétés qui exigent l’air dont elles ont besoin pour se ressourcer quitte à brûler tout ce qu’elles ont construit pendant si longtemps.
J’avais offert ce livre sans l’avoir lu il y a quelques années, il a marqué son lecteur et une envie forte de partage m’est venue… clin d’œil… fallait-il que mon ami lût récemment une biographie évoquant un personnage qui passe subrepticement dans cette Cité Interdite ? Signe de plus que les signes sont toujours des messages.
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