Oasis interdites : De Pékin au Cachemire, une femme à travers l'Asie centrale en 1935 de Ella Maillart

Oasis interdites : De Pékin au Cachemire, une femme à travers l'Asie centrale en 1935 de Ella Maillart

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par LaurenceH, le 26 juin 2006 (Inscrite le 5 juin 2006, 42 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 784ème position).
Visites : 5 431  (depuis Novembre 2007)

Un récit magnifique !

Quel formidable récit que celui d’Ella Maillart dans la Chine des années trente ! Cette voyageuse exceptionnelle, aventurière et navigatrice, née à Genève en 1903, est avant tout une grande sportive. Dans les années trente, elle entreprend une série de voyages en Asie centrale, en URSS, en Chine et en Asie Mineure. "Oasis interdites" est l’histoire de sa traversée de la Chine, d’est en ouest, en compagnie de son ami Peter Fleming, correspondant du Times. Pour ces deux fortes personnalités dont on suit les pas singuliers, un seul objectif : atteindre clandestinement les oasis interdites du Sinkiang, puis rejoindre le Cachemire, par les cols muletiers du Pamir et du Karakoram. Formidable !

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Les éditions

  • Oasis interdites [Texte imprimé], de Pékin au Cachemire Ella Maillart préf. de Nicolas Bouvier
    de Maillart, Ella
    Payot & Rivages / Petite bibliothèque Payot (Paris).
    ISBN : 9782228895170 ; 9,95 € ; 17/03/2004 ; 352 p. ; Poche
  • Oasis interdites : De Pékin au Cachemire - Une femme à travers l'Asie centrale en 1935
    de Maillart, Ella Bouvier, Nicolas (Préfacier)
    Payot & Rivages
    ISBN : 9782228922265 ; EUR 22,80 ; 07/11/2018 ; 415 p. ; Broché
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Dépaysement garanti

8 étoiles

Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans) - 7 juillet 2019

L’exploit est à souligner, ce long voyage de janvier à septembre 1935 en Asie centrale au départ de Pékin effectué par deux européens, la narratrice Ella Maillart déjà connue pour ses expéditions intrépides et un correspondant britannique du Times Peter Fleming plutôt dilettante. C’est une période où la zone habitée d’un côté par les chinois, de l’autre par les musulmans du Turkestan chinois appartenant à de nombreuses ethnies est interdite à la circulation, en proie de part en part aux incessants conflits, tumultes, soulèvements et révolutions, agitée de surcroit par les impérialismes antagonistes des japonais, des soviétiques, des britanniques pendant que la Chine affaiblie se déchire entre les nationalistes de Chiang Kaï-chek et les communistes de Mao Zedong.
Ensemble ils ont traversé les provinces d’est en ouest dont certaines grandes comme deux fois la France : Hebei, Henan, Shaanxi, Gansu, Qinghai, Xinjiang jusqu’à Kachgar. Pour rejoindre Srinagar la capitale du Cachemire terme de leur odyssée, ils ont bifurqué vers le sud par les cols enneigés à près de 5000m des monts Pamir entre l’Hindou Kouch et le Karakoram. Commencé en train le voyage s’est poursuivi en camions, en caravanes à pied, à dos d’âne, de cheval, de chameau dans le froid, le chaud, le vent, à la dure dans d’immenses déserts loin de toute communication et vie civilisée. Il fallait plus que du courage, surtout une bonne dose d’inconscience pour s’aventurer sans parler les dialectes locaux dans des régions aussi inhospitalières.
Ayant surmonté sans préjudice ni accident toutes les péripéties inhérentes à leur expédition « sauvage », ils en ont rapporté chacun des souvenirs pour toute une vie. Plusieurs dizaines de photos illustrent le récit circonstancié d’Ella Maillart qui explique à la fin son besoin de perpétuel dépassement pour laisser pense-t-elle une marque de sa présence sur Terre. D’aucuns s’offusqueront des « rôles » respectifs de Peter partant noblement à la chasse pour assurer la pitance, d’Ella à qui sont dévolus la tambouille, le lavage, le raccommodage, de leur dureté commune envers les indigènes et les animaux de bâts souvent blessés. On est loin ici de la poésie dégagée par le périple un siècle auparavant du missionnaire lazariste E. Huc entre le Tibet et la Rivière des Perles à Canton.

Voyager avec Ella Maillart

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 22 décembre 2009

Quel bonheur que de voyager avec Ella Maillart ! Au fond, un livre d'Ella Maillart, c'est un peu toujours la même chose : le livre débute alors que Ella s'est mise en tête d'aller dans un endroit improbable, une région que personne n'a encore visitée par exemple. Elle fait ses préparatifs, les bagages, les renseignements (un moment toujours amusant : par exemple cette fois-ci elle se renseigne auprès du Père Teilhard de Chardin qui avait voyagé dans les même contrées avec l'expédition Citroën). Ensuite c'est le grand voyage, qu'elle nous raconte avec son ton particulier, un ton un peu décalé, avec recul et légèreté. Tout semble facile et naturel avec elle.

Cette fois ci, elle est à Pékin, en 1936. Elle s'est mise en tête d'aller dans la province de Sinkiang, pour la bonne raison que c'est interdit et que personne n'y est allé depuis longtemps. C'est à l'ouest de la Chine, de l'autre côté que Pékin, elle longera la Mongolie et le Tibet, et ensuite elle partira vers l'Inde. Elle sera accompagnée dans son périple de Peter Fleming, correspondant au Times et voyageur de la même trempe qu'elle. Ce Peter a des dons de diplomatie exceptionnels : avec son flegme britannique, il sait arranger toute les tracasseries administratives, que ce soit grâce au bluff, à la flatterie, ou au culot !

Je trouve les récits de Ella Maillart incroyablement délassants. Il se dégage une grande sérénité de ses récits, de son observation toujours un peu décalée, avec un léger recul, des choses et des gens. Avec elle, ce ne sont pas de grandes envolées lyriques, les choses paraissent simples. Elle a le ton juste, et ses voyages sont vraiment pleins de charme, avec un double dépaysement : le dépaysement du à l'époque et celui du aux vastes étendues d'Asie et ses étranges populations qu'elle décrit si bien. J'ai lu pas mal de livres de Ella Maillart, et celui-ci est mon préféré. A noter : une courte préface de Nicolas Bouvier.

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