Qui a tué Palomino Molero? de Mario Vargas Llosa

Qui a tué Palomino Molero? de Mario Vargas Llosa
( Quén mató a Palomino Molero ?)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers , Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Septularisen, le 2 mai 2006 (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 253ème position).
Visites : 12 252  (depuis Novembre 2007)

SUSPENSE SANS FAILLE!

Le sergent Lituma du poste de gendarmerie de Talara est appelé au fin fond de la campagne péruvienne. Un jeune berger vient de découvrir un cadavre horriblement mutilé. A son arrivée sur le lieu Lituma n'en croit pas ses yeux… Il découvre le corps d'un jeune homme aux cheveux noirs, pendu et en même temps embroché sur un arbre, le nez et la bouche tailladés, avec des ecchymoses, des plaies et des brûlures de cigarettes sur tout le corps… et comme si cela ne suffisait pas on a tenté de le châtrer…

Très vite le cadavre est identifié, il s'agit de Palomino Molero, un jeune mécanicien de la base aérienne militaire de Piura, au demeurant plutôt beau gosse charmeur, excellent chanteur et joueur de guitare.

Le sergent Lituma, flanqué de son supérieur hiérarchique l'extravagant lieutenant Silva (qui pense plus à séduire la plantureuse Dona Adriana qu'à résoudre le meurtre…) commencent l'enquête. Malheureusement ils se heurtent à une fin de non recevoir du commandant de la base de Piura, le colonel Mindreau, qui refuse absolument que l'on interroge le personnel de la base, d'autant plus que Molero était un déserteur…

Or, celui-ci allait tout les soirs chanter la sérénade dans le quartier résidentiel de la base… Entretenait-il une liaison avec l'épouse d'un officier? A-t-il été surpris par un mari jaloux?

L'enquête semble au point mort, quand une mystérieuse lettre anonyme conduit nos deux gendarmes sur une toute nouvelle piste…

Plus qu'une simple enquête policière, très bien faite d'ailleurs avec du suspense, et de nombreux rebondissements, c'est avant tout la description d'un pays que nous présente VARGAS LLOSA. Un pays avec ses us et coutumes, ses mœurs, son extrême pauvreté, sa corruption, ses règles non écrites, sa misère, ses problèmes sociaux, sa population haute en couleur…
Tout cela constitue le véritable ciment du livre, et sans doute la partie la plus intéressante de celui-ci. A lire p. ex. les magnifiques descriptions des "restaurants" et hôtels de la campagne péruvienne, qui tiennent plus des gargotes et des greniers aménagés…

Le tout nous est présenté avec une très grande dose d'humour (malgré le sujet assez grave) qui ne manquera pas d'arracher quelques larges sourires au lecteur.

Il faut enfin dire aussi que les deux personnages principaux le Sergent Lituma (par ailleurs celui qui raconte l'histoire) et son supérieur hiérarchique le lieutenant Silva sont particulièrement attachants. Leur psychologie est particulièrement bien décrite et très détaillée. Leurs pensées nous sont détaillées par le menu et à la fin du livre ils n'ont plus de secrets pour le lecteur. On se sent dans la peu des deux gendarmes et on est triste des malheurs qui leurs arrivent…

En fin de compte, un petit livre court, facile, qui se lit en quelques heures et pas ennuyeux du tout.

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Ouvrage qui précède "Lituma dans les Andes"

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 31 octobre 2022

Quinze ans après avoir lu – et apprécié - Lituma dans les Andes, je m’aperçois que le roman que je suis en train de lire, Qui a tué Palomino Molero ?, est en quelque sorte une première partie, celle qui explique pourquoi le sergent Lituma, l’homme de la côte, est muté disciplinairement dans les Andes. Fabuleuses mais terribles Andes.
Mais foin d’Andes ici, nous sommes à Talara, petite ville sur la côte Pacifique péruvienne, où la tranquillité du trou perdu est plus que troublée par la découverte d’un corps de jeune homme, accroché à un arbre et mutilé après avoir été manifestement torturé.

»Le gars était à la fois pendu et embroché sur le vieux caroubier, dans une position si absurde qu’il ressemblait davantage à un épouvantail ou à un pantin de carnaval démantibulé qu’à un cadavre. Avant ou après l’avoir tué on l’avait réduit en charpie, avec un acharnement sans borne : il avait le nez et la bouche tailladés, des caillots de sang séché, des ecchymoses et des plaies, des brûlures de cigarette sur tout le corps et, comme si ce n’était pas assez, Lituma comprit qu’on avait aussi tenté de le châtrer, parce que ses testicules pendaient jusqu’à mi-jambe. »

Et qui va se coltiner l’enquête, évoluant en terrain miné dans la mesure où le cadavre est identifié comme étant celui de … Palomino Molero (ah oui ! le titre !), qui travaille comme mécanicien à la base aérienne militaire locale ? Bien sûr le sergent Lituma et son supérieur, le pittoresque lieutenant Silva.
Oui, quand je parle de terrain miné, c’est que si la population vivote dans la misère, la base aérienne et les militaires constituent un monde à part, dans l’aisance et quasi l’impunité.
L’intérêt de ce roman, qu’on pourrait qualifier de « pré-polar » c’est, outre l’enquête elle-même, ce qu’il révèle de la vie dans un tel milieu pauvre péruvien dans la seconde moitié du XXème siècle, quand le « Sentier Lumineux », organisation éminemment terroriste est encore à l’œuvre, des écarts de niveau de vie et de comportements d’avec une institution telle l’armée, le tout sous la plume – on ne le redira jamais assez – très chatoyante de Mario Vargas Llosa.
Un très bon moment de lecture !

Suspense péruvien

7 étoiles

Critique de ARL (Montréal, Inscrit le 6 septembre 2014, 38 ans) - 30 novembre 2018

Mon premier Mario Vargas Llosa, auteur péruvien nobélisé en 2010. Je ne crois pas qu'il s'agisse de son plus grand roman, ni de son plus connu, mais il est assez court pour servir d'introduction rapide. Comme le laisse présager son titre, "Qui a tué Palomino Molero?" est un suspense, une enquête policière dans les règles de l'art, rehaussé par la qualité de l'écriture de Vargas Llosa. L'enquête est en elle-même bien développée, mais le roman brille surtout par ses personnages truculents, ses dialogues tragi-comiques et son ambiance enveloppante. L'auteur profite aussi de cette histoire de meurtre pour dénoncer la corruption des policiers, puis l'hypocrisie et la violence des militaires. Le langage est très cru, très direct, à l'image des personnages qu'il met en scène. J'ai bien apprécié cette lecture, assez pour me donner le goût de lire d'autres romans de Vargas Llosa, mais j'en aurais pris plus. Ça veut dire que c'est bon, mais ça veut aussi dire que ça m'a laissé un peu sur ma faim.

Grossiers mais attachants

7 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 20 septembre 2017

Curieux de découvrir un auteur prolifique et récompensé par le prix Nobel de littérature en 2010, je crois avoir choisi un roman assez facile et qui possède des caractéristiques de l’écriture sud-américaine influencée à la fois par les romans sociaux nord-américains, tout en ayant cette forme de dérision typiquement latino.

Si le langage cru des personnages m’a surpris, c’est comme déjà souligné l’ambiance générale de cette société sud-américaine qui marquera le lecteur, soit un peuple composé de gens attachants, imprégnée par une pauvreté matérielle et oppressée par les pouvoirs de quelques-uns, comme une fatalité.

Ce roman aux accents de polar vaut surtout pour cette ambiance unique et la complicité de ces deux flics débrayés.

Une bonne mise en bouche pour inciter à la découverte d’autres romans de Vargas Llosa, mais il est prématuré de crier au génie sur base de ce bon petit roman.

Polar, sexe et coutumes locales

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 20 avril 2012

La vie locale péruvienne est dépeinte au travers d'un fait divers et de l'enquête qui s'ensuit. Le mobile semble fort être d'ordre sentimental, et aussi le sexe est-il fort présent tout au long de cette intrigue, rondement menée, burlesque, sanglante, pittoresque, foisonnante de personnages hauts en couleurs, pleins de rancunes et de fantasmes.
Ce livre est drôle. Il permet de dénicher des clichés sur les désirs respectifs des deux sexes et de découvrir un peu le Pérou profond.

"Bordel de merde de vérole de cul ! "

7 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 4 avril 2012

C'est sur cette douce exclamation que s'ouvre et se referme ce court roman .
En effet ; que dire d'autre après avoir découvert le corps atrocement mutilé de Palomino Molero ?
Le Sergent Lituma et le Lieutenant Silva - gendarmes de la garde civile basés à Talara (ville portuaire du Pérou) , vont mener l'enquête et tenter de démasquer le coupable.
Mais l'affaire s'annonce difficile car la victime est mécanicien sur la base aérienne de Talara.... dépendant donc des autorités militaires.
On apprend rapidement que Palomino fréquentait la fille du commandant Mindreau , responsable de la base .
S'ensuit alors une série d'affrontements.
Gendarmerie contre la Police militaire .
Métis contre Blanc.
Troufion contre officier.
Je ne dévoilerai pas ici les conclusions de l'enquête (qui semblent restées opaques)
L'intérêt de ce roman est davantage porté sur les personnages. Les "couples" Silva/Lituma et Silva/Dona Adriana ( 200% d'accord avec Alma ! ) sont croustillants .
Et les quelques descriptions de paysages du Pérou :
" Le soleil qui fore les pierres et les crânes "
" Le village comme une tache livide et métallique, près de la mer vert plomb,sans vagues."
Et pour finir , je rejoins une nouvelle fois Alma..... un éloge à la femme plantureuse, à la maîtresse-femme !

Bref , un excellent moment de lecture .

Sergent Lituma

8 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 59 ans) - 30 novembre 2010

C'est un polar, on découvre le cadavre à la première page !
L'enquête est bien menée.
Mais avant tout, l'auteur nous décrit la vie au Pérou avec sa corruption, sa misère, ses "cafés"... sans jamais nous lasser.
A lire absolument et pourquoi pas à poursuivre avec "Lituma dans les Landes".

Eloge de la femme plantureuse

8 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 23 novembre 2010

Qui a tué Palomino Molero ? La solution de l’énigme liée au meurtre qui a brisé le couple des attendrissants Roméo et Juliette péruviens apparaît rapidement à l’esprit du lecteur . L’intérêt du roman se situe ailleurs …, pour moi, sur les deux autres couples qui forment un contrepoint distrayant à l’horreur du supplice enduré par Palomino Molero .

Le premier : celui des deux pandores : le lieutenant Silva et le gendarme Lituma, une sorte de taiseux qui admire en silence l’aisance avec laquelle son supérieur mène ses interrogatoires et obtient des renseignements , lui , qui est « un peu lent de la comprenette », comme le lui reproche gentiment le lieutenant, et forme un avec lui un tandem classique d’enquêteurs opposés et complémentaires .

Le second : le couple Silva et Dona Adriana dont les formes rebondies obsédent Silva , qui n’hésite pas à faire partager à Lituma le spectacle de cette Vénus callipyge au sortir du bain . Le roman pourrait d’ailleurs porter comme sous-titre : Eloge de la femme bien en chair . ….

Les passages où apparaissent ces duos tiennent de la comédie, dédramatisent la tragédie initiale mais leurs acteurs sortent de scène bien amers : le lieutenant vient de vivre une cuisante et gênante déconfiture face à Dona Adriana avant de se voir muté , tout comme Lituma, dans un coin perdu de la sierra . On retrouvera ainsi Lituma pour une autre enquête dans un autre roman policier : Lituma dans les Andes publié quelques années plus tard .

Beaucoup de psychologie

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 26 octobre 2010

Une vue de la situation au Pérou hors des grandes villes.

D'un côté les gendarmes, proches de la population et de l'autre les blancs et les officiers imbuvables à l'image de leur colonel.

Beaucoup de psychologie dans ce livre, beaucoup d'humanité aussi du côté des gendarmes et du peuple.

Quelques scènes sont d'anthologie. Je mets dans cette catégorie l'amour obsessionnel du Lieutenant de gendarmerie pour Donia Adriana: truculent ! Le langage qu'il emploie pour le justifier, ses façons de parler et de s'y prendre avec l'intéressée sont typiques de l'Amérique latine. Tout comme la description de son échec !

Nous rejoignons ici Garcia Marquez décrivant le comportement sexuel courant en Colombie.

Une autre scène extraordinaire se développe à la fin du livre dans le bistro du village. La population fait son analyse personnelle du meurtre commis. Tout est bon sauf la réalité ! Il en faut plus et nous passons par plusieurs stades. Un trafic de drogue, une histoire d'homosexuels, de l'espionnage etc.

Une très belle écriture aussi que celle de Vargas llosa.

Un livre nettement moins dur que "La fête au bouc" qui, à mon sens reste son chef-d'oeuvre.

Plus qu'une enquête, un roman sur le Pérou

8 étoiles

Critique de Tirolina (Poitiers, Inscrite le 9 avril 2006, 34 ans) - 29 juin 2006

Vargas LLosa nous offre ici un petit livre chatoyant et explosif, une vraie fausse description d'un Pérou un peu romancé mais si pitoresque, une enquête policière pleine de suspens en toile de fond, et des personnages attachants, drôles et émouvants.

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