Ruy Blas de Victor Hugo
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre , Littérature => Francophone
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Hernani vs Ruy Blas
Dire Hugo, drame romantique, c'est convoquer de suite Hernani, la bataille de 1830, le jeune Théophile "au gilet rouge et aux longs cheveux", les débordements de Mlle Mars, la cabale et la claque...et c'est souvent oublier Ruy Blas.
Ruy Blas, huit ans après Hernani, s'impose comme le héros romantique parfait: il est valet, il Est le peuple, il est pourtant la noblesse incarnée, quand le royaume décadent est vil..
Je l'ai lu, relu, dévoré : Don Salluste de Bazan, exilé de la cour espagnole par la jeune reine dona Maria de Neubourg, entreprend de se venger, en demandant à son cousin don César de la dévoyer. Ce dernier refuse, mais don Salluste , entendant son propre valet Ruy Blas avouer à don César son amour pour la reine, parfait sa diabolique machination: il fait enlever son cousin, et ordonne au valet, sous le titre de don césar, de séduire la reine. Lasse de la froideur de son époux, le roi Charles II, qui la délaisse pour aller à la chasse. Jeune femme rêveuse et romantique (encore une victime du bovarysme), la reine est perdue par ce billet doux écrit par Ruy Blas:
"Madame, sous vos pieds, dans l'ombre, un homme est là
Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile;
Qui souffre, ver de terre amoureux d'une étoile;
Qui pour vous donnera son âme, s'il le faut;
Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut."
Quand le roi, à la scène suivante, envoie cette lettre "madame, il fait grand froid et j'ai tué six loups", comment ne pas succomber?
En six mois, Ruy blas devient premier ministre, fustige avec force mépris les ministres corrompus ("bon appétit messieurs!"), et voit la reine lui déclarer son amour, et son estime, s'ensuit un acte cosmopolite (Le quatrième) qui voit ressurgir don César, adjuvant de Ruy Blas, don Salluste enfin veut précipiter le déshonneur de la reine, en donnant à celle-ci un faux rendez vous avec son valet. Ce dernier par honneur, par amour, tue son maître pour épargner celle qu'il aime, et s'empoisonne , mourant dans les bras de son aimée qui l'appelle enfin par son nom.
Avec cette oeuvre, Hugo noue sublime et grotesque tels qu'il les avait définis dans la préface de Cromwell: certes, on sourit du romantisme désuet, suranné -pour ne pas dire gnangnan parfois- de la jeune reine, de ses soubresauts d'honneur qui jalonnent l’œuvre (non, je ne ferai pas cela, vil pendard que vous êtes, bouh, vilain!), de ces imbroglios hugoliens (oui, tu étais derrière la porte, je t'ai vu, viens te battre si t'es un homme) MAIS voilà : à l'instar de Lorenzaccio de Musset (qu'aucun homme ne voulut jouer pendant presque un siècle....) Ruy Blas reste celui qui se sacrifie non seulement par amour, mais aussi pour le peuple qu'il incarne, et c'est le pas franchi entre le premier et le dernier mot du texte qui montre cette ascension sociable impossible(il en meurt) mais dont le rêve en réalise tout de même une certaine concrétisation: du "Ruy Blas, fermez la porte (valet)",de don Salluste, on glisse au "Ruy Blas", noble, et même roi de la reine.
Alors...Hernani, ou Ruy Blas?
Les éditions
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Ruy Blas [Texte imprimé], drame Hugo éd. présentée, annotée et commentée par Claude Eterstein,... et Sylvie Dauvin,...
de Hugo, Victor Eterstein, Claude (Editeur scientifique) Dauvin, Sylvie (Editeur scientifique)
Larousse-Bordas / Petits classiques Larousse.
ISBN : 9782038717198 ; 9,90 € ; 31/01/2000 ; 271 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (8)
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Un classique drame romantique
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 6 avril 2020
L'Espagne perdant du terrain, son peuple paraît plus porteur de mérite que sa noblesse de cour, et c'est en somme le message subliminal envoyé par ce drame fort romantique, devenu classique. Aussi ce pays inspire-t-il fortement les auteurs des lettres du XIXe siècle, avec Hernani, du même grand Hugo et plusieurs nouvelles de Prosper Mérimée. Le film de Gérard Oury, avec Yves Montant et Louis de Funès, change quelque peu la trame narrative pour l'ériger en comédie burlesque, mais l'effet satirique est-il présent dans la pièce, l'auteur se plaisant à des traits humoristiques pour amplifier l'effet d'emphase, en plus des nombreux rebondissements d'action.
Il est donc loisible de s'y laisser guider.
Lu à Amsterdam, en juin 1990 ; relu pour l'occasion, en cette période de confinement.
Un drame romantique qui nous prend aux tripes
Critique de Kian996 (, Inscrit le 30 juin 2012, 28 ans) - 24 février 2013
On retrouve des personnages passionnés mais condamnés par leur classe sociale. Ruy Blas est un personnage époustouflant: Il incarne la dévotion envers son amour la Reine. Don Salluste est également un personnage intéressant. Une pièce à mon goût un peu trop courte, Hugo aurait pu développer un peu plus le personnage de Ruy Blas car la fin est soudain riche en rebondissements. Des répliques et monologues néanmoins magnifiques riches en images poétiques comme on les aime chez Hugo qui était aussi un grand poète. Les didascalies imprègnent bien le lecteur de l'atmosphère et des costumes avant que les dialogues commencent.
Oeuvre mythique et qui le mérite
Critique de Orea (, Inscrit le 23 janvier 2006, 30 ans) - 12 mai 2009
Mille bravos au grand maître.
Tout ce que le théâtre peut offrir
Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 9 mai 2009
D'abord les personnages. Tous sont identifiables facilement sans non plus verser dans la caricature (sauf peut-être Don Guritan comme le reconnait lui-même Hugo dans une note suivant la pièce). Don Salluste est le méchant froid, calculateur et haineux ; Don César est le personnage comique, insouciant et libre ; Ruy Blas l'amoureux transi, prêt à se sacrifier, héroïque ; la reine le personnage pur par excellence...
Les quiproquos, avec notamment le savoureux 4e acte où Don César s'amuse à déjouer (du moins le croit-il) les plans de Don Salluste en reprenant sa place, rendent l'action autant comique que tragique.
Et les émotions... c'est tantôt le sublime des vers "Hugoliens" qui les diffuse, tantôt les personnages eux-même (si l'on peut dire), que ce soit l'amour (les échanges entre Ruy Blas et la reine, la lettre), l'héroïsme voire la jubilation (la fameuse tirade du "bon appétit messieurs"), les sourires devant les répliques de la camerera mayor, briseuse d'enthousiasme, laconique...
J'ajouterai que dans l'édition Livre de poche figure une préface de Jean Vilar (en plus des préface et notes de Victor Hugo) et surtout un commentaire en fin de livre qui vaut le coup avec une analyse remarquable de la pièce, riche mais pas inintéressante et qui évite l'écueil d'une trop grande complexité.
Merci V.Hugo!
Critique de Law (Marseille, Inscrite le 17 janvier 2009, 31 ans) - 13 avril 2009
Autant dire que je me suis pris une belle claque!
Le drame romantique de Victor Hugo n'a rien de comparable aux tragédies classiques!
L'intrigue est réellement passionnante, et on avait beau m'avoir raconté la fin avant que je le finisse, je n'ai pu décrocher du livre avant de l'avoir terminé!
Un livre dangereux
Critique de Dédé666 (, Inscrit le 12 mai 2007, 35 ans) - 13 mai 2007
ouais
Critique de Fleur.... (, Inscrite le 9 décembre 2004, 34 ans) - 11 février 2007
Ruy Blas, bien sûr !
Critique de Manon (Paris, Inscrite le 31 juillet 2005, 35 ans) - 24 avril 2006
Ruy Blas, c'est le personnage tragique par excellence, c'est un être incandescent, à fleur de peau, bref lumineux.
Ruy Blas, c'est une pièce de théâtre bouleversante qui en quelques pages retrace la pensée de Hugo.
Il faut lire aussi la préface de Hugo, très édifiante et passionnante pour en savoir plus ce courant.
Bon appétit Messieurs !
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