Fictions de Jorge Luis Borges
( Ficciones)
Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine , Littérature => Nouvelles
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INEPUISABLE !
Fictions est un recueil de dix huit nouvelles, publiées pour la plupart en 1942. Elles recouvrent des genres très divers : policier (Le jardin aux sentiers qui bifurquent), aventure (Le Sud), inclassables (Funes ou la mémoire, Pierre Ménard auteur du Quichotte) et, se taillant la part du lion, fantastique (La bibliothèque de Babel, La loterie à Babylone, Tlön Uqbar Orbis Tertius…)
J’ai découvert cet ouvrage il y a une quinzaine d’années ; il faisait partie du programme officiel de maths sup (ou maths spé, je ne sais plus) : j’avais alors à peine ouvert ce livre… Les nouvelles m’apparaissaient effroyablement indigestes, et il était beaucoup plus rapide de recopier les fiches de lecture des copains. Pour ce que valait la littérature en maths sup ! Une ou deux, les plus accessibles (Le miracle secret, Le jardin aux sentiers qui bifurquent..), m’avaient quand même suffisamment attiré pour que je ressorte Fictions de son carton quelques années plus tard. Nouvelle lecture, même résultat, mais l’attraction se fait plus forte et les années de purgatoire plus courtes pour ce livre qui, au fil de ces allées et venues de ma table de chevet à ma bibliothèque a fini par prendre place définitivement sur la première.
En effet, ce n’est que depuis peu que j’ai pris conscience du génie de Borgès, de cette capacité à mêler le vrai et le faux pour nous faire perdre pied, et finir par nous faire douter de tout, nous plonger dans une dimension où on ne sait plus ce qui est réel et ce qui est imaginaire, voire douter de notre propre réalité comme dans « Les ruines circulaires ». Et quelle imagination ! quel style ! quelle intelligence !
Je relis régulièrement ces nouvelles. La lecture en est parfois difficile, certaines me sont encore inaccessibles, mais quel plaisir que cette sensation d’apesanteur que l’on ressent !
Les éditions
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Fictions [Texte imprimé] Jorge Luis Borges traduit de l'espagnol par P. Verdevoye et Ibarra préface d'Ibarra
de Borges, Jorge Luis Ibarra, Nestor (Préfacier) Verdevoye, Paul (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070366149 ; 3,55 € ; 25/10/1974 ; 185 p. ; Poche -
Fictions [Texte imprimé] Jorge Luis Borges traduit de l'espagnol (Argentine) par Roger Caillois, Nestor Ibarra et Paul Verdevoye révisée par Jean Pierre Bernès
de Borges, Jorge Luis Caillois, Roger (Traducteur) Ibarra, Nestor (Traducteur) Verdevoye, Paul (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782072798153 ; 6,90 € ; 15/11/2018 ; 208 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (21)
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Très remarquable et visionnaire
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 53 ans) - 28 février 2021
Il y a cette inventivité dans l’écrit, comme par exemple « Couleurs irrécupérables du ciel, barbe rectangulaire, interminable odeur des eucalyptus » et autres accolements d’adjectifs inattendus mais qui pourtant font bien sonner la phrase. C’est un genre de poésie, un des éléments de la qualité de l’écriture. Car de fait, c’est très bien écrit et chaque nouvelle est parfaitement amenée et menée là où l’écrivain l’a voulu, avec parfois des correspondances de lieu, de livres ou de personnages entre les nouvelles. C’est d’une grande sûreté.
Mais plus que la maîtrise technique, ce sont surtout les thèmes qui se dégagent de chacune des nouvelles qui scotchent sur son siège ! C’est à une littérature de l’absurde érudit qu’on est confronté, ou si on veut, à une érudition appliquée à de l’absurde. C’est le fond de presque toutes les nouvelles. Il est jubilatoire de s’y laisser aller, même sans forcément tout comprendre. Une véritable logorrhée savante qui fait intervenir penseurs, livres, écrivains, philosophes, théologie,… dans des histoires toutes différentes les unes que les autres et qui ont en commun un système de pensée qui cherche à démontrer par l'absurde les illusions, les faux semblants, les forces inconscientes et inconnues qui dirigent nos vies à notre insu et par là son incertitude. Alors qu'on croit la connaitre par soi-même et pouvoir la généraliser aux autres et qu’on la veut stable et solide et maîtrisable, la vie n’est en fait qu'une construction personnelle qui n'est relatif qu'à soi-même et par ce fait même nous échappe et échappe aux autres. C’est à ces conclusions vertigineuses sur le caractère aléatoire et métaphysique de la réalité qu’on aboutit. Du moins, je l’ai compris ainsi. Et vertigineux est bien le mot qui traduit ce qu’on ressent à la lecture de ces nouvelles. Cela m’a fait penser à « Locus Solus »de Raymond Roussel dans un genre à la fois proche et différent (j’en recommande la lecture à ceux qui ont aimé « Fictions » de Borges). Les deux dernières nouvelles diffèrent du reste du recueil, à mon sens, avec celles-ci, l’auteur a voulu démontrer l’absurdité de la vie par l’implacabilité du destin.
Borges, en écrivant ces nouvelles, fait montre de son immense culture littéraire et surtout de son grand amour des livres. Il doit être sûrement très intéressant à lire sur ce thème précis dans des livres plus « classiques ». C’est ce qu’il faudra découvrir à l’occasion, c’est un auteur qui doit avoir immensément de choses à dire sur la littérature.
Une remarque toutefois, tous les protagonistes principaux ou essentiels de ces différentes nouvelles sont des hommes. Aucun personnage féminin n’a un rôle considéré. A part citer un livre de Gertrude Stein ici ou de faire apparaître furtivement une femme là, elles sont invisibles. Les « fictions » forgées par Borges décrivent des mondes et des situations presque exclusivement masculins. Misogyne ou homosexuel le Borges ? ;-) Doit-on en conclure que ça en dit long sur sa vision personnelle des femmes ?
Enfin, toutes réserves à part, il n’en reste pas moins que « Fictions » est un livre très remarquable par son originalité et son propos. Au début, cela surprend, puis on est pris et étourdi par sa profondeur et son érudition. Véritablement un auteur qui propose des visions qui peuvent être nouvelles pour soi et qui peuvent influer sur notre cosmogonie personnelle.
Borges en rêvait, Google l'a fait.
Critique de Jipiconvivio (, Inscrit le 20 février 2021, 76 ans) - 20 février 2021
Puisque la bibliothèque de Babel est infinie et que chacun de ses livres est différent, n’importe quel ouvrage peut y apparaitre.
La perception et la non perception d’un champ d’énergie alpha numérique jumelant tout au long d’un rayonnage sans fin ses hallucinations quantiques brodées dans leurs raisonnements.
Le Tao, un sens dans le non sens.
Des pages et des pages devenant exploitables tout en restant sous l’emprise de leurs perturbations.
Étrangetés et bizarreries immergées dans leurs lucidités ne faisant de la totalité qu’un ensemble ne fonctionnant que par ses antonymes.
Ce qui ne signifie rien transporte dans ses bagages la compréhension de tous ses manques.
Un organisme vivant contenant la théorie tant recherchée consistant à unir en se servant d’un même alphabet le désordre et l’ordre dans un même texte.
La particule et la gravitation universelle. La confusion et l’ordonnancement. Le délire et la procédure.
La liberté d’assumer son décalage intégré dans l’obligation de fournir une prestation cohérente.
Être et ne pas être, divaguer tout en démontrant.
Une Matrice quantique interactive semblable au nombre Pi faisant circuler dans ses différents hexagones le liquide de Dieu constitué d'une majorité de lettres ou de décimales architecturées dans les physionomies les plus complexes.
L'intégralité de tous les possibles. L'histoire alternative de toute la matière.
L'absolu, tout ce qui se valide ou se conteste dans des hexagones sans début ni fin.
Ni fin ni début dans un labyrinthe rhizome rendant aliénés celui ou ceux le parcourant avidement en quête d'une révélation.
L'empire de l'incohérence parsemée de quelques parcelles de sens apparaissant subitement sur une ligne dans un texte incompréhensible.
O temps tes pyramides!
La révélation soudaine d'une combinaison révélant sans la comprendre la cohérence d'une phrase pour aussitôt s'assoupir dans une continuité insoluble.
Emmagasinant dans ses rayons contradictoires une consultation managée par ses incertitudes.
La progression de l'individu avec le doute comme seul compagnon de route.
L'assemblage de lettres et de décimales torturées à l'extrême fournissant de manière sauvage un sens formant des blocs de phrases pouvant aller jusqu'à la constitution d'un livre cohérent.
L’univers dans le discernement et la cécité.
Irréel, suspense et mathématiques
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 29 mars 2020
Le procédé s'avère ingénieux, subtil et brillant. Si ces textes restent courts, il vaut mieux les méditer, afin de laisser infuser leur portée et d'en profiter au mieux. Laissons-nous guider.
Vaincu par KO à la page 125 !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 26 décembre 2018
Daniel Pennac m'y autorise alors j'use de mon droit de ne pas finir un livre.
Pas un caprice mais là, c'est trop dur !
La lecture doit rester un plaisir pas une torture intellectuelle.
Vaincu au bout de 125 pages, ça reste honorable, non ?
Les références historiques, littéraires, philosophiques et tant d'autres ont eu raison de mon cerveau étroit et j'avoue avoir touché mes limites.
Borges est probablement un auteur majeur mais pour les esprits supérieurs, ce que je ne suis pas.
Je rends les armes et laisse ce recueil de nouvelles ou la symbolique, le surréalisme prennent toute la place.
Une oeuvre pour les aficionados !
Magies
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 10 octobre 2014
Une série de nouvelles, brèves, atypiques, qui vous emmènent dans des mondes imaginaires, des drames humains, des mythes immémoriaux ou des spéculations intellectuelles labyrinthiques. Selon le lecteur, on se laisse emporter, ou bien on peut être réfractaire. Moi, je m’évade... Et je me prends à regretter que tel monde n’existe pas, que l’œuvre d’Herbert Qain n’ait pas été publiée... Parfois, j’en veux à Borges : on dirait qu’il a été fainéant et qu’il s’est contenté d’esquisser dans une nouvelle une idée de roman, comme si il était en réalité incapable de l’écrire en entier. J’aurais tant voulu lire L’approche d’Almotasim !
Epoustouflant
Critique de SpaceCadet (Ici ou Là, Inscrit(e) le 16 novembre 2008, - ans) - 24 mai 2013
Et si l'on en juge d'après les textes rassemblés dans ce recueil, on pourrait dire que Borges ne semblait pas particulièrement attaché à la langue, car son écriture demeure relativement neutre. On peut également penser qu'il avait une conception bien particulière de la fiction, car ces textes se démarquent de la norme à un point tel qu'ils ne peuvent pas être approchés en tant que nouvelles comme tel, et doivent plutôt être vus et lus comme des pseudo, c'est-à-dire, des écrits qui calquent le réel, et cela, tant dans le genre qu'au niveau du contenu.
Sur le plan de la conception, en raison soit de leur configuration ou de l'ambiance qu'il s'en dégage, certains récits peuvent évoquer des images telles que le pliage origami ou le jeu de miroirs, ou encore susciter des sensations s'apparentant au rêve ou à certains états de conscience.
Bref, voici-dix sept récits qu'il est difficile de décrire mais qui, quoi qu'on en dise, ne laissent pas indifférent.
Certes, au premier degré de lecture, ces textes sont aussi arides et secs qu'un désert d'Amérique, et exigent invariablement l'effort de la traversée, ce qui n'est pas forcément donné. Cette lecture sera toutefois couronnée par la découverte d'un univers aux multiples facettes, dont les fils conducteurs sont clairement associés au domaine de la métaphysique; le temps, l'espace, la matière, l'être, l'existence, dieu, constituant les principaux thèmes développés dans ces textes.
Partant de là, on entre également dans un monde trouble, sis entre réel et imaginaire, où l'on croise, présentés sous diverses formes, les 'objets' de prédilection de l'auteur: le miroir, le labyrinthe, le double, le rêve, le livre, le cercle, etc., et où on découvre, ici affinée à l'extrême, cette façon unique qu'a Borges, de jouer avec nos perceptions, nous amenant parfois vers une sorte de gouffre intellectuel face auquel on éprouve une incroyable sensation de vertige.
Malgré la teneur rébarbative des textes rassemblés dans ce livre, qu'un auteur parvienne à nous entraîner sur de telles avenues, avec ou en dépit d'autant de concision, constitue un véritable tour de force, et c'est là, semble-t-il, que se niche toute la puissance de cette oeuvre hors du commun.
Chef d'Oeuvre du 20° siècle
Critique de AE73 (, Inscrite le 25 janvier 2013, 57 ans) - 24 mars 2013
L'idée de Tlön, Uqbar, Orbis Tertius est géniale.
Funès ou la mémoire est une belle réflexion.
Le jardin aux sentiers qui bifurquent est passionnant...
Chaque nouvelle est bien écrite, précise.
Tous les auteurs devraient relire ou découvrir cet immense écrivain argentin : il y a plus d'imagination dans ce Fictions que dans l'oeuvre complète de beaucoup d'entre eux !
Mais la barre est si haute, que certains risqueraient d'arrêter d'écrire, tout simplement.
Borges est un génie
Critique de Eric07 (, Inscrit le 19 janvier 2013, 54 ans) - 24 février 2013
Un des joyaux de la littérature
Critique de XueSheng (, Inscrite le 26 novembre 2012, 38 ans) - 22 janvier 2013
La forme courte de ces textes soigneusement ouvragés fait penser au sonnet traditionnel français ou anglais, ou aux haïku japonais, mais leur lecture est très aisée, vive et divertissante avant tout.
Cela est dû à la rare maîtrise de Borges dans le mariage d'une profondeur de sens proprement extraordinaire, et d'un style alerte, net et enlevé. Pas un mot de trop, mais une richesse d'esprit, un envoûtement presque magiques.
On touche là aux mythes les plus reculés de l'humanité : l'homme dont la mémoire est parfaite, et donc le malheur irrémédiable ; le jardin aux sentiers qui bifurquent, métaphore de la vie qui, d'un imperceptible angle d'incidence, change notre univers ; la Bibliothèque de Babylone, mystique collection de tous les livres qu'il est possible d'écrire... ; la loterie, qui mime en grimaçant notre sinistre société du jeu, des lois absurdes, du malheur qui vous tombe dessus pour un rien..; Tlon Uqbar, enfin, probablement la plus merveilleuse de toutes, et qui fait entrevoir, tout simplement, l'infini, la possibilité d'un monde qui s'étend au-delà du connaissable, et dont la révélation provient d'un étrange ouvrage qui n'aurait jamais dû se trouver là.
Borges a-t-il tout dit en un petit livre si dense ? Non, il a ouvert toute porte, posé toute question, porté de la lumière là ou nous cherchons à discerner dans l'ombre, sans en savoir plus que nous, sinon en comprenant sa propre interrogation.
Etonnant
Critique de Jad Alain Geoffroy de Seif de la Montagn (, Inscrit le 18 août 2010, 33 ans) - 18 août 2010
Etonnant également ce... mais qu'est-ce au fait? Un recueil de nouvelles ou presque? Certaines nouvelles le sont sans aucun doute: le côté narratif ne trompe pas. Mais on trouve également des commentaires sur des oeuvres imaginaires, aussi trouve-t-on des choses totalement inclassables, des inventions de l'esprit au service d'une problématique. Un goût pour les constructions s'est profilé dans la première moitié de ce recueil de je ne sais quoi. Construction d'un rêve, d'une bibliothèque, d'un labyrinthe, d'oeuvres imaginaires et de mondes imaginaires. La deuxième partie est moins constructionnelle (excusez l'invention de ce mot).
J'ai parlé avec mon professeur de clavecin, un argentin, qui me disait que Borges était très érudit. Et tout en exposant son érudition, il n'hésite pas à créer, ce qui fait qu'on ne peut plus voir le vrai du faux.
Franchement, pour cette originalité, je donne 5 étoiles.
Chef d'oeuvre
Critique de Pepito2 (, Inscrit le 17 septembre 2009, - ans) - 28 mai 2010
En lisant la première nouvelle, j'ai pris une claque : c'était un livre très différent du précédent (Disgrâce de Coetzee). J'avais peur de passer à côté. Je me suis donc aidé de ce merveilleux outil qu'est internet pour en savoir un peu plus sur l'auteur et sur fictions. Époustouflant ! C'est fou qu'en si peu de pages, J.L Borges ait pu faire autant étalage de son érudition. Certes, les histoires sont inégales mais elles recèlent la philosophie de l'auteur. Mes préférées : Le jardin aux sentiers qui bifurquent, Les ruines circulaires et Tlön, Uqbar, Orbis Tertius.
Gigantesque et inépuisable
Critique de Orea (, Inscrit le 23 janvier 2006, 30 ans) - 21 février 2010
Tlön Uqbar Orbis Tertius : Absolument excellent. Selon moi l'une des meilleures nouvelles du recueil. La lente progression est fulgurante : on part d'une découverte presque insignifiante pour découvrir un fait capital. La description du monde imaginaire de Tlön est impressionnante ( bien que difficilement accessible ). ( 4,5/5 )
L'approche d'Almotasim : Plus difficile à apprécier. De bons éléments d'intrigue mais l'aspect critique littéraire se révèle vite ennuyeux. Un bon hors d'œuvre. ( 3,5/5 )
Pierre Ménard, auteur du Quichotte : Difficile à saisir. Les ambitions de Ménard sont un peu trop ambiguës. L'idée de Borges - déjà exploitée dans la première nouvelle - d'une œuvre impersonnelle et sans cesse retravaillée est assez intéressante. ( 3/5 )
Les Ruines Circulaires : Original mais un peu tortueux. De loin la meilleure nouvelle au niveau de l'écriture. Le côté ambigu - entre rêve et réalité - est bien entretenu. ( 4/5 )
La Loterie à Babylone : Un grand texte. Point fort du recueil. Rien à dire mis à part mille fois bravo. La théorie du chaos est admirablement illustrée et l'ampleur du sujet vous donne froid au dos. ( 5/5 )
La Bibliothèque de Babel : Intéressant mais manque de progression. Les éléments sont jetés en vrac. Toute la nouvelle est un grand doute... Impressionnant malgré tout. J'y ai trouvé une similitude avec les bandes dessinées de Schuiten ( Les Cités Obscures ). ( 4/5 )
Examen de l'œuvre d'Herbert Quain : Excellent. Cette fois-ci, l'aspect critique passe à merveille. L'idée d'un livre construit en arborescence m'a particulièrement marqué. ( 4/5 )
Le jardin aux sentiers qui bifurquent : Autre point fort. LA meilleure nouvelle - si tant est qu'il faille en choisir une. Encore une fois, la lente progression du destin de Yu Tsun donne tout son intérêt au récit. La fin est déjà fixée, mais la philosophie labyrinthique nous mène à penser que rien n'est scellé... ( 5/5 )
Excellent recueil d'un magnifique écrivain
Critique de CptNemo (Paris, Inscrit le 18 juin 2001, 50 ans) - 14 décembre 2009
Fictions est donc un ensemble de nouvelles qui constituent autant de clefs de réflexion sur ces thèmes inépuisables. Je ne reviens pas sur le thème de chacune des nouvelles mais elles sont quasiment toutes excellentes. Et certaines malgré leur très courte taille vous poursuivront longtemps (Babel ou la loterie de Babylone par exemple). En plus la plume est admirable.
A lire d'urgence donc pour ceux qui ne l'auraient pas fait
Des labyrinthes où il fait bon se perdre
Critique de Stavroguine (Paris, Inscrit le 4 avril 2008, 40 ans) - 9 avril 2009
Car ouvrez Fictions, tournez ces quelques premières pages de Tlön Uqbar Orbis Tertius – peut-être la meilleure nouvelle du recueil et en tout état de cause une entrée en matière qui frôle (voire plus) le génie – et assistez à la création d’un monde. La lecture se fait d’abord normalement, on assiste à la conversation de Borges et Bioy Casarès, on n’est même que moyennement captivé par cette histoire de pages manquantes dans une encyclopédie, et puis tout d’un coup, la légère écume fait place à un tourbillon qui commence à nous emporter. D’abord, on bute sur une phrase, un raisonnement, on la relit et là on se sent pris, on sent même physiquement son cerveau entrer en action et là, on est captivé par le génie borgésien, par ses obsessions sur les labyrinthes et l’infini qu’il nous fait partager.
Borges ne se dévore certainement pas, mais on ne peut pas dire non plus qu’on le déguste. Malgré cette belle écriture et ce style relativement léger au vu des propos tenus, tout ceci est loin d’être une sucrerie littéraire. Si on aime Borges, c’est parce qu’en le lisant, on s’investit soi-même, on cherche à suivre son raisonnement et, la nouvelle finie, on s’interroge avant d’attaquer la prochaine. On s’interroge parfois tant qu’elle attendra demain.
Ces nouvelles, revenons-y. Elles se divisent en deux livres : Le jardin aux sentiers qui bifurquent, puis Artifices.
Dans le premier, il sera question de labyrinthes et d’infini. Tous ne seront pas architecturaux, pourtant, aucun ne le sera d’ailleurs si ce n’est, peut-être, cette fameuse Bibliothèque de Babel considérée par beaucoup comme le joyau de la monture qu’est Fiction, sentiment que je ne partage personnellement qu’à moitié, non pas que je la trouve mauvaise, mais seulement que j’en trouve d’autres supérieures. Mais même dans cette Bibliothèque, l’infini et le labyrinthe ne sont pas que physiques. Car comme le dit le narrateur, si tous ces livres, pour la plupart incompréhensibles, contiennent tout ce qui pourra jamais être écrit dans toutes les langues du monde, toutes les combinaisons possibles de ces vingt-cinq caractères, si elles sont innombrables, n’en sont pas pour autant infinies. Ce qui l’est, par contre, c’est la quête de ceux qui veulent trouver parmi cette somme leur signification, et la chance qu’ils ont de la trouver, la même que de tomber sur un faux, la chance aussi de tomber sur le Livre, le livre somme qui explique tous les autres, tout ce qu’ils contiennent, qui explique tout et qui fait de son lecteur un dieu. Mais comment ne pas se perdre dans ces successions de couloirs et d’étagères, dans ces lignes de lettres sans signification.
Les autres labyrinthes évoqués n’ont pas l’ampleur de la Bibliothèque, souvent ils tiennent en peu de choses, en une seule personne (L’approche d’Almotasim, Pierre Ménard auteur du Quichotte) ou en un rêve (Les ruines circulaires). Car plus que l’infini physique, ce qui intéresse Borgès, c’est l’infini de possibilités qui mènent ou découlent d’une situation. Ce peut-être, par exemple, l’infini de vies que peut faire vivre le système de La loterie de Babylone, et le labyrinthe qu’elle fait du destin des hommes, labyrinthe et infini, encore une fois, si obscurs qu’ils finissent par ne plus être en rien différents de la vie elle-même, sans qu’on puisse distinguer où l’existence commence et où le jeu s’arrête, sans qu’on puisse même savoir si l’un ou l’autre existe vraiment : la vie n’est-elle plus qu’une vaste loterie, ou la loterie n’est-elle rien d’autre que la vie ?
Dans d’autres cas encore, l’infini labyrinthique passera par la création, comme dans l’Examen de l’œuvre d’Herbert Quain et de son roman possiblement infini où, partant d’un jour, l’auteur remonte à trois possibilités pour la journée qui le précède, et encore trois nouvelles pour celle d’avant pour chacune d’entre elles.
C’est le procédé exactement inverse qui est suivi dans la dernière nouvelle, éponyme, de ce premier livre qui nous expose un roman-labyrinthe où l’auteur s’efforce, partant là encore d’une situation donnée, d'imaginer tout ce qui pourrait possiblement en découler et tout ce qui pourrait ensuite possiblement découler de chacune de ces possibilités. Un roman infini donc, et illisible, le lecteur s’y perdant comme dans un labyrinthe, voyant réapparaître à un coude quelconque, un personnage mort à une bifurcation précédente. Cette dernière nouvelle est en outre une transition et, par-delà son aspect métaphysique, elle ouvre la porte – et de quelle manière ! – aux Artifices du second livre.
A première vue, ceux-ci semblent moins ambitieux. Bien qu’on y retrouve parsemées des traces d’infini, les nouvelles adoptent une forme plus classique, et Borges semble s’y amuser. On est même parfois proche du roman policier. Dans tous les cas, il s’agira d’un stratagème utilisé, comme tout bon stratagème, pour cacher une réalité ou un but.
Parmi les plus remarquables comptent La forme de l’épée et La mort et la boussole. Mais comment en parler sans en révéler les ficelles ? Mieux vaut sûrement que vous les découvriez vous-mêmes.
Plus ésotérique, les Trois versions de Judas livrent des interprétations intéressantes de l’apôtre délateur, moins simples que ce qu’apprend l’Eglise et où – n’oubliez pas le titre de ce second livre – la trahison de Judas aurait été motivée par bien d’autres choses que trente deniers. Dans une veine différente, quoique toujours lié à la religion, La secte du Phénix nous présente une étrange secte et un étrange rite, secte à laquelle nous sommes tous partie et rite que nous accomplissons tous – du moins je vous le souhaite. Cette fois, ce n’est pas le sujet mais la nouvelle elle-même qui constitue un artifice pour parler de quelque chose dont il est bienséant de ne pas parler trop fort.
Deux autres nouvelles se démarquent un peu du reste, peut-être les deux moins bonnes : La fin et Le Sud. Toutes deux sont des histoires de gauchos, de vengeance et de duel au couteau. Plaisantes, mais moins ambitieuses. A moins, bien sûr, que je n’ai pas saisi l’artifice en leur cœur.
le miracle secret
Critique de Titom (, Inscrit le 8 juillet 2008, 55 ans) - 8 juillet 2008
Une autre? "La forme de l'épée". 7 pages. Géniale!
Sans parler de "La Biliothèque de Babel" dont l'idée de base décrit bien le génie de son auteur.
À lire absolument si le rêve vous attire!
Agréablement lourd
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 28 juin 2008
// Le jardin aux sentiers qui bifurquent //
Tlön, Uqbar, Orbis Tertius : J’ai compris l’histoire globalement, mais certains détails dépassent mes connaissances. Ça reste génial ! (5/5)
L’approche d’Almotasim : Dur à suivre. Cette nouvelle m’a moins touché. (3/5)
Pierre Ménard, auteur du Quichotte : Fou et marquant ! Je vois les livres d’une différente façon. Aussi, moi qui n’ai pas une propension à la poésie, j’ai été amené à lire quelques poèmes, dont l’auteur fait référence dans cette nouvelle, qui m’ont chaviré : À Hélène d’Edgar Allan Poe, Le bateau ivre d’Arthur Rimbaud et La complainte du vieux marin de Samuel Taylor Coleridge. (4.5/5)
Les ruines circulaires : Magnifique. Belle écriture. (3.5/5)
La loterie à Babylone : Étourdissant. (4/5)
La bibliothèque de Babel : J’ai aimé, mais j’ai été distraite durant la lecture. Je sais que c’est sensé être symbolique, mais il m’est venu plein de questions : Est-ce qu’il y a d’autres gens que les bibliothécaires ? Comment ils font pour se reproduire ? La nourriture, d’où elle vient ? Il n’y a rien qui se détériore avec le temps ? Qui fournit le papier ? Etc. (3/5)
Examen de l'oeuvre d'Herbert Quain : Étrange et normal à la fois. (4.5/5)
Le jardin aux sentiers qui bifurquent : Une lecture étourdissante. Ma préférée du recueil. Celle qui m’a le plus touché, la plus personnelle. (5/5)
// Artifices //
Funes ou la mémoire : Intéressant et visuel. (4/5)
La forme de l'épée : Confus, mais agréablement. (4/5)
Thème du traître et du héros : Intéressant et, contrairement aux autres nouvelles du recueil, ça se lit très facilement.(4.5/5)
La mort et la boussole : Captivant. Il fait référence à Edgar Allan Poe, mais ça reste très borgésien. (4.5/5)
Le miracle secret : Intéressant. (3/5)
Trois versions de Judas : Pas vraiment mon genre. (1/5)
La fin : Huh ? (0.5/5)
La secte du Phénix : Mystérieux (3/5)
Le Sud : Énigmatique. (4/5)
Comme vous pouvez en juger, j’ai préféré la première partie à la deuxième, mais ça reste une lecture mémorable dans les deux cas.
À lire lentement et à relire, si on l’a aimé, pour mieux comprendre ou mieux se perdre...
Chef-d'oeuvre
Critique de Hierocles (, Inscrit le 21 mars 2008, 45 ans) - 21 mars 2008
La louange de Patryck Froissart
Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 77 ans) - 18 décembre 2006
Auteur : Jorge Luis Borges
Editeur : Gallimard 1965
Collection : Folio Poche
185 pages
ISBN : 2070366146
Ce livre est un puits dans lequel on tombe sans jamais en apercevoir le fond.
Ce livre est un labyrinthe dans lequel on tourne sans jamais en trouver l’issue.
Ce livre est une tour du haut de laquelle le regard du lecteur plonge interminablement sans jamais savoir à quoi se raccrocher.
Ce livre est vertigineux.
Ce livre est le vertige.
Les 17 nouvelles qui constituent ce monument baroque sont un défi continuel au rationnel, une infinité d’escaliers et de galeries qui ne mènent nulle part, sauf à une quête insensée d’un sens qui se dérobe de page en page, de piste en piste, d’étage en étage, comme dans l’hallucinante bibliothèque de Babel, dont la description est bien certainement l’architexte de Borges.
En vérité, au commencement était le Verbe.
En vérité, l’homme a osé vouloir se saisir, pour lui seul, du Verbe, afin d’en faire l’instrument de la toute-puissance dont il croyait être la légitime incarnation.
Mais en vérité, le Verbe, employé à tort et à travers, galvaudé, démultiplié, comme l’image de Dieu, est mort, s’est vidé de sa substance, est devenu vain, et l’homme, désespéré, ne comprenant plus le Verbe, n’a plus compris l’homme.
De là vient la folie.
Car l’univers de ce livre est aussi celui d’âmes folles, erratiques, animées par exemple, comme Pierre Ménard, écrivain du 20e siècle, par le désir obsessionnel de recréer, de réécrire un Don Quichotte qui serait identique, à la virgule près, à celui de Cervantes, mais qui lui serait antérieur, afin de prouver que Cervantes n’aurait fait que recopier celui de Pierre Ménard.
« Fictions » est un livre qu’on relit, car sa magie opère, à chaque lecture, immédiatement, toujours aussi intensément, comme lorsqu’on regarde, pour la énième fois, ces tableaux en trompe-l’œil cultivant l’illusion.
Mais, attention ! Ce livre crée l’angoisse. Il convient d’en maîtriser le cours…
Patryck Froissart, St Benoît, le 18 décembre 2006
Inoubliable
Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 24 février 2006
Superbe.
Puissant sédatif
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 9 janvier 2006
« Cette heureuse conjecture affirme qu’il y a un seul sujet, que ce sujet indivisible est chacun des êtres de l’univers et que ceux-ci sont les organes et les masques de la divinité. X est Y et Z. Z découvre trois pièces parce qu’il se rappelle que X les a perdues; X en trouve deux dans le couloir parce qu’il se rappelle que les autres ont été récupérées… »
Impossibles à résumer, définitivement inaccessibles, les nouvelles de ce recueil sont complexes, tentaculaires et sans ligne directrice évidente. C’est presque du code cryptique, et je n’ai malheureusement pas eu la patience pour jouer le déchiffreur.
Halte chef d'oeuvre
Critique de Magicite (Sud-Est, Inscrit le 4 janvier 2006, 46 ans) - 5 janvier 2006
Fabuleusement bien écrits les nouvelles de fictions sont autant de chef d'oeuvres pour lesquels bon nombre d'écrivains se damneraient. C'est érudit, c'est intelligent et toujours surprenant.
Mon unique regret:j'ai prêté ce livre et on me l'a pas rendu...
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Monsieur (le critique) | 27 | Aaro-Benjamin G. | 23 août 2010 @ 14:15 |