Blacksad, tome 3 : Âme rouge de Juan Diaz Canales (Scénario), Juanjo Guarnido (Dessin)

Blacksad, tome 3 : Âme rouge de Juan Diaz Canales (Scénario), Juanjo Guarnido (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers

Critiqué par Numanuma, le 28 novembre 2005 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 51 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 570ème position).
Visites : 6 806  (depuis Novembre 2007)

Tout le monde a droit à une seconde chance

La classe, en BD, c'est quand le trait est au service du scénario. Et le fait que, depuis le début des aventures de John Blacksad, cette exigence de qualité semble faire partie du cahier des charges.
Ou alors il s'agit simplement de la marque du talent...
Dans ce troisième opus, la couleur dominante est le rouge, après le noir du premier volume et le blanc du second. En pleine chasse au sorcière, sur fond de guerre nucléaire potentielle, Blacksad est de nouveau au prise avec des éléments de son passé, le professeur Otto Lieber. Son présent a la forme d'une féline Alma Mayer, écrivain. Son futur, incertain, a le visage peu avenant du sénateur Gallo, décalque du sénateur Mc Carthy. A ce propos, cet antipathique personnage a l'aspect d'un coq, notre symbole national en fut-il offensé. Ce n'est d'ailleurs pas le seul personnage historique de la BD: on y retrouve également Allen Ginsberg sous la forme d'un bison éructant de la poésie et traitant les flics qui l'arrêtent d "animaux". Jouissif! Il y en a sûrement d'autres mais mon manque de connaissance de cette période de l'histoire ne m'a pas permis de les retrouver derrière les pseudos.
La classe, c'est aussi que les auteurs ont réussi a donner une humanité confondante à leurs créations. John Blacksad est un chat noir, libre à vous d'en faire un homme noir, un Shaft félin. Mon avis est que la couleur de ce chat est plus liée au malheur qu'il est censé apporter. Le fait est qu'il arrive bien des malheurs à ceux qui se trouvent sur son chemin...
Blacksad n'est pas non plus un archétype du détective à qui il ne reste que la bouteille et son flingue. C'est un personnage unique, un caractère, un héros en soi plutôt que le condensé de divers Mike Hammer.
La classe, c'est aussi que l'action est autant sur le devant de la scène que derrière. Laissez vos yeux vagabonder sur les arrière-plans à la recherche de détails ou d'autres scènes secondaires.
La classe, c'est le choix du titre du volume, suffisamment flou pour laisser place à de multiples interprétations.
La classe, c'est le trait absolument impeccable du dessin; des couleurs liées à l'époque choisie et le lettrage semblent sortir d'un carnet intime.
Je vous laisse encore une chance pour vous jeter sur cette BD et sur les autres volumes des aventures de John Blacksad.

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BLACKSAD Vs. LE MACCARTHYSME!

8 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 19 juillet 2021

Au début de l’histoire nous retrouvons John Blacksad à Las Vegas. Il s’ennuie ferme dans son nouveau rôle de garde du corps et d’encaisseur du riche flambeur Hewitt Mandeline.

Heureusement, celui-ci décide d’aller à New York pour visiter une galerie d’art, afin d’acheter quelques tableaux pour investir ses gains au poker. Alors que Hewitt l’invite à passer la soirée au club «Les chattes sauvages», Blacksad décide d’aller assister à une conférence à la «Gotfield Foundation», sur l’énergie nucléaire et la paix. Celle-ci est en effet tenue par Otto Liebber, un de ses anciens professeurs, devenu un ami.

Après la conférence, alors qu’il essaie de parler avec son vieil ami, il est intercepté par Alma Mayer, l’écrivaine et amie d’Otto Liebber. Finalement après les retrouvailles, il est invité à participer à une soirée organisée par «Les douze apôtres», un groupe d’intellectuels de gauche qui se réunissait sous la protection de Gotfield, le philanthrope. A la fin de la soirée, un des membres du groupe, le médecin Otero est assassiné chez lui. Alma Mayer engage alors Blacksad pour rechercher le tueur. Elle craint en effet que quelqu’un ne cherche à faire disparaître tous les membres des «Douze apôtres»...

Première étape pour Blacksad, interroger Serguei Litvak, le peintre, ami intime de feu Otero…

Alors, disons-le tout de suite : «Âme rouge» ne fait que renforcer la place de la série Blacksad dans le cercle très fermé des séries à lire absolument (si vous ne l’avez pas encore fait…). Cette fois les deux compères espagnols s’attaquent à un nouveau sujet : Le Maccarthysme et la guerre froide. La narration se fait toujours par la «voix off» du héros, et est toujours de type roman noir. Le reste est aussi dans la veine des films de polar américains des années 50-60. On y retrouvera donc tous les ingrédients du genre : la femme fatale, la bombe sous la voiture, le politicien véreux, le flic désabusé qui ne croit plus en rien, ni personne, etc etc…

Ah les dessins de M. Juanjo GUARNIDO (*1967), ceci a beau être le troisième volume que je lis de suite, et je ne me lasse pas de leur beauté! Outre les visages qui ont des expressions humaines vraiment bien rendues, le dessin des corps – et surtout son rendu -, des personnages est vraiment magnifique. C’est simple, en voyant le magnifique corps d’Alma, on en oublie littéralement son visage de chat!

Encore une fois, le scénario de Juan DÍAZ CANALÈS (*1972) est sans doute le «maillon faible» de la BD. C’est trop compliqué, avec trop de retournements, trop brusques. Le scénario est un peu trop «capillotracté» pour être crédible, et surtout trop difficile pour être facilement compréhensible par le lecteur… Il faut au moins lire deux fois la BD pour comprendre vraiment tous les tenants et les aboutissants de l’histoire…

Ce faisant vous aurez la surprise de croiser de nombreux artistes américains, comme le poète Allen GINSBERG (1926 – 1997), (1), et même le peintre Mark ROTHKO (1903 – 1970, de son vrai nom Marcus ROTHKOVITZ) et sa «Rothko Chapel», sise à Houston au Texas (États-Unis d’Amérique).

Si ce troisième tome est un ton – un tout petit eihn -, en dessous des deux précédents, - la faute sans doute à un scénario un peu trop alambiqué -, la magie des dessins anthropomorphiques agit toujours autant, je dirais même plus que lors des deux premiers volumes des aventures de Blacksad.
D'ailleurs, devinez quoi? Non seulement j’en recommande la lecture, mais en plus je vais me précipiter moi-même sur le tome IV des aventures de notre chat préféré!..

(1) : Cf. ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vauteur/7353

Rien à redire

9 étoiles

Critique de Coper (, Inscrite le 2 octobre 2014, 41 ans) - 29 août 2015

Toujours aussi belle et agréable à lire !
L'ambiance de cet opus est plus dans la lignée du Tome 1 que du Tome 2 malgré des couleurs plus soutenues.
J'ai apprécié la réapparition de certains personnages des tomes précédents, ça améliore le scénario qui se tient.

Quand Mc Carthy crachait son venin…

8 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 17 novembre 2012

Cet épisode nous entraîne dans une des périodes de l’Histoire les moins glorieuses des Etats-Unis, celle de la « Chasse aux sorcières » du début de la Guerre froide, où le gouvernement américain s’était quasiment mué en dictature pour lutter contre la montée en puissance du camp soviétique. Le dessin est toujours aussi impressionnant dans le mouvement. On peut rester longtemps à étudier l’expressivité des animaux anthropomorphes et le foisonnement de détails de l’univers où ils évoluent. Le recours à l’aquarelle est particulièrement réussi. Comme pour le deuxième tome, le scénario s’est étoffé par rapport au premier, mais cette fois au risque de perdre le lecteur, même si l’intrigue est captivante et réserve bien des surprises. Peut-être est-ce dû format de 56 pages, inadapté à la profondeur d’une telle histoire. Quoi qu'il en soit, le mode de récit à la première personne par Blacksad, empreint de l’amertume que lui inspire le monde, colle bien à l’atmosphère « roman noir » de cette BD.

Au final, j’ai tout de même passé un très bon moment à la lecture de cette histoire, qui glisse également de nombreux clins d’œil au mouvement des Beatniks et s’autorise même une incursion dans l’Art abstrait. Certains personnages sont les doubles évidents de célébrités ayant réellement existé, notamment Alan Ginsberg le poète de la Beat Generation portraituré sous les traits du bison Greenberg, ou bien Rothko, assimilé à un vieux loup – Sergeï Litvak. On est saisi par le regard à la fois sauvage et fiévreux de ce dernier lorsqu’il est représenté en train de peindre ses champs colorés.

Par la profondeur du sujet abordé (la rédemption et le droit à une seconde chance) et la période historique abordée (de façon équitable et sans manichéisme outrancier), en plus de la qualité graphique indéniable, ce tome ne fait que confirmer que Blacksad est une grande série.

Chasse aux sorcières

6 étoiles

Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 4 mai 2012

Décidément Blacksad est toujours visuellement très réussi avec ses animaux aux traits si humains et ses dessins dynamiques mais le scénario reste toujours un peu en retrait. Après un deuxième album qui m’avait paru en progrès et bien que je ne dirais pas que c’est raté, loin de là, j’ai trouvé l’histoire assez plate et un peu froide. Par contre le contexte guerre froide et chasse aux sorcières est intéressant.
Quelle classe tout de même ce Blacksad !

Un peu en retrait

7 étoiles

Critique de PPG (Strasbourg, Inscrit le 14 septembre 2008, 48 ans) - 11 décembre 2010

Côté dessins, rien à dire sinon qu'ils sont magnifiques. Les couleurs sont différentes des deux premiers volets ; l'auteur joue maintenant davantage avec des contrastes plus saisissants. Les deux "styles" ne sont pas déplaisants, pas incompatibles.
Côté scénario, c'est un peu du déjà vu. Les ficelles sont un peu trop prévisibles. En 54 planches, on aurait bien souhaité un peu plus de complexité dans la narration.

Un peu en retrait en comparaison des 3 autres tomes que comporte la série à ce jour. Néanmoins, une bonne note s'impose quand même !

Chat échaudé.

8 étoiles

Critique de Belial (Anvers, Inscrit le 25 août 2005, 44 ans) - 24 mars 2006

Voilà une magnifique bande dessinée venue tout droit d’Espagne. Blacksad est un polar mettant en scène des personnages à têtes d’animaux, et bien entendu les auteurs ont eu l’intelligence de faire correspondre la personnalité desdits personnages avec les connotations des animaux choisis. L’univers est celui des romans noirs (on pense bien sûr à James Ellroy, Chandler, etc.), dont les auteurs recyclent minutieusement tous les poncifs sans pour autant tomber dans le stéréotype.
Troisième tome et troisième thème abordé par les auteurs. John Blacksad se trouve maintenant à dénouer les fils du MacCarthisme aux Etats-Unis. Les « douze apôtres », un groupe d’intellectuels de gauche, est directement menacé par la chasse aux sorcières et c’est le savant Otto Lieber qui est, semble-t-il, visé pour ses travaux sur l’atome. Blacksad plonge dans l’univers de la manipulation et de l’espionnage.
Pour ce troisième tome on retrouve la narration typée roman noir qui a (entre autres) fait le succès de la série, même si ce trait est un peu en retrait par rapport au premier volume. La figure de la femme fatale est à nouveau présente, sous la forme ici d’un écrivain engagé au caractère bien trempé, le charme de Blacksad faisant le reste… Toutefois ce troisième tome est une légère déception, au regard du scénario d’une part, la simplicité des intrigues commençant à lasser quelque peu (en effet, le choc de la découverte est cette fois définitivement passé). Au regard du dessin d’autre part, car ce troisième tome a un peu moins de personnalité et d’unité que les deux précédents, la faute au coloriage un peu plus clair et moins homogène peut-être. La qualité est cependant au rendez-vous et Âme Rouge devrait plaire à ceux qui ont aimé les deux premiers volumes de la série, en dépit de la petite baisse de régime.

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