Casse pipe de Louis-Ferdinand Céline

Casse pipe de Louis-Ferdinand Céline

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 5 novembre 2005 (Inscrit le 10 mai 2004, 69 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 4 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 3 étoiles (57 873ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 8 256  (depuis Novembre 2007)

Cuirassier Destouches ?

« T’as pas fini la polka ! … Tu vas couronner, galvaudeux ! … Comment que tu feras au manège ! … A eunn ! deux ! … Ca tient pas déjà en l’air … Ca va chier partout ! Pitié, misérable ! C’est ça qu’on envoye de Paris ? … Eunn ! deux ! Il les piffe pas les vendus ! Qu’il a bien raison ! Merde ! Ca cogne infect ! Oech ! Oech ! Des chances alors que ça cascade ! En avant les Russes ! pour le dressage pine de mouche ! Tous étriers sur l’encolure ! tout au feu dans son cul ! Au feu ! Au feu ! le cul en rillette ! Il a péri par son derrière ! Le pauvre fi d’engagé ! Les miches en avant ! Maudit chiure ! Au pommeau je veux voir ! Voussez ! Le qui qui se monte sur les couilles je le passe au falot ! C’est saisi ? Eunn ! deux ! Eunn ! deux ! jusqu’à la crève ! En l’air les cuisses ! en l’air ! ils me bouillent ! ils me tuent les canaques ! Assis ! Plus de fesses au peloton ! C’est gagné ! »
Il s’agit d’invectives du Brigadier Le Meheu. Le Brigadier Le Meheu est le chef d’une patrouille de Cuirassés sur laquelle tombe, dans la nuit, un « bleu », engagé volontaire, qui vient rejoindre son affectation au 17ème de cavalerie lourde.
Casse-pipe est court. Il nous décrit la nuit de l’arrivée du bleu dans cette patrouille, premiers contacts hors de la vie, avec le monde de l’armée. Il semblerait que ce soit hautement autobiographique ? Vive l’armée alors !
Les trois-quart de Casse-pipe sont de la veine de l’extrait présenté en exergue ; invectives, jurons, … L’intérêt trouve ses limites. Il y a des ouvrages plus passionnants de Céline.
Une ambiance est créée ; cette arrivée la nuit, dans un quasi-monde inconnu pour un bleu. Le noir, les brimades, la bêtise, … mais … les limites. Oui, on y trouve des limites !

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Pas le meilleur de Céline

5 étoiles

Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 54 ans) - 7 novembre 2025

Céline démontre encore une fois, avec « Casse-pipe » toute la maîtrise de son écriture et surtout toute l’étonnante variété de son vocabulaire argotique et trivial. C’est un récit qui part de sa propre expérience, celle de son premier jour d’incorporation dans un bataillon de cuirassiers en tant qu’engagé volontaire. Mais le reste est certainement tout de son invention, tellement le récit part immédiatement dans l’outrance verbale pour ne plus cesser jusqu’à la fin. Une longue suite d’injures, de jurons, d’argots, d’invectives, d’insanités, tout cela hurlé à pleins poumons par un officier et un brigadier ou discouru sans queue ni tête par un garçon d’écurie. Il y est aussi questions de chevaux dont le comportement sauvage est hors de toute réalité.

Bref, dans l’outrance même, on peut discerner la dureté subie par le jeune appelé Destouches lors de son engagement à l’armée, et du désappointement cruel ressenti face à des soldats et officiers tous aussi obtus et ivrognes les uns que les autres, ainsi que l’abus de pouvoirs qu’usaient sans vergogne les chefs militaires, quels que soient leurs grades. Ce que Céline dénonce, à sa manière, pas comme les autres !

Donc un récit imagé de l’armée en ces temps-là, d’avant la première guerre mondiale. Très imagé, très coloré, dans un phrasé tout fleuri à l’extrême. C’est impressionnant, et il faut saluer la performance. Seulement, trop c’est trop. Ça ne suffit pas pour en faire un texte structuré que le lecteur peut suivre. Ici, le lecteur ne suit pas, il ne peut que subir, de plus en plus épuisé, la logorrhée sans fin des interjections qui remplissent chaque ligne de chaque page. Heureusement que ce texte est court, 118 pages dans l’édition que j’ai eu en mains. S’il avait fait 500 pages, personne n’aurait pu en venir à bout !

Donc pas le meilleur de Céline. Et si on n’a jamais rien lu de lui, ne surtout pas commencer par « Casse-pipe », il risque trop de dégoûter à jamais de cet écrivain qui mérite pourtant d’être lu, auteur de chef d’œuvres par ailleurs.

Les dernières pages, « Le carnet du cuirassier Destouches », est bien plus minimaliste, mais est dans la même veine de la souffrance ressentie en s’engageant dans l’armée, donc il découvre la réalité toute décourageante, bien différente de ce qu’il s’imaginait. Intéressant, mais trop court, cela reste très anecdotique.

Indécrottable

2 étoiles

Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 86 ans) - 24 août 2018

J'ai toujours eu du mal avec la prose de Céline et ai mis des années à ne pas terminer un ouvrage. Celui-ci m'est arrivé par hasard entre les mains et j'y retrouve la même incertitude. Les phrases hachées, l'accumulation des jurons; grossièretés en tout genre - en dehors de rares passages intéressants - tournent pour moi au procédé, lequel n'atteint pas son but qui est de décrire l'insanité des lieux, des comportements, des sous-officiers. Je veux bien que l'on considère généralement Céline comme un génie, pour moi ce n'en est pas un. Et l'inintérêt de ce petit opuscule est avéré. Comme le dit Henri Cachia, les quelques pages du Carnet du cuirassier Destouches suscitent plus d'attention.

Loin du chef-d'oeuvre

5 étoiles

Critique de Henri Cachia (LILLE, Inscrit le 22 octobre 2008, 63 ans) - 17 septembre 2011

Je viens de reprendre la lecture des livres de Céline, et j'ai mal commencé avec "Rigodon" et Casse-pipe".
Franchement cette succession de jurons, invectives, insultes en tous genres sont loin d'être intéressants. Aucune évolution dans le récit.
J'ai préféré les cinq dernières pages qui rassemblent le "Carnet du cuirassier Destouches;beaucoup plus clair.
Vivement "Voyage au bout de la nuit..."

Avec l'ami bidasse !

5 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 78 ans) - 14 mai 2008

Dans ce petit opuscule (150 pages), Céline nous raconte sa première nuit dans le régiment de cavalerie … lourde qu’il a intégré en 1912 à Rambouillet. C’est le récit d’une nuit passée au milieu des ivrognes et des chevaux, dans le crottin et le purin, sous la menace et l’injure, au cœur de la France profonde nivelée par le bas par le sacro-saint service militaire. Ce récit n’est qu’une suite de jurons, d’invectives, de grognements, de hurlements et autres braillements de sous-officiers plus avinés et plus bêtes que leurs hommes de troupe qui se mêlent sans grande distinction aux hennissements des chevaux déchaînés.

Ecrite seulement en 1935 et publiée en 1949, cette première expérience militaire n’a pas dû convaincre Céline de la qualité militaire de notre armée et plus généralement de la capacité du peuple français à faire face à l’ennemi et à la crise qu’il devait surmonter.

Ce petit livre semble avoir été rédigé rapidement et doit être un inachevé qui n’a pas fait l’objet d’un travail de relecture en profondeur car c’est très loin d’être un chef d’œuvre. Cependant Céline démontre déjà sa capacité à utiliser une langue très populaire, argotique et minimaliste pleine d’exclamations, très proche du langage parler, remplie de couleurs, de sons et d’odeurs. Il est aussi intéressant de remarquer qu’il publie ses souvenirs militaires juste avant Léon Werth qui publiera « Caserne 1900 » en 1950.

Je dois préciser que je n’ai pas lu la même édition que Tistou, j’avais à ma disposition l’édition 1949 de Gallimard.

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  Un copain de régiment 2 Feint 16 mai 2008 @ 00:32

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