Une fête en larmes de Jean d' Ormesson

Une fête en larmes de Jean d' Ormesson

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Bachy, le 1 novembre 2005 (Inscrit le 10 avril 2004, 61 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 664ème position).
Visites : 8 666  (depuis Novembre 2007)

Biographie

La vie est un rêve sombre et tragique. Elle est très belle et très gaie. « Une fête en larmes », le titre du dernier roman de Jean d’Ormesson est un oxymoron. Son livre ressemble curieusement à une autobiographie... rêvée, c’est ce qui justifie le mot roman. Par exemple, contrairement au personnage du livre, il n’a jamais enseigné aux Etats-Unis. Il est vrai qu’au lendemain de son agrégation de philosophie, on lui avait proposé d’aller enseigner à Bryn Mawr, un établissement composé d’une majorité de jeunes filles. Il était tellement content d’y aller qu’il est tombé malade. Il ne sait pas si c’est cela qui l’a travaillé au point d’en arriver là. De même, il n’a jamais travaillé avec M. Poncet. Il a écrit une vie rêvée. « Une fête en larmes » est le résumé de son existence. L’écrivain a recours à une forme très répandue aujourd’hui : l’interview imaginaire. A première vue, on a affaire à un tour confortable : un auteur se prémunit contre les questions indiscrètes en les concevant lui-même. La jeune journaliste de L’Express, Clara Sombreuil, auquel il est confronté est des plus accommodantes, en plus d’être charmante. Comme nombre de ses consoeurs, elle se montre très avide dé confidences intimes, mais Jean d’Ormesson lui fait vite entendre raison sur ce terrain. Les informations prodiguées semblent correspondre à la réalité. Le parcours éditorial de l’auteur est conforme : il fut effectivement découvert par Julliard, rencontra le succès chez Gallimard, et se permit quelques incartades du côté de Lattès et de Laffont.
Depuis un certain temps, l’auteur tient des propos désabusés sur la postérité, sur le roman, sur l'avenir des lettres, sur la désolation de cette langue française en train de décliner après avoir régné trois siècles sur le monde. Il revendique ses droits à la galéjade en se réclamant d’Aragon pour qui il eut, de tout temps, une inclination notoire. Le mentir vrai, tout est là, et ici il ne s’en est pas privé. Il n’a jamais, tout jeune homme, recueilli les remerciements de de GauIIe pour le dévouement de son père. On en déduit qu’il a glissé dans ses pages son antidestin. Comment en avoir le coeur net ? Jean d’Ormesson n’a pas, jusqu’à ce jour, suscité l’intérêt d’un biographe méticuleux, à la britannique, qui permettrait, point par point, de confirmer ou d’infirmer ses dires. Alors, quel est le véritable propos de cette « Fête en larmes » ? Un adieu à la littérature peut-être, dont le livre a l’air de faire mélancoliquement son deuil. On ne se doutait pas que derrière les pirouettes de cet enchanteur pouvait se dissimuler un tel désenchantement tout en n’étant pas un écrivain tendu, ni pathétique…bien qu'il lui semble traverser une époque très bouleversée.

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Une jolie manière d'instruire le bon peuple

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 21 août 2007

Ce livre dévoile davantage de nouveautés que C'était bien, qui reprenait de précédents ouvrages. D'essence biographique, comme presque toujours, il remonte plus loin, en l'espèce à l'histoire de sa famille, depuis ses grands-parents et leurs relations sous la guerre et l'Occupation.

Le récit prend la forme d'une entrevue avec une jeune journaliste, dont il a bien connu les grands-parents.
Il parle de son épouse Marie, avec une pudeur touchante, de l'entrecroisement de ses romans, et avoue, avec une belle ironie, le cabot qu'il est, ce qui est beau joueur, et un roman de d'Ormesson digne de ce nom ne peut pas faire l'impasse d'un couplet sur Chateaubriand, dont il essaie d'imiter la vie, bien qu'il ait fait l'impasse de la politique et de la diplomatie.

Ce roman apprend beaucoup, tout en étant moins encyclopédique et densément touffu que les plus brillants de ses ouvrages, la Douane de mer ou Histoire du Juif errant ; à ce titre, il est plus accessible.

Son mode de vie est d'être heureux, de sourire quoi qu'il arrive, et a ainsi quelque chose d'un peu oriental dans sa morale, me semble-t-il.

Touchant et instructif, à conseiller.


Lu à Saint-Raphaël, lieu-dit de Valescure (Var), après le Ravissement de Lol V. Stein, de Marguerite Duras, et avant l'Adversaire, d'Emmanuel Carrère (au même endroit).

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