Les forums

Forums  :  Forum général  :  Traduction

Nymphette

avatar 03/11/2010 @ 17:25:13
Depuis quelques temps, je lis des textes en V.O en langue anglaise. Depuis, je trouve que certains textes traduits sont de qualité médiocre. Je ne sais pas si c'est parceque mon goût de lectrice s'est affiné avec le temps ou si ce sont les traductions qui sont moins bonnes. Curieusement, cela arrive avec des romans à fort succès public, et donc traduits "rapidement"...

Dernier exemple en date: "La couleur des sentiments" de K STOCKETT. L'original ("The Help", rien que la traduction du titre laisse à désirer!) est vraiment truffé de trouvailles linguistiques, de particularités, et les quelques passages traduits que j'ai lu ici et là, m'ont semblés faibles...

Je ne suis bien sûr pas une spécialiste, ce n'est qu'un avis de profane! ;-)

Et vous, avez-vous remarqué une différence disons, depuis 5 ans?

Joachim 03/11/2010 @ 19:17:38
Oui, c'est vrai; depuis quelques années beaucoup de livres sont moins bien traduits.

C'est dû au coût de la traduction de bonne qualité : un livre de 400 pages qui se vent à 10 000 exemplaires (en prévision) peut coûter dans les 8000 euros à une maison d'édition...

De plus en plus, certaines maisons confient des traductions à des gens assez peu qualifiés en traduction (car être compétent ou parler une langue ne garantit pas que l'on sera un bon traducteur...) pour les payer 2 ou 3 fois moins.

Mais le pire à mon avis, c'est la qualité des sous-titrages (films, DVD...).

Nance
avatar 03/11/2010 @ 19:42:15
Je ne sais pas si ce n'est que depuis 5 ans... Je ne suis pas une lectrice difficile qu'en à la traduction, mais j'aime quand c'est lisible et que ça ne parait pas que c'est traduit.

Le plus criant, c'est des textes classiques comme L'odyssée, Médée, où c'est le jour et la nuit entre les différents traducteurs.

Mais quand c'est des fautes d'orthographes, je trouve que ça a moins d'excuses. La série Twilight est bourrée de fautes. Pour une série qui rapporte autant d'argent, je trouve ça impardonnable. Une bonne relecture, le faire lire à quelqu'un d'autre, aurait sûrement coupé la plupart des fautes.

J'ai plus tendance à pardonner les petites boites d'éditions, les livres obscurs ou plus difficilement traduisibles (la poésie, ceux avec des jeux de mots, avec des mots au sens obscurs...).

The Wonderful O de James Thurber est quand même un livre pour enfant relativement connu en anglais, mais n'est pas encore traduit. Ça vient qu'on joue avec la lettre O et que les mots ne sont pas pareils avec la lettre O de l'anglais au français. MAIS ce n'est pas impossible. Il y en a qui ont traduits La disparition (livre sans lettre "e") et Les revenentes (livre sans voyelle autre que "e") de Georges Perec, alors c'est possible, ça demande juste plus d'effort, de débrouillardise...

Ça m'arrive souvent de remarquer qu'il y a quelque chose qui cloche en regardant les commentaires sur Internet.

Comme dernièrement j'ai lu la nouvelle I Have No Mouth, and I Must Scream en FRANCAIS et ensuite j'ai regardé sur plein de sites pour avoir des interprétations de l'histoire et j'ai remarqué qu'il y avait des blancs dans la version française, qu'il y a des expressions qui n'ont pas été traduites à sa juste valeur. Par exemple, je ne me rappelle pas où on dit qu'un personnage serait gay et il y a aussi les jeux de mots. Dans la version originale, l'ordinateur s'appelle A.M. (M.A. en francais) et AM en anglais veut aussi dire le verbe être "je suis", alors quand il dit que son nom maintenant est cogito ergo sum (je suis, comme dans je pense donc je suis), ça n'a pas de sens en francais. « Au début, cela voulait dire Multiordinateur Allié. Puis c’est devenue Manipulateur Adaptif. Plus tard, quand la machine est née à la conscience et a commencé à coordonner ses éléments, on l’appelée Menace Agressive. Mais déjà c’était trop tard, et elle s’est intitulée de son propre chef M.A. en accédant à l’intelligence, et ce nom signifiant alors... cogito ergo sum. » C'est beau, mais ce n'est pas vraiment la même chose qu'en anglais. Je compte lire la version anglaise pour voir la différence.

Aussi, la traduction de Petit déjeuner chez Tiffany contient des termes d'argot français, alors pour une québécoise ça n'a pas été toujours évident. Il y a aussi des choix de mots hasardeux, certains traducteurs devraient apprendre à se mettre à la place des lecteurs. Une chance, mon édition était billingue et ça m'arrivait de lire le passage en anglais pour mieux comprendre. J'en parle d'ailleurs dans ma critique.

Joachim 03/11/2010 @ 20:42:07
Tu as raison, et pour Twilight je suis bien d'accord: combien de fois on est surpris par les fautes de traduction, fautes d'orthographe évidentes en tout genre...

Je me préserve d'une façon très simple: je ne regarde pas Twilight et la télé de moins en moins.

Pour l'Odyssée ma traduction préférée est celle de Philippe Jaccottet, elle est proche du texte original et poétique tout en étant parfaitement lisible.

Nymphette

avatar 03/11/2010 @ 21:06:49
@ Joachim: En effet, je comprends que cela soit un investissement, mais justement quand un livre a été Best-seller aux Etats-Unis, on peut s'attendre à un succès similaire en France, et donc investir dans une bonne traduction! Car ici, le livre perd de sa valeur, de son charme et devient simplement un bon page-turner!
Pour ma part, je ne supporte pas les fautes d'orthographe dans un livre: je trouve que c'est un manque de respect à l'auteur et au lecteur.

@ Nance: Merci pour ce long avis! Globalement, je vois que nous sommes d'accord, même si tu sembles encore plus pointue que moi: Je n'ai vraiment pas de quoi juger les traductions de classiques, d'autant plus que je ne les lis pas! Je parle surtout des romans contemporains, qui je le crains ne bénéficieront peut-être jamais d'une nouvelle traduction, la première a intérêt à être bonne!

Débézed

avatar 03/11/2010 @ 22:40:10
Je viens de lire un livre traduit de l'espagnol, dans une bonne maison d'édition, où j'ai trouvé tout de même un nombre assez important de fautes de frappe, d'orthographe, de français. Je pense qu'il y a aussi un problème de saisie au kilomètre et de relecture peu sérieuse.

Saule

avatar 03/11/2010 @ 22:57:10
J'imagine que quand il s'agit de littérature, il ne suffit pas de traduire, il faut être capable d'écrire. Il faut aussi avoir des affinités avec l'auteur qu'on traduit. Par contre, pour traduire Fascination, ou des livres sans ambitions littéraires, je crois qu'il suffit d'un bon dictionnaire et d'un correcteur orthographique.

Débézed

avatar 04/11/2010 @ 01:40:14
J'imagine que quand il s'agit de littérature, il ne suffit pas de traduire, il faut être capable d'écrire.


Eh oui et c'est bien le problème de certains !

Nance
avatar 04/11/2010 @ 01:55:44
@ Nance: Merci pour ce long avis! Globalement, je vois que nous sommes d'accord, même si tu sembles encore plus pointue que moi: Je n'ai vraiment pas de quoi juger les traductions de classiques, d'autant plus que je ne les lis pas! Je parle surtout des romans contemporains, qui je le crains ne bénéficieront peut-être jamais d'une nouvelle traduction, la première a intérêt à être bonne!

C'est des observations que je vois une fois de temps en temps, au gré des hasards.

Comme pour Médée et Les troyennes:
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/7211
J'ai lu l'édition Librio dont le texte est étonnament fluide et beau. J'étais trop fatiguée pour scanner mes pages pour mes citations avec un décrypteur de lettres, alors je voulais copier-coller le texte du site Wikisource quand je me suis rendue compte que c'était vraiment pas la même chose et pourtant c'est censé l'être... Alors, j'ai finalement copié les citations de mon édition au clavier...

Je ne suis pas une spécialiste, d'ailleurs ça me surprends toujours que MOI je puisse découvrir des fautes d'orthographe dans les livres, parce que ce n'est pas my cup of tea, alors qu'eux c'est leur boulot.

Le pire livre que j'ai lu pour les fautes c'est Cruising, assez pour que j'en parle dans ma critique. Mais je lui pardonne plus que pour Twilight, à cause du succès de la série, de son grand tirage. Cruising est un petit livre obscur des années 70 et je suis juste contente que j'aille pu trouver une traduction, aussi inconstante soit-elle et d'avoir mis la main dessus.

Est-ce que c'est les livres contemporains dont tu parles n'auront jamais de deuxième traduction, ça reste à voir. Peut-être ceux qui vont passer le tamis du temps ou ceux qui vont susciter suffisament d'intérêt pour une meilleure traduction, oui.

Nance
avatar 04/11/2010 @ 02:01:09
Pour l'Odyssée ma traduction préférée est celle de Philippe Jaccottet, elle est proche du texte original et poétique tout en étant parfaitement lisible.

L'édition que je possède, c'est la traduction de Leconte de Lisle et - ouf! - je n'ai jamais été capable d'aller plus loin de trois pages dans l'Iliade. Mais je garde espoir! Persévérance, courage, bravoure...

Nymphette

avatar 04/11/2010 @ 11:26:27
@Saule: Oui, je pense qu'en effet, il faut un talent d'écriture et pas seulement de traduction..


Pour résumer cette discussion:
1- le niveau de traduction semble avoir baissé, mais pas seulement au niveau de la qualité de transcription, au niveau même basique de l'ortographe et de la grammaire! Même cela semble souffrir de la loi du Marché (GRRR!)

2- sur des oeuvres plus anciennes, il faut être attentif au traducteur de la version que l'on lit (j'avoue que par facilité, je prends la première qui me tombe sous la main!), au risque de passer complètement à côté de l'ouvre

Ma conclusion: le mieux est de lire en V.O quand c'est possible! Mais cela prend beaucoup plus de temps que dans sa langue maternelle!


Question subsidiaire: Pensez-vous que parfois la traduction peut sublimer une oeuvre? Qu'elle soit médiocre dans sa langue d'origine et exceptionnelle traduite?

Mallollo

avatar 04/11/2010 @ 12:54:52
Pour un autre son de cloche: j'ai fait des études de traduction, et on avait une "option littéraire". on nous faisait vite comprendre que c'était une option "pour du rire", qu'on aurait très peu de chance de percer dedans, parce que les maisons d'éditions choisissent, plutôt que des traducteurs, des "plumes bilingues", des auteurs (ou auteurs "ratés"? :p) qui maitrisent la langue de départ aussi, pour avoir un bon résultat.

Je n'ai rien testé sur le terrain, je ne sais pas si c'est vrai en pratique, si c'est préférable ou non. Un traducteur est parfois capable de trèèèès grosses lourdeurs quand même, mais il maitrise des "trucs" de traduction que l'auteur bilingue n'a pas (d'où parfois il aurait tendance à gommer des spécificités "intraduisibles"?)

Je demande un test: un livre étranger traduit 2 fois: par un traducteur et une plume! Après on compare :)

Mallollo

avatar 04/11/2010 @ 12:58:08
Question subsidiaire: Pensez-vous que parfois la traduction peut sublimer une oeuvre? Qu'elle soit médiocre dans sa langue d'origine et exceptionnelle traduite?


... et si on répond oui... le point épineux est: "Traduttore tradittore"! (scusez l'orthographe, si erreur il y a). "Traducteur! Traitre!" (J'ajouterais: "Au Trou!"). Pour bien faire, si la version est "mal écrite" en original (vocabulaire pauvre, tournures simplistes, pas d'imagination", le rôle du traducteur serait de faire passer la forme correspondante dans l'autre langue, pauvreté et simplisme y compris :p
J'avoue, ce serait un peu désolant!

Joachim 04/11/2010 @ 23:19:29
Je parle d'expérience: le traducteur est très souvent trahi par l'éditeur, le correcteur ou les deux à la fois pour des choses pourtant vérifiables en toute objectivité (termes techniques, fautes de syntaxe, translittération des noms propres étrangers).

Joachim 04/11/2010 @ 23:24:48
@Nance

La traduction de Leconte de Lisle est très pompeuse, elle est amusante par moments mais légèrement vieillie, alors que le texte original est très léger.

Encore une fois la meilleure solution consiste à se mettre au grec.

Je pense que le jeu en vaut la chandelle.

Nymphette

avatar 05/11/2010 @ 11:06:30
@Malollo:
Merci de ton avis "de l'intérieur". On lit en effet souvent sur des oeuvres un peu plus anciennes que les traductions ont été effectuées par des auteurs reconnus bilingues, ce qui donne un cachet supplémentaire à l'oeuvre...
Question subsidiaire: Pensez-vous que parfois la traduction peut sublimer une oeuvre? Qu'elle soit médiocre dans sa langue d'origine et exceptionnelle traduite?

"... et si on répond oui... le point épineux est: "Traduttore tradittore"! (scusez l'orthographe, si erreur il y a). "Traducteur! Traitre!" (J'ajouterais: "Au Trou!"). Pour bien faire, si la version est "mal écrite" en original (vocabulaire pauvre, tournures simplistes, pas d'imagination", le rôle du traducteur serait de faire passer la forme correspondante dans l'autre langue, pauvreté et simplisme y compris :p
J'avoue, ce serait un peu désolant!


C'est vrai, ce serait dommage, mais c'est le rôle du traducteur... où doit-il s'arréter...?




@Joachim:
Je parle d'expérience: le traducteur est très souvent trahi par l'éditeur, le correcteur ou les deux à la fois pour des choses pourtant vérifiables en toute objectivité (termes techniques, fautes de syntaxe, translittération des noms propres étrangers).


Tu veux dire que l'éditeur "re-modifie" ensuite? C'est curieux, non? (enfin, j'ai conscience d'être parfois un bisounours!)

Joachim 13/11/2010 @ 15:17:55
Oui, bien sûr : s'il passe par un correcteur, ce dernier peut avoir le dernier mot, surtout s'il s'agit d'un "correcteur" qui fait partie de la maison ou qui ne fait qu'un avec l'éditeur...

Et malheureusement, certains éditeurs et certains correcteurs n'étant pas omniscients, il leur arriver de modifier des détails au point de faire des fautes, sans toujours prévenir le traducteur, qui pourtant est propriétaire de son texte.

Aria
avatar 14/11/2010 @ 23:27:34
Je lis beaucoup de livres traduits de l'anglais, et je me débrouille pas mal en anglais (pas en américain, surtout pas l'argot).

Je suis horrifiée par les contre-sens, les non-sens et tout simplement les fautes basiques que ne ferait pas un élève de 3ème...je ne comprends pas comment cela est possible.

Nous l'avions remarqué dans certaines nouvelles de William Boyd.

Parfois il est patent que le traducteur ne maîtrise pas le français et qu'il fait du mot à mot. On peut alors facilement retraduire la phrase en anglais et se faire sa traduction française.

Ce qui est bizarre est que cela arrive à d'excellents auteurs, on en souffre pour eux.
En revanche les romans victoriens d'Anne Perry dont j'ai fait une cure récemment sont parfaitement traduits.

Aria
avatar 14/11/2010 @ 23:29:35
@Nymphette : ce phénomène est assez récent en effet et dire que c'est apparu nettement depuis 5 ans me semble assez juste.

Saule

avatar 14/11/2010 @ 23:46:07
Je lis pour l'instant un livre de Wharton en anglais, c'est de l'anglais littéraire, qui doit être difficile à traduire. Je crois que les traducteurs de Wharton sont bons, ce qui est normal car c'est une grande auteur classique et en plus les traductions ne sont pas récentes. Et quand elles sont récentes, c'est un traducteur attitré qui s'en charge (Jean Pavans).

Page 1 de 4 Suivante Fin
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier