Micharlemagne

avatar 17/08/2010 @ 09:57:59
Il faudra bien qu'un jour, on entame une discussion - et je me lance hardiment - sur les couvertures de livres. Ou plus exactement sur les illustrations de ces couvertures et leur pertinence.

Le livre dont il est question ici montre une caricature de James Gillray, dessinée en 1803 et les contemporains n'eurent aucune peine à y reconnaître le roi d'Angleterre George III observant à la lunette un petit personnage qui n'est autre que Bonaparte.

http://britannica.com/bps/image/…

Mais le maquettiste de chez J.C. Lattès a procédé à quelques "légères" modifications... Il a retourné l'image, mettant la gauche à droite (ce qui fait que le roi porte le cordon de la Jarretière à l'envers) et changé les couleurs du petit personnage qui, de vert, devient bleu...
En outre, il supprime le texte qui, dans l'original, est contenu dans un phylactère et qui dit :

"My little friend Grildrig, you have made a most admirable panegyric upon yourself and Country, but from what I can gather from your own relation & the answers I have with much pains wringed & extorted from you, I cannot but conclude you to be one of the most pernicious little odious reptiles that nature ever suffer'd to crawl upon the surface of the Earth"

Ce qu'on pourrait traduire par :

"Mon petit ami Grildrig, vous avez fait un très admirable panégyrique de vous-même et de votre pays, mais de ce que j’ai pu retirer de votre propre relation et des réponses qu’en tordant bien, j’ai pu vous extorquer, je ne peux que conclure que vous êtes un des plus pernicieux odieux petits reptiles que la nature ait jamais pu supporter voir ramper que terre."

Les connaisseurs de Swift auront reconnu une transposition du dernier paragraphe du chapitre 6 de la deuxième partie de Gulliver.

Maintenant, la question :
Que viennent faire ici George III - qui n'est pas français - et Napoléon - qui n'est pas un "z'héros" ?
Cette illustration est-elle pertinente ? A-t-elle seulement un rapport avec le thème du livre ?

Numanuma
avatar 17/08/2010 @ 12:01:44
Effectivement, on peut se demander si cette illustration correspond au sujet. Il apparaît que ce n'est formellement pas le cas.
Par contre, du point de vue de l'idée du livre, cela me semble cohérent. Le roi représenterait alors les grands personnages de l'Histoire regardant les petits avec une lorgnette.
De plus, le sourire un peu goguenard du roi rend justice au sujet du livre qui met en avant des personnages dont la pâleur condmane à l'oubli. On nepeut traiter d'un tel sujet sans avoir un regard un peu moqueur sur ces z'héros (rien que le nom z'héros mélange moquerie et affection).
Quant-au fait que l'image soit inversée, je n'ai pas d'explication. Pour la couleur verte qui devient bleu, peut-être cela correspond-il au bleu des rois de France?
Plus prosaiquement, il ne s'agit peut-être que d'un problème d'imprimerie...

Saint Jean-Baptiste 17/08/2010 @ 12:14:27
Ben, cette illustration a peut-être le mérite d’être drôle ( ?). Peut-être aussi que le retournement des personnages est voulu puisque le livre aborde l’Histoire par l’autre bout de la lorgnette. Mais ça m’étonnerait. Il fallait un lecteur attentif, érudit et fin observateur – n’est-ce pas Charlemagne – pour constater l’imposture.

En tous cas, ça nous vaut de relire de bien belles critiques et je crois que Bolcho a raison, ce doit être un bon livre de vacances.

En général, je trouve que les couvertures des livres actuels sont très soignées et souvent remarquables. Les étales des librairies offrent toujours un beau spectacle.
Maintenant, c’est vrai qu’elles font parfois illusion. Mais il faut bien se dire qu’elles sont faites pour ça… comme nul lecteur de CL ne l’ignore, évidemment.

Feint

avatar 17/08/2010 @ 12:16:06
A propos de couverture pertinente (ou non), celle-ci - pour une réédition récente des Lettres portugaises - vaut son pesant de cacahuètes : http://amazon.fr/gp/product/…

Micharlemagne

avatar 17/08/2010 @ 18:33:33
Effectivement, c'est peut-être mon défaut d'aller chercher des explications à ce qui n'en demande pas. L'image de l'imposant personnage historique qui observe le minable dans une lunette peut sembler adéquat. Mais ce qui m'a un peu perturbé, c'est que le livre parle de personnages français (d'après le titre) et que la caricature de Gillray est à 250 % anglaise et qu'elle demande un double décryptage. Il est clair que le caricaturiste en représentant George III voulait symboliser l'Angleterre et pas montrer le roi lui-même (qui vacillait à ce moment dans la folie). Le discours que tient le roi (dans le phylactère original qui disparaît sur la couverture) et qui est à peine transposé de Swift s'adresse cependant clairement à Bonaparte. Mais si l'on relit Gulliver, on voit qu'en réalité le roi Brobdingnag parle de l'Angleterre et des Anglais. Comme on voit, c'est compliqué... Enfin, c'est moi qui suis compliqué, je crois.
Pour la couverture que nous montre Feint, effectivement, je n'aurais pas osé...

Feint

avatar 17/08/2010 @ 18:37:22
Pour la couverture que nous montre Feint, effectivement, je n'aurais pas osé...

C'est que tu ne t'appelles pas Sollers...

Patman
avatar 04/06/2013 @ 09:33:38
Ah les couvertures !!!! Il faut bien admettre qu'elles sont souvent peu en rapport avec le contenu... Et ce n'est pas nouveau ! L'action du tout premier roman des aventures de Bob Morane en 1952 "La vallée infernale" publié chez Marabout se situe en Papouasie et la couverture représente de splendides guerriers...zoulous !!!

la nouvelle réédition en poche du magistral "Ceux de 14" de Maurice Genevoix montre en couverture un gros plan de casque...anglais !!! Ce qui a déjà fait couler beaucoup d'encre sur les sites spécialisés vous l'imaginez... Et ce ne sont là que quelques exemples parmi des milliers d'autres...

Quant à ce petit livre sympathique de Clémentine P-K, et bé moi je l'aime beaucoup... il est bien divertissant et je me fous bien de sa couverture... Il manque à mon avis un grand Zhéros à cette galerie : le Maréchal de Villeroy, qui fit bombarder Bruxelles alors qu'elle n'était pas défendue en 1695, entrainant des destructions épouvantables et anéantissant des centaines d'oeuvres d'art à jamais perdues (des Rubens, van Dyck, de la Pasture,...).

Soldat courageux, il fut un chef médiocre, perdant toutes les batailles où il commandait... Saint-Simon disait de lui : « Un homme qui n'avait aucun sens et qui n'avait d'esprit que ce que lui en avait donné l'usage du grand monde au milieu duquel il était né et avait passé une très longue vie. »...

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