Grands z'héros de l'Histoire de France de Clémentine Portier-Kaltenbach

Grands z'héros de l'Histoire de France de Clémentine Portier-Kaltenbach

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Numanuma, le 27 juillet 2010 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 51 ans)
La note : 8 étoiles
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Aux âmes mal barrées, la nullité n'attend pas le nombre des années

A n’en pas douter, si un jour quelqu’un devait inventorier les zhéros de l’histoire du sport, il faudrait obligatoirement mentionner l’équipe de France de football de 2010… En attendant, Clémentine Portier-Kaltenbach (que je vais réduire en CPK, c’est plus simple) nous offre l’Histoire à l’envers, c’est-à-dire qu’au lieu de s’intéresser aux éternels champions de la bravoure et du courage, cette journaliste et historienne se penche sur le cas des pas beaux, des nuls, des loosers, des bas du front, des ratés ! Bref, ceux qu’elle nomme avec une certaine délicatesse les « zhéros » méritent autant notre attention que les héros, une noble tâche d’autant plus difficile que le zhéro n’est pas aussi simple à définir ni à trouver.
Peut-être avez-vous tous en tête le nom d’un personnage historique que vous auriez envie de qualifier de zhéro, c’est-à-dire un héros à l’envers, celui qui fait tourner les événements du mauvais côté, mais est-ce si simple de rentrer dans cette élite ?
CPK établit une nomenclature des zhéros car à l’évidence, il est des personnages historiques qui pourraient aussi bien être des héros selon la façon dont on appréhende leur histoire. Il en est ainsi de Grouchy que l’Histoire a retenu comme un mangeur de fraises incapable de prendre une décision qui aurait peut-être sauvé Napoléon de la débâcle. Mais on oublie que c’est avant tout un héros de guerre, décoré de nombreuses fois devenu maréchal à force de bravoure et d’héroïsme au feu. C’est pourquoi il est nécessaire d’imposer une classification :
• Les hommes providentiels qui déçurent tous les espoirs par faiblesse, bêtise ou lâcheté,
• Ceux qui ne furent pas à la hauteur de leur mission ou déclenchèrent des catastrophes et des défaites militaires par leur incompétence (là se trouve Grouchy),
• Des individus qui, eux-mêmes assez peu doués, eurent le pouvoir de nuire aux vrais génies.
A côté de ces catégories, l’auteur(e) ajoute celles des Zhéros pointés et des faux nuls qui permettent d’écarter les noms qui ne font pas consensus, qui ne sont pas français, qui ne jouissent d’un minimum de notoriété autour de leur nom ou des événements auxquels ils se rattachent (ce qui permet d’exclure les Rois Fainéants puisque hormis ce titre peu glorieux, on ne sait pas grand-chose d’eux) ainsi que les personnages qui sont malheureusement atteints de problèmes psychiatriques même si, par ailleurs, ils regroupent toutes les caractéristiques de médiocrité (qui exclut Paul Deschanel, Président de la République tombé d’un train en pyjama).
Disons-le tout de suite, en plus d’être instructive, cette lecture est très amusante et l’écriture est suffisamment claire et précise pour être lue rapidement sans avoir besoin de suivre un cursus d’histoire !
Je dois bien l’avouer, nombre des personnages cités me sont inconnus mais c’est bien le propre du Zhéros que d’échapper à la postérité (sauf pour ceux qui gravitaient autour d’un grand personnage qui, lui, est connu de tous). Je suis resté coi devant tant de bêtise et tant de situations absurdes ! Le maître-étalon du genre est espagnol, aussi curieux que cela puisse paraître mais le plus Zhéros des deux n’est pas forcément celui qu’on croit.
Philippe II d’Espagne a décidé d’envahir l’Angleterre, le seul pays capable de lui disputer la suprématie sur les mers. Il lui faut un chef de guerre, un amiral d’envergure mais il n’en a plus sous la main. Il se rabat donc sur un homme de cour très docile, très haut seigneur mais piètre marin puisque affublé du mal de mer : Medina Sidonia. Pour Philippe II, le rang de Medina, sa fortune, son entregent auprès du roi devaient lui servir d’autorité pour accomplir son dessein. Le pauvre Médina, qui voit bien qu’il n’est pas l’homme de la situation, écrit au Roi pour lui expliquer qu’il ne peut remplir la tâche qui lui a été assignée. Las, Philippe II s’entête. On sait ce qu’il advint de l’Invincible Armada… En ce qui me concerne, le plus Zhéro des deux est bien Philippe II mais c’est sur Medina que se cristallise l’Histoire, c’est lui qui est devenu le responsable de la plus grande défaite militaire maritime de l’Espagne.
A partir de cette référence, CPK dresse un série de portraits de Zhéros français dont l’un d'eux me rebute particulièrement : Hugues Duroy de Chaumareys. Je suppose que ce nom vous est inconnu mais pas l’œuvre qu’il a inspiré : le Radeau de la Méduse. J’ai toujours cru que ce tableau était une fiction mais il s’inspire d’un bien terrible événement puisque La Méduse a bien existé et que ce bateau a échoué par la faute de son capitaine qui a refusé d’écouter des marins expérimentés mais moins gradés, abandonné son navire contre toutes les lois de la marine et condamné ceux qui n’avaient pas de place dans les canots de sauvetage à une mort certaine : 3 survivant seulement sans qui son crime serait passé inaperçu ! Plus que de la nullité, c’est du dégoût que m’inspire ce triste sire.
Inversement, une anecdote racontée dans le livre m’a fait beaucoup rire : en 1805, le général en chef de l’armée russe, Koutousov et sont homologue autrichien, le général Mack doivent opérer une jonction à Ulm. Ils décident d’un jour bien précis. Aucun des deux n’a remarqué qu’ils utilisaient des calendriers différents, julien pour les russes, grégoriens pour les autrichiens ! Mack doit rendre les armes à Napoléon et la bataille d’Ulm va entrer dans la légende puisqu’elle n’a pas eu lieu !
Je vous laisse le soin de découvrir au dernier chapitre celui qui est sacré plus grand Zhéro de notre histoire, un fils de qui a passé sa vie à la rater avec passion, obstination et aveuglement ; un modèle du genre mais, je le trouve plus pathétique ou énervant que Zhéro, il n’a rien fait en tentant tout ! Pas un mince exploit !

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Les éditions

  • Grands zhéros de l'histoire de France [Texte imprimé], ils firent parler d'eux, non pour le meilleur mais pour le pire Clémentine Portier-Kaltenbach
    de Portier-Kaltenbach, Clémentine
    J.-C. Lattès
    ISBN : 9782709630832 ; 20,50 € ; 07/04/2010 ; 300 p. ; Broché
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Aux grands nuls, les grandes catastrophes

8 étoiles

Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 25 août 2019

Si l’Histoire de France eut son lot de héros militaires, de géants de la littérature et de grands esprits en tous genres, elle eut également et plus que son compte de nullités, d’incapables et autres gaffeurs que l’auteure a la gentillesse de qualifier de l’amusant néologisme de « zhéros ». Elle les classe en plusieurs catégories : les faux hommes providentiels tels le comte de Chambord ou le général Boulanger, les causeurs de catastrophes comme Kerguelen qui ne posa jamais le pied sur une seule de ses îles, Soubise ou Chaumareys, les boucs émissaires tels Grouchy, Bazaine, de Grasse ou Villeneuve, ceux qui s’ingénièrent à tenter de nuire à plus grands qu’eux comme Desfontaines, Fréron, Suard ou Lemercier, le menu fretin de la nullité tels Ollivier, Lebœuf, d'Arnouville ou Etienne, l’idiot criminel qui s’acharna à maintenir le pantalon rouge des poilus de 14 et, last but not least, la médaille d’or du nullissime des nullards, le premier bâtard de Napoléon, le « Comte » Léon, minable escroc et quémandeur perpétuel, mort à Pontoise dans une misère noire…
« Grands zhéros de l'Histoire de France » présente une agréable compilation d’erreurs, catastrophes et ratages en tous genres causés par toute une série de minables de plus ou moins grande envergure. Ils ont en commun d’avoir participé de près ou de loin à la grande Histoire de France à l’exception notable de Medina Sidonia, incapable amiral de l’Invincible Armada espagnole, placé là à titre de modèle du genre, et très souvent d’être tombés dans un oubli dont l’auteure les tire avec un malin plaisir et une certaine malice bien appréciable. En effet, le style est léger et facile à lire. On notera à ce sujet une conclusion amusante et une page de remerciements en forme d’auto-dérision plutôt réussie et tout à fait originale. Ouvrage à conseiller aux passionnés d’Histoire vue par le petit bout de la lorgnette.

Un talent d'humoriste

9 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 22 novembre 2010

C.P.K commence son livre par quelques pages explicatives quant à la motivation de cet ouvrage. Les Anglais étant des maîtres de l'autodérison, ils consacrent des livres, des émissions à leurs défaites, à leurs « zhéros ». Mais une grande lacune existait dans l'Histoire de France, que C.P.K a partiellement mais brillamment comblée.

Je ne suis pas sûre de retenir les noms de tous ces personnages « habillés pour l'hiver », nommés « à l'insu de leur plein gré », mais je me suis bien amusée à la lecture des phrases savoureuses accompagnant ces portraits:
les petits fils de Clovis étaient des ectoplasmes, le comte de Chambord, un loser, le général Malet, border line, et pour finir Napoléon 0 « du caviar, la providence du collectionneur de nuls »!

J'en passe dans cette collection d'appellations pleines d'humour que j'ai lue après avoir été séduite par une émission de radio où j'avais entendu l'auteure, et dont la lecture a dépassé mes attentes. Le seul petit bémol concerne la typographie plusieurs fois défaillante.

Une société sans héros n'aurait pas de "zhéros"

6 étoiles

Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 6 août 2010

Bon, d’accord, c’est tonique, enlevé, parfois drôle et toujours facile à lire : un bon bouquin de plage. Mais je n’étais pas à la plage.

On a là une brochette de héros à rebours où dominent les traîne-sabres (normal pour une brochette me direz-vous) et les princes de sang, ce qui fait de l’ensemble en même temps une contre-histoire et une histoire très pépère, classique, puisqu’elle ne s’intéresse qu’aux grands de ce monde.
Vous me direz (et l’auteure le dit aussi) que pour être un « zhéros », il faut être connu, sinon, on n’est jamais qu’un simple péquin comme nous tous dont on n’attend ni héroïsme ni « zhéroïsme ».

Mais je conteste certains des choix de l’auteure car elle élit comme « zhéros » principal un des fils illégitime de Napoléon Ier… que personne ne connaît, et qui ne doit sa présence en ces pages qu’à sa nullité par rapport à son père. Injuste n’est-ce pas ?
Autre injustice lorsqu’elle nous parle des médiocres écrivains ayant fait des misères à Victor Hugo. J’ai envie de rappeler que notre Victor fut lui aussi un sacré « zhéros », royaliste pendant la monarchie, Bonapartiste pendant l’Empire et finalement opposant à Napoléon III parce qu’il n’avait pas obtenu un Ministère. On peut être grand poète et un peu minable.

N’empêche, c’est de l’histoire par le tout petit bout de la lorgnette, certes (et Clémentine Portier-Kaltenbach revendique cette appellation), mais on s’amuse quand même.

à ne pas oublier

9 étoiles

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 4 août 2010

Le Panthéon des incompétents

Ah si l'auteure ne s'était pas arrêtée volontairement en 1899 !
Si elle avait voulu aller plus loin, elle aurait pu mettre en bonne place le président de République actuel ....
Il tient ses promesses et celles-ci conduisent la France à la ruine et le République à sa perte...
Mais bon, il y aura peut être un jour une suite à ce livre instructif, amusant et même parfois passionnant.
Le lecteur retrouve parmi les nominés, certains acteurs de l'histoire, naufrageurs ou gaffeurs.
Il en découvre de nouveaux, des oubliés qui ont par le passé joué un rôle négatif « notoire » même si leur nom est allé dans la poubelle de l'histoire.
L'auteure remet aussi l'horloge à l'heure et reconstruit la réalité.
Pourquoi parler des rois fainéants ? Ils n'étaient pas tous si paresseux que cela et d'ailleurs bien souvent ils consacraient leur temps libre à trucider leurs frères et quelques autres membres de leurs familles... On s'étripait « joyeusement » et il y avait du plan sur la planche.
Ah Kerguelen !ce « grand » marin qui découvrit une terre qui porte aujourd'hui son nom.
Non content de ne jamais avoir posé lui même le pied sur l'un des districts des terres australes et antarctiques françaises, il fait croire à Louis XV qu'il s'agit là d'une terre fertile, « ce pays de cocagne où il suffira de se baisser pour trouver du bois, des diamants, des rubis...Aurait-il alors ajouté les veaux, vaches, cochons,poulets de la fable qu'il eût sans aucun doute été cru sur parole ! »

Certains « médiocres » ont déclenché ou provoqué des désastres militaires , Grouchy et Bazaine n'ont d'ailleurs pas de chance car ils n'auront jamais l'occasion de réparer l'énorme bourde commise.
Quand enfant je chantais : « Napoléon est mort à Saint Hélène, c'est son fils Léon qui lui a crevé le bidon... », j'ignorais l'existence de ce fils naturel de l'Empereur...L'auteure lui consacre un chapitre entier...et on ne s'ennuie pas....
Il fut « une sorte de « trou noir », d'éclipse, et plus trivialement de puits sans fonds... »... »ses bassesses sont si nombreux que cela donne le tournis »....
Il fut sans contestation possible le Napoléon 0 de l'histoire !
Si le général Boulanger n'avait pas été un nul, la république aurait chancelé et son coup d'Etat aurait pu réussir....
Au lieu de prendre la tête d'une manifestation de masse anti républicaine, il part voir sa maîtresse !
La République reconnaissante aurait pu aller rechercher ses restes qui demeurent au cimetière d'Ixelles, près de Bruxelles, afin de l'inhumer au Père Lachaise !
J'ai évoqué quelques « Zhéros » parmi beaucoup d'autres qui méritent le détour....
Quant au Panthéon, il pourrait ouvrir un espace dédié à tous ces hommes qui ne devraient pas être les oubliés de notre mémoire collective.

Jean-François Chalot

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  Étranges couvertures 7 Micharlemagne 4 juin 2013 @ 09:33

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