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Pourquoi reprocher à Houellebecq son style, cette écriture blanche qui participe selon moi de l'histoire racontée (car il y a une histoire) alors que cette écriture par son absence de style, ses maladresses -le narrateur n'est ni écrivain ni professionnel de la littérature- est cohérente eu égard au propos de ce roman.
"La recherche d'un non-style (...) c'est comme l'anticipation d'un état absolument homogène de la société". Barthes, in 'l'utopie du langage' anticipait en 1953 cet "état homogène"; Houellebecq, dans ses livres le constate.
"La recherche d'un non-style (...) c'est comme l'anticipation d'un état absolument homogène de la société". Barthes, in 'l'utopie du langage' anticipait en 1953 cet "état homogène"; Houellebecq, dans ses livres le constate.
Pourquoi reprocher à Houellebecq son style, cette écriture blanche qui participe selon moi de l'histoire racontée (car il y a une histoire) alors que cette écriture par son absence de style, ses maladresses -le narrateur n'est ni écrivain ni professionnel de la littérature- est cohérente eu égard au propos de ce roman.
"La recherche d'un non-style (...) c'est comme l'anticipation d'un état absolument homogène de la société". Barthes, in 'l'utopie du langage' anticipait en 1953 cet "état homogène"; Houellebecq, dans ses livres le constate.
En effet, je suis bien d'accord que le reproche qui a été fait à Houellebecq (mais pas par moi) de son écriture plate est un faux procès ; cette écriture est d'ailleurs quelque chose que j'apprécie chez Houellebecq, pour les raisons que tu exposes ci-dessus et aussi, tout simplement, parce que ça permet des scènes parfois franchement cocasses. Ce qui me gêne davantage, ce sont les développements pseudosociologiques qui sentent un peu le sous-nouvelobs ; je m'y ennuie ; certes, je ne peux pas non plus leur faire le reproche de l'incohérence si l'on considère qu'en effet le narrateur n'est pas écrivain ; mais je trouve que ça rallonge le récit inutilement. Mais le plus gênant, ce sont les incohérences narratives ; allez, je me cite :
"Ce que j'ai plus de mal à lui pardonner, c'est l'incohérence narrative du récit. Par exemple, comme il faut varier les positions et les partenaires - Houellebecq a retenu la leçon de tout bon film X qui se respecte - l'auteur nous propose une scène entre Jean-Yves et la jeune baby-sitter black de rigueur. Le problème, c'est que cette scène nous est racontée par Michel, dont on se demande bien comment il peut être au courant de détails si précis.
Plus gênant encore, toute cette histoire, dont la qualité principale réside dans le ton badin et décalé avec lequel elle est menée, nous est racontée par un type qu'une aventure épouvantable vient de mener aux portes du néant. Qu'on m'explique comment, après avoir vécu ce qu'il a vécu, Michel peut rester un aussi plaisant conteur !"
Dans un roman qui a des prétentions au réalisme, ce genre de faute ne pardonne pas. Je m'étonne que personne ne lui ait signalé ce défaut avant publication, c'est vrai que l'auteur a parfois le nez trop près de la page pour voir certains défauts "qui ne les intéressent pas" ; mais c'est à ça que servent les éditeurs. En l'occurrence, comme visiblement c'est passé inaperçu après publication, on peut me reprocher de chercher la petite bête. Je crois aussi que si je la cherche, c'est qu'au fond je crois au talent de Houellebecq, et que ce n'est pas lui rendre service de lui dire que c'est parfait quand ça ne l'est pas. (C'est aussi pour ça que je me suis permis cette unique critique négative, dérogeant ainsi à la règle que je me suis imposée de ne jamais en faire.)
"Ce que j'ai plus de mal à lui pardonner, c'est l'incohérence narrative du récit. Par exemple, comme il faut varier les positions et les partenaires - Houellebecq a retenu la leçon de tout bon film X qui se respecte - l'auteur nous propose une scène entre Jean-Yves et la jeune baby-sitter black de rigueur. Le problème, c'est que cette scène nous est racontée par Michel, dont on se demande bien comment il peut être au courant de détails si précis.
Plus gênant encore, toute cette histoire, dont la qualité principale réside dans le ton badin et décalé avec lequel elle est menée, nous est racontée par un type qu'une aventure épouvantable vient de mener aux portes du néant. Qu'on m'explique comment, après avoir vécu ce qu'il a vécu, Michel peut rester un aussi plaisant conteur !"
Dans un roman qui a des prétentions au réalisme, ce genre de faute ne pardonne pas. Je m'étonne que personne ne lui ait signalé ce défaut avant publication, c'est vrai que l'auteur a parfois le nez trop près de la page pour voir certains défauts "qui ne les intéressent pas" ; mais c'est à ça que servent les éditeurs. En l'occurrence, comme visiblement c'est passé inaperçu après publication, on peut me reprocher de chercher la petite bête. Je crois aussi que si je la cherche, c'est qu'au fond je crois au talent de Houellebecq, et que ce n'est pas lui rendre service de lui dire que c'est parfait quand ça ne l'est pas. (C'est aussi pour ça que je me suis permis cette unique critique négative, dérogeant ainsi à la règle que je me suis imposée de ne jamais en faire.)
Très intéressant. Mais justement, je me demande s'il ne fait pas exprès de maintenir cette ambiguité narrateur / auteur pour aller plus loin dans la provoc. Est-ce un personnage fictif ou l'auteur qui part en Thaïlande pour se vautrer sans remords aucun dans le tourisme sexuel et échaffauder des théories racistes sur la plus grande disponibilité sexuelle des Africaines par rapport aux Européennes ?
D'ailleurs le nom choisi pour le personnage est plus qu'ambigü.
Dans " La possibilité d'une île", il prête des propos racistes au narrateur qui est un humoriste. Et le lecteur ne peut s'empêcher de se demander, gêné, si c'est Houellebeck qui pense cela, parce que, justement, le roman est réaliste. Par ex, lorsque le personnage se moque de Michel Onfray, on se doute bien que c'est Houellebeck qui règle ses comptes. A partir de là, tout ce que dit le narrateur est susceptible de traduire directement les pensées de l'auteur.
Il me semble que toutes ces invraisemblances dans la narration sont voulues et font partie du système de provocation de Houellebeck.
Très intéressant. Mais justement, je me demande s'il ne fait pas exprès de maintenir cette ambiguité narrateur / auteur pour aller plus loin dans la provoc. Est-ce un personnage fictif ou l'auteur qui part en Thaïlande pour se vautrer sans remords aucun dans le tourisme sexuel et échaffauder des théories racistes sur la plus grande disponibilité sexuelle des Africaines par rapport aux Européennes ?
D'ailleurs le nom choisi pour le personnage est plus qu'ambigü. (...)
Il me semble que toutes ces invraisemblances dans la narration sont voulues et font partie du système de provocation de Houellebeck.
Bien sûr il y a un jeu sur l'ambiguïté narrateur/auteur, mais qu'est-ce que Houellebecq en tire sinon un alibi pour se dédouaner des provocations sur lesquelles le succès du livre a été bâti ? On n'est clairement pas dans de l'autofiction mais dans un roman, revendiqué comme tel. Je ne crois pas que ces incohérences - assez discrètes pour ne pas être perçues comme des invraisemblances, et même pour ne pas être perçues du tout - soient intentionnelles. Cela dit, je suis loin de penser que Houellebecq n'a pas de talent ; je trouve juste qu'il le gâche. J'avais bien aimé Extension du domaine de la lutte (d'ailleurs publié par Nadeau, grand éditeur), je n'ai pas eu envie de lire la Possibilité d'une île.
J'ai beaucoup aimé "La possibilité d'une île. Les deux histoires en parallèle et l'univers futuriste dévasté décrit...
McCarthy peut aller se rhabiller avec sa route... il ne fait pas le poids.
McCarthy peut aller se rhabiller avec sa route... il ne fait pas le poids.
J'ai beaucoup aimé "La possibilité d'une île. Les deux histoires en parallèle et l'univers futuriste dévasté décrit...
McCarthy peut aller se rhabiller avec sa route... il ne fait pas le poids.
C'est un point de vue auquel je n'avais jamais pensé...Ou oser d'ailleurs, mais c'est pourtant relativement pertinent cette opposition, confrontation entre deux ouvrages opposant deux cultures différentes.
Que Houellebeck ait du style, je crois que personne ne le conteste.
Par contre, ce qui ressort de pas mal de critiques, c'est qu'il n'a rien à dire. C'était en tout cas mon avis. Les "idées" qu'il met dans la bouche du narrateur, et qui sont peut-être les siennes, n'en sont pas en fait. C'est de la provocation gratuite (toujours à mon avis).
L'absence de vraisemblance dans l'histoire m'avait également dérangé, la rencontre entre le narrateur et la superbe noire était vraiment par trop improbable.
Par contre, ce qui ressort de pas mal de critiques, c'est qu'il n'a rien à dire. C'était en tout cas mon avis. Les "idées" qu'il met dans la bouche du narrateur, et qui sont peut-être les siennes, n'en sont pas en fait. C'est de la provocation gratuite (toujours à mon avis).
L'absence de vraisemblance dans l'histoire m'avait également dérangé, la rencontre entre le narrateur et la superbe noire était vraiment par trop improbable.
"Cela dit, je suis loin de penser que Houellebecq n'a pas de talent ; je trouve juste qu'il le gâche. "
Tout à fait d'accord. En particulier quand la provoc est du niveau d'une cour de récré : ). Je trouve d'ailleurs que "Plateforme" est un livre complètement raté, de la provoc à deux balles. Après ce livre, je ne souhaitais plus lire Houellebeck alors que "Les particules élémentaires" avait été pour moi une révélation.
"Extension du domaine de la lutte", "Les particules élémentaires et "La possibilité d'une île" sont bien mieux réussis. La fin de "La possibilité d'une île" est magnifique.
Par contre je ne pense pas que Houellebeck n'ait rien à dire : il remet sans cesse en question la morale et le politiquement correct des intellectuels français et apporte un peu d'air frais dans ce milieu. Même s'il tourne un peu en rond et s'enferme dans ce rôle.
Mais je comprends tout à fait qu'il agace et lasse certains lecteurs.
Tout à fait d'accord. En particulier quand la provoc est du niveau d'une cour de récré : ). Je trouve d'ailleurs que "Plateforme" est un livre complètement raté, de la provoc à deux balles. Après ce livre, je ne souhaitais plus lire Houellebeck alors que "Les particules élémentaires" avait été pour moi une révélation.
"Extension du domaine de la lutte", "Les particules élémentaires et "La possibilité d'une île" sont bien mieux réussis. La fin de "La possibilité d'une île" est magnifique.
Par contre je ne pense pas que Houellebeck n'ait rien à dire : il remet sans cesse en question la morale et le politiquement correct des intellectuels français et apporte un peu d'air frais dans ce milieu. Même s'il tourne un peu en rond et s'enferme dans ce rôle.
Mais je comprends tout à fait qu'il agace et lasse certains lecteurs.
La discussion que tu as lancée était intéressante, Farfalone ; c'est dommage de la laisser tomber. J'aimerais bien aussi connaître ton avis sur Plateforme (car dans ta critique, c'est plutôt ton avis sur Houellebecq, que tu donnes).
La discussion que tu as lancée était intéressante, Farfalone ; c'est dommage de la laisser tomber. J'aimerais bien aussi connaître ton avis sur Plateforme (car dans ta critique, c'est plutôt ton avis sur Houellebecq, que tu donnes).
Je finis d'écrire ma critique de LIQUIDES. j'avais pris beaucoup de notes et n'ai pas beucoup de temps: il y a beaucoup à dire.
Nous pourrons revenir sur Plateforme après.
Merci de l'intérêt manifesté...
Je finis d'écrire ma critique de LIQUIDES. j'avais pris beaucoup de notes et n'ai pas beucoup de temps: il y a beaucoup à dire.
De celui-là je ne m'autoriserai pas à discuter sur le forum (mais en privé, volontiers).
Ou via la messagerie de critiqueslibres.com, elle arrive...
Je finis d'écrire ma critique de LIQUIDES. j'avais pris beaucoup de notes et n'ai pas beucoup de temps: il y a beaucoup à dire.
De celui-là je ne m'autoriserai pas à discuter sur le forum (mais en privé, volontiers).
Voila. J'ai posté ma critique.
J'en discuterai volontiers. Mon mail est ds mon profil.
Demain je mettrai la nouvelle messagerie en ligne, tu pourras en discuter via la messagerie :-)
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