Page 1 de 1
Je suis en train de lire "Les âmes grises" de Claudel et le nom de la nouvelle institutrice, Verhaereine, a tout de suite éveillé en moi de vieux souvenirs d'Emile Verhaeren, le poète belge.
Je me suis souvenu avoir appris à l'école primaire un morceau de son poème "Le vent". Je l'ai retrouvé sur le web et en le relisant, j'ai retrouvé une ambiance très proche de celle du livre de Claudel. De plus, Verhaeren est mort en 1916 lors d'une mission de collecte de fonds pour les mutilés belges.
Je me suis alors demandé si l'auteur avait intentionnellement introduit une référence à ce poète ou si simplement, ce nom de famille était courant dans le nord de la France et la Belgique du début du siècle précédent.
Qu'en pensez vous ? hasard ou volonté de l'auteur ?
Quoi qu'il en soit voici le poème en question :
"Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre,
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds battant les bourgs,
Voici le vent,Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent.
Aux citernes des fermes,
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles vertes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre;
Le vent mord dans les branches
Des nids d'oiseaux;
Le vent râpe du fer,
Et peigne au loin les avalanches,
- Rageusement - du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitre et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre!
-Sur sa hutte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église,
Sont soulevés sur leurs bâtons;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes ;
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes;
L'avez-vous vu cette nuit-là
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient comme des bêtes
Sous la tempête?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant.
Voici le vent cornant Novembre."
Le vent - Emile Verhaeren
Écrivain belge (1855-1916).
Je me suis souvenu avoir appris à l'école primaire un morceau de son poème "Le vent". Je l'ai retrouvé sur le web et en le relisant, j'ai retrouvé une ambiance très proche de celle du livre de Claudel. De plus, Verhaeren est mort en 1916 lors d'une mission de collecte de fonds pour les mutilés belges.
Je me suis alors demandé si l'auteur avait intentionnellement introduit une référence à ce poète ou si simplement, ce nom de famille était courant dans le nord de la France et la Belgique du début du siècle précédent.
Qu'en pensez vous ? hasard ou volonté de l'auteur ?
Quoi qu'il en soit voici le poème en question :
"Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre,
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds battant les bourgs,
Voici le vent,Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent.
Aux citernes des fermes,
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles vertes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre;
Le vent mord dans les branches
Des nids d'oiseaux;
Le vent râpe du fer,
Et peigne au loin les avalanches,
- Rageusement - du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitre et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre!
-Sur sa hutte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église,
Sont soulevés sur leurs bâtons;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes ;
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes;
L'avez-vous vu cette nuit-là
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient comme des bêtes
Sous la tempête?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant.
Voici le vent cornant Novembre."
Le vent - Emile Verhaeren
Écrivain belge (1855-1916).
Hasard? Sûrement pas. Verhaeren a été très à la mode début vingtième. Son style emporté - verset plutôt que vers -, son symbolisme le rapprochent de Claudel. Et le nom "Verhareine" commence comme son nom et se termine comme celui de "la princesse Maleine", l'héroïne de... Maeterlinck, un autre Belge de la même époque, lui aussi mondialement connu (au point d'être le seul Belge à avoir obtenu le Nobel de litérature).
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre