Alors vous êtes plus sévère que moi ! Comme vous, je n'ai aucun goût pour le mépris ; et je trouve les positions de Millet passéistes et un tantinet étriquées - pas entièrement fausses non plus, tout de même. Narcissique... Je n'ai lu que Dévorations, qui n'est pas sans qualités - même si je dois reconnaître, très honnêtement, que ça ne me parle pas. Mais je n'ai pas trouvé ça narcissique. D'ailleurs je ne suis pas sûr que le moi soit haïssable, comme le reprochait Pascal à Montaigne et comme on le reproche souvent à la littérature française d'aujourd'hui ; c'est ce qu'on en fait, qui compte.
Pour Jourde et Naulleau, je ne les mettrais pas non plus dans le même panier que Millet - sans parler de Sollers ! L'Esprit des Péninsules, ce n'est pas Gallimard ; les moyens ne sont pas les mêmes (même si l'opposition entre grandes et petites maisons est vite réductrice). Je devine à quoi vous pensez quand vous dites "on voit ce qu'ils sont devenus", à propos de Naulleau. La fin justifiera peut-être les moyens. Pour Jourde en revanche, je ne vois pas, j'ai peut-être raté un épisode. De lui j'ai lu deux romans, je les ai trouvés plutôt bons.
Pour Jourde et Naulleau, je ne les mettrais pas non plus dans le même panier que Millet - sans parler de Sollers ! L'Esprit des Péninsules, ce n'est pas Gallimard ; les moyens ne sont pas les mêmes (même si l'opposition entre grandes et petites maisons est vite réductrice). Je devine à quoi vous pensez quand vous dites "on voit ce qu'ils sont devenus", à propos de Naulleau. La fin justifiera peut-être les moyens. Pour Jourde en revanche, je ne vois pas, j'ai peut-être raté un épisode. De lui j'ai lu deux romans, je les ai trouvés plutôt bons.
Pour Jourde en revanche, je ne vois pas, j'ai peut-être raté un épisode. De lui j'ai lu deux romans, je les ai trouvés plutôt bons.Pays perdu, par exemple, s'est retourné contre lui et même si sa démarche méprisante n'était pas volontaire, d'après lui, il n'empêche que le procédé a démontré ses limites une fois de plus. On ne peut pas librement sourire, se moquer et s'inspire de (comme le fait Chessex aussi, d'ailleurs) sans qu'un jour ou l'autre, on remette en question vos capacités d'écriture, votre talent littéraire qui ne semble pouvoir vivre qu'en se servant des autres.
Ceci dit, tout cela est question de goût et j'avoue sans souci ma grande indifférence, voire une certaine forme d'inimitié avec la littérature française contemporaine que je trouve souvent pas originale et trop narcissique. Avis perso :-)
Si, j'ai eu vent de cette triste histoire. Mais j'avais lu le livre avant, avec d'ailleurs beaucoup de plaisir et, très honnêtement, j'ai l'impression que son auteur a été victime d'un contre-sens très réducteur. Il n'y a ni sourire ni moquerie dans ce livre. Je ne crois pas non plus qu'il y ait de "procédé".
Quant à s'inspirer de, quel auteur ne le fait pas ?
Je n'ai pas d'avis d'ensemble sur la littérature française contemporaine : il y a beaucoup trop de livres qui paraissent pour que je puisse espérer en lire une proportion significative (pourtant je lis aussi un peu plus que la moyenne). Je sais juste que sur cette quantité, il y a forcément de quoi se faire plaisir - mais je reconnais que les sentiers sont mal balisés. Mais ça, ce n'est pas le fait des auteurs.
Quant à s'inspirer de, quel auteur ne le fait pas ?
Je n'ai pas d'avis d'ensemble sur la littérature française contemporaine : il y a beaucoup trop de livres qui paraissent pour que je puisse espérer en lire une proportion significative (pourtant je lis aussi un peu plus que la moyenne). Je sais juste que sur cette quantité, il y a forcément de quoi se faire plaisir - mais je reconnais que les sentiers sont mal balisés. Mais ça, ce n'est pas le fait des auteurs.
@ Sahkti. Vos réserves sur R. Millet concernent ses déclarations ou son oeuvre ?Les deux. Il fait partie à mes yeux de cette littérature contemporaine française narcissique qu'on encense et qui se la pète un peu trop à mon goût, comme Sollers à une époque. Déjà je n'aime pas tellement ce qu'il font mais en plus je trouve bien prétentieux leur regard sur leurs pairs, comme si ils avaient la science infuse et pouvaient décider de ce qui était bon ou mauvais.
Dans le même registre, Jourde et Naulleau se permettaient pareil à un moment, on voit ce qu'ils sont devenus... pas de quoi être fiers!
Pour éviter ces auteurs que je considère un peu trop nombrilistes, je lis surtout de la littérature étrangère. On dirait que les auteurs français n'ont plus rien à dire à part ce qui concerne leurs petits problèmes persos qui tournent autour de leur nombril !
Pour éviter ces auteurs que je considère un peu trop nombrilistes, je lis surtout de la littérature étrangère. On dirait que les auteurs français n'ont plus rien à dire à part ce qui concerne leurs petits problèmes persos qui tournent autour de leur nombril !
On peut faire des reproches à Millet, sans aucun doute, mais on ne peut pas l'accuser de nombrilisme dans ses romans, sûrement pas. (Sahkti elle-même parle de narcissisme à son endroit, pas de nombrilisme.) Il faudrait surtout veiller à ne pas limiter la littérature française contemporaine à une infime fraction d'elle-même - dont certes on parle trop. Refuser par principe de lire la littérature française contemporaine, c'est cautionner la prééminence injustifiée d'Angot, Beigbeder, Laurens et autres.
Pour plus de clarté : "cautionner par défaut".
Il faudrait surtout veiller à ne pas limiter la littérature française contemporaine à une infime fraction d'elle-même - dont certes on parle trop. Refuser par principe de lire la littérature française contemporaine, c'est cautionner la prééminence injustifiée d'Angot, Beigbeder, Laurens et autres.
Je pense que le problème principal vient de la machine de guerre que représente le trio maisons d'éditions "rive gauche" / prix littéraires / médias : unis pour défendre et promouvoir les mêmes auteurs et se faire des petits cadeaux entre amis. D'où peut-être la prééminence de ce style "nombriliste" à la française dont des bouquins comme "Cendrillon" me paraîssent l'archétype. Un mot de plus sur la presse spécialisée à la française: Lire et Le magazine littéraire. Quelle tristesse! Vendus à la machine de guerre! Heureusement qu'il y a des sites comme CL, car il serait vraiment difficile de faire du tri!
Je pense que le problème principal vient de la machine de guerre que représente le trio maisons d'éditions "rive gauche" / prix littéraires / médias : unis pour défendre et promouvoir les mêmes auteurs et se faire des petits cadeaux entre amis. D'où peut-être la prééminence de ce style "nombriliste" à la française dont des bouquins comme "Cendrillon" me paraîssent l'archétype. Un mot de plus sur la presse spécialisée à la française: Lire et Le magazine littéraire. Quelle tristesse! Vendus à la machine de guerre! Heureusement qu'il y a des sites comme CL, car il serait vraiment difficile de faire du tri!
Pas si simple. Ces grandes maisons, parmi leurs nombreuses publications, éditent aussi de très bons textes qui restent souvent confidentiels et ne sont pas franchement mieux servis que s'ils étaient publiés par une maison moins puissante. Plus gênant à mon sens : le fait que ces auteurs "prééminents" soient souvent eux-mêmes "critiques" ou très proches de certains critiques, ou soient éditeurs, ou soient les deux ; tout cela tourne en rond.
Parmi les magazines littéraires papier, il y en a au moins un de qualité, c'est le Matricule des Anges. Et il y a aussi tout de même sur Internet quelques sites "professionnels" très intéressants, comme Remue.net ou Libr-critique, par exemple.
Enfin il me semble que le problème du nombrilisme français est un faux problème. Ce n'est pas le sujet qui fait la qualité d'une peinture, d'un livre non plus. Il n'y a pas de raison de préférer une nature morte ou un paysage à un autoportrait. Pascal reproche à Montaigne de parler de lui ; j'admire Pascal, mais il n'efface pas Montaigne.
De même, comparer la littérature française à la littérature américaine (ou latino-américaine ou autre encore, comparaison implicite dans l'accusation - très réductrice - de nombrilisme qui entâche abusivement l'ensemble de la littérature française) n'a pas grand sens. Les histoires littéraires sont différentes. Le roman américain naît à peu près à l'époque où le roman français, avec Flaubert, perd définitivement son innocence. On ne peut pas faire abstraction de l'Histoire, fût-elle littéraire.
Je vais essayer d'expliquer ma phrase : "Jim Harrison n'est pas un écrivain majeur" qui peut sembler bien prétentieuse alors que je ne le suis pas.
Pour moi, Harrison est avant tout un scénariste. C'est un excellent raconteur d'histoires et si je n'ai vraiment rien d'autre à lire, je le lis. Au bout d'une centaine de pages, il me lasse un peu mais je continue parce qu'il raconte plutôt bien. Il s'étend bien trop à mon goût sur ce qui est futile et fait l'impasse sur ce qui est important et qu'il ébauche à peine. Ce n'est pas assez creusé à mon goût. J'ai l'impression que tout est dit dans ses phrases, qu'il n'y a rien derrière qui laisse une place au lecteur. J'ai besoin d'un petit supplément de quelque chose qui n'arrive pas et ça me laisse un peu sur ma faim.
Pour moi, Harrison est avant tout un scénariste. C'est un excellent raconteur d'histoires et si je n'ai vraiment rien d'autre à lire, je le lis. Au bout d'une centaine de pages, il me lasse un peu mais je continue parce qu'il raconte plutôt bien. Il s'étend bien trop à mon goût sur ce qui est futile et fait l'impasse sur ce qui est important et qu'il ébauche à peine. Ce n'est pas assez creusé à mon goût. J'ai l'impression que tout est dit dans ses phrases, qu'il n'y a rien derrière qui laisse une place au lecteur. J'ai besoin d'un petit supplément de quelque chose qui n'arrive pas et ça me laisse un peu sur ma faim.
Je ne suis pas toujours d'accord avec Sahkti sur certaines lectures mais là, je la suis très aisément.
Je n'ai nullement la prétention d'émettre un quelconque jugement mais seulement un avis tout à fait personnel. Et, après 20 années de lecture "littéraire" et presque 1 000 livres au compteur de mon cahier de lecture, je constate que la littérature française contemporaine ne m'attire pas réellement. Je manque certainement de références mais pendant ces 20 années je recevais à mon bureau Le Monde des livres, Libération livres et le Fig Lit et j'ai vu chaque semaine ou presque, comme à la télé, toujours les mêmes sujets et les mêmes auteurs à l'honneur. J'ai tout comme l'impression que nos écrivains n'ont plus rien à dire et qu'ils sont en panne de sujets à traiter. Ils y a certainement pléthore de bons écrivains mais à mon avis peu de livres très intéressants !
Par ailleurs, je trouve que notre édition laisse une place bien maigre à la littérature internationale, sauf à la littérature américano-anglaise (et un bon nombre de navets là aussi) , alors que certaines littératures sont en pleine effervescence (l'Espagne post-franquiste, la Chine post-Tien Amen, le Japon , les Caraïbes, l'Afrique du Sud post-apartheid, etc..) Il y a plein d'auteurs qui ont des choses très intéressantes à nous raconter et que nous n'écoutons pas. Pour ma part, à chacun ses goûts, je préfère écouter ces histoires que ressasser les ragots du VI° ou VII° arrondissement parisien ou de disserter sur quel vieillard sénile va atribuer notre super prix Goncourt ! Nous avons découvert certains auteurs de renommée à travers le prix Nobel alors qu'ils étaient de parfaits éinconnus en France auparavant.
Merci tout de même à ces maisons d'édition (sans faire de pub) qui ont des catalogues étrangers de grande qualité : Actes Sud, Picquier, L'Olivier, Rivage, Phébus, etc... et à Vivian Hamy qui n'hésite pas à rééditer les classiques de monde entier qui ont complètement disparu des rayons de nos bibliothèques et librairies.
En ce qui concerne Harrison, c'est comme Verdi pour la musique, ce n'est peut-être pas génial mais tout deux apportent dans leurs oeuvres un souffle épique qui me transporte... affaire de goût sans doute !
Je n'ai nullement la prétention d'émettre un quelconque jugement mais seulement un avis tout à fait personnel. Et, après 20 années de lecture "littéraire" et presque 1 000 livres au compteur de mon cahier de lecture, je constate que la littérature française contemporaine ne m'attire pas réellement. Je manque certainement de références mais pendant ces 20 années je recevais à mon bureau Le Monde des livres, Libération livres et le Fig Lit et j'ai vu chaque semaine ou presque, comme à la télé, toujours les mêmes sujets et les mêmes auteurs à l'honneur. J'ai tout comme l'impression que nos écrivains n'ont plus rien à dire et qu'ils sont en panne de sujets à traiter. Ils y a certainement pléthore de bons écrivains mais à mon avis peu de livres très intéressants !
Par ailleurs, je trouve que notre édition laisse une place bien maigre à la littérature internationale, sauf à la littérature américano-anglaise (et un bon nombre de navets là aussi) , alors que certaines littératures sont en pleine effervescence (l'Espagne post-franquiste, la Chine post-Tien Amen, le Japon , les Caraïbes, l'Afrique du Sud post-apartheid, etc..) Il y a plein d'auteurs qui ont des choses très intéressantes à nous raconter et que nous n'écoutons pas. Pour ma part, à chacun ses goûts, je préfère écouter ces histoires que ressasser les ragots du VI° ou VII° arrondissement parisien ou de disserter sur quel vieillard sénile va atribuer notre super prix Goncourt ! Nous avons découvert certains auteurs de renommée à travers le prix Nobel alors qu'ils étaient de parfaits éinconnus en France auparavant.
Merci tout de même à ces maisons d'édition (sans faire de pub) qui ont des catalogues étrangers de grande qualité : Actes Sud, Picquier, L'Olivier, Rivage, Phébus, etc... et à Vivian Hamy qui n'hésite pas à rééditer les classiques de monde entier qui ont complètement disparu des rayons de nos bibliothèques et librairies.
En ce qui concerne Harrison, c'est comme Verdi pour la musique, ce n'est peut-être pas génial mais tout deux apportent dans leurs oeuvres un souffle épique qui me transporte... affaire de goût sans doute !
Je suis bien d'accord avec votre analyse concernant la presse et même l'édition, mais pas avec les conclusions. Votre commentaire est d’ailleurs au fond plus une dénonciation de la presse que de la littérature. Il est sûr qu'à lire le Monde des Livres notamment, et beaucoup d'autres, on peut avoir l'impression que "La Littérature Française Contemporaine" n'a rien à dire. C'est tout simplement parce qu'ils n'en parlent pas, ou peu, par facilité peut-être, en regard de ce qui existe vraiment ; et de nombreux auteurs français contemporains de qualité, qui n'ont rien de germanopratin, dont certains publient depuis parfois plus de trente ou quarante ans, sont à peu près aussi inconnus du grand public que nombre d'auteurs étrangers. La presse française, dans l'ensemble, ne joue pas son rôle, à quelques exceptions près. Heureusement, il y a Internet. Sahkti dit un peu vite son désintérêt pour la littérature française, mais pour moi qui la lis régulièrement avec intérêt, je vois bien qu'elle aime de nombreux auteurs contemporains de langue française - qui très souvent, hélas, sont en effet peu connus. Pour ma part, il y a longtemps que je ne lis plus la presse papier en dehors du Matricule des Anges, auquel je suis très fidèle, et parfois la Quinzaine littéraire. Quant aux prix littéraires, je n’ai jamais bien compris que les gens s’y fient encore. Le seul dont je regarde encore les résultats, c’est le Prix Wepler. (Une mention spéciale aussi bien sûr pour l’initiative de Benjamin, qui a l’intérêt de faire lire des livres qu’on n’aurait pas forcément lus.)
Sahkti dit un peu vite son désintérêt pour la littérature française, mais pour moi qui la lis régulièrement avec intérêt, je vois bien qu'elle aime de nombreux auteurs contemporains de langue française - qui très souvent, hélas, sont en effet peu connus.Peu connus, justement... pas encore vendus, corrompus, perdus dans le système. Ceux qui passent chez Durand ou Ruquier ne m'intéressent pas. Régulièrement cependant, il m'arrive de tenter le coup, de lire les derniers "connus" publiés (les services presse m'évitent l'achat, ça a du bon tout de même!) et franchement, dans 9 cas sur 10 je suis déçue. Il me semble, mais c'est un avis perso, que pas mal de ces auteurs s'endorment sur leur renommée, oublient de recréer, de faire autre chose que ce qu'ils savent faire. Alors je lis des récits certes bien écrits, mais formatés, sans surprise, sans prise de risque de la part de ces plumes 100% garantes de succès et ça, ça ne m'intéresse pas.
Heureusement, par un tissu relationnel, je reçois régulièrement les dernières publications de petits éditeurs dont on ne parle jamais ou presque jamais et là, il y a des merveilles. Souvent, j'en parle ici mais quel écho reçoivent-il? Zéro, rien, néant, alors qu'une Gavalda sera tous les jours à la une, même en négatif; elle aura une visibilité que d'autres n'auront jamais, juste pour une question de nom et de lauriers bien entretenus. Mais, à force de dormir dessus, ils finiront par s'aplatir... :)
Je suis bien d'accord avec vous, sans réserve, aussi bien quand vous dénoncez l'endormissement d'auteurs réputés et du formatage de leurs livres que quand vous déplorez le silence qui entoure le travail de créateurs véritables, publiés souvent par de petites maisons (mais pas seulement, petite nuance tout de même de ma part ; quand je vois par exemple que les derniers titres de la collection "Déplacements" au Seuil sont quasi absents en librairie, je me dis qu'il y a vraiment deux poids deux mesures même au sein des grandes maisons). C'est pour ces auteurs-là justement, ceux que vous défendez, qu'il ne faut pas dire (pardonnez-moi si j'ai l'air de faire la leçon, c'est la déformation professionnelle) que la littérature française contemporaine manque d'inventivité ; elle manque surtout de visibilité. Et la réputation des auteurs que vous n'aimez - que nous n'aimons pas, ou plus - entâche l'ensemble de la production actuelle, et c'est bien dommage.
Pour Sahkti, petit cadeau ; le narcissisme de Richard Millet, délicieusement croqué aujourd'hui par Eric Chevillard, sur son Blog l'Autofictif :
"Richard Millet écrit : Si je dis que l'Afrique (à l'exception de la chrétienne Ethiopie) ne m’intéresse pas, que ses langues, ses habitants, ses paysages, ses religions, ses mœurs, ses formes de civilisation me laissent de marbre, que je m’y sens esthétiquement indifférent, si je dis que je n'ai jamais désiré une Africaine, et que je vois ce continent à peu près comme le narrateur du roman de Conrad Au Cœur des ténèbres, cela implique-t-il que je sois " raciste " ? Devrai-je cesser de me référer à cette très personnelle échelle de valeurs et de goûts qui font de moi un être désirant, ouvert, frémissant ?
Certes pas, pour la première question. Certes non, pour la seconde. Mais comme l’Afrique va pâtir de cette indifférence ! Car c’est justement ce désir qui fait défaut à l’Afrique, le désir de Richard Millet, qui la redresserait, ce fort et ardent désir, toute cette sève d’un coup, vous pensez, comme elle eût fécondé l’Afrique !
Quelle lumière sur la brousse, à faire pâlir le soleil fixe au-dessus, le désir de Richard Millet ! Voilà le feu qui manque aux reins du mâle africain. Eau qui irrigue et baptise, encre qui instruit, cette semence épandue à longs traits sur les terres stériles eût changé la donne ! L’Afrique pourtant va devoir survivre sans le désir de Richard Millet, sans son frémissement non plus, c’est dire si elle va plutôt dépérir et se lézarder encore, c’est dire aussi si l’ingrate femme africaine continuera longtemps de son geste archaïque, indolent, mais auguste, à piler le millet."
Il me manque le contexte de la citation du Millet, je chercherai plus tard.
"Richard Millet écrit : Si je dis que l'Afrique (à l'exception de la chrétienne Ethiopie) ne m’intéresse pas, que ses langues, ses habitants, ses paysages, ses religions, ses mœurs, ses formes de civilisation me laissent de marbre, que je m’y sens esthétiquement indifférent, si je dis que je n'ai jamais désiré une Africaine, et que je vois ce continent à peu près comme le narrateur du roman de Conrad Au Cœur des ténèbres, cela implique-t-il que je sois " raciste " ? Devrai-je cesser de me référer à cette très personnelle échelle de valeurs et de goûts qui font de moi un être désirant, ouvert, frémissant ?
Certes pas, pour la première question. Certes non, pour la seconde. Mais comme l’Afrique va pâtir de cette indifférence ! Car c’est justement ce désir qui fait défaut à l’Afrique, le désir de Richard Millet, qui la redresserait, ce fort et ardent désir, toute cette sève d’un coup, vous pensez, comme elle eût fécondé l’Afrique !
Quelle lumière sur la brousse, à faire pâlir le soleil fixe au-dessus, le désir de Richard Millet ! Voilà le feu qui manque aux reins du mâle africain. Eau qui irrigue et baptise, encre qui instruit, cette semence épandue à longs traits sur les terres stériles eût changé la donne ! L’Afrique pourtant va devoir survivre sans le désir de Richard Millet, sans son frémissement non plus, c’est dire si elle va plutôt dépérir et se lézarder encore, c’est dire aussi si l’ingrate femme africaine continuera longtemps de son geste archaïque, indolent, mais auguste, à piler le millet."
Il me manque le contexte de la citation du Millet, je chercherai plus tard.
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