“On aime toujours un peu à sortir de soi, à voyager, quand on lit.”
Marcel Proust, in Sur la lecture
Marcel Proust, in Sur la lecture
« Vous vous faites de l’amour une idée un peu simpliste. Ce n’est pas une suite de sensations indépendantes les unes des autres… »
Je pensai que toutes mes amours avaient été ainsi. Une émotion subite devant un visage, un geste, sous un baiser… Des instants épanouis, sans cohérence, c’était tout le souvenir que j’en avais.
« C’est autre chose, disait Anne. Il y a la tendresse constante, la douceur, le manque… Des choses que vous ne pouvez pas comprendre. »
Françoise Sagan, in Bonjour tristesse
Je pensai que toutes mes amours avaient été ainsi. Une émotion subite devant un visage, un geste, sous un baiser… Des instants épanouis, sans cohérence, c’était tout le souvenir que j’en avais.
« C’est autre chose, disait Anne. Il y a la tendresse constante, la douceur, le manque… Des choses que vous ne pouvez pas comprendre. »
Françoise Sagan, in Bonjour tristesse
"La parole guérit la colère."
Eschyle, in Prométhée enchaîné
Eschyle, in Prométhée enchaîné
"J'ai travaille à ces articles ou à mes films de la même façon : enquêter à fond, me mettre entre parenthèses, m'oublier entièrement, entrer dans les raisons et déraisons, dans les mensonges et les silences de ceux que je veux peindre ou que j'interroge, jusqu'à atteindre un état d'hypervigilance hallucinée et précise qui est pour moi la formule même de l'imaginaire. C'est la seule loi qui me permette de dévoiler leur vérité -s'il le faut, de la débusquer-, de les rendre vivants et présents à jamais. C'est ma loi en tous cas."
Claude Lanzmann, in Le Lièvre de Patagonie
Claude Lanzmann, in Le Lièvre de Patagonie
“Le courage consiste à choisir le moindre mal, si affreux qu’il soit encore.”
Stendhal, in La Chartreuse de Parme
Stendhal, in La Chartreuse de Parme
"La France est sans doute le pays du monde où le débat écologique est le plus mou. Les écolos français sont immergés jusqu’au cou dans le jeu politique. Ils ont pris goût au pouvoir et pratiquent le compromis de façon écœurante."
Jean-Christophe Rufin, de l'Académie française, in Le Parfum d'Adam
Jean-Christophe Rufin, de l'Académie française, in Le Parfum d'Adam
"À mesure que l'on monte en haut de la société, il s'y trouve autant de boue qu'il y en a par le bas ; seulement elle s'y durcit et se dore."
Honoré de Balzac, in La Duchesse de Langeais
Honoré de Balzac, in La Duchesse de Langeais
"Le voyage a été très dur, très long. Il fallait s'arrêter toutes les demi-heures à cause de la dysenterie. Dès qu'ils se sont éloignés de Dachau, Robert L. a parlé. Il a dit qu'il savait qu'il n'arriverait pas à Paris vivant. Alors, il a commencé à raconter pour que ce soit dit avant sa mort. Robert L. n'a accusé personne, aucune race, aucun peuple, il a accusé l'homme."
Marguerite Duras, in La Douleur
Marguerite Duras, in La Douleur
"Nos plus grandes craintes, comme nos plus grandes espérances, ne sont pas au-dessus de nos forces, et nous pouvons finir par dominer les unes et réaliser les autres."
Marcel Proust, in Le Temps retrouvé
Marcel Proust, in Le Temps retrouvé
"La rébellion la plus élémentaire exprime, paradoxalement, l'aspiration à un ordre."
Albert Camus, L'Homme révolté
Albert Camus, L'Homme révolté
" Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu... Être gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! Et dire qu'il y a parmi nous des démocrates qui prétendent que le gouvernement a du bon ; des socialistes qui soutiennent, au nom de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité, cette ignominie ; des prolétaires, qui posent leur candidature à la présidence de la république ! Hypocrisie ! "
Pierre-Joseph Proudhon, "Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle" cité dans "Ni Dieu ni maître: anthologie historique du mouvement anarchiste"
Pierre-Joseph Proudhon, "Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle" cité dans "Ni Dieu ni maître: anthologie historique du mouvement anarchiste"
"Rousseau dont l'autorité nous régit depuis près d'un siècle, n'a rien compris au contrat social"
Pierre-Joseph Proudhon, cité dans "Ni Dieu ni maître: anthologie historique du mouvement anarchiste"
Pierre-Joseph Proudhon, cité dans "Ni Dieu ni maître: anthologie historique du mouvement anarchiste"
"La meilleure, la véritable prière est d'accomplir au mieux le destin pour lequel un homme a été jeté sur terre."
Joseph Kessel, de l'Académie française, in Les Cavaliers
Joseph Kessel, de l'Académie française, in Les Cavaliers
"On ne connaît pas son bonheur. On n'est jamais aussi malheureux qu'on croit"
Marcel Proust, in Du côté de chez Swann
Marcel Proust, in Du côté de chez Swann
"J'aime beaucoup les soirs, vous savez. J'aime aussi beaucoup les matins. Pour moi qui ne change jamais, rien n'est plus beau que ces instants où, à la différence du grand jour ou de la nuit déjà close, quelque chose enfin, quelque chose déjà, est en train de changer. Comme c'est plaisant, ces matins où la journée s'annonce, où elle est contenue toute entière! Tous les plaisirs du jour sont dans les matinées. Le monde n'est fait que de matins."
Jean d'Ormesson, de l'Académie française, in Histoire du Juif errant
Jean d'Ormesson, de l'Académie française, in Histoire du Juif errant
(Valentin est engagé dans une troupe de jongleurs itinérants. Sleet, un de ses compagnons jongleurs, lui apprends la base de cet art).
"Valentin était gêné d’avoir laissé les balles se heurter, mais le fait de les avoir laisser s’échapper semblaient loin d’être aussi important que le fait d’avoir réussi à jongler avec trois balles à sa première tentative. Il alla les ramasser et recommença. Sleet lui faisait face et continuait la série de lancers qu’il n’avait jamais interrompue. Copiant la posture et le synchronisme des geste de Sleet, Valentin commença à lancer, laissa tomber deux balles au premier essai, s’empourpra, marmonna une excuse, recommença et, cette fois ne s’arrêta pas. Cinq, six, sept échanges, dix, puis il perdit le compte, car il n’avait plus l’impression qu’il s’agissait d’échanges mais d’un processus ininterrompu, perpétuel et infini. Sans qu’il sache comment, le champs de sa conscience s’était fractionné, une partie se chargeant d’effectuer des réceptions et des lancers précis et sûrs, et l’autre jouant le rôle d’un moniteur contrôlant les balles qui volaient et descendait, effectuant de rapides calculs de vitesse, d’angle de chute et de pesanteur. La partie chargée du contrôle réglait les lancers et les réceptions. Le temps semblaient fragmenté en une infinité de brèves impulsions ; et pourtant, paradoxalement, il n’avait pas la sensation d’une succession. Les trois balles semblaient garder une position fixes, l’une perpétuellement en l’air et une dans chaque main, et le fait qu’à chaque instant une balle différente occupait une de ces positions était sans importance. Chacune faisait partie d’un tout. Le temps était éternel. Il ne bougeait pas, il ne lançait pas, il ne recevait pas ; il observait seulement la rotation des balles et cette rotation était figée en dehors du temps et de l’espace. Maintenant il comprenait le mystère de cet art. Il venait de pénétrer dans l’infini. En faisant éclater sa conscience, il l’avait unifié. Il s’était transporté jusqu’à la nature profonde du mouvement et il avait appris que le mouvement n’était qu’une illusion et la succession une erreur des sens. Ses mains fonctionnaient dans le présent, ses yeux balayaient le futur et pourtant seul existait l’instant présent."
Robert Silverberg, Le Château de Lord Valentin
"Valentin était gêné d’avoir laissé les balles se heurter, mais le fait de les avoir laisser s’échapper semblaient loin d’être aussi important que le fait d’avoir réussi à jongler avec trois balles à sa première tentative. Il alla les ramasser et recommença. Sleet lui faisait face et continuait la série de lancers qu’il n’avait jamais interrompue. Copiant la posture et le synchronisme des geste de Sleet, Valentin commença à lancer, laissa tomber deux balles au premier essai, s’empourpra, marmonna une excuse, recommença et, cette fois ne s’arrêta pas. Cinq, six, sept échanges, dix, puis il perdit le compte, car il n’avait plus l’impression qu’il s’agissait d’échanges mais d’un processus ininterrompu, perpétuel et infini. Sans qu’il sache comment, le champs de sa conscience s’était fractionné, une partie se chargeant d’effectuer des réceptions et des lancers précis et sûrs, et l’autre jouant le rôle d’un moniteur contrôlant les balles qui volaient et descendait, effectuant de rapides calculs de vitesse, d’angle de chute et de pesanteur. La partie chargée du contrôle réglait les lancers et les réceptions. Le temps semblaient fragmenté en une infinité de brèves impulsions ; et pourtant, paradoxalement, il n’avait pas la sensation d’une succession. Les trois balles semblaient garder une position fixes, l’une perpétuellement en l’air et une dans chaque main, et le fait qu’à chaque instant une balle différente occupait une de ces positions était sans importance. Chacune faisait partie d’un tout. Le temps était éternel. Il ne bougeait pas, il ne lançait pas, il ne recevait pas ; il observait seulement la rotation des balles et cette rotation était figée en dehors du temps et de l’espace. Maintenant il comprenait le mystère de cet art. Il venait de pénétrer dans l’infini. En faisant éclater sa conscience, il l’avait unifié. Il s’était transporté jusqu’à la nature profonde du mouvement et il avait appris que le mouvement n’était qu’une illusion et la succession une erreur des sens. Ses mains fonctionnaient dans le présent, ses yeux balayaient le futur et pourtant seul existait l’instant présent."
Robert Silverberg, Le Château de Lord Valentin
"Nul ne sait comment cette plate-forme ingrate, nue, une paume, est devenue leur carrefour, le point magique d'où ils rassemblent et énoncent le monde, ni comment ils l'ont trouvée, élue entre toutes et s'en sont rendus maîtres; et nul ne sait pourquoi ils y reviennent chaque jour, y dégringolent , haletants, crasseux et assoiffés, l'exubérance de la jeunesse excédant chacun de leurs gestes, y déboulent comme si chassés de partout, refoulés, blessés, la dernière connerie trophée en travers de la gueule; mais aussi, ça ne veut pas de nous tout ça déclament-ils en tournant sur eux-mêmes, bras tendu main ouverte de sorte qu'ils désignent la grosse ville qui turbine, la cité maritime qui brasse et prolifère, ça ne veut pas de nous, ils forcent la scène, hâbleurs et rigolards, enfin ils se déshabillent, soudain lents et pudiques, dressent leur camp de base, et alors ils s'arrogent tout l'espace."
Maylis de Kerangal, in Corniche Kennedy
Maylis de Kerangal, in Corniche Kennedy
"Mais ce n'était pas le première ni la dernière fois que, démuni face à une situation dont l'issue était incertaine, je me tournais vers la lecture pour apaiser mes frayeurs et empêcher le monde de s'écrouler autour de moi....
Il ne me restait plus qu'à apprendre le secret qui me permettrait d'amener ces lettres à devenir des mots pour que l'extase soit complète. Je n'avais jamais connu pareil plaisir, aussi stimulant et qui soit susceptible d'étendre de manière aussi dynamique le champ de ma conscience, depuis que j'avais appris à marcher quelque quinze mille jours auparavant ; et rien n'allait s'approcher d'une expérience aussi exaltante jusqu'à ce qu'un stimulant pas moins fort que la puissance du langage - les attraits toujours hasardeux de la chair et le besoin irrépressible de la quéquette pressée de gicler - ne vienne mettre fin à une enfance angélique."
Philip Roth, in Opération Shylock
Il ne me restait plus qu'à apprendre le secret qui me permettrait d'amener ces lettres à devenir des mots pour que l'extase soit complète. Je n'avais jamais connu pareil plaisir, aussi stimulant et qui soit susceptible d'étendre de manière aussi dynamique le champ de ma conscience, depuis que j'avais appris à marcher quelque quinze mille jours auparavant ; et rien n'allait s'approcher d'une expérience aussi exaltante jusqu'à ce qu'un stimulant pas moins fort que la puissance du langage - les attraits toujours hasardeux de la chair et le besoin irrépressible de la quéquette pressée de gicler - ne vienne mettre fin à une enfance angélique."
Philip Roth, in Opération Shylock
"L'Etat providence est malade. Combien de temps les choses pourront t-elles continuer d'aller ainsi ? L'accroissement des impôts et des charges sociales ne risque t-il pas de mettre en péril la compétitivité des entreprises et de saper le dynamisme de l'économie ? C'est la question qui est partout posée. Si les choses restent en l'état, la progression des prélèvements obligatoires se poursuivra en effet inexorablement."
Pierre Rosanvallon, in La Crise de l'Etat-providence
Pierre Rosanvallon, in La Crise de l'Etat-providence
"Paula s'avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume à plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c'est le grain de la peinture qu'elle éprouve. Elle s'approche tout près, regarde : c'est bien une image. Etonnée, elle se tourne vers les boiseries et recommence, recule puis avance, touche, comme si elle jouait à faire disparaître puis à faire revenir l'illusion initiale, progresse le long du mur, de plus en plus troublée tandis qu'elle passe les colonnes de pierre, les arches sculptées, les chapiteaux et les moulures, les stucs, atteint la fenêtre, prête à se pencher au-dehors, certaine qu'un autre monde se tient là, juste derrière, à portée de main, et partout son tâtonnement lui renvoie de la peinture."
Maÿlis de Kerangal, in Un monde à portée de main
Maÿlis de Kerangal, in Un monde à portée de main
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