Critique de la raison pure 09/05/2006 @ 16:37:46
Ce roman, que j'ai lu il y a deux ans, je n'en est qu'un souvenir émotionnel,m'a filé un cafard incommensurable. Ils s'aiment depuis leur rencontre sans pouvoir s'atteindre. C'est d'une tristesse à mourir!! En plus, c'est très bien écrit(un peu honte d'oser écrire ça puisque c'est une évidence: nous parlons d'Aragon...), je ne peux même pas dire que c'est de la faute de l'écrivain. Qu'est ce qui fait la qualité d'un livre? Faut-il privilégier le style à l'histoire? Si l'histoire nous dérange comment apprécier le style?
En définitive, Aurélien est un livre qui m'a touché, mais que j'aimerai oublier. Suis-je la seule?

Critique de la raison pure 09/05/2006 @ 18:04:01
"je n'en est qu'un souvenir émotionnel"
Mille excuses pour cette énorme faute d'orthographe: "je n'en AI (bien sûr) qu'un souvenir..."

Vda
avatar 09/05/2006 @ 19:09:19
En définitive, Aurélien est un livre qui m'a touché, mais que j'aimerai oublier. Suis-je la seule?


absolument pas d'accord pour oublier Aurélien, c'est l'un des anti-héros les plus héros que mon parcours de lecture m'a amené à rencontrer.
par ailleurs, être touché par un livre, qu'il nous fasse rire ou nous fasse pleurer, n'est-ce pas ce qu'on demande à un livre, à ce que les mots squelette de l'histoire, fassent s'incarner les personnages et qu'au-delà des pages, ils vivent (de la même façon que vit Icare dans L'envol d'Icare de Queneau).
Aurélien, on a envie de le secouer, de le gifler, de lui crier qu'il se trompe, il existe, Aragon a su lui donner chair. Bérénice aussi on a envie de la secouer, de la gifler et de lui dire de réagir.

donc, non, absolument non, je se souhaite pas oublier Aurélien et ses personnages (Blanche, son mari Edmond Barbentane, son amant, ...).
pour moi ils ont prit vie, alors il m'est impossible de les oublier, de les "gommer", ils sont indépendants d'Aragon auteur et de moi, lectrice.

Sur Aurélien, il existe plusieurs livres, notemment Aurélien ou l'écriture indirecte, études recueillies par Suzanne Ravis, éd Champion, Paris, 1988.

Quant à savoir si Aurélien et Bérénice tombent amoureux au premier regard, un coup de foudre quoi, ce n'est pas mon interprétation, même si les vers de Racine repris au premier chapitre nous parlent dès ce moment de la narration d'un amour légendaire (dans ces vers, ce n'est d'ailleurs pas Titus, l'amoureux aimé en retour qui se lamente, mais Antiochus).
Voir l'incipit du roman comme une littote, voilà qui me paraît par trop extraordinaire, mais si tu peux développer...

Critique de la raison pure 09/05/2006 @ 19:58:59
En définitive, Aurélien est un livre qui m'a touché, mais que j'aimerai oublier. Suis-je la seule?


absolument pas d'accord pour oublier Aurélien, c'est l'un des anti-héros les plus héros que mon parcours de lecture m'a amené à rencontrer.
par ailleurs, être touché par un livre, qu'il nous fasse rire ou nous fasse pleurer, n'est-ce pas ce qu'on demande à un livre, à ce que les mots squelette de l'histoire, fassent s'incarner les personnages et qu'au-delà des pages, ils vivent (de la même façon que vit Icare dans L'envol d'Icare de Queneau).
Aurélien, on a envie de le secouer, de le gifler, de lui crier qu'il se trompe, il existe, Aragon a su lui donner chair. Bérénice aussi on a envie de la secouer, de la gifler et de lui dire de réagir.

donc, non, absolument non, je se souhaite pas oublier Aurélien et ses personnages (Blanche, son mari Edmond Barbentane, son amant, ...).
pour moi ils ont prit vie, alors il m'est impossible de les oublier, de les "gommer", ils sont indépendants d'Aragon auteur et de moi, lectrice.

Sur Aurélien, il existe plusieurs livres, notemment Aurélien ou l'écriture indirecte, études recueillies par Suzanne Ravis, éd Champion, Paris, 1988.

Quant à savoir si Aurélien et Bérénice tombent amoureux au premier regard, un coup de foudre quoi, ce n'est pas mon interprétation, même si les vers de Racine repris au premier chapitre nous parlent dès ce moment de la narration d'un amour légendaire (dans ces vers, ce n'est d'ailleurs pas Titus, l'amoureux aimé en retour qui se lamente, mais Antiochus).
Voir l'incipit du roman comme une littote, voilà qui me paraît par trop extraordinaire, mais si tu peux développer...

Quant à savoir si Aurélien et Bérénice tombent amoureux au premier regard, un coup de foudre quoi, ce n'est pas mon interprétation, même si les vers de Racine repris au premier chapitre nous parlent dès ce moment de la narration d'un amour légendaire (dans ces vers, ce n'est d'ailleurs pas Titus, l'amoureux aimé en retour qui se lamente, mais Antiochus).
Voir l'incipit du roman comme une littote, voilà qui me paraît par trop extraordinaire, mais si tu peux développer...



En ce qui concerne cette "interprétation", je ne me suis pas exprimée clairement (apparemment): effectivement Aurélien ne tombe pas immédiatement amoureux de Bérénice ("La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.") Je n'ai pas nuancé mon propos, mais je pensais qu'on pouvait lire entre les lignes. (d'autant plus que, je me répète, je l'ai lu il y a deux ans) Quand je parle de "rencontre" je ne pense pas au sens plénier du terme, mais plutôt à l'ensemble des évènements qui ont créé cette rencontre. Explication: petit à petit ils se sont rencontrés, ils ont appris à se connaître. Et ça n'est pas, en plus, mon propos: ils sont quand même tombés amoureux. Et leur histoire reste dramatiquement triste.
Il est vrai qu'il faut savoir lire les choses contre soi-même, mais est-on pour autant obliger de les aimer? D'autre part je ne demande pas aux livres quils me 'touchent' seulement, je leur demande de m'emporter ailleurs, de me faire rêver, et réfléchir aussi. Alors oui Aurélien fait sans aucun doute réfléchir. Non il ne fait pas rêver.
Au fait, quelle est l'utilité de citer une étude sur Aurélien ici même?

Vda
avatar 09/05/2006 @ 21:17:14
bon ben, je m'enflamme assez vite quant on parle d'Aragon, et d'Aurélien en particulier, car il s'agit de l'un de mes livres préférés.

Quant à savoir si c'est le lieu ici pour citer une étude portant sur le livre Aurélien ? quel autre endroit qu'un débat consacré au livre est plus indiqué pour mentionner que celui-ci a fait l'objet de plus d'une étude.
Enfin, si tu souhaites oublier Aurélien, je comprends bien que la lecture de textes décryptant le roman puisse te paraître incongrue.

Pour reprendre les termes que tu avances Critique de la raison pure, quant à dire qu'un livre doit faire plus que toucher son lecteur, le faire aussi réfléchir et rêver, et qu'Aurélien n'éveille aucune notion de rêve pour toi, j'en suis bien marrie, car c'est pour moi un texte des plus évocateurs, il est lui-même une sorte de rêve (société décadente de l'après première guerre mondiale, monde de la bourgeoisie désuet avec ses codes et références, réalisme romantique d'Aurélien).

- le jeu d'Aurélien consistant à suivre des femmes dans la rue
- tout la symbolique quant au masque de la noyée
- le passage d'Aurélien à la piscine
- la visite du jardin de Monnet
- la fête déguisée

bref, qu'entend-tu par rêve ?

il ne s'agit pas ici pour moi de polémiquer, mais de défendre un texte qui (lu deux fois) me colle à l'esprit.
si tu veux l'oublier, pas de souci, je t'exposais seulement pourquoi, à mon sens, pour moi, il était, est inoubliable.

Vda
avatar 09/05/2006 @ 21:20:34
petite précision, Aurélien est-il vraiment amoureux de Bérénice ? n'est-il pas plutôt amoureux de l'idée qu'il se fait de Bérénice, de l'image qu'il a d'elle ? à mon sens, il n'appréhende pas la réalité de Bérénice, il ne fait que voir sa surface.
Aurélien est un être superficiel, sa chance de profondeur, c'était Bérénice et il échoue.

Critique de la raison pure 09/05/2006 @ 21:51:29
D'accord pour la référence. Je comprends mieux. Je comprends encore mieux ta réaction épidermique (ce n'est pas péjoratif) quand je dis que j'aimerai oublier. Moi aussi quand un livre me tient à coeur, je ne souffre pas aisément qu'on en dise du mal (je n'ai d'ailleurs pas dit véritablement du mal). Mais sache que je me posais juste la question de savoir si ce cafard que j'ai eu était fondé. Tes arguments sont très bons, et me donnent envie de le relire une deuxième fois, et par conséquent de ne pas l'oublier ;-)
Je l'avais lu parce que je comptais faire un mémoire dessus sur le thème de l'amour (possible ou non) après la guerre. Et puis j'ai abandonné à cause de ce cafard écrasant qu'il m'inspirait.
Je me promets de le relire (quand j'aurai le temps car je travaille sur d'autres textes). Cette discussion n'aura pas été inutile!

Critique de la raison pure 09/05/2006 @ 21:55:47
Deux autres choses: je me demandais pourquoi cette étude en particulier, alors qu'il y en tant d'autres?
Qu'est ce que j'entends par rêve? à vrai dire je n'ai pas de bonne définition, peut être te dire que j'attends d'un livre qu'il m'emmène à la fois dans un endroit que je re-connais, et un ailleurs où je ne puis être. Je ne sais pas si c'est très clair...

Critique de la raison pure 09/05/2006 @ 22:03:54
petite précision, Aurélien est-il vraiment amoureux de Bérénice ? n'est-il pas plutôt amoureux de l'idée qu'il se fait de Bérénice, de l'image qu'il a d'elle ? à mon sens, il n'appréhende pas la réalité de Bérénice, il ne fait que voir sa surface.
Aurélien est un être superficiel, sa chance de profondeur, c'était Bérénice et il échoue.


Je te répondrais par une autre question, plus vaste et en même temps primordiale si nous voulons avancer: qu'est ce que le sentiment amoureux?
Je n'ai pas de réponse toute faite sur le sujet, mais une chose est sûre à mes yeux, c'est que nous tombons amoureux de ce qui est à l'exacte proportion de notre désir, ainsi aimer quelqu'un c'est, sans généraliser, aimer ce que nous reconnaissons en lui de nous. Nous n'aimons jamais vraiment les personnes, mais l'idée que nous nous en faisons. De même que nous n'avons jamais une idée vraie de nous-même. Ainsi Aurélien aime l'image de Bérénice, forcément. Et c'est ce que j'entends par "tomber amoureux".
L'amour rend aveugle comme on dit (la notion du masque de la noyée dans le roman est peut être parlante ici), et est une illusion.
Ta dernière phrase sur la superficialité d'Aurélien est intéressante cela dit, je trouve même que c'est une jolie façon d'expliquer cet amour impossible.

Vda
avatar 09/05/2006 @ 22:10:13
sur le sentiment amoureux, je n'ai rien à redire à ce que tu avances, et je renvoie à Belle du seigneur de Cohen. Y a-t-il une meilleur étude critique sur le sujet ?

et quant au pourquoi de cette étude en particulier, c'est que parmi les deux que j'ai pu lire, je n'ai les références que de celle-ci, au crayon à papier sur mon exemplaire d'Aurélien.

Critique de la raison pure 10/05/2006 @ 11:40:53
justement Belle du Seigneur, c'est un livre qui m'a déçu parce qu'ennuyé. Soi-disant la plus belle histoire d'amour de tous les temps......déprimant j'ai trouvé. voire agaçant. Cohen a sans doute une finesse psychologique pour décrire les personnalités humaines aux prises avec l'amour, mais quel est ce genre d'amour? Ariane m'a agacé (je me souviens qu'elle se regarde dans la glace pour voir l'aspect qu'elle a...).
Mais en ce qui concerne le style de l'auteur: un délice: "Hardiesses dans la nuit, hardiesses qu'amour commande, hardiesses acceptées par elle en abandon, livrée et bientôt approuvant, ô ses râles filées, et salivées [...] mains reconnaissantes, mais légères qui remerçiaient, chérissaient, voulaient encore. Amour, ton soleil brillait en cette nuit, leur première nuit."

Vda
avatar 12/05/2006 @ 09:03:41
Cohen a sans doute une finesse psychologique pour décrire les personnalités humaines aux prises avec l'amour, mais quel est ce genre d'amour?
...
Mais en ce qui concerne le style de l'auteur: un délice."


c'est en tout cas le contraire de l'amour romanesque, même si S. se donne des airs et des attitudes de héros romantique et que A. prend la pose.
Mais l'amour est-il quelque chose de beau, un sentiment qui sublime les êtres ?

Dans Belle du seigneur, S et A s'aiment, s'aiment moins mais veulent faire durer la passion amoureuse et s'y perdent.
C'est peut-être déprimant, mais ça m'a paru juste et pour moi cette justesse là était plus importante que la sensation que la lecture pouvait faire naître. D'autant que comme tu l'as écrit, Cohen s'il n'a pas permis au sentiment amoureux de sublimer ses personnages, qui tous ont en eux du mesquin, du petit, même le plus grand d'eux, sublime leur histoire, son roman, par son écriture, "un délice".

Ghislaine 14/05/2006 @ 01:19:22
Qu'est ce qui fait la qualité d'un livre? Faut-il privilégier le style à l'histoire? Si l'histoire nous dérange comment apprécier le style?
En définitive, Aurélien est un livre qui m'a touché, mais que j'aimerai oublier. Suis-je la seule?


A ces questions pertinentes, je ne peux m'empêcher de citer Paullina SIMONS qui exprime si bien ce que je pense :

" C'a certainement été pareil pour moi - j'ai été un lecteur toute ma vie ; Je vis à côté du mot écrit.

En romans, l'originalité de la construction et l'utilisation de la langue est ce qui rend le livre mémorable. Cependant, les mots seuls ne font pas un bon livre - un roman doit avoir une histoire, un commencement, le milieu et l'extrémité, une résolution, un conflit, signification, sentiment. Vous pouvez avoir une bonne histoire sans « mots » mémorables ou vous ne pouvez avoir aucune histoire du tout avec de beaux mots, et les deux livres travaillent sur un certain niveau pour des lecteurs, mais quand vous avez un livre qui a tous les deux, qui est quand vous vous rappelez le livre mieux. "

Quant à ton opinion relative à " Aurélien," je la partage entièrement et ne saurais trop te conseiller de lire la trilogie du " Chevalier de Bronze " (titre en anglais) de P. SIMONS, pour les raisons évoquées plus haut. Ces trois livres, une fois lus, en détrônent beaucoup d'autres. Ils rassemblent toutes les qualités de style remarquable de l'auteur et, d'histoire plus vraie que nature. Des livres inoubliables !

Critique de la raison pure 14/05/2006 @ 10:09:58
Merci pour ta réponse, Ghislaine, qui répond précisément à mes questions. Je range précieusement tes conseils de lecture en attendant d'avoir le temps de les lire.

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