Ta critique donne vraiment envie de lire ce roman, Jlc, au point que je me suis demandé pourquoi ta note n'était pas supérieure ; mais c'est sans grande importance.
Merci pour la pub, ça me fait vraiment plaisir.
En fait j'ai un peu revu mon système de notation depuis que j'ai lu, avec enthousiasme, "la guerre et la paix" auquel je ne peux mettre que 5*. Alors forcément, d'autres livres qui n'ont pas cette ampleur, cette force, cette splendeur en souffrent un peu.
Des 3 livres que j'ai lus dans ce programme, j'ai mis 4* aux "Huit cahiers". Le livre d'Odojewski est superbe mais dans un genre un peu mineur comparé au précédent, d'où le 3.5*.
Celà dit, je suis en train de lire le 4ème, "Une complicité", et nous ferons un point global à la rentrée mais d'ici là je suis très heureux de cette initiative de nous faire lire autre chose car ce furent jusqu'à présent de très intéressantes découvertes, même si j'ai émis quelques réserves sur "Dit violent".
Bonne idée, le point global à la rentrée.
J'y suis! Je suis prête à vous livrer la critique de "Êtes-vous fous?" de René Crevel. Par contre, je me suis rendu compte qu'il ne possédait pas d'ISBN, c'est donc ici que ça se passe...
Note: 2.5 étoiles
Surréalisme intellectualisant ou intellectualisme surréaliste?
Bienvenue dans le monde fou de René Crevel!
Vagalame est allé consulter Mme Rosalba (oracle des Batignolles), qui le rebaptise après qu'il lui ait avoué son « vague à l'âme » et lui annonce qu'il croisera sur sa route Yolande (mi-mondaine mi-morte qui ne quitte jamais son fakir momifié ou son rat de 50 kg) et son ennemie Mimi Patata,étoile des Folies-Bergères qui a une passion avouée pour les jumeaux. Mais Vagalame doit aussi rencontrer une jeune fille rousse avec qui il se mariera et aura un enfant bleu. A la sortie de cet entretien, Vagalame est pris de malaise et part se soigner dans un sanatorium en Suisse.
C'est ici que les choses se corsent. Vagalame finit par rencontrer Yolande et cie. Rêve ou réalité? Nous ne le saurons jamais. En tous cas, le narrateur se déplace parmi tous ces personnages comme dans un rêve, fait les rencontres les plus improbables, toujours à la recherche de sa rousse qui lui fera un enfant bleu...
L'histoire est digne d'un écrivain surréaliste: souvent incompréhensible au premier abord, à la limite entre rêve et réalité.
Le style lui aussi est bien surréaliste. Certains passages sont des superbes images poétiques, qui donnent l'impression de survoler les pages comme de magnifiques paysages oniriques. Malheureusement, Crevel tend à vouloir « intellectualiser » à tout prix certaines de ces images. On tombe alors de son petit nuage, ramené à la dure réalité: René Crevel veut faire passer des messages, et ça se voit!
Résultat: entre relecture de nombreux passages (quand on décroche de l'histoire à la page 13, c'est inquiétant!) et ruptures d'images poétiques, l'ensemble est plutôt inégal. Le sentiment qu'on en garde est plutôt celui d'un étal de bouquiniste dans lequel se trouvent quelques perles rares au milieu de livres de bien moindre qualité...
Note: 2.5 étoiles
Surréalisme intellectualisant ou intellectualisme surréaliste?
Bienvenue dans le monde fou de René Crevel!
Vagalame est allé consulter Mme Rosalba (oracle des Batignolles), qui le rebaptise après qu'il lui ait avoué son « vague à l'âme » et lui annonce qu'il croisera sur sa route Yolande (mi-mondaine mi-morte qui ne quitte jamais son fakir momifié ou son rat de 50 kg) et son ennemie Mimi Patata,étoile des Folies-Bergères qui a une passion avouée pour les jumeaux. Mais Vagalame doit aussi rencontrer une jeune fille rousse avec qui il se mariera et aura un enfant bleu. A la sortie de cet entretien, Vagalame est pris de malaise et part se soigner dans un sanatorium en Suisse.
C'est ici que les choses se corsent. Vagalame finit par rencontrer Yolande et cie. Rêve ou réalité? Nous ne le saurons jamais. En tous cas, le narrateur se déplace parmi tous ces personnages comme dans un rêve, fait les rencontres les plus improbables, toujours à la recherche de sa rousse qui lui fera un enfant bleu...
L'histoire est digne d'un écrivain surréaliste: souvent incompréhensible au premier abord, à la limite entre rêve et réalité.
Le style lui aussi est bien surréaliste. Certains passages sont des superbes images poétiques, qui donnent l'impression de survoler les pages comme de magnifiques paysages oniriques. Malheureusement, Crevel tend à vouloir « intellectualiser » à tout prix certaines de ces images. On tombe alors de son petit nuage, ramené à la dure réalité: René Crevel veut faire passer des messages, et ça se voit!
Résultat: entre relecture de nombreux passages (quand on décroche de l'histoire à la page 13, c'est inquiétant!) et ruptures d'images poétiques, l'ensemble est plutôt inégal. Le sentiment qu'on en garde est plutôt celui d'un étal de bouquiniste dans lequel se trouvent quelques perles rares au milieu de livres de bien moindre qualité...
Merci Mallolo pour cette critique (peut-être un peu sévère ? mais je n'ai pas encore lu Crevel.) Qu'entends-tu par "intellectualiser" certaines images ? (Pour l'ISBN, essaie donc 2070233804.)
Merci Mallolo
Correction : merci Mallollo. J'espère ne t'avoir pas froissé... ton aile !
Merci Mallolo
Correction : merci Mallollo. J'espère ne t'avoir pas froissé... ton aile !
Non, pas de souci, l'air de rien je suis un petit moineau solide sur ses pattes!
Pour ma critique, je la trouve aussi un peu sévère avec le recul, mais moi qui suis bon public en général, j'ai vraiment eu du mal à accrocher. Je crois néanmoins qu'avant de publier vraiment ma critique (merci pour l'aide, j'avais cherché pourtant!), je relirai le livre avec un regard neuf...
Qu'entends-tu par "intellectualiser" certaines images ?
Crevel utilise parfois une image pour développer une idée, un message, et le résultat est fort peu naturel. On dirait que le message est ajouté "de force" dans la ligne du roman.
Je penserai à retenir un ou deux passages lors de ma relecture pour faire partager ce qui chez Crevel peut être très beau ou un peu "intellectualisant".
Mais j'insiste, ces passages qui sont magnifiques (surtout vers la fin) valent à eux seuls de lire le roman tout entier (allez, je l'avoue, 2,5 c'est très vache!).
Et bien parmi les livres de Jlc, ou de Feint, j'en prendrai un ou deux, pour m'adonner à la lecture de livres méconnus ; j'espère qu'ils le sont à tort!
Cependant, j'ai tendance à lire des bouquins connus, ou reconnus comme classiques ou chefs d'oeuvre, et ce à cause de mon jeune âge...Faut bien commencer par un bout!
Ca fera plaisir à certains de savoir que je me lance dans la littérature russe ;-)
Et merci à Aria de m'avoir donné envie d'aller jeter un coup d'oeil là où personne ne regarde !
Cependant, j'ai tendance à lire des bouquins connus, ou reconnus comme classiques ou chefs d'oeuvre, et ce à cause de mon jeune âge...Faut bien commencer par un bout!
Ca fera plaisir à certains de savoir que je me lance dans la littérature russe ;-)
Et merci à Aria de m'avoir donné envie d'aller jeter un coup d'oeil là où personne ne regarde !
Et bien parmi les livres de Jlc, ou de Feint, j'en prendrai un ou deux, pour m'adonner à la lecture de livres méconnus ; j'espère qu'ils le sont à tort!
Cependant, j'ai tendance à lire des bouquins connus, ou reconnus comme classiques ou chefs d'oeuvre, et ce à cause de mon jeune âge...Faut bien commencer par un bout!
Ca fera plaisir à certains de savoir que je me lance dans la littérature russe ;-)
Et merci à Aria de m'avoir donné envie d'aller jeter un coup d'oeil là où personne ne regarde !
Tu as bien raison, Poupi, de commencer par le bon bout de la littérature ! D'autant plus que les chefs d'oeuvre consacrés, on n'a jamais fini de les lire, tant il y en a, ou de les relire, parce qu'au bout de vingt ans, hélas... En général, aujourd'hui encore, j'essaie de lire à peu près autant d'auteurs classiques que de contemporains... souvent méconnus ; car c'est surtout contre la médiatisation excessive de livres qui n'en méritent pas tant - combien de livres très moyens sont qualifiés d'inoubliables pour être presque oubliés deux ans, ou moins, plus tard ! - que nous essayons ici d'attirer l'attention. En criant sans cesse au chef d'oeuvre, on ne rend pas service aux auteurs concernés, lesquels, caressés dans le sens du poil, ne cessent de se plagier eux-mêmes ; on donne aussi une fausse idée de ce à quoi ressemble vraiment la production francophone : les livres mis en avant appartiennent tous à des catégories pré-existantes, bien définies (ça simplifie le travail) ; Pierre Jourde montre bien comment cela fonctionne dans son pamphlet La Littérature sans estomac. Du coup, les lecteurs francophones déplorent la qualité leur littérature contemporaine, envient la production anglo-saxonne, comme hier ou avant-hier Pierre Assouline sur son blog. Une telle comparaison, à mes yeux, n'a pas grand sens et, avant de décrier la littérature française contemporaine, encore faut-il savoir ce qu'elle recelle vraiment. Les magazines spécialisés les plus connus, comme Lire, laissent très peu de place dans leurs colonnes à la foule de petits éditeurs qui essaie d'exister - je suis toujours stupéfait d'en découvrir chaque semaine de nouveaux, dont je n'avais jamais entendu parler. Il y a sur ce site quelques missionnaires anciens qui se chargent avec talent de faire connaître des livres qui le méritent ; c'est une tâche énorme, voilà pourquoi il m'arrive de temps en temps de jouer pour eux les sergents recruteurs. Merci à Aria qui le fait avec plus de discrétion.
Il est vrai qu'aujourd'hui le moteur principal reste l'argent.
Comme tu le dis bien Feint, les auteurs, une fois applaudis dans tel magazine littéraire (Paris Match ou Elle, ;-p), se contentent de répéter leurs livres ; je pense notamment à Nothomb, qui nous monopolise nos rentrées littéraires, Marc Lévy avec ses bouquins pseudo-philosophiques sur l'amour, ou bien à moindre échelle à Beigbeder qui, quel que soit le sujet du livre, et sa qualité, j'en conviens, ne fait que parler de lui et se jeter des fleurs.
Certains auteurs, même s'ils sont médiatisés et édités dans de grandes (immenses à vrai dire) maisons d'édition (usines?), ne se payent pas la tête du lecteur, et fournissent du travail de qualité, original : Schmitt, selon moi, et beaucoup d'autres.
Je tiens aussi à soulever (puisqu'on parle d'argent en tant que moteur) que certaines éditions qui publient du roman anglais traduit, s'amusent à découper l'oeuvre originale en deux, ou trois tomes, et cela dans un interet purement pécunier, et contre l'interet du lecteur. Je pense à Pygmalion, qui publie notamment l'Assassin Royal, le Trône de Fer, le Royaume de Tobin, les Aventuriers de la Mer, tant d'excellents romans fantastiques, qui sont handicapés par cette parution interessée...Cet été j'ai essayé de lire les Aventuriers de la Mer ; le premier tome met en place l'histoire. Pourquoi? Parce que le premier tome EN VO est fractionné en trois romans dans l'hexagone...J'ai récemment critiqué les deux premiers du tomes du Royaume de Tobin, de Lynn Flewelling ; immense différence entre les deux. En effet, les deux tomes n'en constituent qu'un dnas l'édition originale... Voila d'où vient l'écart entre les deux tomes en français!
N'est-ce pas un bon moyen de tuer la lecture à petit feu?
Comme tu le dis bien Feint, les auteurs, une fois applaudis dans tel magazine littéraire (Paris Match ou Elle, ;-p), se contentent de répéter leurs livres ; je pense notamment à Nothomb, qui nous monopolise nos rentrées littéraires, Marc Lévy avec ses bouquins pseudo-philosophiques sur l'amour, ou bien à moindre échelle à Beigbeder qui, quel que soit le sujet du livre, et sa qualité, j'en conviens, ne fait que parler de lui et se jeter des fleurs.
Certains auteurs, même s'ils sont médiatisés et édités dans de grandes (immenses à vrai dire) maisons d'édition (usines?), ne se payent pas la tête du lecteur, et fournissent du travail de qualité, original : Schmitt, selon moi, et beaucoup d'autres.
Je tiens aussi à soulever (puisqu'on parle d'argent en tant que moteur) que certaines éditions qui publient du roman anglais traduit, s'amusent à découper l'oeuvre originale en deux, ou trois tomes, et cela dans un interet purement pécunier, et contre l'interet du lecteur. Je pense à Pygmalion, qui publie notamment l'Assassin Royal, le Trône de Fer, le Royaume de Tobin, les Aventuriers de la Mer, tant d'excellents romans fantastiques, qui sont handicapés par cette parution interessée...Cet été j'ai essayé de lire les Aventuriers de la Mer ; le premier tome met en place l'histoire. Pourquoi? Parce que le premier tome EN VO est fractionné en trois romans dans l'hexagone...J'ai récemment critiqué les deux premiers du tomes du Royaume de Tobin, de Lynn Flewelling ; immense différence entre les deux. En effet, les deux tomes n'en constituent qu'un dnas l'édition originale... Voila d'où vient l'écart entre les deux tomes en français!
N'est-ce pas un bon moyen de tuer la lecture à petit feu?
Bravo à tous, belles interventions agréables à lire et qui font réfléchir... Une belle façon aussi de défendre la lecture.
Maintenant que lire ? Nouveautés, livres connus, vieilleries inconnus, grands classiques reconnus... Probablement un doux et harmonieux mélange de tout cela... Alors, vite, ne perdons pas de temps, allons lire...
Maintenant que lire ? Nouveautés, livres connus, vieilleries inconnus, grands classiques reconnus... Probablement un doux et harmonieux mélange de tout cela... Alors, vite, ne perdons pas de temps, allons lire...
Certains auteurs, même s'ils sont médiatisés et édités dans de grandes (immenses à vrai dire) maisons d'édition (usines?), ne se payent pas la tête du lecteur, et fournissent du travail de qualité, original
Sans aucun doute. D'ailleurs, les succès commerciaux doivent précisément permettre aux grandes maisons de publier des textes plus ambitieux. C'est un équilibre difficile à maintenir, car il y a vite un risque de confusion quand des textes qui ne sont pas destinés au même public paraissent sous la même couverture. En défendant les petits éditeurs, je ne prétends évidemment pas que les grands ne publient rien d'intéressant, au contraire. Ce qui est indiscutable, c'est que les gros sont mieux représentés, mieux distribués et mieux défendus par la presse et par les grands prix littéraires ; et qu'un même auteur sait qu'il risque de vendre plus chez un gros que chez un petit.
Bonjour à Shelton et au Rat, de retour parmi nous. On ne vous avait pas demandé de nous rapporter un peu de soleil ?
Tu as bien sûr raison, Poupi, de lire en priorité les grands auteurs, ceux qui ont dépassé le temps et nous donnent autant de plaisir ou de matière à réflexion. Il n'y a qu'un Rouge et le noir pour des centaines de...(je te laisse le soin d'y mettre les titres que tu voudras).
En fait je crois qu'il ne faut pas confondre édition et littérature. L'édition est un commerce qui doit être profitable pour continuer d'exister. La littérature est un art. Le problème est que la seconde a besoin de la première alors que la réciproque n'est pas vraie. Les bonnes âmes te diront qu'il faut des Marc Lévy et consorts qui génèrent du profit pour pouvoir éditer ou rééditer Crevel ou Les errances Druon. C'est vrai en partie mais en partie seulement et c'est plus souvent un alibi car ce ne sont pas les mêmes éditeurs qui les publient.
Enfin le métier de libraire est en train de disparaitre comme hier celui de disquaire. Les livres sont mis en vrac en grande surface, le vrac étant en réalité soigneusement mis en oeuvre par des équipes marketing. Heureusement qu'il y a en France la loi Lang sur le prix des livres car autrement la chute aurait été encore plus rude et rapide.
Feint et toi abordez un autre aspect, celui de la littérature francophone. Notre littérature est un trésor mais comme telle elle a un petit aspect "musée". Il y a aujourd'hui quelques bons ou très bons auteurs français (pour ma part j'y range Michel Déon ou JMG Le Clézio, Alain Fleischer ou Pascal Quignard) mais nous n'avons plus cette créativité littéraire qui a été une caractéristique de la littérature française pendant des décennies. J'y vois personnellement peut-être une raison: les écrivains français enferment leurs écrits dans leurs "égo" alors que les anglo-saxons ou les hispanisant, par exemple, situent leurs histoires dans le temps et font vivre à leurs personnages des aventures qui sont "situées" . Je trouve ça beaucoup plus fort que les ratiocinations de tel ou tel. Il n'y a pas aujourd'hui, à part Michel Déon, un romancier français qui a la vigueur, l'imagination, le talent d'un Jim Harrison, d'un Antonio Munoz Molina, d'un Philip Roth ou d'un Jonathan Coe.
Alors tu vois Poupi tu as bien raison. Celà dit, quel bonheur aussi de découvrir un auteur dont on ne sait pas grand chose et qu'un Clien va te faire découvrir ou que tu vas faire découvrir aux autres. Comme quoi, en littérature il n'y a pas de règle absolue si ce n'est celle du talent.
En fait je crois qu'il ne faut pas confondre édition et littérature. L'édition est un commerce qui doit être profitable pour continuer d'exister. La littérature est un art. Le problème est que la seconde a besoin de la première alors que la réciproque n'est pas vraie. Les bonnes âmes te diront qu'il faut des Marc Lévy et consorts qui génèrent du profit pour pouvoir éditer ou rééditer Crevel ou Les errances Druon. C'est vrai en partie mais en partie seulement et c'est plus souvent un alibi car ce ne sont pas les mêmes éditeurs qui les publient.
Enfin le métier de libraire est en train de disparaitre comme hier celui de disquaire. Les livres sont mis en vrac en grande surface, le vrac étant en réalité soigneusement mis en oeuvre par des équipes marketing. Heureusement qu'il y a en France la loi Lang sur le prix des livres car autrement la chute aurait été encore plus rude et rapide.
Feint et toi abordez un autre aspect, celui de la littérature francophone. Notre littérature est un trésor mais comme telle elle a un petit aspect "musée". Il y a aujourd'hui quelques bons ou très bons auteurs français (pour ma part j'y range Michel Déon ou JMG Le Clézio, Alain Fleischer ou Pascal Quignard) mais nous n'avons plus cette créativité littéraire qui a été une caractéristique de la littérature française pendant des décennies. J'y vois personnellement peut-être une raison: les écrivains français enferment leurs écrits dans leurs "égo" alors que les anglo-saxons ou les hispanisant, par exemple, situent leurs histoires dans le temps et font vivre à leurs personnages des aventures qui sont "situées" . Je trouve ça beaucoup plus fort que les ratiocinations de tel ou tel. Il n'y a pas aujourd'hui, à part Michel Déon, un romancier français qui a la vigueur, l'imagination, le talent d'un Jim Harrison, d'un Antonio Munoz Molina, d'un Philip Roth ou d'un Jonathan Coe.
Alors tu vois Poupi tu as bien raison. Celà dit, quel bonheur aussi de découvrir un auteur dont on ne sait pas grand chose et qu'un Clien va te faire découvrir ou que tu vas faire découvrir aux autres. Comme quoi, en littérature il n'y a pas de règle absolue si ce n'est celle du talent.
Je te suis sur tous les points (notamment sur la disparition des libraires, dont j'avais oublié de parler), Jlc, sauf le dernier. Il me semble que, comme Pierre Assouline sur son blog et une bonne partie de la presse actuelle, tu assimiles - abusivement à mon sens - la littérature au seul roman. Le roman n'est qu'un genre parmi d'autres, qui n'a pas à escamoter les autres comme on le lui fait faire (si un genre devait être considéré comme majeur, ce qui n'a pas grand sens, je serai plutôt tenté de proposer la poésie, qui devient chaque jour plus souterraine). Par ailleurs, les histoires littéraires de différents pays ne sont pas les mêmes. La méfiance française à l'égard du roman n'est pas récente, elle remonte au moins à Flaubert ; et la majorité des grands textes narratifs français du XXe siècle ont tendance à se démarquer du genre romanesque, ou tout du moins du modèle balzacien. L'histoire est plus récente outre-Atlantique, et aussi, tout simplement, différente. Imiter les américains, de la part d'un auteur français, me paraît une démarche simpliste : les américains n'imitent personne. En outre, il se peut aussi que le lecteur français déçu n'ait tout simplement pas lu les auteurs susceptibles de lui plaire, parce qu'il n'en a pas entendu parler : on en revient au thème de ce fuseau. Pour ma part, je citerais volontiers de nombreux autres auteurs contemporains pour rallonger ta liste qui me paraît bien courte.
Contrat rempli, je crois. Hubert Lucot, auteur de Frasques, Opérations, Opérateur le néant (j'ai choisi de mettre ma critique sous ce dernier titre), reste à coup sûr un auteur confidentiel, alors qu'il publie depuis près de quarante ans, et que ceux qui le lisent disent : "C'est un grand écrivain." J'en suis.
Tu as raison, Feint, je privilègie le roman car c'est ma forme littéraire préférée et je te rejoindrai facilement pour dire qu'il y a de bons romanciers français contemporains et, encore plus, francophones.
Mais de très grands, j'en vois peu comme je l'ai dit hier soir. Peut-être parce que je trouve les romanciers trop détachés de notre contexte historique et c'est vrai que j'aime beaucoup l'histoire et le débat politique. Y-a-t-il un très grand roman sur la guerre d'Algérie, sur mai 1968 par exemple? Tout au moins je ne les connais pas ou les ai oubliés. Y-a-t-il un grand roman français récent sur le monde dans lequel nous vivons ou survivons? Pascal Jardin, d'Ormesson ou Jean-Paul Dubois ont certes situé bien de leurs romans mais qu'ont-ils inventé de nouveau? D'ailleurs c'est un des regrets de Jean d'ormesson d'avoir été un "copiste", certes talentueux, mais un "copiste" seulement.
En lisant Une complicité de l'auteur espagnol Manuel De Lope, je me suis demandé si ce n'était pas grâce aux écrivains et aux intellectuels espagnols que l'Espagne était passée si simplement de Franco à la démocratie. Alors que, et je suis totalement subjectif, j'ai le sentiment que les écrivains français se sont plus occupés de leur mère, fût-ce pour 3 jours, que d'avoir essayé de réfléchir sur notre temps et de le romancer. Mauriac, Malraux, Camus, Morand, Céline, Aragon, Giono, Simenon, Antoine Blondin, Roger Nimier, Chardonne ou Yourcenar, chacun dans leur genre, ont donné au roman francophone une dimension, un attrait que je retrouve moins chez des auteurs plus contemporains. Je n'ai pas cité Sartre car je le trouve meilleur essayiste que romancier.
Mais peut-être est-ce simplement une question d'age, de génération et je ne demande qu'a être convaincu du contraire.
Mais de très grands, j'en vois peu comme je l'ai dit hier soir. Peut-être parce que je trouve les romanciers trop détachés de notre contexte historique et c'est vrai que j'aime beaucoup l'histoire et le débat politique. Y-a-t-il un très grand roman sur la guerre d'Algérie, sur mai 1968 par exemple? Tout au moins je ne les connais pas ou les ai oubliés. Y-a-t-il un grand roman français récent sur le monde dans lequel nous vivons ou survivons? Pascal Jardin, d'Ormesson ou Jean-Paul Dubois ont certes situé bien de leurs romans mais qu'ont-ils inventé de nouveau? D'ailleurs c'est un des regrets de Jean d'ormesson d'avoir été un "copiste", certes talentueux, mais un "copiste" seulement.
En lisant Une complicité de l'auteur espagnol Manuel De Lope, je me suis demandé si ce n'était pas grâce aux écrivains et aux intellectuels espagnols que l'Espagne était passée si simplement de Franco à la démocratie. Alors que, et je suis totalement subjectif, j'ai le sentiment que les écrivains français se sont plus occupés de leur mère, fût-ce pour 3 jours, que d'avoir essayé de réfléchir sur notre temps et de le romancer. Mauriac, Malraux, Camus, Morand, Céline, Aragon, Giono, Simenon, Antoine Blondin, Roger Nimier, Chardonne ou Yourcenar, chacun dans leur genre, ont donné au roman francophone une dimension, un attrait que je retrouve moins chez des auteurs plus contemporains. Je n'ai pas cité Sartre car je le trouve meilleur essayiste que romancier.
Mais peut-être est-ce simplement une question d'age, de génération et je ne demande qu'a être convaincu du contraire.
Tu as raison, Feint, je privilègie le roman car c'est ma forme littéraire préférée et je te rejoindrai facilement pour dire qu'il y a de bons romanciers français contemporains et, encore plus, francophones.
Mais de très grands, j'en vois peu comme je l'ai dit hier soir. Peut-être parce que je trouve les romanciers trop détachés de notre contexte historique et c'est vrai que j'aime beaucoup l'histoire et le débat politique. Y-a-t-il un très grand roman sur la guerre d'Algérie, sur mai 1968 par exemple? Tout au moins je ne les connais pas ou les ai oubliés. Y-a-t-il un grand roman français récent sur le monde dans lequel nous vivons ou survivons? Pascal Jardin, d'Ormesson ou Jean-Paul Dubois ont certes situé bien de leurs romans mais qu'ont-ils inventé de nouveau? D'ailleurs c'est un des regrets de Jean d'ormesson d'avoir été un "copiste", certes talentueux, mais un "copiste" seulement.
En lisant Une complicité de l'auteur espagnol Manuel De Lope, je me suis demandé si ce n'était pas grâce aux écrivains et aux intellectuels espagnols que l'Espagne était passée si simplement de Franco à la démocratie. Alors que, et je suis totalement subjectif, j'ai le sentiment que les écrivains français se sont plus occupés de leur mère, fût-ce pour 3 jours, que d'avoir essayé de réfléchir sur notre temps et de le romancer. Mauriac, Malraux, Camus, Morand, Céline, Aragon, Giono, Simenon, Antoine Blondin, Roger Nimier, Chardonne ou Yourcenar, chacun dans leur genre, ont donné au roman francophone une dimension, un attrait que je retrouve moins chez des auteurs plus contemporains. Je n'ai pas cité Sartre car je le trouve meilleur essayiste que romancier.
Mais peut-être est-ce simplement une question d'age, de génération et je ne demande qu'a être convaincu du contraire.
Très intéressant. Je vois les choses différemment - comme si nous regardions le même objet depuis des angles différents. Bien obligé je suis de reconnaître que ma conception de la littérature m'est personnelle, évidence souvent oubliée.
Si la question est : " y a-t-il beaucoup de grands romanciers francophones actuellement ? ", je suis bien tenté de répondre
négativement (encore que je ne connaisse probablement pas les meilleurs). Je dirais de nombreux grands écrivains francophones actuels ne sont pas des romanciers, au sens strict - s'il y en a un - du terme. Mais je n'y vois pas une faiblesse. Après tout, nombreuses furent les époques où c'était la cas.
Tu soulèves l'opposition entre une écriture du moi et une écriture sur le monde - qui remonte à loin (Pascal vs Montaigne). Entre les deux, je ne veux pas choisir. Parler de soi, est-ce autre chose que de parler du monde ? (Je pense à Proust, à Beckett ; et à Hubert Lucot, dont je viens de poster une lecture, à bien d'autres aussi bien sûr...) L'idée d'un roman "sur" quelque chose, quelle que soit l'importance du sujet, me gêne. Mais une autre préposition pourrait peut-être me convaincre (pourquoi pas "dans" ?) L'importance du sujet, (comme jadis en peinture, au temps de la hiérarchie des genres, qui n'était autre qu'une hiérarchie des sujets) est une source de confusion. Je dois reconnaître - et je n'en tire aucune fierté - que je n'ai jamais pu lire plus d'une trentaine de pages de Malraux. (J'ai essayé L'Espoir, puis La Condition humaine.) Il y a quelque chose qui me gêne. Quelque chose à quoi, d'emblée, je n'adhère pas. C'est peut-être le rapport au langage. J'ai l'impression que c'est pour lui un outil (comme pour un journaliste ou un historien), alors que, pour moi, c'est une matière, comme le son pour un musicien. Une matière à faire du sens. J'écourte, il faut que j'aille à table.
J'écourte, il faut que j'aille à table.
J'espère que tu as bien diné.
C'est vrai que je connais un peu mieux les romanciers que des écrivains plus "essayistes". Ainsi je n'ai pas encore lu Cioran ou Beckett.
Je te rejoins sur le choix du mot "dans" plutôt que "sur" un grand sujet mais ceci n'exclut pas de mélanger une littérature du soi avec celle sur le monde. Après tout Proust est un fabuleux écrivain du moi intime et un remarquable romancier de la société de son temps. Je ne sais plus qui a dit qu'un grand homme était la conjonction d'une situation et d'un caractère. Je pense qu'il en est souvent ainsi d'un roman. Et je ne crois pas que le sujet mette la langue au second plan. Malraux ou d'autres ont exactement utilisé leur style comme l'élément premier qui donne à leur livre cette dimension supplémentaire qui en fait, tout au moins à mes yeux, un grand bouquin. Là je pense plus aux "antimémoires" qu'à "la condition humaine" et tu vas me répondre, à très juste titre, que "Antimémoires" n'est pas un roman. Limites des distinctions et des genres.
Conclusion toute subjective: je prends plus de plaisir aujourd'hui à lire un roman de quelques écrivains étrangers que d' écrivains français contemporains aux quelques exceptions près évoquées l'autre jour. Mais peut-être pourrais-tu faire des suggestions?
J'espère que tu as bien diné.
Merci, formidable. (Le repas est toujours un grand moment, pour moi. Heureusement que je fais pas mal de sport, sans quoi...) ;-)
Les Antimémoires, oui, il faudrait peut-être que j'essaie. Dans les deux Malraux cités, c'était surtout la "mise en roman", un peu lourde à mes yeux, qui me rebutait. Les Antimémoires, ça devrait aller.
Beckett n'est pas vraiment un essayiste, d'ailleurs il n'a jamais vraiment produit de texte théorique destiné à la publication (si l'on excepte son "Proust", une oeuvre de jeunesse). En six romans, il a, à mes yeux, porté le roman à une sorte de point ultime (Blanchot en parle mieux que moi dans Le Livre à venir). Cela dit, c'est vrai, qu'on a vu de grands romans s'écrire depuis, notamment en Amérique latine.
A brûle-pourpoint, quelques auteurs francophones susceptibles de te faire réviser ton jugement (ils ne parlent guère de leur mère, et s'ils parlent d'eux, c'est de manière très indirecte - et fatale dès lors qu'on écrit) :
- Patrick Chamoiseau, notamment pour Chronique des sept misères et surtout pour Texaco (tiens, voilà que je défends un Prix Goncourt ! Il est vrai qu'il est déjà vieux de 14 ans). Je le situerais bien quelque part entre Amado et Garcia Marquez, s'il n'était pas surtout antillais, donc insulaire et héritier d'une histoire qui, pour présenter des parentés, n'en reste pas moins propre. "
- "Il y a un" est le titre d'un premier roman qui m'a tout simplement bluffé, de Gabriel Bergounioux (le frère de Pierre, considéré par certains comme l'un de tout meilleurs auteurs - je ne le connais pas encore bien). J'ai posté une lecture d'"Il y a un" il y a quelques mois. A coup sûr, ce texte n'a pas eu le succès qu'il méritait.
- François Maspero ne fut pas seulement un grand éditeur engagé. C'est aussi un véritable écrivain. Je sors à l'instant du Vol de la mésange ; il me reste à rendre compte de ma lecture. Cela ressemble a priori à un recueil de nouvelles, c'est plutôt une sorte de roman kaléidoscopique et lacunaire, relié aux textes antérieurs (assez nombreux), et aussi une réflexion sur le témoignage des reporters engagés.
- Claude-Louis Combet. Merveilleuses Errances Druon ! Mais il a beaucoup écrit.
- Hubert Lucot, dont je viens de poster une lecture. Une écriture d'une liberté magnifique. L'art de concilier en poésie la réflexion sur soi-même, sur son passé, avec une vision engagée du monde contemporain.
- Eric Chevillard est un jeune auteur (forcément jeune, il a sensiblement mon âge !) étonnant. Si la mode excessive de l'écriture sur soi t'agace, lis Du hérisson : un auteur tente d'écrire son autobiographie, délicieusement intitulée "Vacuum extractor", et s'en trouve empêché par la présence incongrue d'un hérisson sur son bureau ! Chevillard, qui s'emploie à mettre à mal les genres traditionnellement répertoriés, est un auteur d'un humour et d'une inventivité rare.
Il y en a beaucoup d'autres, ce qui n'empêche pas de lire les auteurs étrangers...
Merci beaucoup, Feint, de ta liste que je vais garder précieusement pour aller y puiser au hasard de mes visites en librairie. J'ai déjà évoqué les errances Druon et Chamoiseau me tente. Becket, je ne sais pas mais parfois la curiosité est une grande qualité.
Bientôt 19h30...bon appétit.
Bientôt 19h30...bon appétit.
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