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Dans les critiques éclairs, Zarathoustroy écrit "contrairement à nombre d'entre vous, je trouve que Emma est une femme égoïste dont le manque d'abnégation a semé le malheur tout autour d'elle".
Oui Emma est égoïste. Oui Emma manque d'abnégation. Et alors ?
C'est un trait de caractère (parmi beaucoup d'autres) qui permet à Flaubert de faire évoluer ce personnage vers le but recherché. Emma vit dans une société aliénante pour les femmes: elles sont confinées dans leur maison et doivent mettre leurs désirs et leurs plaisirs en sourdine pour se consacrer exclusivement au bien-être de leur mari et de leurs enfants. Cette société interdit aux femmes l'égoïsme et exige d'elles l'abnégation.
Mais Emma ne se reconnaît pas dans cette vie. Donc, forcément, Flaubert force ce trait. C'est remarquable dans les descriptions des relations (ou plutôt non-relations) entre Emma et sa fille. Qu'elle ait des amants, passe encore (son mari est nul). Mais qu'elle délaisse sa fille et ne lui voue pas le moindre amour, est considéré comme inadmissible. Elle aurait voulu un fils pourqu'il puisse vivre et faire tout ce qu'Emma rêve mais ne peut pas faire. Le sort s'acharne: elle a une fille. Est-ce vraiment de sa faute si elle "sème le malheur autour d'elle" ? N'est-ce pas parce qu'elle veut vivre, mais la société le lui interdit ?
Oui Emma est égoïste. Oui Emma manque d'abnégation. Et alors ?
C'est un trait de caractère (parmi beaucoup d'autres) qui permet à Flaubert de faire évoluer ce personnage vers le but recherché. Emma vit dans une société aliénante pour les femmes: elles sont confinées dans leur maison et doivent mettre leurs désirs et leurs plaisirs en sourdine pour se consacrer exclusivement au bien-être de leur mari et de leurs enfants. Cette société interdit aux femmes l'égoïsme et exige d'elles l'abnégation.
Mais Emma ne se reconnaît pas dans cette vie. Donc, forcément, Flaubert force ce trait. C'est remarquable dans les descriptions des relations (ou plutôt non-relations) entre Emma et sa fille. Qu'elle ait des amants, passe encore (son mari est nul). Mais qu'elle délaisse sa fille et ne lui voue pas le moindre amour, est considéré comme inadmissible. Elle aurait voulu un fils pourqu'il puisse vivre et faire tout ce qu'Emma rêve mais ne peut pas faire. Le sort s'acharne: elle a une fille. Est-ce vraiment de sa faute si elle "sème le malheur autour d'elle" ? N'est-ce pas parce qu'elle veut vivre, mais la société le lui interdit ?
Emma est égoïste ? Pas plus que n'importe qui, comme nous tous elle cherche le bonheur..
Le portrait d'Emma que fait Mieke me fait plus penser à Thérèse Desqueyroux ( http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/?l=3946 ), un portrait d'une femme prisonnière de sa condition de femme, de sa famille, de la société ou elle vit.
Pour Emma, plus qu'une victime de sa condition de femme, je vois en elle une éternelle insatisfaite et une victime de sa propre imagination. Pour le dire comme Edith Wharton a propos de Ondine Spraggs :"Elle avait tout ce qu'elle voulait, mais il lui semblait parfois qu'elle aurait pu désirer autre chose si elle en avait connue l'existence" (c'est pas mal dit je trouve !). Emma éprouve un manque, elle ne sait pas quoi, elle croit que c'est l'amour. Enfant elle essaye de combler ce manque dans la religion, adulte elle cherche le grand amour qui va résoudre tout. Mais son problème c'est qu'elle est plus amoureuse de l'image de l'amour que de l'amour lui-même, bref c'est une victime de sa propre imagination avant tout, ce qui la rend inapte à affronter le réalité.
Le destin d'Emma est quelque part grandiose je trouve, je ne la réduirai sûrement pas à une simple égoïste.
Le portrait d'Emma que fait Mieke me fait plus penser à Thérèse Desqueyroux ( http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/?l=3946 ), un portrait d'une femme prisonnière de sa condition de femme, de sa famille, de la société ou elle vit.
Est-ce vraiment de sa faute si elle "sème le malheur autour d'elle" ? N'est-ce pas parce qu'elle veut vivre, mais la société le lui interdit ?
Pour Emma, plus qu'une victime de sa condition de femme, je vois en elle une éternelle insatisfaite et une victime de sa propre imagination. Pour le dire comme Edith Wharton a propos de Ondine Spraggs :"Elle avait tout ce qu'elle voulait, mais il lui semblait parfois qu'elle aurait pu désirer autre chose si elle en avait connue l'existence" (c'est pas mal dit je trouve !). Emma éprouve un manque, elle ne sait pas quoi, elle croit que c'est l'amour. Enfant elle essaye de combler ce manque dans la religion, adulte elle cherche le grand amour qui va résoudre tout. Mais son problème c'est qu'elle est plus amoureuse de l'image de l'amour que de l'amour lui-même, bref c'est une victime de sa propre imagination avant tout, ce qui la rend inapte à affronter le réalité.
Le destin d'Emma est quelque part grandiose je trouve, je ne la réduirai sûrement pas à une simple égoïste.
Je suis entièrement d'accord avec toi sur le fait qu'elle n'est ni plus ni moins égoïste que tout le monde (mais c’est moins bien accepté chez les femmes) et qu'il ne faut pas ne voir dans Emma qu’un simple égoïsme. Je voulais simplement réagir aux propos de Zarathoustroy qui lui reprochait son égoïsme.
Par contre je ne suis pas d’accord avec toi quand tu dis qu’elle est une éternelle insatisfaite et qu’ « elle a tout ce qu’elle voulait ». Au contraire, elle a une existence complètement vide, une existence d’un ennui profond. Elle croit peut-être (naïvement) que l’amour peut la sauver. Mais est-ce réellement l’amour qu’elle cherche ? Quand elle propose à son amant Rodolphe de s’enfuir avec lui, est-ce par amour pour lui ou pour fuir sa vie morne ? Je penche plus pour la deuxième hypothèse.
Quant à Thérèse Desqueyroux, je dois le relire. J’ai dû le lire « pour l’école » quand j’avais 16 ans et à l’époque ce livre m’a laissé complètement indifférente… ;-)
Par contre je ne suis pas d’accord avec toi quand tu dis qu’elle est une éternelle insatisfaite et qu’ « elle a tout ce qu’elle voulait ». Au contraire, elle a une existence complètement vide, une existence d’un ennui profond. Elle croit peut-être (naïvement) que l’amour peut la sauver. Mais est-ce réellement l’amour qu’elle cherche ? Quand elle propose à son amant Rodolphe de s’enfuir avec lui, est-ce par amour pour lui ou pour fuir sa vie morne ? Je penche plus pour la deuxième hypothèse.
Quant à Thérèse Desqueyroux, je dois le relire. J’ai dû le lire « pour l’école » quand j’avais 16 ans et à l’époque ce livre m’a laissé complètement indifférente… ;-)
"Elle avait tout ce qu'elle voulait, mais il lui semblait parfois qu'elle aurait pu désirer autre chose si elle en avait connue l'existence"C'est joliment formulé!
J'avais bien compris ! Et moi aussi je ne permet pas qu'on traite notre chère Emma d'égoïste :-).
En effet quand Wharton dit de son héroïne qu'elle a tout ce qu'elle voulait, ça ne s'applique pas vraiment à Emma, c'est plutôt le reste qui me fait sourire : il lui semblait parfois qu'elle aurait pu désirer autre chose si elle en avait connue l'existence. Un peu comme si elle voulait quelque chose sans savoir quoi. Et puis il faut reconnaître que Emma a une sérieuse inclinaison de l'âme vers le sentimentalisme.
Que sa vie soit morne et vide c'est un fait. Ceci dit, si on est honnête, c'est quelque chose qu'on éprouve tous un jour ou l'autre, et comme elle on a tendance à vouloir fuir cette impression, que ce soit dans l'illusion du grand amour ou autre chose...Dans ce sens tu as raison, l'amour est un dérivatif, comme si elle se forçait à y croire.
Ceci dit je dois le relire, je crois que la perception du personnage change avec notre propre vécu.
En effet quand Wharton dit de son héroïne qu'elle a tout ce qu'elle voulait, ça ne s'applique pas vraiment à Emma, c'est plutôt le reste qui me fait sourire : il lui semblait parfois qu'elle aurait pu désirer autre chose si elle en avait connue l'existence. Un peu comme si elle voulait quelque chose sans savoir quoi. Et puis il faut reconnaître que Emma a une sérieuse inclinaison de l'âme vers le sentimentalisme.
Que sa vie soit morne et vide c'est un fait. Ceci dit, si on est honnête, c'est quelque chose qu'on éprouve tous un jour ou l'autre, et comme elle on a tendance à vouloir fuir cette impression, que ce soit dans l'illusion du grand amour ou autre chose...Dans ce sens tu as raison, l'amour est un dérivatif, comme si elle se forçait à y croire.
Ceci dit je dois le relire, je crois que la perception du personnage change avec notre propre vécu.
Je viens de le relire et je partage -en partie- ton avis sur "l'égoïsme" d'Emma Bovary. C'est une femme qui a CHOISI. Vivre ses passions plutôt que la vie qu'on lui propose. Une forme d'égoïsme quand on a un enfant ?
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