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Forums  :  Vos écrits  :  Ligne de mire.

Balamento 07/01/2005 @ 02:28:08
J'aime particulièrement la dernière phrase.


"Ses problèmes de conscience étaient résolus avec son âme qui s’échappait du trou sanglant ouvert au milieu du front." Celle là ?

Texte lu sans effort aucun si ce n'est dans celui du pressentiment d'un thème pas tout à fait neuf. La chute m'a semblée naturelle et un peu enfantine. En gros sur ce texte, je crois que ma déception vient plus d'un sujet par trop déjà-vu que sur la forme elle-même sur laquelle il n'y a rien à redire si ce n'est peut-être l'absence de surprise.

D'autre part, je pense (en manquant de preuve puisque ne l'ayant pas vécu) que l'acte guerrier est bien plus à même de faire surgir à l'esprit des images ancestrales, incohérentes ou sans rapport avec une quelconque angoisse de tuer et que la pensée si elle a à se fixer quelque part, en ces dramatiques instants, le ferait plutôt sur quelques détails du décor ou de la vie personnelle du guerrier. Chose d'ailleurs que le texte approche un peu par la finesse ou la précision du détail quant à la description de l'environnement de la cible et un peu moins du cibleur.

Bref, tout ça pour dire, que je trouve un certain aspect "rédactionnel" à ce texte assez éloigné de ce que peut être la férocité de l'action et l'absence de conscience autre qu'éparpillée à l'instant de donner la mort à l'ennemi. Mais s'attaquer à un sujet aussi rabattu que celui-ci a pu l'être me fait dire que l'exercice n'est certes pas facile et que c'était donc un sacré challenge dont la sortie n'est au final pas si malheureuse que ça ;-)

Balamento 07/01/2005 @ 02:34:45
Juste une précision...

Oui, le geai est bien l'élément essentiel sans lequel ça ne fonctionnerait pas ;-)

Ma critique d'ensemble rejoignant quelque peu celle de Bolcho quant à ce qui vient en tête à cet instant particulier que ce soit un souvenir récent ou un flash sur un élément anodin, et à la fois intimement lié au personnage, du décor.

Provis

avatar 07/01/2005 @ 13:34:21
Encore un magnifique texte (que je n'ai pas commenté.. tu as raison, Tistou, de nous demander de commenter les textes qui paraissent..), et pourtant !!
Pas besoin de beaucoup d'action pour tenir le lecteur.. tout se passe dans la tête du soldat, et dans la nôtre.. seulement trente secondes, mais longues, longues.. de doute, d'incertitude, d'indécision.. sans qu'on s'ennuie un instant.. La maîtrise de l'écrivain.
Une chute qui me rappelle "Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit (A.R.)*". Lui, c'est un trou au milieu du front.. comme Apollinaire** ?

* **pardon ! comme MaeWest, j'ai pas pu m'empêcher !!

Provis

avatar 07/01/2005 @ 17:52:43
Alors je me serais bonifié, et tant que ça? Je me demande plutôt si ce n'est pas vous qui vous vous seriez accoutumé à ma façon?
Je ne te lis pas depuis très longtemps pour savoir, mais l'explication c'est peut-etre simplement que tu t'approches de ton style, de ta façon personnelle d'écrire ??
Très statique et cérébral, ce que j'écris!
C'est surement plus difficile que de décrire des paysages ou des actions.. ?
L'idéal serait peut être de trouver à dérouler une histoire et à y caser le cérébral dedans.
Oui, peut-être..
"Tueur ou tué, il avait déja perdu" écris-tu Sibylline. C'est tout à fait ça.
Effectivement (bien vu, Sib), mais justement, cette réflexion ne vient peut-être d'elle-même.. Orienter le lecteur vers cette signification du texte serait une belle réussite. Mais comment ??

Benoit
avatar 11/01/2005 @ 19:04:38
Pour ma part, j'ai eu du mal au début. Ça me faisait penser au style de Mo : longues phrases, avec beaucoup d'ajectifs, des détails... J'ai failli abandonner. Et je me suis dit que Olivier avait tellement piaffé à propos de ce texte que j'ai continué à lire.
Bon, la fin est peu surprenante, le thème, pas très original, quant au traitement, un peu indigeste pour moi. Bref, pas emballé. J'aurais peut-être plus aimé des souvenirs d'autrefois, souvenirs de ces camarades qu'il va peut-être sacrifier,... Cela aurait donné plus de consistence au personnage.
Après tous ces accès dithyrambiques (bonne orthographe??), une critique négative!

Mentor 04/02/2005 @ 22:12:15
Tu as eu raison Tistou , oh combien , de m'inciter à lire un texte de toi en prose. J'ignore si les autres sont de cette qualité , mais celui-là est beau. Beau. Beau dans son ensemble et dans ses détails. Tu rends si bien les pensées du soldat malgré lui , et cette atmosphère d'attente , puis cette décision impossible. C'est du garnd art. Décidément que de belles choses sur ce site! Je ne résiste pas à te signaler une erreur technique (peu garve car faite pratiquement par tout un chacun) : tu devrais parler de "détente" et non de "gachette". A part ça : superbe! Ah si ; une remarque (pour le "scénar") : il me semble que pour ma part , j'aurais tiré mais à côté, pour faire déguerpir la cible et prévenir aussi les copains. On a le droit de mal viser non?... ;-)

Killgrieg 06/02/2005 @ 11:33:36
Beau texte Tistou, beau texte ; de ceux qui nous transportent.

Certes, le thème est banal. Certes, on pense au « dormeur du val » bien avant que la balle ne laisse échapper les problèmes et l’âme du sniper. Mais reste-t-il des thèmes originaux à traiter ? N’est-ce pas la façon de le traiter qui rend le thème original ?… Et puis, je m’étais toujours demandé comment « le dormeur » était mort … Voilà, je sais !

La construction du récit est parfaite.

J’aime la façon dont le temps s’éternise étiré par les répétitions et les flash-back , courts d’abord – l’installation du sniper -, plus longs ensuite – les souvenirs - avec le petit matin et la rosée comme madeleines.

J’aime les détails qui annoncent l’événement, dérangent le personnage dans sa routine exceptionnelle.
L’air, un insecte, le vent qui savait
Le geai
L’herbe et le caillou

J’aime ce soldat improbable qui s’apprête à tirer sur son alter ego, moulu de corps et d’esprit, qui vit ses derniers moments comme au sortir d’un rêve agité.

J’aime moins, les deux premières phrases. A la première lecture, « ça faisait longtemps qu’il aurait dû avoir pressé… » m’a semblé lourd et, j’ai hésité avant de me laisser porter par l’histoire. « L’acier froid de la gâchette » a fait résonner dans ma tête l’horrible mot « banal »… Alors je suis allé dans word… J’ai amputé ton texte… Et j’ai relu tout ça avec bonheur… Pardon !

J’aime les phrases comme :
- « … mal manger, à vivre mal, à vivre le mal. » (NB : je remarque que Lyra a aussi fait une petite intervention chirurgicale, dans sa critique, en supprimant le « à » de « vivre le mal ».)
- « Qui vient du mauvais côté. Le côté où il faut tirer… »

J’aime cet homme qui, comme beaucoup d’entre nous, ne regarde pas la bonne cible.
J’aime aussi l’idée que, finalement, grâce à la mort, il échappera aux rhumatismes… J’aime beaucoup ton texte Tistou.

Charles 07/02/2005 @ 10:20:38
j'arrive après la bataille ! beaucoup de choses ont déjà été dites.


Pour ma part, la montée du suspense ou plutôt de la tension nerveuse me semble très bien fonctionner. Peut être que comme Bolcho, j'aurais aimé quelques paragraphes de plus... Plus de réminiscences ...

J'ai bien aimé le rythme et la narration dans l'ensemble malgré une ou deux phrases qui m'ont semblé moins fluides :

comme Killgrieg : "Ca faisait longtemps qu’il aurait dû avoir pressé ..."

comme Saint Jean Baptiste : "L’humidité de l’air avait condensé ... "

Saint Jean-Baptiste 07/02/2005 @ 22:39:37
Ben oui : -l'humidité de l'air s'était condensée.
Comme ça c'est plus bon ! Oups ! meilleur

Bolcho
avatar 16/06/2005 @ 11:30:25
Le déjà classique "Ligne de mire" pour viser Tistou et lui souhaiter un bon anniversaire. Avis aux nouveaux lecteurs: c'est du bon.

Saint Jean-Baptiste 16/06/2005 @ 23:01:23
Je dirais même plus, c'est du très bon !
:-)

FéeClo 17/06/2005 @ 12:09:55
C'est vrai j'avais imprimé ce texte... et l'ai lu durant mes dernières vacances. Mais je ne suis jamais venue donner mes impressions...

Je me souviens que j'ai été hapée par le texte... et j'ai peut-être dit un "merde le con" sur la fin... J'en suis ressortie avec encore plus d'incompréhension pour ces guerres.

Je ne le relirai pas pour donner une critique plus précise, je sais d'avance qu'il va me faire mal...

Loupbleu 18/06/2005 @ 01:21:00
C'est du très très bon, je le pense aussi : c'est sensible, profond et intelligent. Et de plus, je trouve que c'est aussi très bien écrit ! Parfaitement équilibré, clair et marquant.

Ce texte là et "Champagne", je trouve que c'est du très grand Tistou !

Merci à ceux qui ont fait remonté ce texte d'une époque où je n'étais pas encore là ;-)

Kicilou 23/06/2005 @ 15:07:10
Oh là là ! C'est du tout bon ça ! Je ne l'avais jamais lu et c'était une idiotie. C'est réparé et j'en suis bien contente.
Un très très beau texte de Tistou, très fort, prenant. Je ne sais pas trop quoi ajouté à tout ce qui a déjà été dit. Alors, juste : moi aussi j'aime vraiment beaucoup ce texte.

Dirlandaise

avatar 29/06/2005 @ 14:28:51
Que dire de plus que tout ce qui a été déjà dit ? Un texte magnifique, prenant, qui nous fait réellement vivre la scène, pas seulement assister en spectateur. Tous les petits détails comme ce brin d'herbe qui se redresse, c'est génial. On entre dans la peau du personnage et on vit son angoisse et ses inquiétudes avec lui. On oublie la lecture pour vraiment vivre un instant inoubliable. J'ai été captivée, un peu comme dans un film, lorsqu'une scène est particulièrement forte. Je m'exprime bien maladroitement pour traduire mon ressenti.
Cependant, les deux premières phrases me semblent un peu maladroites. Je n'aime pas les "Cela faisait" et "Ca faisait" qui alourdissent le début. Et aussi "pressé sur l'acier froid de la gâchette", je trouve que le "sur" est de trop, "pressé l'acier froid de la gâchette" me semble mieux.
;-)

Saule

avatar 29/01/2008 @ 23:34:51
Un véritable classique. Je ne l'avais pas lu, maintenant bien et je trouve ça vraiment très bon.

Lincoln 01/02/2008 @ 13:11:44
Je découvre. Je n’étais pas encore sur CL à la parution de ce texte.

J’y vois d’abord une ode à la campagne, des sensations pénétrantes, des bruits persistants, l’humus, les bruissements. On a l’impression d’être devant un tableau au point de croix qui se réalise par petites touches, là, sous nos yeux.

Bonne idée d’alterner l’authenticité et le calme de la nature avec l’absurdité de l’acte humain. La dimension “guerre” du texte est bien rendue. Mais peut-être aurait-elle gagné en profondeur avec une identité temporelle tireur, un lien plus intime avec la nature dans laquelle il se fond.
Le texte transporte déjà, mais la fin est une vraie réussite avec un dernier paragraphe qui est un bijou.

Benoit
avatar 02/02/2008 @ 14:54:51
SJB se fait mineur de fond...
J'avais lu le texte à l'époque et je me souvenais qu'il y avait une chute surprenante. Bien sûr, je m'attendais à une toute autre fin et j'ai été agréablement surpris!

Jo

avatar 11/02/2008 @ 18:07:44
Je découvre aussi...
Et j'apprécie... Je me suis laissée prendre..
C'est très bien écrit.

Sonamouto 16/02/2008 @ 22:27:13
Quelqu'un a dit "on a le droit de mal viser", je suis d'accord avec ça ;)
Beau texte

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